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Les légendes de Taount et de Lalla Ghazwana

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  • Les légendes de Taount et de Lalla Ghazwana

    Lalla Ghazwana, femme à la très grande beauté, considérée comme une sainte, est inhumée dans une simple hawita de pierres sèches, près du fortin construit par le Génie militaire, à l’Ouest du plateau dominant, à l’Est, la ville et le port de Nemours.

    Elle avait la réputation d’avoir été une femme guerrière d’un grand courage et chef des pirates et écumeurs de mer qui peuplaient la bourgade de Taount sous la domination turque. A cette époque, en effet, Taount, bourgade berbère du Maghreb central avait pris le nom significatif de « Djemâa-Ghazaouet » place des forbans et d’écumeurs de mer composés de berbères, d’arabes, de maures andalous chassés d’Espagne, de turcs et de renégats.

    A sa mort, elle fut ensevelie dans la célèbre mosquée Djamâ Nour, qui existait autrefois sur l’emplacement même du fortin dont la construction, à l’époque, suscita des démêlés très vifs avec les pieux musulmans du pays qui obtinrent, par la suite, l’autorisation de pénétrer dans le fortin une fois par an pour y faire leurs dévotions.

    Quoi qu’il en soit, le tombeau de Lalla Ghazwana, qui semble avoir été la sainte patronne de Taount, fut fréquenté pendant longtemps.

    On racontait aussi qu’après l’arrivée des Français et la construction du fortin précité, elle apparut plusieurs fois à un dévot pour lui ordonner de faire connaître à tous ses coreligionnaires que sa dépouille mortelle ne reposait plus à Taount mais à Baghdad. Elle aurait rajouté, il est vrai : « que celui qui croit en moi visite le lieu de ma première sépulture s’il a une faveur à me demander ».

    TAOUNT2 (18) (Copier) (Copier)

    Comme tous les lieux solitaires où existent des ruines anciennes, le plateau de Taount a donné lieu à de nombreuses légendes qui inspirent aux habitants une sorte de crainte superstitieuse.

    Ceux-ci prétendent naïvement que la forteresse de Taount aurait été bâtie en une seule nuit par un artifice merveilleux sur l’ordre d’un sultan noir (peut-être s’agit-il du Sultan El Akhal, ou Sultan Noir ?) qui l’habita le premier !

    « Ils croient aussi, rapporte Canal, que la partie de la Mosquée (Djâma Bou Nour) exposée au couchant a été l’œuvre des génies «rohaniin » ; ces derniers, après avoir laissé les ouvriers travailler aux autres côtés pendant le jour, attendaient la nuit pour accomplir leur tâche, de sorte que chaque matin on trouvait tous les murs à la même hauteur ».

    Ils ont également convaincus que les sultans, leurs anciens maîtres, ont laissé des trésors considérables enfuis dans des casernes dont l’entrée est gardée par les mêmes génies. L’accès n’en sera permis qu’aux fidèles croyants auxquels le Seigneur révèlera le mot de passe mystérieux : le fameux « Sésame, ouvre-toi ».

    Guendouz Sid Amar, un habitant de la région, a conté cette histoire dont il garantissait la rigoureuse exactitude : « un jour, il y a bien longtemps, le grand-père de l’un de ses vieux amis poursuivait un renard sur la montagne de Taount. A un moment donné, l’animal entra dans une grotte. En y pénétrant à son tour, le chasseur fut extrêmement surpris et effrayé de voir un noir assis tranquillement sur le sol, devant des monceaux d’or et de bijoux. Aussitôt, il remplit ses poches d’or sous l’œil indifférent du noir, mais quand il voulut sortir, l’ouverture de la grotte se ferma comme par enchantement. Il remit alors sur le sol ce qu’il avait dérobé, et, aussitôt, il s’aperçut que l’ouverture était de nouveau béante. Il voulut alors user d’un stratagème. Otant son burnous, il remplit le capuchon d’or et de bijoux, sortit seul de la grotte, et une fois dehors essaya d’attirer le vêtement à lui, mais au même moment la grotte se referma, déchirant le burnous en deux. ».

