Si le but de cet article est uniquement de donner une réponse à la question « l’Égypte est-elle une démocratie ou une dictature ? », il est superflu d’emprunter quatre chemins pour la formuler et un seul paragraphe pourra suffire : en juillet 2013, un coup d’État militaire a porté un général au pouvoir, qui a renversé un président démocratiquement élu, lequel avait rétabli les libertés de la presse et d’opinion dans le pays ; depuis lors, le moindre son discordant est immédiatement étouffé ; toute personne soupçonnée de vouloir s’opposer au gouvernement est arrêtée ; des camionnettes sillonnent les rues, dont soudainement la porte latérale s’ouvre, des hommes en sortent qui happent un passant à l’intérieur et le malheureux disparaît ; la liste des disparus s’allonge à n’en plus finir, ils sont désormais des milliers ; et la police a reçu l’ordre de ne plus enregistrer les plaintes les concernant, tandis que des magistrats craintifs, dans des tribunaux transformés en chambres d’entérinement des décisions du pouvoir exécutif, prononcent des jugements formels et convenus qu’ils accordent prudemment et sans plus aucune illusion aux attentes des autorités ; on torture affreusement dans les prisons, plus que sous Moubarak et sans plus aucune retenue ; certains disparus réapparaissent dans des fossés ou au pied des dunes, à la lisière du désert, défigurés, mutilés, une balle ou deux dans la tête ; on n’entend plus à la radio et à la télévision que les voix mielleuses des journalistes qui se sont vendus au régime, plus par peur qu’appâtés par les privilèges ; et les institutions étatiques ne sont plus guère que des formes, des apparences fantomatiques, à l’instar de ces maquettes de bois et de papier mâché que l’on fabriquait à l’époque des pharaons, et que l’on introduisait dans les tombes pour représenter l’idée de réalités disparues…
Un « État maquette » ou une « maquette d’État », c’est cela qu’est aujourd’hui l’Égypte, où la stratégie du régime militaire a démonté les institutions, remplaçant leur réalité et leur substance par une maquette de parlement, des maquettes de juges et même, parfois, des citoyens-maquettes.
Mais peut-être la question doit-elle être dépassée, pour essayer de montrer la situation profonde de l’Égypte, de l’État égyptien, de son régime politique et de son peuple, après plus de trois ans de règne sans partage du général-président.
À cet effet, il nous faut d’emblée préciser deux points à propos desquels il est important de prendre le temps de réfléchir : la définition du terme « État » et la question de la faillite étatique.
La définition de l’État doit prendre en compte à la fois les autorités publiques (le régime, le type de gouvernement, le rôle de l’armée) et le peuple. Un État, c’est à la fois un espace défini, un peuple et un régime politique qui garantit (ou devrait garantir) la bonne gouvernance de l’ensemble. Lorsque l’on veut qualifier l’Égypte d’aujourd’hui, ce n’est donc pas seulement le chef de l’État mais l’ensemble des autorités de l’État qu’il convient d’observer. Bien qu’il faille prendre en compte qu’en Égypte, depuis le 3 juillet 2013, on n’entend plus qu’une seule voix.
Avant d’aller plus loin, toutefois, s’impose une autre question, plus conséquente (et même insupportable, notamment pour un historien) : l’Égypte est-elle (encore) un État ? Le dictateur se pose cette question sur son pays, en principe. L’Égypte, est souvent considérée comme l’un des plus anciens États connus, apparu cinq mille ans avant J.-C.. Ainsi, la langue arabe ne comporte qu’un mot pour désigner l’appareil d’État ; c’est le nom même de l’Égypte en arabe, « Miṣr », qui signifie « l’État ». Ce n’est pas le sentiment que partage le général al-Sissi qui préside désormais l’Égypte ; il ne reconnaît pas cette réalité. Au contraire, le 5 mai 2016, il donnait sa réponse à notre question, à l’occasion d’un discours prononcé devant tous les représentants de son régime ; il s’adressait à ses auditeurs en ces termes : « Vous croyez vivre dans un véritable État, mais l’Égypte n’est que partiellement un État. Essayons dès lors de créer un État réel. » Le général voulait peut-être faire croire à tous que l’Égypte, ce pays qui compte 7.000 ans d’histoire, n’avait pas existé avant lui ? Nous admettrons quant à nous que l’Égypte est un État.
