En Tunisie comme au Maroc, l'islam politique ne sera plus celui qu'on a connu ces dernières années; il est en reflux. Pour subsister, rester au pouvoir, il se doit retrouver une autre raison politique faisant sens, celle du service de la principale exigence populaire, les droits et libertés des peuples.
Si, en emploi figuré, l'expression "être aux abois" se dit pour exprimer une situation désespérée, c'est un peu plus nuancé en chasse en ce sens que cela se dit surtout de la bête entourée d'une meute de chiens qui aboient.
Une telle nuance est importante, notamment ici, car si l'islam politique est entouré de ses adversaires et ennemis, son sort ne dépendra au vrai que de ce qu'il sera capable de faire et moins de ce que fera la meute qui, généralement, ne sait qu'aboyer. C'est ce qui l'a toujours conforté dans son entreprise pour arriver au pouvoir et s'y maintenir, formellement ou informellement.
Machiavélisme islamiste
Au Maghreb, du fait de la proximité géographique et mentale avec l'Occident, la force de l'islam politique est sa science de la manipulation, et la Tunisie l'illustre à merveille où il a excellé dans la manoeuvre.
C'est qu'il a la chance d'y avoir quasiment une figure emblématique, un véritable Machiavel islamique en la personne du chef du parti Nahdha, M. Rached Ghannouchi, longtemps chouchou de l'Occident soucieux de ses intérêts en bon matérialiste.
Ce qualificatif de machiavélique est ici employé en son sens neutre, à savoir cette façon efficace de gouverner sans se soucier de la morale; car c'est ce qu'on a toujours affirmé, à tort ou à raison, de la politique se devant être l'art de savoir se faire passer pour un lion et un renard à la fois. Même au temps de ses lettres de noblesse, cela a invariablement été la marque de la pratique politique. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on a osé parler d'introduire l'éthique en politique, en faire une poléthique.
Car la pratique politicienne habituelle est désormais antique et obsolète; il importe de la transfigurer, le monde ayant changé. On est ainsi en postmodernité. Aussi, la morale et la politique, antinomiques hier, sont devenues complémentaires.
Au reste, on sait que la pensée postmoderne par excellence est celle qualifiée de contradictorielle, ce qui veut dire, entre autres, que les contraires ne s'opposent plus mais se complètent. C'est le paradoxe de notre temps de zéroïsme de sens en apparence, où l'aporie n'est plus insurmontable, où l'irrationnel est autrement rationnel, où la figure de style de l'oxymore est reine.
Pouvoir du spectacle
Rached Ghannouchi, en Tunisie, est tout cela à la fois, une véritable bête politique, pratiquant l'art politicien à l'antique comme personne (sauf peut-être le chef de l'État, un alter ego), et ce en simulant et dissimulant, tout en veillant à donner l'apparence de la modernité.
Or, la postmodernité, notre époque, est de façon outrancière cette synergie détonante entre l'archaïsme absolu et le technologique le plus sophistiqué. Daech en est, d'ailleurs, le parfait exemple paroxystique, étant donné que sans Internet et les technologies modernes, une telle horreur n'aurait pas tenu longtemps.
De fait, elle participe à cette "théâtrocratie" aujourd'hui de rigueur en un monde matérialisé à l'extrême, le "pouvoir du spectacle" dont parlait déjà Platon dans ses Lois y étant maître du monde et des esprits.
S'agissant de M. Ghannouchi, par exemple, il parle de son adhésion à l'abolition de l'horreur moyenâgeuse de l'homophobie survivant en Tunisie. Or, un projet de loi lui a même été proposé par la société civile, mais il n'a rien fait sur le plan législatif pour conformer l'action à la parole, alors que son parti est le plus nombreux au parlement.
C'est loin d'être l'unique exemple; en voici deux autres aussi éloquents ! Ils sont relatifs à deux thématiques d'actualité en Tunisie et au Maghreb : la dépénalisation de la consommation du cannabis et le libre commerce et consommation d'alcool. Deux des plus éminentes figures du parti islamiste, un proche conseiller de M. Ghannouchi et l'ancienne vice-présidente de l'Assemblée constituante s'y sont déclarées favorables, l'un dans une tribune et l'autre en rendant visite à une brasserie.
