Al-Hakim rapporte ce récit d’Abu al-Tufayl al-Laythi : « J’étais à Kufa, lorsqu’on m’apprit que l’Antéchrist [le Dajjal] était apparu. Nous partîmes trouver Hudhayfa ibn Asid à qui j’annonçais la nouvelle, mais il me dit : « Assieds-toi ! Je m’exécutai. Un moment plus tard, on apprit que la rumeur n’était qu’un mensonge éhonté (1). Hudhayfa nous dit alors : « Si l’Antéchrist apparaissait à notre époque, seuls les jeunes garçons lui jetteraient des cailloux ! Mais il se manifestera lorsque les hommes manqueront de rigueur dans leur foi, que la religion n’aura plus d’importance et que le vice sera partout répandu. Il occupera chaque point d’eau ; la terre se déroulera sous ses pieds comme se déplie la toison du bélier, jusqu’à ce qu’il arrive à Médine. Là, il dominera celui qui sort de la ville, mais sera empêché de nuire à ceux qui restent à l’intérieur. Ensuite il se rendra à la montagne d’Ilya (2) où il assiègera un groupe de musulmans. Le chef de ceux-ci les haranguera en ces termes : « Qu’attendez-vous pour combattre ce tyran, jusqu’à ce que vous vous présentiez devant Allah en martyrs ou qu’Il vous donne la victoire ? ». Les musulmans décideront de combattre l’Antéchrist à l’aube. Mais le matin venu, Jésus fils de Marie sera parmi eux. Il tuera l’Antéchrist et mettra ses troupes dans une déroute qui sera telle que l’arbre, le rocher, la hutte de torchis (derrière lesquels voudront se cacher les fuyards appelleront : « O croyant ! Un juif est derrière moi. Viens donc le tuer ! ».
On reconnaîtra l’Antéchrist, nous dit encore Hudhayfa, à ces trois signes : il est borgne, tandis que votre Seigneur ne l’est point ; sur son front, entre les deux yeux, il y a écrit kafir (mécréant), ce que chaque croyant pourra déchiffrer qu’il sache lire ou non ; aucune monture ne se laissera chevaucher par lui, en dehors de l’âne. Ce sera donc une souillure montée sur une autre souillure ! Cependant, reprit-il, ce n’est pas l’Antéchrist que je crains le plus pour vous et moi. –Et que crains-tu donc tant ? demandâmes-nous ? – Des séditions, sombres et sinistres comme la nuit. – Quel sera alors le pire des hommes ? –Tout orateur éloquent, [habile à déguiser le vrai et le faux], et tout voyageur prompt à véhiculer ces mensonges. –Et quel sera le meilleur des hommes en ce temps-là ? – Celui qui, riche de sa science et de sa sagesse se dissimulera sans plus se préoccuper de ses contemporains, pour s’adonner à l’adoration d’Allah [ghani khafi]. – Pour ma part, dis-je alors, je n’ai pas à me cacher puisque je n’ai pas cette richesse ! – Eh bien, me répondit Hudhayfa, sois comme le jeune chameau de deux ans (ibn al-labun) : il n’a ni dos pour le monter, ni mamelle pour le traire !»
[Cité dans l’ouvrage : La descente de Jésus et l’apparition de l’Antéchrist d’Al-Suyuti – Éditions AlBurda 2002- Pages 127-129 (en annexe)]
[1] Littéralement : « un mensonge de teinturier » : kadhiba sabbagh. Certains traditionnistes emploient cette expression pour désigner le menteur qui colore les paroles qu’il rapporte comme le teinturier modifie les tissus qu’il travaille.
[2] Ilya ou Iliya : nom donné à Jérusalem, dérivé de l’appellation romaine Aelia Capitolina. Dans les premiers temps de l’islam le nom complet de la ville était Iliya madina bayt al-Maqdis (« Aelia la ville du Temple sacré ») qu’on abrégeait en Iliya ou en Bayt al-Maqdis qui fut bientôt lu Bayt al-Muqadas. L’appellation d’Al-Quds (le sanctuaire sacré) ne fut pas utilisée avant le milieu du IV siècle hégirien. «La montagne d’Ilya » désigne vraisemblablement le Mont du Temple.
Le mot employé en arabe pour Jérusalem est ءِيلِيَاء , c'est-à-dire, Aelia, (Aelia Capitolina : nom ancien de Jérusalem), mot employé par Umar lorsqu'il conquit la ville.
On reconnaîtra l’Antéchrist, nous dit encore Hudhayfa, à ces trois signes : il est borgne, tandis que votre Seigneur ne l’est point ; sur son front, entre les deux yeux, il y a écrit kafir (mécréant), ce que chaque croyant pourra déchiffrer qu’il sache lire ou non ; aucune monture ne se laissera chevaucher par lui, en dehors de l’âne. Ce sera donc une souillure montée sur une autre souillure ! Cependant, reprit-il, ce n’est pas l’Antéchrist que je crains le plus pour vous et moi. –Et que crains-tu donc tant ? demandâmes-nous ? – Des séditions, sombres et sinistres comme la nuit. – Quel sera alors le pire des hommes ? –Tout orateur éloquent, [habile à déguiser le vrai et le faux], et tout voyageur prompt à véhiculer ces mensonges. –Et quel sera le meilleur des hommes en ce temps-là ? – Celui qui, riche de sa science et de sa sagesse se dissimulera sans plus se préoccuper de ses contemporains, pour s’adonner à l’adoration d’Allah [ghani khafi]. – Pour ma part, dis-je alors, je n’ai pas à me cacher puisque je n’ai pas cette richesse ! – Eh bien, me répondit Hudhayfa, sois comme le jeune chameau de deux ans (ibn al-labun) : il n’a ni dos pour le monter, ni mamelle pour le traire !»
[Cité dans l’ouvrage : La descente de Jésus et l’apparition de l’Antéchrist d’Al-Suyuti – Éditions AlBurda 2002- Pages 127-129 (en annexe)]
[1] Littéralement : « un mensonge de teinturier » : kadhiba sabbagh. Certains traditionnistes emploient cette expression pour désigner le menteur qui colore les paroles qu’il rapporte comme le teinturier modifie les tissus qu’il travaille.
[2] Ilya ou Iliya : nom donné à Jérusalem, dérivé de l’appellation romaine Aelia Capitolina. Dans les premiers temps de l’islam le nom complet de la ville était Iliya madina bayt al-Maqdis (« Aelia la ville du Temple sacré ») qu’on abrégeait en Iliya ou en Bayt al-Maqdis qui fut bientôt lu Bayt al-Muqadas. L’appellation d’Al-Quds (le sanctuaire sacré) ne fut pas utilisée avant le milieu du IV siècle hégirien. «La montagne d’Ilya » désigne vraisemblablement le Mont du Temple.
Le mot employé en arabe pour Jérusalem est ءِيلِيَاء , c'est-à-dire, Aelia, (Aelia Capitolina : nom ancien de Jérusalem), mot employé par Umar lorsqu'il conquit la ville.
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