Revenons donc maintenant à la question initiale. Et tentons de choisir entre quatre qualifications (démocratie, démocratie partielle, dictature ou État failli), pour préciser l’état de l’État en Égypte.
On peut très rapidement, dans notre analyse, éliminer les deux premières qualifications, ne serait-ce qu’en examinant l’état des Droits de l’Homme et de la liberté d’expression dans le pays. Le dernier rapport du centre El-Nadeem sur l’état de Droits de l’Homme en Égypte, publié à la fin du mois décembre 2016, a recensé 1.357 cas d’exécutions sommaires, 448 décès suite à des négligences médicales envers des détenus dans les prisons, 781 cas (répertoriés) de torture pratiquée sur des détenus, 1.015 disparitions (enregistrées), 844 cas de condamnations à mort, des violences exercées contres plus de 400 avocats et des milliers de manifestants ; 96 journalistes sont actuellement emprisonnés sur ordre du régime, et des dizaines de milliers d’opposants, dont 350 enfants. Nous avons choisis de fournir les chiffres les plus bas : ces chiffres sont pour certains d’entre eux multipliés par trois selon d’autres organisations égyptiennes de défense des Droits de l’Homme. En effet, les sources manquent, de nombreux cas sont ignorés et les ONG travaillent difficilement, souvent dans la clandestinité, depuis la suppression par le régime de plusieurs milliers d’entre elles, dont le centre El-Nadeem qui offrait depuis 1993 un soutien et des conseils aux victimes de torture et de violences sexuelles.
On torture sans plus aucune retenue, disions-nous ; et la torture est devenu une façon de gouverner, un système dissuasif de gouvernement auquel même les ressortissants étrangers n’échappent plus, dès lors qu’ils sont pris pour cible par le régime désireux d’envoyer un message clair aux chercheurs et journalistes étrangers trop critiques. L’affaire Giulio Regeni –ce jeune universitaire italien retrouvé mort après avoir été atrocement torturé- n’est pas seulement un exemple terriblement éloquent de l’état des Droits de l’Homme en Égypte, mais aussi de la manière éhontée et radicale par laquelle al-Sissi a choisi de diriger le pays.
Cela dit, peut-être le régime est-il allé beaucoup trop loin, dans ce cas précis, et il semble aujourd’hui que le général-président al-Sissi se morde les doigts et soit prêt même à abandonner la ville d’Alexandrie à l’Italie en échange de la fermeture du dossier de l’assassinat de Giulio Regeni… D’où cette visite secrète à Rome, le 20 janvier 2017, du général Abbas Kamel, le directeur de cabinet du président et son conseiller privé ; Abbas Kamel qui n’est pas seulement le bras droit d’al-Sissi, mais son éminence grise et peut-être, comme le soupçonnent certains, le véritable maître de l’Égypte.
Le dossier est lourd, en effet : torturé à mort, pendant des jours ; innombrables coupures, pratiquées au moyen de lames de rasoir, brûles diverses, sept côtes cassées, les jambes et les bras brisés, et tous les doigts des mains et des pieds, de nombreuses contusions dues à des coups de bâtons et d’instruments divers… Des pratiques habituelles des services de renseignement égyptiens… Selon le rapport d’autopsie demandé, il aurait été torturé près de sept jours durant, entre 10 et 14 heures chaque jour. L’affaire fait grand bruit en Italie et embarrasse les relations entre l’Égypte et la Communauté européenne…
Dans son rapport sur les évènements de l’année 2016, publié le 10 janvier 2017, Human Rights Watch (HRW) écrit à propos de l’Égypte : « Toute critique publique à l’encontre du gouvernement est restée de fait interdite en Égypte en 2016. La police a arrêté des dizaines de personnes dans le cadre de manifestations, dont un grand nombre de façon préventive. Les autorités ont ordonné des interdictions de voyager et le gel des avoirs à l’encontre d’importantes organisations de défense des droits humains et de leurs dirigeants, et elles ont porté des accusations au pénal contre le président du Syndicat de la presse ainsi que contre le principal responsable de la lutte contre la corruption dans le pays. Le Parlement a proposé une nouvelle loi régissant les organisations non gouvernementales (ONG) qui mettrait de fait un terme au travail indépendant en faveur des droits humains dans le pays. »
Le choix qu’il nous reste pour classifier l’État égyptien est celui d’une dictature ou d’un État failli. Mais que faut-il entendre pas « État failli » ? Faut-il pour ainsi qualifier un État que le gouvernement en ait perdu le contrôle ou bien la défaillance des institutions peut-elle être prise en compte dans l’attribution de cette classification ?
