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Contribution : Mohamed Khider, mon père

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  • Contribution : Mohamed Khider, mon père

    Il y a 50 ans, le 3 janvier 1967, mon père était assassiné froidement à Madrid par un tueur de la Sécurité militaire, allongeant ainsi la longue liste des patriotes exécutés par leurs «frères». Ce crime odieux, qui avait mis fin au parcours d’un combattant au long cours, dont la vie est, à bien des égards, exemplaire et passionnante, est resté à ce jour impuni. Comme celle de tant de patriotes de sa génération, la vie de Mohamed Khider est jalonnée d’événements historiques, de combats héroïques et de terribles souffrances consenties pour un seul idéal : la libération de son pays et la restauration de la dignité et des libertés de ses concitoyens.

    Militant nationaliste au PPA/MTLD, il était parmi les rares députés «indigènes» qui siégeaient à l’Assemblée française ; l’hémicycle du palais Bourbon résonnait de sa voix tonitruante qui portait haut et fort les aspirations légitimes du peuple algérien. Le 1er Novembre 1954, il était parmi les «neuf chefs historiques» qui avaient déclenché la Guerre de Libération nationale ; avec Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella, il avait pour mission de représenter la Révolution sur la scène internationale.

    A l’indépendance, Mohamed Khider se retrouve dans le camp des vainqueurs lors de la crise de l’été 1962. Il est nommé ministre d’Etat dans le premier gouvernement de l’Algérie indépendante et secrétaire général du FLN. Ne pouvant infléchir la politique du régime de fait accompli, il prend très vite ses distances avec le duo Ben Bella/Boumediène, avant d’entrer en opposition frontale avec la dictature en marche.

    Contraint à l’exil, il soutient les autres mouvements d’opposition, notamment le Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed et le Parti de la révolution socialiste de Mohamed Boudiaf, en mettant à leur disposition une partie des fonds du FLN dont il était dépositaire. Nombre de dirigeants de la Révolution avaient mis en garde contre la militarisation de la société au détriment de la participation populaire qui avait permis d’arracher l’indépendance.

    Pour Benyoucef Benkhedda, l’ancien président du GPRA, «certains officiers, qui ont vécu à l’extérieur, n’ont pas connu la guerre révolutionnaire comme leurs frères du maquis, guerre basée essentiellement sur le peuple. Ces officiers qui sont restés, pendant la durée de la guerre, aux frontières tunisienne et marocaine, ont souvent tendance à ne compter que sur la force des armes. Cette conception dangereuse conduit à sous-estimer le rôle du peuple, voire à le mépriser et crée le danger de voir naître une féodalité ou une caste militariste, telle qu’il en existe dans certains pays sous-développés, notamment en Amérique latine».

    Le régime de fait accompli qui peine à s’imposer par la négociation est aux abois. Il n’hésite pas à recourir à la répression ; l’élimination physique des opposants est devenue le recours radical pour le règlement des conflits politiques. Plusieurs personnalités, opposants déclarés ou qui n’ont pas l’heur d’être dans les bonnes grâces du clan dominant, ont été liquidées. D’autres trouveront la mort dans des conditions suspectes.

    Comme le Colonel Saïd Abid «suicidé»), le Colonel Abbès (mort dans un accident de voiture), le Colonel Chaâbani (exécuté après un simulacre de procès), le Colonel Amirouche (tombé dans une curieuse embuscade), Mohamed Khemisti (assassiné par un «fou»), Mohamed-Seddik Benyahia (mort dans un crash d’avion), Ahmed Medeghri (suicidé de trois balles dans la tête !), Mohamed Boudiaf (assassiné en direct à la télévision par un membre du commando qui assurait sa protection), Ali Mecili (assassiné par un truand exécutant un contrat passé par la Sécurité militaire), Matoub Lounès (criblé de balles par un mystérieux commando)...

    Le crime politique n’est jamais un acte gratuit. Après avoir réduit leurs victimes au silence, les assassins n’hésitent pas à salir leur réputation pour les effacer des mémoires et justifier ainsi leur forfait. Le pouvoir algérien, dirigé à l’époque par Boumediène, utilisa l’affaire du «trésor du FLN» pour travestir l’idéalisme le plus pur en de sordides calculs d’intérêts.

    Malgré de terribles campagnes de calomnies visant à attenter à l’intégrité morale de Mohamed Khider même au-delà de la mort, il ne réussira pas à le discréditer, grâce au combat de sa femme, de ses enfants et de quelques rares compagnons restés fidèles au serment de Novembre et de la Soummam. Car «si le mensonge peut durer tout un temps, la vérité peut les rattraper en une seconde». Au-delà de l’intox mensongère, il reste la vérité des faits : grâce aux fonds déposés par Mohamed Khider, l’Etat algérien est devenu propriétaire d’une banque en Suisse.