Qu'est-ce tout cela sinon de la tromperie, de vaines paroles, au mieux des voeux pieux en un domaine politique où seuls comptent les actes ! Pourtant, il suffit à ces islamistes d'agir au parlement, où ils sont un groupe uni majoritaire, afin de conformer la législation du pays, ployant toujours sous les lois scélérates de la dictature et du protectorat, aux acquis de la Constitution maintenue toujours lettre morte sur le chapitre des droits et des libertés !
Cela prouve que si le parti islamiste est bel et bien aux abois en Tunisie, il ne cesse de compter sur l'inertie ou la complicité objective de ses supposés adversaires qui ne savent s'illustrer qu'en paroles, étant même moins démocrates et libéraux que laïcistes. On en trouve d'ailleurs de bien plus traditionalistes que certains pans modérés du parti islamiste voulant en faire une "Démocratie islamique", ce qui est parfaitement possible si l'on ose s'y prendre de manière raisonnable !
Réveil à l'islam des Lumières
Au Maroc, malgré la spécificité du royaume avec la figure tutélaire du roi, toujours maître du jeu en son pays malgré les avanies du temps, la situation demeure, pour l'essentiel, identique à celle de la Tunisie.
L'islam politique y est arrivé aussi au pouvoir grâce au précieux soutien occidental, américain surtout. Ce fut certes au nom des libertés, mais aussi et surtout afin de ne pas servir seulement un libéralisme dévergondé qui a mué en un capitalisme sauvage d'antique mémoire, étant oublieux de la nécessaire libéralisation en termes de droits sociaux et politiques. Cela le fut aussi dans le cadre de l'agenda occidental en Syrie, en ce nouvel Moyen-Orient de triste mémoire.
Aussi, la nouvelle donne, avec le spectaculaire renversement de la situation au pays de Bachchar Al Assad et l'arrivée surprise de Donald Trump à la Maison-Blanche, a confirmé un inéluctable reflux de l'islam politique maghrébin.
La terre au Maghreb est soufie, dite ardente pour cela, et ne pouvait donc accepter une telle altération de sa foi qui est à la base spirituelle, paisible humaniste et même libertaire. Car l'âme maghrébine est sensuelle et hédoniste. Je parle d'ailleurs, pour ma part, d'érosensualité arabe maghrébine.
Ainsi, bien qu'ayant triomphé aux dernières élection, le chef du parti Justice et développement n'est toujours pas arrivé à former un gouvernement. Il a même dû subir sans broncher le royal camouflet de réunir le nouveau parlement et d'y voir installer le chef d'un parti au nombre de députés risible par rapport à son propre groupe parlementaire, le premier du nouveau parlement.
Indubitablement, cela sonne le glas du pouvoir islamiste au Maroc à la faveur du barrage ainsi fait à l'hypothèse de nouvelles élections, caressée un moment par les islamistes. Ces derniers sont contrariés par ce qu'ils appellent "blocage" pour former un gouvernement stable et qui n'est, au final, qu'une traduction éloquente du refus de l'islam caricaturé qu'ils ont servi cinq ans durant, faisant beaucoup de tort à l'image même du Maroc.
Comme Nahdha, en Tunisie, le PJD sera contraint de quitter de lui-même le pouvoir en une sorte de retraite stratégique. Or, le parti islamiste en Tunisie a eu le temps, en trois ans d'une fausse alliance (la fameuse troïka), de placer ses affidés partout dans le pays, surtout dans une administration qui est l'ossature de l'État tunisien qui n'est rien sans elle. Or, cela n'a pu se faire parfaitement au Maroc, bien plus grand que la Tunisie et dont l'État est composite, tout comme sa société.
Par conséquent, il ne reste à l'islam marocain, tout comme au Maghreb tout entier, bien au-delà de la Tunisie, que le choix de s'ériger en défenseur des libertés pour espérer continuer à garder les faveurs populaires, en faire même le coeur de cible de son action politique, sa veine jugulaire. Et ce sera le cas plus particulièrement en Tunisie où, grâce à une société civile active, révolutionnant sa militance, on entrevoit déjà une suite au printemps arabe devant être cette fois-ci islamique.