Un signe de défaillance majeure d’un État, selon notre sens, c’est l’absence de la justice.
Le 17 janvier 2017, un tribunal pénal du Caire a approuvé la demande d’al-Sissi d’inscrire 1.502 personnes sur une liste d’individus considérés comme « terroristes ». Tous sont d’éminentes personnalités de la société civile égyptienne : anciens ministres, professeurs d’université, académiciens, médecins, architectes, hommes d’affaires, militants des droits humains… En tête de liste, le premier président civil de l’Égypte, Mohamed Morsi ; il est suivi par le chef de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badii, et une ancienne star du football égyptien, Mohamed Abou Trika, qui a remporté à deux reprises la Coupe d’Afrique des Nations, en 2006 et en 2008 (il avait été élu, à quatre reprises, meilleur joueur africain de l’année par la Confédération africaine de Football).
Mais la corruption des institutions ne signifie pas nécessaire qu’elles fonctionnent mal ; elles fonctionnent dans l’intérêt du pouvoir et, de son point de vue, la machine tourne rond…
Admettons donc que l’Égypte est une dictature ; et précisons qu’il s’agit sans ambiguïté d’une « dictature militaire ».
Tout l’appareil de l’État a été militarisé et l’armée exerce un quasi monopole sur l’économie, jusqu’à la distribution de lait en poudre pour les nourrissons.
Néanmoins, l’Égypte se détériore et, si l’on ne peut pas la qualifié d’État failli selon le sens admis de l’expression, on peut toutefois pointer les signes de la déliquescence d’un État affaibli…
Ainsi, déjà, le régime ne peut plus accomplir une des fonctions indispensables qui incombent à un gouvernement : assurer à sa population l’accès aux produits de première nécessité. La situation économique en Égypte, bien qu’occultée par le régime et les médias, est de plus en plus inquiétante et commence à se traduire par des troubles internes qui pourraient déboucher sur une nouvelle « révolution de la faim ». Les chiffres concernant la dette sont spectaculaires : la dette extérieure, selon la banque centrale, atteint 53,4 milliards de dollars (16% du produit intérieur brut au mois d’août 2016 et 66% en janvier 2017 !). Dans sa dernière déclaration (publiée le 18 janvier 2017), le Fonds monétaire international (FMI) estime que la dette extérieure de l’Égypte atteindra 102.4 milliards de dollars en 2020. Mais, le pire, c’est la dette globale intérieure, qui approche les 300 milliards de dollars. Le taux de l’inflation, officiellement, n’est que de… 24,3% (en décembre 2016
Un « État maquette » ou une « maquette d’État », c’est cela qu’est aujourd’hui l’Égypte, où la stratégie du régime militaire a démonté les institutions, remplaçant leur réalité et leur substance par une maquette de parlement, des maquettes de juges et même, parfois, des citoyens-maquettes.
Mais peut-être la question doit-elle être dépassée, pour essayer de montrer la situation profonde de l’Égypte, de l’État égyptien, de son régime politique et de son peuple, après plus de trois ans de règne sans partage du général-président.
À cet effet, il nous faut d’emblée préciser deux points à propos desquels il est important de prendre le temps de réfléchir : la définition du terme « État » et la question de la faillite étatique.
La définition de l’État doit prendre en compte à la fois les autorités publiques (le régime, le type de gouvernement, le rôle de l’armée) et le peuple. Un État, c’est à la fois un espace défini, un peuple et un régime politique qui garantit (ou devrait garantir) la bonne gouvernance de l’ensemble. Lorsque l’on veut qualifier l’Égypte d’aujourd’hui, ce n’est donc pas seulement le chef de l’État mais l’ensemble des autorités de l’État qu’il convient d’observer. Bien qu’il faille prendre en compte qu’en Égypte, depuis le 3 juillet 2013, on n’entend plus qu’une seule voix.
