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Xénophobes et racistes : les amis européens de Marine Le Pen

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  • Xénophobes et racistes : les amis européens de Marine Le Pen

    Le 21 janvier, la présidente du FN s'affichait en Allemagne à un sommet des extrêmes droites européennes. Autant d'alliés qui révèlent ses vraies affinités.

    Réunies lors d'un congrès le 21 janvier à Coblence, les droites extrêmes et populistes européennes ont tenté d'afficher un front uni avant plusieurs scrutins cruciaux : élections législatives aux Pays-Bas mi-mars, présidentielle en France en avril-mai, et législatives en Allemagne fin septembre. Galvanisée par le Brexit et l'investiture de Donald Trump à la présidence américaine, Marine Le Pen a ainsi jugé qu'en 2017 les électeurs français, allemands et néerlandais pourraient "changer la face de l'Europe". Qui sont donc les alliés de la présidente du Front national au Parlement européen ?


    L'Autrichien


    En janvier 2012, Marine Le Pen était invitée par le chef du Parti de la Liberté d'Autriche (FPÖ), Heinz-Christian Strache, à valser au très controversé bal des corporations pangermanistes à Vienne. En juin 2016, elle était de nouveau accueillie à bras ouverts, cette fois pour célébrer l'anniversaire de son groupe au Parlement européen, l'Europe des Nations et des Libertés (ENL), fondé, entre autres, avec le FPÖ.

    Le FN a toujours jalousé les bons scores de son allié, aujourd'hui premier parti d'Autriche, qui a déjà gouverné à deux reprises en coalition et failli remporter l'élection présidentielle en 2016. Cette formation d'extrême droite, créée en 1955 par d'anciens nazis, a mené elle aussi un processus de dédiabolisation tout en conservant un héritage sulfureux : la plupart de ses cadres viennent des fraternités étudiantes issues du courant national-allemand, et son programme a renoué en 2011 avec un terme cher aux nazis, celui de Volksgemeinschaft ("communauté de peuple")

    Mais, depuis peu, la présidente du FN ne semble plus en odeur de sainteté à Vienne. L'absence de Heinz-Christian Strache, qui s'est fait représenter par le secrétaire général du parti, lors du rassemblement des extrêmes droites en Allemagne le 21 janvier, témoigne d'une prise de distance : le soutien de Marine Le Pen serait-il devenu source d'embarras pour le FPÖ dont l'électorat reste attaché à l'Europe ?

    L'Italien

    Quand ce n'est pas le secrétaire fédéral de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, qui s'affiche aux côtés de Marine Le Pen lors du congrès du FN à Lyon en novembre 2014, c'est sa nièce Marion Maréchal-Le Pen qui franchit les Alpes à l'invitation du parti d'extrême droite italien, comme ce fut le cas en mars 2016.

    Le FN entretient des liens étroits avec cet allié, crédité aujourd'hui d'environ 13% d'intentions de vote, qui fournit cinq députés à son groupe de l'Europe des Nations et des Libertés au Parlement européen. Ce parti créé en 1989 a la particularité d'avoir déjà participé au pouvoir plusieurs fois dans les gouvernements de Silvio Berlusconi. Depuis que le jeune Matteo Salvini en a pris les rênes en 2013, il met en veille ses revendications régionalistes pour l'indépendance de la "Padanie", une région mythique au nord du Pô, pour se donner une dimension nationale anti-immigrants, anti-euro et anti-austérité en prenant modèle sur son grand frère hexagonal.

    Mais alors que Marine Le Pen expurge le langage frontiste de ses saillies racistes, la Ligue du Nord ne s'embarrasse pas de manières : ministre d'origine congolaise traitée d'"orang-outan", institution d'un "jour du cochon" incitant à se promener avec un porc près des lieux de culte musulman… Ses élus ont le dérapage facile.

