Faute de "rattraper le Maroc" en Afrique subsaharienne, de nouvelles voix algériennes s'élèvent pour tenter d'installer l'idée selon laquelle le Maroc essaie de noyauter l'U.A. au profit des puissances occidentales. Déconstruction.
“Le Maroc est en mission commandée au sein de l’Union Africaine. Il est téléguidé par des puissances occidentales, particulièrement les USA et la France, pour noyauter l’Afrique“. Vous l’avez deviné, il s’agit ici du nouveau ballon d’essai lancé par nos voisins algériens.
Une partie de l’élite dirigeante algérienne est déstabilisée par le dernier succès marocain. Au point de perdre pied et de multiplier les déclarations décalées avec la réalité.
L’un des auteurs de cette nouvelle théorie du complot maroco-occidental est Abderrazak Maki, chef du parti MSP. Comme pour toute accusation anti-marocaine, il a trouvé chez nos confrères algériens, de multiples oreilles bienveillantes.
Les nouveaux modèles de coopération sud-sud
Une partie de l’establishment algérien reste prisonnière des anciens schémas: une relation complexée avec le nord, la théorie des manipulations, des complots extérieurs, l’idéologie prégnante…
En fait, les relations internationales ont considérablement changé depuis la fin de la guerre froide et le changement s’est accéléré depuis la crise internationale de 2008.
La coopération sud-sud était un slogan, elle est une réalité.
Les pays du sud s’émancipent. Ils ne veulent plus de tutelle, ni de condescendance. Ils veulent être considérés comme des partenaires dans tous les sens du terme.
La coopération sud-sud a connu un développement accéléré vers et à partir de l’Asie. Le Brésil et la Russie en sont devenus des acteurs, en plus de l’Inde et de la Chine. L’Afrique du sud un peu moins. En tous les cas, le continent africain est resté à la traîne. A titre d’exemple et selon la CNUCED, les échanges commerciaux interafricains baissent fortement entre 1995 et 2010, passant de 63% des exportations totales, à 29%.
La nouvelle coopération sud-sud n’est pas idéologique. Elle est pragmatique. Elle vise le bien-être des populations. Elle est multiforme: culturelle, sociale, économique, partage d’expériences et de savoir-faire, formation, sécurité, santé… Les Etats ne sont pas les seuls acteurs. Les entreprises sont également de la partie et il est à parier que la société civile le sera aussi.
Algérie, une posture inadéquate
L’Algérie voit les succès marocains en Afrique subsaharienne, comme une rivalité. “Rattraper le Maroc“ est une phrase qui revient souvent. De même que “conquête des marchés africains“.
La posture marocaine est différente. Il n’a jamais été question de conquête, mais de partenariat, d’investissements, de partages.
C’est une différence importante, qui est d’abord mentale.
Et au-delà de ce frein mental, l’Algérie a-t-elle les moyens d’une politique de conquête?
Le dernier rapport du FMI sur l’économie algérienne, publié en juillet 2016, dresse un constat implacable.
“L’Algérie n’a pas mis à profit cette décennie de niveaux élevés des cours du pétrole pour surmonter les faiblesses structurelles de son modèle de croissance et l’économie est restée excessivement dépendante des hydrocarbures et des dépenses publiques. Entre 2002 (quand les cours du pétrole ont commencé à augmenter) et 2014 (lorsqu’ils ont commencé à chuter), les hydrocarbures ont représenté en moyenne 98 % des exportations, 69 % des recettes budgétaires et 36 % du PIB“, écrit l’institution internationale.
Le FMI constate que la “nouvelle constitution prévoit des dispositions destinées à promouvoir une plus grande transparence, une meilleure gouvernance et une économie davantage axée sur le marché“. Le déficit budgétaire a explosé: 16,4% en 2015 puis 15,6% en 2016 avec un objectif de 12,2% du PIB en 2017.
Ce trend de déficit budgétaire signifie une seule chose: que l’Algérie va épuiser ses réserves financières et recourir à l’endettement.
L’économie vit des hydrocarbures, de la rente pétrolière et des subsides publics. Pour ses programmes de construction de logements, l’Algérie importe des maçons de Chine. Le problème aujourd’hui est celui du modèle économique. Sans modèle économique compétitif et auto-entretenu, émancipé des hydrocarbures, l’Algérie n’aura rien à offrir à l’Afrique.
En Algérie, tout le monde sait que la situation est difficile et que les réformes sont indispensables. Mais il y a l’inertie des mentalités et une culture “révolutionnaire“ bien installée depuis 50 ans. Ahmed Ouyahia, ex-premier ministre et actuel chef de cabinet de Bouteflika, met en garde contre la faillite de l'Etat algérien. Ali Benflis, chef d’un parti d’opposition, pointe du doigt un système “à bout de souffle, d’idées, qui atteint ses limites et qui recourt aux exorcismes par les complots extérieurs“. En novembre, le Forum africain d’investissement, organisé depuis plus d’une année, est un échec retentissant.