Avant d’aller plus loin, toutefois, s’impose une autre question, plus conséquente (et même insupportable, notamment pour un historien) : l’Égypte est-elle (encore) un État ? Le dictateur se pose cette question sur son pays, en principe. L’Égypte, est souvent considérée comme l’un des plus anciens États connus, apparu cinq mille ans avant J.-C.. Ainsi, la langue arabe ne comporte qu’un mot pour désigner l’appareil d’État ; c’est le nom même de l’Égypte en arabe, « Miṣr », qui signifie « l’État ». Ce n’est pas le sentiment que partage le général al-Sissi qui préside désormais l’Égypte ; il ne reconnaît pas cette réalité. Au contraire, le 5 mai 2016, il donnait sa réponse à notre question, à l’occasion d’un discours prononcé devant tous les représentants de son régime ; il s’adressait à ses auditeurs en ces termes : « Vous croyez vivre dans un véritable État, mais l’Égypte n’est que partiellement un État. Essayons dès lors de créer un État réel. » Le général voulait peut-être faire croire à tous que l’Égypte, ce pays qui compte 7.000 ans d’histoire, n’avait pas existé avant lui ? Nous admettrons quant à nous que l’Égypte est un État.
Revenons donc maintenant à la question initiale. Et tentons de choisir entre quatre qualifications (démocratie, démocratie partielle, dictature ou État failli), pour préciser l’état de l’État en Égypte.
On peut très rapidement, dans notre analyse, éliminer les deux premières qualifications, ne serait-ce qu’en examinant l’état des Droits de l’Homme et de la liberté d’expression dans le pays. Le dernier rapport du centre El-Nadeem sur l’état de Droits de l’Homme en Égypte, publié à la fin du mois décembre 2016, a recensé 1.357 cas d’exécutions sommaires, 448 décès suite à des négligences médicales envers des détenus dans les prisons, 781 cas (répertoriés) de torture pratiquée sur des détenus, 1.015 disparitions (enregistrées), 844 cas de condamnations à mort, des violences exercées contres plus de 400 avocats et des milliers de manifestants ; 96 journalistes sont actuellement emprisonnés sur ordre du régime, et des dizaines de milliers d’opposants, dont 350 enfants. Nous avons choisis de fournir les chiffres les plus bas : ces chiffres sont pour certains d’entre eux multipliés par trois selon d’autres organisations égyptiennes de défense des Droits de l’Homme. En effet, les sources manquent, de nombreux cas sont ignorés et les ONG travaillent difficilement, souvent dans la clandestinité, depuis la suppression par le régime de plusieurs milliers d’entre elles, dont le centre El-Nadeem qui offrait depuis 1993 un soutien et des conseils aux victimes de torture et de violences sexuelles.
On torture sans plus aucune retenue, disions-nous ; et la torture est devenu une façon de gouverner, un système dissuasif de gouvernement auquel même les ressortissants étrangers n’échappent plus, dès lors qu’ils sont pris pour cible par le régime désireux d’envoyer un message clair aux chercheurs et journalistes étrangers trop critiques. L’affaire Giulio Regeni –ce jeune universitaire italien retrouvé mort après avoir été atrocement torturé- n’est pas seulement un exemple terriblement éloquent de l’état des Droits de l’Homme en Égypte, mais aussi de la manière éhontée et radicale par laquelle al-Sissi a choisi de diriger le pays.
Cela dit, peut-être le régime est-il allé beaucoup trop loin, dans ce cas précis, et il semble aujourd’hui que le général-président al-Sissi se morde les doigts et soit prêt même à abandonner la ville d’Alexandrie à l’Italie en échange de la fermeture du dossier de l’assassinat de Giulio Regeni… D’où cette visite secrète à Rome, le 20 janvier 2017, du général Abbas Kamel, le directeur de cabinet du président et son conseiller privé ; Abbas Kamel qui n’est pas seulement le bras droit d’al-Sissi, mais son éminence grise et peut-être, comme le soupçonnent certains, le véritable maître de l’Égypte.
