Le procès des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik s’ouvre aujourd’hui à Rabat. Au-delà des droits fondamentaux de ces prisonniers, piétinés, bafoués, avec le recours systématique à la torture sous toutes ses formes par le makhzen, à l’expertise avérée depuis Hassan II, et que Fatema Oufkir a décrit dans un style incisif et courageux dans son livre-témoignage Les Jardins du Roi. Au-delà de ce procès contre lequel une opinion publique internationale s’est élevée pour dénoncer le fait du prince, c’est tout le symbole de la lutte d’un peuple pour sa liberté qui se trouve aujourd’hui à la barre de l’inquisition. Un collectif international de 43 avocats a publié une lettre dans laquelle il demande l’application du droit humanitaire international aux accusés, au motif que le Sahara, dans lequel se sont déroulés ces évènements, est un territoire non autonome, sous supervision onusienne. C’est dire toute l’illégalité de ce procès qui réunit les éléments flagrants du déni de justice, du droit et de la légalité internationale. Un occupant emprisonne, torture et organise une parodie de justice contre des hommes et des femmes dont le seul tort est d’avoir défendu l’intégrité de leur abri, de leur gite, la dignité et l’honneur de leur famille, non pas au Maroc, mais dans une zone qui ne relève pas de la juridiction marocaine puisque se situant en dehors des frontières reconnues internationalement au Maroc. Ces prisonniers sont tout un symbole pour ce pays occupé. Ils viennent de derrière les barreaux de signifier à l’occupant que rien ne les fera fléchir. Ainsi, ils exigent la poursuite et le jugement «des geôliers et des responsables des enlèvements, des détentions arbitraires, ainsi que les responsables de toutes les formes de tortures physiques et psychologiques dans des postes de police et de gendarmerie d'El-Aâyoun occupée et des prisons marocaines ». Les prisonniers de Gdeim Izik demandent également l'ouverture d’«une enquête internationale par l'Onu sur les crimes commis par le royaume du Maroc après son attaque contre le camp de Gdeim Izik», précisant que ces violations du droit international constituent des «crimes de guerre et des crimes contre l'humanité». Il y a, à peine huit mois, Ban Ki-moon, encore SG des Nations unies, a parlé d’occupation pour décrire la réalité du territoire du Sahara occidental. Rassuré par le soutien discret d’un pays membre du Conseil de sécurité qui s’affiche (summum de l’ironie) récipiendaire des valeurs de liberté et d’égalité et de quelques eurodéputés qui usent de leur influence pour empêcher que les prérogatives de la Minurso ne soient élargies aux questions des droits de l’homme, le roi a tenté d’expulser cette force. Le Maroc, dont l’ambition expansionniste est portée et encouragée par quelques pays aux motivations qui relèvent à la fois de la géostratégie et de la spoliation des matières premières dont le Sahara occidental est très riche, veut soustraire de la visibilité internationale la réalité de cette dernière colonie d’Afrique, en empêchant systématiquement des observateurs (autres que les siens) de visiter les territoires occupés. Le député espagnol Monset Prado affirme que «le territoire d’El-Aâyoun fonctionne comme une prison, où les droits de l’homme sont violés quotidiennement», tandis que le Conseil péruvien de solidarité avec le Sahara occidental rappelle que «le royaume féodal du Maroc a expulsé les juristes internationaux et a refusé l'accès aux observateurs internationaux au procès qui s’ouvre aujourd’hui, qualifiant le Maroc de plus grand transgresseur des droits de l’homme dans le monde».
El Moudjahid
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