Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Russie. Scandale après la fuite de deux ex-députés russes en Ukraine

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Russie. Scandale après la fuite de deux ex-députés russes en Ukraine

    Deux parlementaires russes, Denis Voronenkov et Maria Maksakova, mariés depuis 2015, se sont enfuis à Kiev, d’où ils critiquent vertement le régime de Poutine. La presse russe revient sur ce cas inédit de députés transfuges qui secoue la classe politique.

    Traître”, “transfuge”, “il déshonore le pays”. C’est en ces termes que certains parlementaires russes évoquent désormais Denis Voronenkov, ex-député du parti communiste russe (KPRF), qui s’est exilé à Kiev en octobre 2016, rapporte le journal en ligne Gazeta.ru.

    Sa femme, la cantatrice Maria Maksakova, ancienne députée du parti au pouvoir Russie unie, l’y a suivi. Lors des législatives de septembre 2016, ni l’un ni l’autre n’avait réussi à se faire réélire à la Douma, chambre basse du parlement russe. Mais avant même que leurs mandats de députés ne prennent fin, le couple a quitté Moscou.

    L’affaire a pris une nouvelle tournure mardi 14 février, après que le média ukrainien Censor. NET, interdit en Russie, a publié une interview explosive de Denis Voronenkov. Il y assure, notamment, avoir témoigné dans le dossier pour trahison d’État visant l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, exilé en Russie depuis février 2014, et compare le régime de Poutine à celui de l’Allemagne nazie. Gazeta.ru poursuit :

    Une fois de l’autre côté du ‘front’, Voronenkov a adopté un tout autre discours que celui qu’il tenait depuis la tribune de la Douma. Que la Crimée [annexée par la Russie en mars 2014], était une ‘grande erreur’. Que le FSB, service des renseignements russes, a ‘usurpé les pouvoirs de l’ensemble des structures de sécurité’. Que toutes les élections, ‘des municipales aux fédérales, ont été falsifiées partout’. Qu’il a quitté le pays parce qu’il ne souhaitait plus vivre dans le mensonge et l’hypocrisie.”
    Voronenkov, qui a obtenu la nationalité ukrainienne en décembre, y explique également la raison de son départ : il redoutait les représailles de la part de certains membres corrompus du FSB. De son côté, le Parquet russe vient de lancer un avis de recherche à son encontre, l’incriminant d’un “raid immobilier” datant de 2011.

    Le 15 février, sa femme, Maria Maksakova, donnait une interview au site d’information russe Meduza, basé en Lettonie, où elle n’a pas non plus épargné la classe politique russe, dénonçant “un régime qui exige une loyauté absolue” et “interdit la moindre critique” à son encontre. Le lendemain, elle était exclue du parti Russie unie.

    Un personnage sulfureux

    Voronenkov est-il sincère ? s’interroge Gazeta.ru. A-t-il obtenu le passeport ukrainien en échange d’informations compromettantes pour le Kremlin ?

    Le journal indépendant Novaïa gazeta tente de répondre à ces questions dans une enquête très fouillée sur l’ex-député communiste, publiée le 15 février. Décrit sur un ton ironique, Voronenkov y apparaît sous un jour moins reluisant :

    Jusqu’à récemment, Denis Voronenkov avait la réputation d’un homme politique russe tout à fait typique : un modeste salaire [qui ne l’empêchait pas d’avoir] des actifs disproportionnés ; des sociétés offshore dans les îles Vierges britanniques ; des dossiers judiciaires avec les noms de ses protecteurs très haut placés. Bref, presque comme tout le monde. Ses interventions publiques ne laissaient pas de doute sur son entière loyauté vis-à-vis des autorités russes.”

    Pour preuve, le journal détaille ensuite une kyrielle d’affaires de corruption dans lesquelles figurait Voronenkov. Or, grâce à ses connexions dans les plus hautes sphères du pouvoir, il a toujours réussi à échapper à la justice. Pour le journal, le cas particulier de Voronenkov est révélateur de tout le système politique russe, profondément corrompu.

    le Courrier international
Chargement...
X