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La France face à son passé colonial - Déclaration de Macron à Alger

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  • La France face à son passé colonial - Déclaration de Macron à Alger

    Déclaration de Macron à Alger
    La France face à son passé colonial

    le 18.02.17|10h00
    [B] Il a suffi d’une déclaration certes audacieuse et à raison pour déclencher en France
    une «guerre» sur la guerre d’Algérie et l’histoire coloniale.


    [/CENTER]
    Les massacres perpétrés par l’armée française en Algérie
    des faits indéniables

    Les propos du candidat à la présidentielle française, Emmanuel Macron, assumant ouvertement que la colonisation était un «crime contre l’humanité» ont provoqué une levée de boucliers à droite et à l’extrême droite. Un emballement général. Ils ont entraîné une vive polémique politico-médiatique qui électrise une campagne électorale déjà impétueuse.Les nostalgiques de «l’Algérie française» rameutent leurs séides. Le Front national accuse Macron d’être un candidat de la «repentance», pendant que le candidat des républicains, François Fillon, dénonce une «détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne d’un candidat à la présidence de la République». Et les médias convoquent les historiens pour dire l’histoire politique. La polémique s’installe au cœur de la campagne présidentielle et Macron est soumis à une forte pression politique, mais surtout sommé de s’expliquer. Une guerre mémorielle franco-française enfouie qui refait surface à la moindre déclaration publique révèle inlassablement les implications historiques de l’indépendance de l’Algérie. Une indépendance qui a précipité la chute de l’empire colonial qu’une partie des élites politiques et intellectuelles parisiennes ont tue. Vues d’Algérie, les réactions vives de la droite et de l’extrême droite françaises ne sont pas une surprise.Elles révèlent «la puissance du déni français, signalé en particulier par Benjamin Stora, et marquent, au-delà même des considérations électoralistes prégnantes, le caractère durable et profond de l’entreprise coloniale en Algérie dans l’imaginaire et la culture français qu’avait tenté de formaliser la loi de février 2005 sur ‘‘les bienfaits de la colonisation’’», analyse le professeur de l’université de Constantine, Abdelmadjid Merdaci. La levée de boucliers est «attendue dans les rangs des droites françaises il est de plus en plus difficile de distinguer le FN des Républicains et la montée au créneau des médias français, particulièrement des chaînes d’information continue», ajoute encore le professeur Merdaci. Ce dernier charge les élites françaises «rétives quant au fond à l’indépendance algérienne, qui s’interdisent de nommer, de reconnaître la dimension criminelle de l’Etat français en Algérie».Cependant, le professeur Merdaci estime que «sur ce contentieux historique, la République française a objectivement été protégée par le choix de la modération du régime algérien, mais ses élites dirigeantes devraient en tirer les enseignements, comme le fait, semble-t-il, Emmanuel Macron». Il est vrai que le candidat Macron pourtant moins attendu sur le sujet colonial est l’homme politique français qui est allé très loin dans la nomination et la qualification des crimes commis durant la période coloniale.«C’est une déclaration qui fera date dans le dossier mémoriel très controversé entre l’Algérie et la France. Cette déclaration courageuse et téméraire répond à une demande de nombreuses fois formulée par la Fondation du 8 mai 45 et la société civile», réagit le professeur d’histoire à l’université d’Alger, Mohamed El Korso. Ce dernier juge que Macron a «placé la barre très haut en parlant de crime commis par la France coloniale en Algérie». Il estime que même le «puissant Chirac, ami de l’Algérie, encore moins celui qui avait tenu un discours d’ouverture, je veux parler de François Hollande, l’un et l’autre amis de notre président de la République, n’ont pas osé aller très loin.» Mais quel sens donner alors à cette déclaration venue d’un homme politique qui au demeurant n’était pas attendu en Algérie du fait que même Macron n’était pas connu pour être un adepte de la question mémorielle ? «Pour en saisir toute la portée et son sens réel, il faut la placer dans son contexte. Elle est au cœur de la campagne présidentielle, et de ce fait elle est une carte électorale parmi tant d’autres où tout est permis. Sauf que ce qui est permis ne sert pas toujours la cause défendue, à savoir l’apaisement et le rapprochement des mémoires. N’oublions pas que ce même Macron a fait une déclaration fin 2016 où il remettait au goût du jour la mission civilisatrice de la France qui serait à l’origine du développement économique, social et culturel», nuance Mohamed El Korso.Ce dernier, connu pour son engagement intellectuel sur la question de l’histoire, tout en prenant acte des déclarations du candidat à la présidentielle française, le met au défi. «Si, par hasard, Macron venait à être porté à la présidence de la République française, donnerait-il corps à ses déclarations algériennes», l’invite-t-il. Le tsunami mémoriel provoqué par Emmanuel Macron en «re-posant» vivement la question coloniale met la France face à son passé. Cependant, du côté algérien, le débat sur l’histoire coloniale et la guerre d’Algérie est verrouillé.Le récit national officiel passe sous silence des faits historiques, il empêche de produire un discours propre, scientifique et fiable sur l’histoire contemporaine. Les élites politiques et intellectuelles dans leur majorité se placent sur le terrain de la réaction à tout ce qui se fait et s’élabore en France. Un énorme déficit mémoriel à combler et qui devra commencer par donner toute la liberté nécessaire aux chercheurs et aux historiens, les mieux à même d’écrire une histoire débarrassée d’un récit fantasmé et falsificateur.