    La disparition tragique et prématurée de Mohamed Khider, comme celle de tant d’autres de ses compagnons de lutte, neutralisés par la mort ou contraints à l’exil, privera l’Algérie d’une personnalité d’envergure, dont l’expérience aurait pu servir le pays en pleine reconstruction. Ces hommes de courage et de conviction qui avaient voué leur vie à un idéal sont aujourd’hui occultés.

    Les nouvelles générations n’ont eu droit qu’à une histoire frelatée, qui a exclu les vrais héros pour mieux célébrer les grandes canailles. Raconter leur vie, leur combat est un devoir de mémoire pour leur rendre justice. Pour les nouvelles générations, c’est un motif de fierté. En se ressourçant dans les pages denses et tragiques de notre histoire tourmentée, elles reprendront confiance et espoir dans un avenir qui s’annonce incertain.


    Tarik Khider
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Mohamed Khider : L’opposant assassiné en 1967 à Madrid

    Condamnant la liquidation de son compagnon de lutte, Hocine Aït Ahmed accusait le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat.


    Son destin correspondait tragiquement à celui de l’Algérie qui venait d’accéder à sa souveraineté nationale. Assassinat des artisans de la Révolution et confiscation de l’indépendance. Un des neuf chefs historiques de la lutte de Libération nationale, Mohamed Khider, n’a pas eu le temps de jouir de la liberté retrouvée au terme d’une Révolution sanglante et d’énormes sacrifices consentis. Son divorce avec le régime de Ben Bella l’a conduit à l’exil et son opposition au colonel Boumediène lui a coûté la vie. Il est froidement abattu, devant sa femme, une nuit de janvier de 1967 à Madrid. Il avait alors 55 ans. Un demi-siècle après, ce crime reste impuni.

    Ni l’auteur ni les commanditaires n’ont été arrêtés ou poursuivis. L’assassinat a été «couvert» dans une Espagne sous Franco en entente parfaite avec le régime de Boumediène. Son compagnon de lutte et de bagne, Hocine Aït Ahmed, avait alors dénoncé un «crime monstrueux, commis de la façon la plus lâche contre un homme sans arme, en présence de sa femme, eut lieu dans une rue de Madrid, le 3 janvier 1967 à 22h».

    Le chef du FFS en exil, qui était aussi un proche parent de Khider, raconte les circonstances du drame qui a emporté un des chefs historiques au long cours. «Mon beau-frère, sa femme et un de ses parents en visite à Madrid sortaient de l’immeuble dans lequel Mohamed Khider résidait depuis plus de deux ans et prirent place dans sa voiture personnelle qui était parquée près de l’entrée.

    A ce moment, un étranger s’approche de M. Khider, assis au volant de son auto, et demande à lui parler en privé. M. Khider, ne le connaissant pas, lui propose de fixer un rendez-vous pour plus tard. Alors, sous prétexte de lui donner son adresse, l’individu sort son pistolet et tire. L’arme s’enraie. Il tire de nouveau et la balle pénètre à travers le pare-brise sans toucher Khider. Celui-ci sort de la voiture et se dirige vers l’immeuble. L’assassin tire encore et Khider s’affale, sérieusement blessé à l’épaule. Le meurtrier s’agenouille alors aux côtés de sa victime et, froidement, sauvagement, lui tire à bout portant quatre balles, deux au cœur et deux dans la tête.

    La mort fut instantanée. L’assassin s’échappa vers la voiture qu’il avait louée deux heures auparavant, poursuivi par Mme Khider qui appelait au secours. L’assassin voulut même tirer sur elle, mais le chargeur était vide. Le courage de Mme Khider l’obligea à abandonner la voiture qu’il avait louée...» Pour Aït Ahmed, le crime porte bien une signature. Celle du régime de Boumediène. «J’accuse le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat.

    Cette pratique honteuse de gangsters politiques porte le sceau de ce clan d’aventuriers sans scrupules qui ont usurpé le pouvoir et détruit dans notre pays les principes de liberté, de démocratie et de justice, pour lesquels des millions d’Algériens, parmi lesquels Khider, ont donné le meilleur d’eux-mêmes», dénonçait alors l’exilé de Lausanne. Issu d’une famille modeste de Biskra, Mohamed Khider s’est engagé dans le Mouvement national dès son jeune âge, d’abord au sein de l’Etoile nord-africaine, puis au PPA et au MTLD, où il a joué un rôle actif.

    Arrêté durant la Seconde Guerre mondiale, puis une seconde fois lors événements de Mai 1945, après le déclenchement de la guerre, il assume le rôle de diplomate au côté de la Délégation extérieure avant de se faire arrêter en compagnie d’Aït Ahmed, Boudiaf, Lachref et Ben Bella lors du fameux détournement de leur avion, le 22 octobre 1956. Si à l’indépendance, Khider se range au côté de Ben Bella en dirigeant l’appareil du parti, il va vite déchanter. Contraint à l’exil en Suisse, le régime de Boumediène le poursuit et fomente «l’affaire» des fonds du FLN pour le salir avant de l’exécuter.