A Casablanca, un chef d’entreprise qui connaît bien l’Afrique sub-saharienne, nous expose des ingrédients de l’approche marocaine, conduite uniquement par des Marocains: “A l’Algérie je dis une seule chose: au lieu de râler, faites comme le Maroc. Formez des hommes, élaborez des stratégies sectorielles, réformez votre administration puis allez sur le terrain“. Depuis l’an 2000, 47 visites de Moahamed VI de pays subsahariens et près de 1.000 conventions et accords de coopération signés.
medias24
“Le Maroc est en mission commandée au sein de l’Union Africaine. Il est téléguidé par des puissances occidentales, particulièrement les USA et la France, pour noyauter l’Afrique“. Vous l’avez deviné, il s’agit ici du nouveau ballon d’essai lancé par nos voisins algériens.
Une partie de l’élite dirigeante algérienne est déstabilisée par le dernier succès marocain. Au point de perdre pied et de multiplier les déclarations décalées avec la réalité.
L’un des auteurs de cette nouvelle théorie du complot maroco-occidental est Abderrazak Maki, chef du parti MSP. Comme pour toute accusation anti-marocaine, il a trouvé chez nos confrères algériens, de multiples oreilles bienveillantes.
Les nouveaux modèles de coopération sud-sud
Une partie de l’establishment algérien reste prisonnière des anciens schémas: une relation complexée avec le nord, la théorie des manipulations, des complots extérieurs, l’idéologie prégnante…
En fait, les relations internationales ont considérablement changé depuis la fin de la guerre froide et le changement s’est accéléré depuis la crise internationale de 2008.
La coopération sud-sud était un slogan, elle est une réalité.
Les pays du sud s’émancipent. Ils ne veulent plus de tutelle, ni de condescendance. Ils veulent être considérés comme des partenaires dans tous les sens du terme.
La coopération sud-sud a connu un développement accéléré vers et à partir de l’Asie. Le Brésil et la Russie en sont devenus des acteurs, en plus de l’Inde et de la Chine. L’Afrique du sud un peu moins. En tous les cas, le continent africain est resté à la traîne. A titre d’exemple et selon la CNUCED, les échanges commerciaux interafricains baissent fortement entre 1995 et 2010, passant de 63% des exportations totales, à 29%.
La nouvelle coopération sud-sud n’est pas idéologique. Elle est pragmatique. Elle vise le bien-être des populations. Elle est multiforme: culturelle, sociale, économique, partage d’expériences et de savoir-faire, formation, sécurité, santé… Les Etats ne sont pas les seuls acteurs. Les entreprises sont également de la partie et il est à parier que la société civile le sera aussi.
Algérie, une posture inadéquate
L’Algérie voit les succès marocains en Afrique subsaharienne, comme une rivalité. “Rattraper le Maroc“ est une phrase qui revient souvent. De même que “conquête des marchés africains“.
La posture marocaine est différente. Il n’a jamais été question de conquête, mais de partenariat, d’investissements, de partages.
C’est une différence importante, qui est d’abord mentale.
Et au-delà de ce frein mental, l’Algérie a-t-elle les moyens d’une politique de conquête?
Le dernier rapport du FMI sur l’économie algérienne, publié en juillet 2016, dresse un constat implacable.
“L’Algérie n’a pas mis à profit cette décennie de niveaux élevés des cours du pétrole pour surmonter les faiblesses structurelles de son modèle de croissance et l’économie est restée excessivement dépendante des hydrocarbures et des dépenses publiques. Entre 2002 (quand les cours du pétrole ont commencé à augmenter) et 2014 (lorsqu’ils ont commencé à chuter), les hydrocarbures ont représenté en moyenne 98 % des exportations, 69 % des recettes budgétaires et 36 % du PIB“, écrit l’institution internationale.
Le FMI constate que la “nouvelle constitution prévoit des dispositions destinées à promouvoir une plus grande transparence, une meilleure gouvernance et une économie davantage axée sur le marché“. Le déficit budgétaire a explosé: 16,4% en 2015 puis 15,6% en 2016 avec un objectif de 12,2% du PIB en 2017.
Ce trend de déficit budgétaire signifie une seule chose: que l’Algérie va épuiser ses réserves financières et recourir à l’endettement.
L’économie vit des hydrocarbures, de la rente pétrolière et des subsides publics. Pour ses programmes de construction de logements, l’Algérie importe des maçons de Chine. Le problème aujourd’hui est celui du modèle économique. Sans modèle économique compétitif et auto-entretenu, émancipé des hydrocarbures, l’Algérie n’aura rien à offrir à l’Afrique.
En Algérie, tout le monde sait que la situation est difficile et que les réformes sont indispensables. Mais il y a l’inertie des mentalités et une culture “révolutionnaire“ bien installée depuis 50 ans. Ahmed Ouyahia, ex-premier ministre et actuel chef de cabinet de Bouteflika, met en garde contre la faillite de l'Etat algérien. Ali Benflis, chef d’un parti d’opposition, pointe du doigt un système “à bout de souffle, d’idées, qui atteint ses limites et qui recourt aux exorcismes par les complots extérieurs“. En novembre, le Forum africain d’investissement, organisé depuis plus d’une année, est un échec retentissant.
A Casablanca, un chef d’entreprise qui connaît bien l’Afrique sub-saharienne, nous expose des ingrédients de l’approche marocaine, conduite uniquement par des Marocains: “A l’Algérie je dis une seule chose: au lieu de râler, faites comme le Maroc. Formez des hommes, élaborez des stratégies sectorielles, réformez votre administration puis allez sur le terrain“. Depuis l’an 2000, 47 visites de Moahamed VI de pays subsahariens et près de 1.000 conventions et accords de coopération signés.
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