    Les conteurs arabes rapportent encore qu’une négresse couverte de vêtements blancs immaculés, de clochettes d’or et de bijoux étincelants, se promène à pas lents, au crépuscule à travers les décombres de la ville ruinée et solitaire. C’est pourquoi les gens crédules ne s’attardent jamais le soir, dès que le soleil a disparu. Et si par hasard, quelque petit berger se laisse surprendre par la nuit, il rassemble et pousse hâtivement ses quelques moutons et chèvres aux longs poils soyeux, et presse le pas sans détourner la tête car il n’a pas la certitude absolue que, devant, lui ne va pas surgir l’énigmatique négresse dont le regard mobilise et pétrifie, ou les nègres féroces, doués d’une force peu commune, qui précipitent du haut de la montagne dans la mer glauque tous les curieux.

    Il existe aussi une autre légende, rapportée par un vieil habitant de Nemours : « Un jour, le roi de Tlemcen, Yaghmorâsam-ibn-Ziad, sultan des Béni Abd el Wâd, vint rendre visite au pacha de Taount, nommé Yahya, qui caressait en secret l’espoir d’être sultan. Yahya refusa de payer à son suzerain, le roi Yaghmorâsam, la redevance pécuniaire qu’il avait coutume de lui verser chaque année et se proclama indépendant. Fort dépité, la souverain de Tlemcen feignit de prendre la chose du bon côté et repartit avec son escorte vers sa capitale.

    Quelques mois plus tard, Yaghmorâsam, surnommé à Tlemcen, Ghamrasen, résolut, pour en finir, de s’emparer de Taount par la ruse et de punir Yahya le félon. Il fit construire à cet effet deux cents coffres de bois (dans chacun desquels pouvait se cacher un soldat), et les fit transporter de nuit à dos de mulet, sur le plateau de Sidi Amar, à un endroit que les habitants appellent encore, en souvenir de cet évènement « Dar Ghamrasen ». Il y avait à cet endroit un vieux fort arabe et c’est donc là que le roi lui-même vint y camper avec une petite armée et y passer la nuit. A la pointe du jour, le roi ordonna à ses soldats d’entrer dans les caisses et dépêcha aussitôt un émissaire au Seigneur de Taount. Cet envoyé avait mission de l’avertir que le roi de Tlemcen allait arriver avec une escorte pour lui offrir de riches présents. Ne se méfiant de rien, le vaniteux Yahya s’empressa de faire ouvrir la porte principale de la citadelle par où entrèrent les caisses. Cette porte principale de l’Est prit par la suite le nom de Bab Khedâa, qui signifie Porte de la Trahison.

    Quand ils virent arriver les mulets chargés chacun de deux caisses, les gens de Taount introduisirent eux-mêmes dans la forteresse ces funestes coffres dans lesquels les guerriers de Yaghmorâsam, armés jusqu’aux dents, étaient cachés. A un signal convenu, les guerriers de Yaghmorâsam-ibn-Zîan firent jouer le système de fermeture de leur cachette et surgirent comme des démons en poussant de grands cris. Par la surprise et par la terreur et par la force, ils réussirent sans peine à se rendre maîtres de la citadelle de Taount. ».

    C’est ainsi, précisa le conteur, que le roi de Tlemcen put rétablir son autorité sur cette partie de son territoire et nommer un autre pacha dévoué à sa cause, pour remplacer le vassal infidèle et parjure qui avait cru pouvoir s’affranchir si facilement de sa suzeraineté.

    Source : Monographie de Djammâ-Ghazaouât de Francis Llabador
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Un patrimoine culturel et historique maghrebin riche de quelques milliers d'années qui ne demande qu'à être dévoilé .
    Tu donnes ca a hollywood, ils te font des blockbusters.
    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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