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La Chine sur le podium des énergies renouvelables

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  • La Chine sur le podium des énergies renouvelables

    La République populaire de Xi Jinping poursuit activement sa transition énergétique, adoptant un rôle moteur des négociations climatiques internationales.

    Dans le secteur des énergies renouvelables, la géopolitique mondiale est en train de prendre un nouveau visage. En 2015 déjà, les pays en développement dépassaient pour la première fois les pays développés pour leurs investissements dans les énergies renouvelables : 19% du total mondial pour les premiers contre 8% pour les seconds. La championne toute catégorie était alors la Chine, avec 17% des investissements mondiaux à elle seule, soit 102,9 milliards de dollars. Et la République populaire ne compte pas s’arrêter là. Jeudi, le gouvernement chinois a présenté un plan quinquennal ambitieux sur le développement énergétique.

    Ce plan, qui couvre la période 2016-2020, prévoit d’investir 361 milliards de dollars dans l’électricité à base de renouvelables d’ici 2020, avec à la clé 13 millions de nouveaux emplois. L'engagement du gouvernement porte surtout sur la réduction de la consommation de charbon, qui représente toujours 64% du mix énergétique chinois et reste une des énergies les plus polluantes au monde. Ils prévoient de passer sous les 58% pour 2020. «Quand il fixe un objectif, le gouvernement chinois sait qu'il peut l'atteindre», assure Gabrielle Desarnaud, chercheuse au centre Energie de l’Ifri. La consommation de charbon a commencé à baisser depuis 2013-2014, mais les pics de pollution restent fréquents, comme l'illustre le violent épisode qu'a connu la région de Pékin fin décembre.

    La Chine compte sur le nucléaire

    Le plan quinquennal prévoit d'arriver à 15% d'énergies non fossiles dans le mix énergétique d'ici trois ans. «Pour la Chine, investir dans des énergies non carbonées est une question de santé publique, aussi de sécurité car des mouvements sociaux environnementaux gagnent en puissance depuis plusieurs années», explique Gabrielle Desarnaud. Dans ces 15% sont comptés l'éolien (passage de 29 à 210 GW entre 2015 et 2020), le solaire (de 43 à 110 GW), mais surtout l'hydraulique et le nucléaire. Plus d'une trentaine sont en exploitation et une dizaine de centrales seraient en construction. Le pays possède aussi d'importantes réserves d'uranium et convoite plusieurs mines au Groenland.

    «Contrairement à la conception majoritaire en Europe, le développement des énergies renouvelables, en Chine, est vu comme un moyen de faire d'une pierre deux coups, développe la chercheuse. En misant sur ce secteur, ils créent des emplois, élargissent la filière, gagnent des parts de marché à l'étranger et garantissent un environnement plus sain pour la population. Développée surtout dans les années 2000, l'industrie du solaire, par exemple, dépend à 90% des exportations.» Le pays est devenu le premier producteur mondial d'énergie solaire en 2016.

    A la traîne sur l'innovation

    D’après un rapport publié vendredi par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), la Chine s’affirme aussi comme le champion mondial des énergies renouvelables, avec 32 milliards de dollars investis dans des projets liés aux énergies renouvelables à l’étranger en 2016, soit une hausse de 60% par rapport à 2016.

    Dans les années 2000, la Chine a d'abord tablé sur des technologies basiques, peu coûteuses à construire, qu'elle exportait massivement. Elle tente maintenant de se placer aussi sur le secteur des technologies de pointe. «La Chine est devenue un leader en termes d'investissements et de capacités installées en éolien et en solaire, affirme Xin Wang, chercheur en politiques chinoises à l'IDDRI–Sciences-Po. Mais pas encore concernant l'innovation à haute valeur ajoutée. Ils ont toujours tendance à acheter des brevets dans des laboratoires européens ou américains et à les importer pour développer leur compétitivité domestique et à l'étranger. Il leur reste du chemin à faire sur cette question.»

    Un front de pays en développement

    En plus d’être un meneur économique, la Chine est devenue un chef de file dans les négociations internationales sur le climat. Alors que durant la COP15, à Copenhague en 2009, les dirigeants chinois s’étaient illustrés par leur frilosité à signer un accord contraignant, c’est au même moment qu’ils ont commencé à réorienter leur politique nationale vers plus de régulations environnementales et d'investissement dans les énergies vertes. «Pendant la COP21 à Paris en décembre 2015, puis dans les mois qui ont suivi, c’est la Chine qui a poussé les Etats-Unis à s’engager et à ratifier l’accord de Paris, soutient Gabrielle Desarnaud. Même si Donald Trump revient sur ces avancées, la Chine ne changera pas de position.»

    A côté, l'Inde, l'Afrique du sud, le Mexique et le Chili ont fortement augmenté leurs investissements, en 2016, dans les énergies renouvelables. Le Maroc s'illustre comme un leader pour le continent africain, et le Brésil, où a beaucoup investi la Chine, gagne du terrain dans le secteur des biocarburants. Un front de pays en développement qui pourrait faire de l'ombre à l'Union européenne et aux Etats-Unis.

    Aude Massiot
    Libération
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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