    Le Néerlandais


    Le FN a longtemps courtisé le Parti pour la Liberté (PVV), créé en 2006 par le Néerlandais Geert Wilders. Mais lui n'aimait pas le parti antisémite de Jean-Marie Le Pen. Avec la fille, tout a changé. "Le FN est devenu un parti sympathique" aux yeux du grand Batave à la tignasse blond platine, tandis que lui-même se rapprochait de sa voisine française en durcissant ses positions islamophobes et eurosceptiques.

    Célébrant cette nouvelle entente, Marine Le Pen et Geert Wilders ont sabré le champagne en juin 2015 pour le lancement de leur groupe parlementaire à Strasbourg, l'Europe des Nations et des Libertés, que les deux partis coprésident.

    Le dandy anti-islam, très libéral et pro-Israël, qui veut verrouiller les frontières, fermer les mosquées du pays, interdire le Coran et sortir de la zone euro et de l'Union européenne, dispose aujourd'hui de douze députés, mais il caracole en tête des sondages et espère en obtenir trois fois plus aux législatives du 15 mars 2017.

    Sa cote de popularité a encore grimpé après son procès en décembre, où il a été reconnu coupable de discrimination pour avoir promis en 2014 "moins de Marocains" aux Pays-Bas. Cependant même si le PVV devient le premier parti du pays, sa marche vers le pouvoir sera entravée par le cordon sanitaire des grandes formations qui rejettent toute alliance avec lui.

    L'Allemande

    Frauke Petry a hésité à saisir la main tendue de Marine Le Pen. Créée il y a trois ans, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), la formation populiste et libérale qu'elle copréside, a longtemps évité d'être assimilée au FN, jugé trop extrême et trop "socialiste".

    Mais ce parti qui fut d'abord anti-euro a rapidement adopté à son tour un discours musclé contre les réfugiés auxquels l'Allemagne a ouvert ses portes en 2015 avant de concentrer ses attaques sur l'islam. Frauke Petry a même créé le scandale en déclarant que les policiers devaient pouvoir "faire usage de leur arme à feu en cas d'urgence" contre les clandestins

    Depuis, l'AfD enchaîne les succès électoraux et a même doublé la CDU conservatrice lors d'un scrutin régional à l'automne 2016. Marine Le Pen a applaudi :

    "Les patriotes de l'AfD balaient le parti de Mme Merkel. Toutes mes félicitations."

    Ses appels du pied ont fini par payer : le 21 janvier, Frauke Petry a invité la présidente du FN au rassemblement des extrêmes droites européennes dans la ville de Coblence. Non sans arrière-pensée : elle espère profiter de la popularité de Marine Le Pen pour accroître ses scores. Mais la présence de la Française a provoqué des remous au sein de l'AfD, qui reste divisée sur ce rapprochement. Jusqu'à présent, seul un député du parti allemand a accepté de rejoindre le groupe parlementaire européen du FN.

    Le Belge

    En septembre 2015, le parti d'extrême droite Vlaams Belang avait de quoi être satisfait : non seulement il avait intégré le groupe parlementaire européen de Marine Le Pen, mais cette dernière avait de surcroît accepté de participer à un colloque sur la souveraineté organisé par la formation séparatiste flamande. Un soutien loin d'être négligeable pour ce parti autrefois puissant mais désormais à la peine dans les sondages.

    Entre le FN et cette formation xénophobe, les liens sont anciens. Une vieille amitié liait déjà Jean-Marie Le Pen et Karel Dillen, meneur historique de l'extrême droite flamande indépendantiste du Vlaams Blok, un parti dissous en 2004 après avoir été condamné pour racisme par la justice, qui a ressuscité sous le nom de… Vlaams Belang.

    Cette formation anti-immigration, anti-islam, issue du courant ultranationaliste qui s'oppose à la Belgique, l'Union européenne et l'euro, a depuis 2014 à sa tête un jeune président de 30 ans, Tom Van Grieken, qui cherche comme ses homologues européens à dédiaboliser son parti. Mais la vieille garde lui donne du fil à retordre : son prédécesseur Filip Dewinter s'est fendu en novembre dernier d'une petite visite de courtoisie au parti néonazi grec Aube dorée avec lequel Marine Le Pen refuse de travailler.


    l'OBS
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