Assurément, cela nécessite de la part des vrais islamistes démocrates maghrébins de réaliser la mue ontologique pour créer une "Démocratie islamique" qui est parfaitement possible et est, en tout cas, déjà une évidente exigence chez les peuples du Maghreb, qui sont les plus libertaires en termes de moeurs du monde arabe.
Ce qui impose donc à l'islam politique du Maghreb de passer de sa lecture intégriste obsolète de la foi à une autre qui soit plus juste pour un islam policé et non policier; c'est bien d'un réveil à l'islam des Lumières qu'il s'agit; et ce sera bien la revanche du soufisme sur le salafisme.
Que l'on ne s'étonne donc pas si la Tunisie et/ou le Maroc réussissent bientôt à être cités comme une référence d'un islam enfin débarrassé de ces tabous qui le défigurent avec notamment ces questions sensibles enfin banalisées : la dépénalisation du cannabis, la reconnaissance de l'homosexualité et de l'égalité successorale entre les sexes, ainsi que la parfaite liberté de consommer l'alcool et d'en faire commerce.
Ces mesures incontournables pour la paix sociale et psychologique impliqueront alors forcément deux démarches complémentaires, consistant à agir pour sortir de deux impasses. D'abord, celle du faux jihad mineur qu'il faut impérativement déclarer illicite, car il n'y a plus, en islam, que le jihad majeur, l'effort sur soi. Ce qui suppose ensuite d'avoir le courage, sur le plan international, de reconnaître l'État d'Israël dans le cadre de la légalité internationale de 1947, cet État étant le jumeau monozygote de l'État de Palestine.
Indubitablement, cela manifesterait une meilleure alliance entre un capitalisme sage, le vrai libéralisme, et l'islam soufi, seule vraie foi en terre arabe islamique. Le Maghreb, et c'est déjà le cas de la Tunisie, sera alors cette exception qu'il n'est qu'en puissance aujourd'hui dans le monde arabe, sinon le monde entier.
Farhat Othman
huffpost
Si, en emploi figuré, l'expression "être aux abois" se dit pour exprimer une situation désespérée, c'est un peu plus nuancé en chasse en ce sens que cela se dit surtout de la bête entourée d'une meute de chiens qui aboient.
Une telle nuance est importante, notamment ici, car si l'islam politique est entouré de ses adversaires et ennemis, son sort ne dépendra au vrai que de ce qu'il sera capable de faire et moins de ce que fera la meute qui, généralement, ne sait qu'aboyer. C'est ce qui l'a toujours conforté dans son entreprise pour arriver au pouvoir et s'y maintenir, formellement ou informellement.
Machiavélisme islamiste
Au Maghreb, du fait de la proximité géographique et mentale avec l'Occident, la force de l'islam politique est sa science de la manipulation, et la Tunisie l'illustre à merveille où il a excellé dans la manoeuvre.
C'est qu'il a la chance d'y avoir quasiment une figure emblématique, un véritable Machiavel islamique en la personne du chef du parti Nahdha, M. Rached Ghannouchi, longtemps chouchou de l'Occident soucieux de ses intérêts en bon matérialiste.
Ce qualificatif de machiavélique est ici employé en son sens neutre, à savoir cette façon efficace de gouverner sans se soucier de la morale; car c'est ce qu'on a toujours affirmé, à tort ou à raison, de la politique se devant être l'art de savoir se faire passer pour un lion et un renard à la fois. Même au temps de ses lettres de noblesse, cela a invariablement été la marque de la pratique politique. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'on a osé parler d'introduire l'éthique en politique, en faire une poléthique.
Car la pratique politicienne habituelle est désormais antique et obsolète; il importe de la transfigurer, le monde ayant changé. On est ainsi en postmodernité. Aussi, la morale et la politique, antinomiques hier, sont devenues complémentaires.