Le dossier est lourd, en effet : torturé à mort, pendant des jours ; innombrables coupures, pratiquées au moyen de lames de rasoir, brûles diverses, sept côtes cassées, les jambes et les bras brisés, et tous les doigts des mains et des pieds, de nombreuses contusions dues à des coups de bâtons et d’instruments divers… Des pratiques habituelles des services de renseignement égyptiens… Selon le rapport d’autopsie demandé, il aurait été torturé près de sept jours durant, entre 10 et 14 heures chaque jour. L’affaire fait grand bruit en Italie et embarrasse les relations entre l’Égypte et la Communauté européenne…
Dans son rapport sur les évènements de l’année 2016, publié le 10 janvier 2017, Human Rights Watch (HRW) écrit à propos de l’Égypte : « Toute critique publique à l’encontre du gouvernement est restée de fait interdite en Égypte en 2016. La police a arrêté des dizaines de personnes dans le cadre de manifestations, dont un grand nombre de façon préventive. Les autorités ont ordonné des interdictions de voyager et le gel des avoirs à l’encontre d’importantes organisations de défense des droits humains et de leurs dirigeants, et elles ont porté des accusations au pénal contre le président du Syndicat de la presse ainsi que contre le principal responsable de la lutte contre la corruption dans le pays. Le Parlement a proposé une nouvelle loi régissant les organisations non gouvernementales (ONG) qui mettrait de fait un terme au travail indépendant en faveur des droits humains dans le pays. »
Le choix qu’il nous reste pour classifier l’État égyptien est celui d’une dictature ou d’un État failli. Mais que faut-il entendre pas « État failli » ? Faut-il pour ainsi qualifier un État que le gouvernement en ait perdu le contrôle ou bien la défaillance des institutions peut-elle être prise en compte dans l’attribution de cette classification ?
Un signe de défaillance majeure d’un État, selon notre sens, c’est l’absence de la justice.
Le 17 janvier 2017, un tribunal pénal du Caire a approuvé la demande d’al-Sissi d’inscrire 1.502 personnes sur une liste d’individus considérés comme « terroristes ». Tous sont d’éminentes personnalités de la société civile égyptienne : anciens ministres, professeurs d’université, académiciens, médecins, architectes, hommes d’affaires, militants des droits humains… En tête de liste, le premier président civil de l’Égypte, Mohamed Morsi ; il est suivi par le chef de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badii, et une ancienne star du football égyptien, Mohamed Abou Trika, qui a remporté à deux reprises la Coupe d’Afrique des Nations, en 2006 et en 2008 (il avait été élu, à quatre reprises, meilleur joueur africain de l’année par la Confédération africaine de Football).
Mais la corruption des institutions ne signifie pas nécessaire qu’elles fonctionnent mal ; elles fonctionnent dans l’intérêt du pouvoir et, de son point de vue, la machine tourne rond…
Admettons donc que l’Égypte est une dictature ; et précisons qu’il s’agit sans ambiguïté d’une « dictature militaire ».
Tout l’appareil de l’État a été militarisé et l’armée exerce un quasi monopole sur l’économie, jusqu’à la distribution de lait en poudre pour les nourrissons.
Néanmoins, l’Égypte se détériore et, si l’on ne peut pas la qualifié d’État failli selon le sens admis de l’expression, on peut toutefois pointer les signes de la déliquescence d’un État affaibli…
Ainsi, déjà, le régime ne peut plus accomplir une des fonctions indispensables qui incombent à un gouvernement : assurer à sa population l’accès aux produits de première nécessité. La situation économique en Égypte, bien qu’occultée par le régime et les médias, est de plus en plus inquiétante et commence à se traduire par des troubles internes qui pourraient déboucher sur une nouvelle « révolution de la faim ». Les chiffres concernant la dette sont spectaculaires : la dette extérieure, selon la banque centrale, atteint 53,4 milliards de dollars (16% du produit intérieur brut au mois d’août 2016 et 66% en janvier 2017 !). Dans sa dernière déclaration (publiée le 18 janvier 2017), le Fonds monétaire international (FMI) estime que la dette extérieure de l’Égypte atteindra 102.4 milliards de dollars en 2020. Mais, le pire, c’est la dette globale intérieure, qui approche les 300 milliards de dollars. Le taux de l’inflation, officiellement, n’est que de… 24,3% (en décembre 2016
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