    Tout comme les autres assassinats politiques commis durant la Guerre de Libération et dans l’Algérie indépendante. La prise du pouvoir dans la violence par ceux qu’il appelait communément le «groupe de Oujda» et l’instauration d’un ordre autoritaire et brutal ont eu comme conséquences directes l’emprisonnement et/ou le bannissement des adversaires politiques. L’élimination physique des opposants était la règle.

    La liquidation de Abane Ramdane en pleine Guerre de Libération inaugurait un cycle d’assassinats politiques qui allait atteindre d’abord le jeune ministre des Affaires étrangères Mohamed Khemisti, assassiné sur le perron de l’Assemblée nationale en 1963. Le premier maquisard de la Révolution et néanmoins figure emblématique de la lutte indépendantiste, Krim Belkacem, est assassiné en Allemagne en 1970.

    Ali Mecili, militant nationaliste, assassiné à Paris le 7 avril 1987 à cause de son rôle central pour la lutte démocratique. Mohamed Boudiaf, chef de l’Etat et rédacteur de l’Appel du 1er Novembre 1954, a été liquidé, en direct à la télévision devant des millions d’Algériens, en juin 1992. En assassinant les chefs de la Révolution, c’est l’esprit d’indépendance que l’on assassine.


    Hacen Ouali
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Issu d’une famille modeste de Biskra, Mohamed Khider s’est engagé dans le Mouvement national dès son jeune âge, d’abord au sein de l’Etoile nord-africaine, puis au PPA et au MTLD, où il a joué un rôle actif.
      Encore Biskra ...
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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      • #4
        Azul .. et bonne année Zwina

        Quoi ?.. tu vas pas chercher des noises à Khider aussi ?..
        Après tout, il était l'idéologue discret..et le poumon de la révolution !
        Et aussi.. un énième homme formé par Messali

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        • #5
          Azul Capo

          Quoi ?.. tu vas pas chercher des noises à Khider aussi ?..
          Après tout, il était l'idéologue discret..et le poumon de la révolution !
          Je ne cherche aucune noise aux Khider, bien au contraire. S'il était le beau frère d'Ait Ahmed c'est donc qu'il est aussi un peu de chez moi

          Ce qui n'empêche pas qu'il y a des erreurs dans l'article, ce passage par exemple est erroné :

          L’assassinat a été «couvert» dans une Espagne sous Franco en entente parfaite avec le régime de Boumediène.
          Dernière modification par zwina, 03 janvier 2017, 18h28.
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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          • #6
            Un Grand Homme Allah y rahmoune , sa disparition comme celle de ses nombreux compatriotes révolutionnaires sincères était prévisible , afin que les despotes du système puissent s'accaparer du pays pour pouvoir l'étouffé ...

            La diférence entre ceux du régime , et de Khider et ses semblables : c'est que ces derniers aimaient ce pays alors que les premiers n'aiment que ses richesses ! ...

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            • #7
              Zwina

              C'est bien.. le sang de Okba fera du bien à la souche de ta région

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              • #8
                C'est bien.. le sang de Okba fera du bien à la souche de ta région
                Un sang exécrable , d'ailleurs c'est pour cela que KOCEILA lui a régler son compte ! ...

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                • #9
                  Capo

                  Les hilaliens ne sont pas du sang de Okba. Tu n'imagines pas ma surprise quand j'ai découvert que la majorité des tribus hilaliennes de la région de Biskra faisaient partis des insurgés de 1871 et 1916 dans les Aurès. Les hilaliens ont causé beaucoup de soucis aux caïds et bachagas du coin, ils ont pour la plupart refusé de payer le moindre impôt comme leurs alliés.
                  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                  • #10
                    infinite

                    Calme-toi.. c'était une vanne

                    Zwina

                    Le trésor du FLN, il en est quoi ?
                    50 ans après et on en sait toujours pas grand chose..

                    Commentaire


                    • #11
                      Capo

                      Le trésor du FLN, il en est quoi ?
                      50 ans après et on en sait toujours pas grand chose..
                      Tout le monde fait une fixation sur le trésor du FLN alors qu'il est l'arbre qui cache une forêt. Les FLN étaient futés, ils avaient dispatché le trésor. On sait qu'un curé a remis des fonds aux autorités coloniales d'Alger. On sait que le trésor de la Casbah a été partagé entre turcs et français On sait que le trésor des habous a été volé ....

                      C'est un puzzle à reconstituer mais avec de fidèles et courageux gardes du corps
                      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                      • #12
                        c'est un puzzle à reconstituer mais avec de fidèles et courageux gardes du corps

                        Commentaire

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