Au reste, on sait que la pensée postmoderne par excellence est celle qualifiée de contradictorielle, ce qui veut dire, entre autres, que les contraires ne s'opposent plus mais se complètent. C'est le paradoxe de notre temps de zéroïsme de sens en apparence, où l'aporie n'est plus insurmontable, où l'irrationnel est autrement rationnel, où la figure de style de l'oxymore est reine.
Pouvoir du spectacle
Rached Ghannouchi, en Tunisie, est tout cela à la fois, une véritable bête politique, pratiquant l'art politicien à l'antique comme personne (sauf peut-être le chef de l'État, un alter ego), et ce en simulant et dissimulant, tout en veillant à donner l'apparence de la modernité.
Or, la postmodernité, notre époque, est de façon outrancière cette synergie détonante entre l'archaïsme absolu et le technologique le plus sophistiqué. Daech en est, d'ailleurs, le parfait exemple paroxystique, étant donné que sans Internet et les technologies modernes, une telle horreur n'aurait pas tenu longtemps.
De fait, elle participe à cette "théâtrocratie" aujourd'hui de rigueur en un monde matérialisé à l'extrême, le "pouvoir du spectacle" dont parlait déjà Platon dans ses Lois y étant maître du monde et des esprits.
S'agissant de M. Ghannouchi, par exemple, il parle de son adhésion à l'abolition de l'horreur moyenâgeuse de l'homophobie survivant en Tunisie. Or, un projet de loi lui a même été proposé par la société civile, mais il n'a rien fait sur le plan législatif pour conformer l'action à la parole, alors que son parti est le plus nombreux au parlement.
C'est loin d'être l'unique exemple; en voici deux autres aussi éloquents ! Ils sont relatifs à deux thématiques d'actualité en Tunisie et au Maghreb : la dépénalisation de la consommation du cannabis et le libre commerce et consommation d'alcool. Deux des plus éminentes figures du parti islamiste, un proche conseiller de M. Ghannouchi et l'ancienne vice-présidente de l'Assemblée constituante s'y sont déclarées favorables, l'un dans une tribune et l'autre en rendant visite à une brasserie.
Qu'est-ce tout cela sinon de la tromperie, de vaines paroles, au mieux des voeux pieux en un domaine politique où seuls comptent les actes ! Pourtant, il suffit à ces islamistes d'agir au parlement, où ils sont un groupe uni majoritaire, afin de conformer la législation du pays, ployant toujours sous les lois scélérates de la dictature et du protectorat, aux acquis de la Constitution maintenue toujours lettre morte sur le chapitre des droits et des libertés !
Cela prouve que si le parti islamiste est bel et bien aux abois en Tunisie, il ne cesse de compter sur l'inertie ou la complicité objective de ses supposés adversaires qui ne savent s'illustrer qu'en paroles, étant même moins démocrates et libéraux que laïcistes. On en trouve d'ailleurs de bien plus traditionalistes que certains pans modérés du parti islamiste voulant en faire une "Démocratie islamique", ce qui est parfaitement possible si l'on ose s'y prendre de manière raisonnable !
Réveil à l'islam des Lumières
Au Maroc, malgré la spécificité du royaume avec la figure tutélaire du roi, toujours maître du jeu en son pays malgré les avanies du temps, la situation demeure, pour l'essentiel, identique à celle de la Tunisie.
L'islam politique y est arrivé aussi au pouvoir grâce au précieux soutien occidental, américain surtout. Ce fut certes au nom des libertés, mais aussi et surtout afin de ne pas servir seulement un libéralisme dévergondé qui a mué en un capitalisme sauvage d'antique mémoire, étant oublieux de la nécessaire libéralisation en termes de droits sociaux et politiques. Cela le fut aussi dans le cadre de l'agenda occidental en Syrie, en ce nouvel Moyen-Orient de triste mémoire.
Aussi, la nouvelle donne, avec le spectaculaire renversement de la situation au pays de Bachchar Al Assad et l'arrivée surprise de Donald Trump à la Maison-Blanche, a confirmé un inéluctable reflux de l'islam politique maghrébin.
