Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Raouraoua le match de trop

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Raouraoua le match de trop

    L’équipe nationale a, une nouvelle fois, raté son rendez-vous avec la compétition continentale. C’est la 3e fois consécutive que les Verts se ramassent en phase finale de la Coupe d’Afrique des nations : 2013, 2015 et 2017.


    Le même scénario s’est produit tour à tour en Afrique du Sud (2013), en Guinée équatoriale (2015) et au Gabon (2017). Ces échecs répétés n’ont jamais été expliqués par ceux qui sont aux affaires du football. Il en sera ainsi dans les prochaines années tant qu’une halte ne sera pas observée, que la réflexion des contre-performances ne sera pas approfondie et les responsabilités situées.

    Par la répétition des éliminations précoces, ce qui est dramatique, c’est qu’il n’y a jamais eu une sérieuse remise en cause après les CAN lamentablement ratées. Vahid Halilhodzic (2013) et Georges Leekens (2017) n’ont même pas réussi à propulser l’équipe nationale au second tour de la CAN. Christian Gourcuff a fait un peu mieux en conduisant la sélection au second tour (2015), avant de tomber devant le futur vainqueur de la compétition (la Côte d’Ivoire).

    Qui est responsable de cette situation ? D’abord et en premier lieu le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua. Pourquoi ? Parce qu’il a voulu qu’il en soit ainsi. Dès son élection au début des années 2000, il s’est emparé du pouvoir. Tout le pouvoir. Il a toujours été le seul et véritable décideur du football algérien.

    Le paysage du football a été modelé en fonction de ses ambitions et de son pouvoir. Au fil des années, son pouvoir est devenu absolu. Automatiquement, la paternité des bons résultats obtenus à partir de 2009 jusqu’en 2014 (deux participations à la Coupe du monde 2010 et 2014) lui a été décernée. Sa vision et politique adoubées.

    Lorsque cela a moins bien marché, la période correspond à l’après-Mondial brésilien 2014, il a été incapable de trouver les bonnes réponses aux difficultés répétitives qui ont jalonné la vie de l’équipe nationale au lendemain du retour du Brésil. Sa propension à diriger le football sans s’appuyer sur de véritables compétences dans le domaine administratif et surtout technique l’a totalement isolé et coupé des réalités complexes du ballon rond. A trop vouloir être le boss avec un pouvoir absolu, il ne pouvait plus ni compter ni bénéficier d’un autre regard. L’assemblée générale, le bureau fédéral, les staffs qui se sont succédé à la tête des Verts ne lui ont pas rendu service en observant le silence sur tout.

    Une gestion unipersonnelle

    Donc, Mohamed Raouraoua ne peut pas dire qu’il n’est pour rien dans la situation née de son arrivée à la tête de la Fédération. Il s’est lancé dans une gestion unipersonnelle et il doit, aujourd’hui, en assumer tous les travers et échecs de ce choix qu’il a délibérément fait. Beaucoup susurrent que le succès (qualification à la Coupe du monde 2010) lui est monté à la tête.

    Il en a recueilli les dividendes à l’époque où il était présenté comme le messie du football algérien. Avec les bons résultats obtenus à cette époque, son œuvre était saluée, il était présenté à juste titre comme l’homme providentiel que le football algérien attendait depuis des décennies. Son ascension au sein des organes exécutifs de la Confédération africaine de football (CAF) et la FIFA ont fini par consacrer son aura méritée.

    C’était là le côté jardin de la première partie des mandats de Mohamed Raouraoua à la tête de la FAF. Lorsque le vent a commencé à tourner à partir de 2014, il n’a pas eu l’intelligence de s’adapter au nouveau contexte caractérisé par l’exigence des résultats de plus en plus marquée de l’opinion et de l’environnement du football.

    Au lieu de déléguer, de remplacer certains éléments écrasés par le poids de l’âge, des scandales à répétition qui jalonnaient le quotidien du football, il a fait du sentiment en renouvelant sa confiance à des personnes qui devaient être évacuées du football depuis longtemps. Accaparé par sa volonté de tout diriger, il n’a pas vu venir le coup. Il s’est trompé sur presque tous ceux qu’il a choyés, reconduits dans leurs postes, promus à des rangs et responsabilités qui n’avaient aucune mesure avec le petit et modeste gabarit dans le football.

    Il est allé seul au feu. Tel était sa volonté. Le retour de flammes s’annonçait terrible et cela n’a pas raté. Depuis le départ de Vahid Hallilhodzic, le portail du côté cour s’est ouvert au maximum. Il s’est trompé dans de nombreux choix, notamment celui des sélectionneurs, ce qui a poussé des joueurs cadres de l’équipe nationale à évoquer publiquement une erreur de casting.

    D’après son entourage, il aurait mal vécu cet épisode. Echouer aussi lamentablement à la CAN, où pourtant les Verts étaient considérés comme les favoris laissera des traces. Une forme d’indiscipline au sein du groupe des joueurs a vu le jour et n’a eu de cesse de s’accentuer jusqu’au putsch qui a poussé le sélectionneur Milovan Rajevac vers la sortie.

    Et maintenant ?

    Que faire ? D’abord attendre de voir ce qui va se passer dans les prochains jours. Mohamed Raouraoua serait partant pour un nouveau mandat si d’aventure les autorités ne lui signifient pas sa fin de mission. L’homme n’est pas du genre à abandonner à la moindre secousse et à l’adversité. Si demain, il reçoit le feu vert pour poursuivre sa mission, il rempilera. Mais est-ce raisonnable ? Pas sûr. Ce serait peut-être le mandat de trop.

    Demain, il ne pourra pas faire et réaliser ce qu’il n’a pas pu faire au printemps de ses mandats. A savoir gagner la Coupe d’Afrique. A-t-il assez de forces pour courir derrière des sacres qui s’éloignent de plus en plus des Verts ? Sa santé et son âge ne risquent-ils pas d’être des écueils insurmontables sur sa route ? Les joueurs en qui il avait une confiance absolue, aveugle, ne lui ont pas rendu la pareille.

    Ne parlons pas de la situation dramatique, catastrophique du football qui a subi une coupe en règle par des individus aussi vils que serviles. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, Mohamed Raouraoua doit penser à arrêter et ne pas écouter les larbins qui ont bien profité de ses largesses et qui feront le forcing pour qu’il brigue un nouveau mandat. Son bilan n’est pas si négatif que cela. Il a fait beaucoup. Il a redressé l’équipe nationale et soigné son image. Mais en même temps, il n’a pas réussi à redresser le football algérien. Un chapitre où il était très attendu. Il ne doit pas jouer le match de trop.

    Yazid Ouahib

    http://elwatan.com/dessins-du-jours/...7/20170125.jpg
    Dernière modification par ACAPULCO, 25 janvier 2017, 15h56.
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)
Chargement...
X