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Qui sème la misère, l’inégalité et la violence récolte le terrorisme

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  • Qui sème la misère, l’inégalité et la violence récolte le terrorisme

    Qui sème la misère, l’inégalité et la violence récolte le terrorisme Par Michel Piriou dans mes articles

    Les violences sont ailleurs. Elles sont invisibles, dissimulées, quoique vécues au quotidien par la majorité de la population. Ces violences sociales, ces violences économiques ordinaires qui poussent Ecaterina à s’immoler par le feu dans la mairie de Saint-Denis, car elle ne trouve pas de logement décent pour elle et ses enfants.

    Qui peut s’indigner, à grands cris, quand 8 millions de personnes ne se chauffent pas car le gaz ne cesse d’augmenter. Sous l’effet du chômage, de l’austérité salariale, du boom des CDD, de la compression des allocations logement (240 millions d’euros en moins, l’an passé) les expulsions (qui reprennent ce mois-ci !) ont atteint un record : 106 938 décisions de justice. Une augmentation de plus d’un tiers en dix ans. A chaque expulsion, chaque accumulation d’impayés, se jouent en silence des drames inextricables, médiatiquement ignorés. Ces trente dernières années, les sociétés immobilières ont dégagé 340 milliards de surprofits. Où est l’obscénité, l’insupportable ? Quand l’Insee recense 2,12 millions de logements vides et que les lois de réquisition ne sont pas appliquées ?

    La violence, on la trouve sur les chantiers, dans les usines. Chaque jour, deux salariés meurent d’un accident du travail. Personne n’évoque ces victimes d’une guerre économique innommée. Des dommages collatéraux ? Non, des victimes de masse : 651 000 accidents avec arrêt par an, 46 436 incapacités permanentes, 4 500 mutilés.

    Sur un chantier, André a eu le bras broyé. René s’est fait amputer de deux doigts par sa machine. A Pôle Emploi, Samira ne tient pas les objectifs assignés, depuis deux mois elle est en dépression. Depuis 1995, les maladies professionnelles ont doublé : 35 000 par an, 10% des cancers liés au travail, près de 400 suicides. Et encore… en 2002, un rapport jugeait les maladies professionnelles sous-évaluées de 70%. Ce sont des chiffres ? Non, ce sont des vies. Des vies de douleurs, d’angoisses. Des vies où se soigner devient de plus en plus difficile, car il faut payer de notre poche les forfaits et franchises, les dépassements d’honoraires, les médicaments qui ne sont plus remboursés, les cotisations aux mutuelles qui augmentent leurs tarifs chaque année.

    Ces quinze dernières années, les patrimoines des 500 premières fortunes professionnelles françaises ont progressé six fois plus vite que la richesse nationale. Mieux, de 2010 à 2011, selon le baromètre Forbes, le nombre de milliardaires français en dollars a augmenté de 16,7%. Et il faudrait maintenant, avec l’austérité, et les agences de notation en père fouettard, aggraver encore la « réduction des dépenses publiques » et comprimer les salaires. Combien de ménages ne peuvent plus boucler leur mois, dès le 15, ne peuvent plus payer le gaz, le loyer, la cantine des enfants, le dentiste ? Où est la violence ?

    La violence, c’est celle du chômage, quand, malgré des profits faramineux, les patrons vous jettent comme des Kleenex. La violence, c’est le mépris social pour les jeunes contrôlés au faciès. Le mépris pour les chômeurs d’être culpabilisés s’ils ne trouvent pas de travail et d’être, par ce gouvernement, traités d’assistés. Voilà ce qu’est la violence. Et les gouvernements successifs ont décuplé cette violence sociale. Alors, oui, qui sème la misère récolte violence et l’ouvrier qui a répondu « oui » dans les urnes au FN savait, lui, la mesure de l’insupportable. Lors des émeutes, on constate d’ailleurs que parmi ceux qui ne peuvent consommer certains s’en prennent aux vendeurs pour voler ou détruire les biens qu’ils ne peuvent plus acquérir : télévisions haut de gamme, matériel électronique et même les téléphones portables Blackberry assez souvent employés pour coordonner leurs assauts.

    Triste ironie du sort, le gouvernement découvre aujourd’hui les ravages de sa propre politique qui est venu empirer celle, tout aussi calamiteuse, de son prédécesseur. Si la règle « mêmes causes, mêmes effets » s’applique, il est clair que la France n’est pas à l’abri. Engagé dans une course folle pour « rassurer les marchés » pour maintenir la notation de la dette française, il est hors de question de revenir sur les politiques d’austérité dicté par la révision générale des politiques publiques. Irak, Syrie : on bombarde les terroristes après les avoir armé, qui sème les bombes récolte le chaos. Oui il faut mettre la plume dans la plaie, là où ça fait mal. Il ne faut pas dire je suis Charlie pour faire comme tout le monde, il faut dire je suis lucide et je dois porter mon regard plus loin. Je dois faire mon pas de côté et les liens nécessaires pour ne pas retomber dans les lieux communs. Il est trop facile d’hurler avec les loups en pensant que nous sommes neutres et dans le bon camp.