La terre au Maghreb est soufie, dite ardente pour cela, et ne pouvait donc accepter une telle altération de sa foi qui est à la base spirituelle, paisible humaniste et même libertaire. Car l'âme maghrébine est sensuelle et hédoniste. Je parle d'ailleurs, pour ma part, d'érosensualité arabe maghrébine.
Ainsi, bien qu'ayant triomphé aux dernières élection, le chef du parti Justice et développement n'est toujours pas arrivé à former un gouvernement. Il a même dû subir sans broncher le royal camouflet de réunir le nouveau parlement et d'y voir installer le chef d'un parti au nombre de députés risible par rapport à son propre groupe parlementaire, le premier du nouveau parlement.
Indubitablement, cela sonne le glas du pouvoir islamiste au Maroc à la faveur du barrage ainsi fait à l'hypothèse de nouvelles élections, caressée un moment par les islamistes. Ces derniers sont contrariés par ce qu'ils appellent "blocage" pour former un gouvernement stable et qui n'est, au final, qu'une traduction éloquente du refus de l'islam caricaturé qu'ils ont servi cinq ans durant, faisant beaucoup de tort à l'image même du Maroc.
Comme Nahdha, en Tunisie, le PJD sera contraint de quitter de lui-même le pouvoir en une sorte de retraite stratégique. Or, le parti islamiste en Tunisie a eu le temps, en trois ans d'une fausse alliance (la fameuse troïka), de placer ses affidés partout dans le pays, surtout dans une administration qui est l'ossature de l'État tunisien qui n'est rien sans elle. Or, cela n'a pu se faire parfaitement au Maroc, bien plus grand que la Tunisie et dont l'État est composite, tout comme sa société.
Par conséquent, il ne reste à l'islam marocain, tout comme au Maghreb tout entier, bien au-delà de la Tunisie, que le choix de s'ériger en défenseur des libertés pour espérer continuer à garder les faveurs populaires, en faire même le coeur de cible de son action politique, sa veine jugulaire. Et ce sera le cas plus particulièrement en Tunisie où, grâce à une société civile active, révolutionnant sa militance, on entrevoit déjà une suite au printemps arabe devant être cette fois-ci islamique.
Assurément, cela nécessite de la part des vrais islamistes démocrates maghrébins de réaliser la mue ontologique pour créer une "Démocratie islamique" qui est parfaitement possible et est, en tout cas, déjà une évidente exigence chez les peuples du Maghreb, qui sont les plus libertaires en termes de moeurs du monde arabe.
Ce qui impose donc à l'islam politique du Maghreb de passer de sa lecture intégriste obsolète de la foi à une autre qui soit plus juste pour un islam policé et non policier; c'est bien d'un réveil à l'islam des Lumières qu'il s'agit; et ce sera bien la revanche du soufisme sur le salafisme.
Que l'on ne s'étonne donc pas si la Tunisie et/ou le Maroc réussissent bientôt à être cités comme une référence d'un islam enfin débarrassé de ces tabous qui le défigurent avec notamment ces questions sensibles enfin banalisées : la dépénalisation du cannabis, la reconnaissance de l'homosexualité et de l'égalité successorale entre les sexes, ainsi que la parfaite liberté de consommer l'alcool et d'en faire commerce.
Ces mesures incontournables pour la paix sociale et psychologique impliqueront alors forcément deux démarches complémentaires, consistant à agir pour sortir de deux impasses. D'abord, celle du faux jihad mineur qu'il faut impérativement déclarer illicite, car il n'y a plus, en islam, que le jihad majeur, l'effort sur soi. Ce qui suppose ensuite d'avoir le courage, sur le plan international, de reconnaître l'État d'Israël dans le cadre de la légalité internationale de 1947, cet État étant le jumeau monozygote de l'État de Palestine.
Indubitablement, cela manifesterait une meilleure alliance entre un capitalisme sage, le vrai libéralisme, et l'islam soufi, seule vraie foi en terre arabe islamique. Le Maghreb, et c'est déjà le cas de la Tunisie, sera alors cette exception qu'il n'est qu'en puissance aujourd'hui dans le monde arabe, sinon le monde entier.
Farhat Othman
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