Et l’état de grâce alors ?

[zadhand]

Chronique du jour/SOIT DIT EN PASSANT
Et l’état de grâce alors ?

Dimanche le 05 février 2017

Par Malika Boussouf
Il est des jours comme ça où lorsque la France, ancienne puissance coloniale de son état, se prononce en partie, à la veille d’élire son nouveau président, pour une espèce de protectionnisme qui dit son nom du bout des lèvres, on se souvient qu’à une époque, pas si lointaine que cela, dans ce même pays, qui s’enorgueillit, encore et toujours, d’être celui des droits de l’homme, on attisait le ressentiment chez les émigrés portugais auxquels on laissait accroire que les Maghrébins étaient là pour leur sucer leurs emplois. Tous logés à la même enseigne, même si les Portugais se laissaient berner par l’idée qu’ils étaient supérieurs à leurs collègues algériens, par exemple, on attisait la haine des premiers à l’égard des seconds pour tester la rentabilité de la manipulation en temps opportun. Un projet dont la cohérence ne laissait aucun doute quant aux intentions inavouées de laisser la question en suspens, sur un état de grâce équivoque et celles d’entretenir la division pour l’exploiter à bon escient le moment venu.C’est fou comme les choses s’accélèrent et que les discours prennent un ton détestable dès que l’on s’engage à faire la chasse à une race ou à une religion. Aujourd’hui ce n’est pas par ignorance que l’on confond race et religion, mais parce qu’il est utile de faire l’amalgame entre les deux. Hier déjà, quand on divisait pour mieux régner sur la force et la soumission de travailleurs immigrés, qu’ils soient portugais, italiens ou maghrébins, on susurrait aux uns qu’ils étaient privilégiés par rapport aux autres parce qu’ils étaient européens et parce qu’ils étaient de même culture religieuse.La religion et les origines raciales ont toujours été brandies comme épouvantail par des responsables d’entreprise craignant que leurs ouvriers, toutes origines et sensibilités culturelles et cultuelles confondues, se réveillent un matin plus conscients et plus unis que jamais contre le patronat. Aujourd’hui, la droite et son extrême remettent le couvert tandis qu’une nouvelle pensée socialiste dénonce cette méfiance à l’égard d’un monde musulman pointé comme menaçant. A-t-elle des chances de l’emporter ?

M. B.
Lesoirdalgerie