    Le capitalisme est en crise. Sa seule issue, c’est la guerre, la course aux armements, les destructions. Ce sont des profits pour les marchands de canons, des marchés et des champs pétroliers pour nos entreprises, les tensions communautaires permettent de diviser pour mieux régner. On crée un faux ennemi, la peur pour susciter une unité nationale. Quand notre gouvernement n’est soutenu que par 10 % de sa population, rien de tel qu’un attentat pour faire diversion. Pour couvrir les mensonges chez nous par d’autres mensonges, encore plus gros dans le monde. Nous sommes aussi le bras armé du terrorisme international. Plus c’est gros, plus ça passe. Ce sont nos dictatures alliées qui ont financé les Djihadistes de l’État islamique. Non, « musulman », « arabe » et « islamiste », ce n’est pas pareil. Les islamistes sont les ennemis du monde arabe. Les héros du nationalisme arabe – les Arafat, Nasser, Ben Bella – étaient des laïcs, proches des communistes, anti-impérialistes. Les islamistes fanatiques étaient leurs ennemis. Non, il ne s’agit pas de rétablir la stabilité, mais de maintenir le chaos au Moyen-Orient. Non, ce n’est pas la liberté qu’on exporte, c’est même la dictature qu’on importe. Jamais les bombes n’ont apporté nulle part la démocratie, la liberté, en 200 ans d’expérience. Par contre, la guerre permet de justifier la répression de nos libertés. La forêt de la démocratie comme alibi derrière l’arbre de notre hypocrisie.

    Ne semons pas la haine là où les terroristes ont pu semer la mort. Semons aujourd’hui le monde de demain. La paix peut être facilement définie par ce qu’elle n’est pas. Il s’agit d’une situation sans conflit, sans violence et sans peur. Elle signifie que nous sommes à l’abri de fléaux tels que la faim, la persécution ou la pauvreté. Ce sont ces fléaux les véritables terreaux où germent les graines de tous les fanatismes. Mais nous pouvons également la définir par ce qu’elle est et peut être. Elle peut signifier la liberté de penser et d’expression, la liberté d’opinion et de choix, ou l’accès à l’autodétermination. Elle peut être synonyme de sécurité, de confiance en l’avenir ; une existence et un foyer dans une société stable. D’un point de vue plus abstrait, la notion de paix peut évoquer la tranquillité, le calme, la quiétude voire le sentiment de sécurité éprouvé en l’absence de troubles.

    Au cours du XXe siècle, les guerres et génocides ont fait environ 150 millions de morts qui étaient les cibles de violences orchestrées de manière systématique. Même approximatif, ce chiffre édifiant est un constat d’autant plus tragique qu’il ignore les innombrables victimes de la criminalité ou de la violence domestique, des actes individuels, vils et parfois gratuits. Le début du XXIe siècle semble conforter cette tendance avec la guerre en Irak, la situation conflictuelle permanente au Moyen-Orient, les conflits en Afrique dont notre sous-région est l’épicentre, le triangle Afghanistan, Inde et Pakistan et des actes de terrorisme dans le monde entier.

    Les gouvernements corrompus représentent un obstacle majeur à la paix et au développement car ils utilisent les ressources de leur propre pays à des fins personnelles. D’après le Rapport sur la Sécurité Humaine 2005, un programme de recherche de la Simon Fraser University de Vancouver (Canada), la fin de la Guerre froide au début des années 90 s’est accompagnée d’une baisse de 40 % du nombre de conflits armés dans le monde. Le fait qu’un tiers de ces accords deviennent caduques dans les cinq ans doit toutefois relativiser cette réussite. Le rapport confirme aussi la corrélation entre conflit armé et pauvreté. Je finirais cet article en étant optimiste. Contrairement à la croyance largement répandue que nous vivons une époque extrêmement violente, nos ancêtres étaient bien plus violents que nous. L’espèce humaine n’a sans doute jamais connu une période aussi pacifiée. Nous avons été témoins de la fin des guerres entre pays, et les menaces posées par les organisations extrémistes sont largement surestimées.

  • #2
    Conclusion

    Oui, il faut lutter sans merci contre le terrorisme. Contre tous les terrorisme, celui des pauvres, souvent spectaculaire et aveugle, comme celui des puissants, plus sophistiqué ou ciblé, celui des organisations apatrides, comme celui des Etats, ennemis ou alliés. Il faut lutter contre tous les terrorismes, car la terreur est toujours injustifiable, tout comme la vengeance. C’est pourquoi la réponse juste à ce phénomène doit être mise dans un cadre de légalité voire de légitimité et ne consiste plus, donc, à s’engager dans une guerre sans limite de longue durée. A ce jour, aucune des causes qui ont favorisé l’apparition et l’expansion du terrorisme international n’a été remise en question. Ces causes ne disparaîtront qu’avec le mode de production actuel, qui repose sur le développement de la croissance pour les uns et la misère pour les autres. Si rien ne change, les même causes produisent les mêmes effets, on peut craindre que, on ne sait quand, on ne sait ou, on ne sait sous quelle forme, surviennent bientôt de nouveaux drames. Le monde entier se passionne actuellement pour la sauvegarde d’espèces animales menacées, comme les koalas ou les pandas...on surveille leur alimentation et leurs amours. Tout cela est magnifique, gentil et touchant, mais n’en sommes pas là en ce qui concerne les hommes. Nous acceptons leur disparition, d’une manière ou d’une autre.

    Enfin, nous laissons à chacun le soin de conclure en toute conscience sur ce que cette supposée guerre contre le terrorisme nous enseigne sur nous, sur nos élites, sur notre intégrité intellectuelle et morale et sur notre souci de la justice et du bien-être des êtres humains, ici comme ailleurs.

    Montreuil 11 Janvier 2015 à 13:48

    Michel Piriou
    lundi 30 janvier 2017 bellaciao

    Commentaire


    • #3
      Le capitalisme a engendré tous les maux sociaux que nous subissons. Il est urgent que le monde entier prenne conscience de cela en rejetant en bloc la doctrine capitaliste.

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