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La cavale d’Anis Amri sonne-t-elle le glas de l’espace Schengen ?

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  • La cavale d’Anis Amri sonne-t-elle le glas de l’espace Schengen ?

    Alors qu'Anis Amri, l'auteur de l'attentat de Berlin, était recherché par les services de police, il s'est beaucoup déplacé avant d'être arrêté ce vendredi 23 décembre à Milan. Comme après chaque attaque terroriste, la pertinence du système Schengen et de la libre circulation des personnes est remise en question.

    Atlantico : Anis Amri, l’auteur de l’attentat de Berlin, s’est beaucoup déplacé avant d’être arrêté à Milan… Alors que des avis de recherche avaient été émis et que les forces de police étaient mobilisées, comment expliquer qu'il ait pu se déplacer sans être inquiété ? Dans quelle mesure cela est-il révélateur des failles du système Schengen ?

    Laurent Chalard : Dans un système de libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen, il n’y a rien de bien surprenant à ce que le terroriste ait pu se déplacer entre plusieurs pays, en l’occurrence, selon les premiers éléments de l’enquête, entre l’Allemagne, la France et l’Italie, en échappant aux contrôles policiers. En effet, par définition, les frontières n’existent plus au sein de cet espace, et ce ne sont pas les contrôles policiers sur quelques points de passages routiers transfrontaliers qui peuvent empêcher leur franchissement par quelqu’un de déterminé, d’autant que le nom du terroriste n’a été su que relativement tardivement, à un moment où il était déjà probablement en-dehors du territoire allemand.

    On ne peut réellement parler de failles du système Schengen concernant le cas de cet individu, puisque ce dernier était connu des autorités italienne et allemande. Le problème relève plus de la faiblesse du contre-terrorisme allemand, peu habitué à la lutte contre le terrorisme islamiste, qui a été dans l’incapacité d’arrêter le terroriste avant qu’il ne passe à l’action, ne le mettant pas sous les barreaux alors qu’il était expulsable et considéré comme très dangereux. On voit bien que l’amateurisme allemand face à l’arrivée des migrants se traduit par une perte de contrôle des autorités sur les populations d’immigrés illégaux présents sur leur territoire, préjudiciable pour la sécurité nationale.

    Alors que les attentats se multiplient sur le sol européen, certains appellent à un rétablissement des frontières et à la fin de l'espace Schengen. Cette solution vous semble-t-elle pertinente ? Quelles solutions moins radicales permettraient de garantir une meilleure sécurité au sein de l'espace Schengen ?

    Cette solution est envisageable, mais ne serait efficace qu’à court terme, dans le sens où il est évident que le rétablissement de contrôles frontaliers systématiques aux frontières des différents Etats européens rendrait beaucoup plus complexe la circulation des terroristes au sein de l’Union et donc ralentirait leurs projets d’attentats, mais aussi les possibilités de préparer un attentat dans un pays depuis un Etat voisin. Par exemple, un attentat comme celui du 13 novembre 2015 aurait été plus compliqué à mettre en place. Cependant, il ne faut pas non plus exagérer l’impact de cette mesure, dans le sens où les terroristes sauraient s’adapter à la nouvelle donne à moyen terme. En effet, il convient de rappeler que la France a été frappée par de nombreux attentats terroristes commis par des personnes venant de l’étranger dans les années 1980, une époque où il y avait des contrôles aux frontières ! En conséquence, il s’agit plus d’une réflexion avantage/inconvénient. En gros, par rapport à ce que nous rapporte l’ouverture des frontières sur le plan économique, est-ce que la fermeture totale de la frontière pour contrer temporairement quelques terroristes en vaut la chandelle ? Rien n’est moins sûr ! C’est une question qu’il est légitime de se poser, mais il faut bien réfléchir à ses conséquences avant de la prendre (pensons aux travailleurs transfrontaliers qui risqueraient de perdre leur emploi à cause de cette décision). Le rétablissement des frontières ne doit être considéré que comme une solution de dernier recours, si l'un de nos voisins se voyait complètement débordé par le terrorisme par exemple.

    La première solution porte tout d’abord sur un meilleur contrôle de l’ensemble des frontières extérieures de l’espace Schengen, avec une véritable politique permettant de connaître précisément les caractéristiques de tous les individus qui y pénètrent depuis l’extérieur et la possibilité de les expulser rapidement s’ils ne peuvent prétendre au statut de réfugié. Dans ce cadre, il ne devrait plus être possible que la crise des migrants de 2015 se reproduise et que des demandeurs d’asile déboutés soient laissés sans contrôle dans la nature. La seconde concerne l’émergence d’un véritable contre-terrorisme européen, au moins pour la question de l’islamisme radical, qui concerne tous les pays. La création d’une vraie agence européenne de lutte contre le terrorisme, avec des agents pouvant procéder à des arrestations ou pouvant lancer des enquêtes dans n’importe quel pays de l’Union, constituerait un grand pas en avant. Or, à l’heure actuelle, chaque Etat a ses propres services qui ne coopèrent guère, la coordination assurée par Europol, organisme bureaucratique sans réelle capacité d’action, n’étant pas à la hauteur du danger.


    Atlantico
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