    Hacen Ouali
    El Watan

  • #2
    LE MONDE (Aujourdhui) titre :

    « Oui, la colonisation est un crime contre l’humanité »


    Les remous provoqués par la déclaration d’Emmanuel Macron témoignent de l’incapacité française à assumer « un pan peu glorieux de son histoire ».

    Qu’Emmanuel Macron provoque une polémique en affirmant, lors d’une visite à Alger, que la colonisation est un crime contre l’humanité témoigne d’un profond malaise français sur le sujet. Mais en dépit des éructations de certains, le bilan est sans appel : oui, la colonisation est un crime contre toute l’humanité, dont le résultat fut d’imposer la domination de la barbarie contre la civilisation.

    Les peuples d’Afrique ont vécu une terrible violence du fait colonial avec des morts, des expropriations, des privations de liberté et surtout une négation profonde de la dignité humaine par la domination politique, économique et culturelle. Les chiffres de cette période sont éloquents d’horreur. Pour procéder plus facilement au pillage systématique des ressources du continent africain, les colons ont soumis des populations civiles aux travaux forcés avec à la clé des milliers de victimes. Par exemple, l’historien Antoine Madounou établit un bilan entre 15 000 et 30 000 personnes mortes sur le chantier du chemin de fer qui devait relier Pointe-Noire à Brazzaville, au Congo.


    Des morts, il y en a eu aussi à chaque fois que les populations ont tenté de se libérer du joug colonial. A Madagascar, en mars 1947, l’armée coloniale française a massacré les populations malgaches, avec un bilan compris entre 20 000 et 100 000 morts, selon les sources. Ou encore en Algérie où la révolte partie de Sétif le 8 mai 1945 fut matée dans le sang, laissant près de 45 000 victimes selon les nationalistes algériens.

    Une barbarie intolérable


    Sans oublier les tirailleurs sénégalais tués à Thiaroye en 1944 ou encore le sombre épisode du Cameroun, avec une répression des populations qui s’étaient soulevées à l’appel des militants de l’Union des populations du Cameroun (UPC) dans les années 1950 et 1960. Là, on oscille entre 60 000 et 120 000 victimes. La puissance coloniale a aussi assassiné les charismatiques dirigeants indépendantistes camerounais Um Nyobe et Moumié.
    Les blessures que la colonisation a infligées à l’Afrique sont douloureuses et rendent tellement pitoyables les évocations de routes et d’hôpitaux censés extirper des aspects positifs d’une horreur. Je partage l’avis de l’historienne Sylvie Thénault qui juge « indécent » de mettre sur une même balance, d’un côté, les massacres, exécutions sommaires et tortures, et, de l’autre, des routes jugées comme un bilan positif d’un asservissement abominable des peuples d’Afrique. A ceux qui, souvent issus des rangs de l’extrême droite française, trouvent des vertus à la colonisation, Césaire avait anticipé la réponse, dès 1955, avec son monumental Discours sur le colonialisme (Présence africaine, 1955). D’ailleurs, en ces temps de polémiques et de libération de la parole raciste en France, les hommes politiques de ce pays devraient tous lire ce texte intemporel.

    Aimé Césaire disait donc : « On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer. Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse. Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » La colonisation, comme le soulignait le même Césaire est une « négation de la civilisation ». En cela, elle est un crime, une barbarie intolérable.


    Sur le sujet de la colonisation, jamais un homme politique français sous la Ve République n’est allé aussi loin, et c’est à saluer, indépendamment des motivations électorales du candidat Macron. Mais il convient de souligner que sa déclaration gêne beaucoup de gens en France, de la gauche à la droite du spectre politique du pays.

    Officiellement, le Parti socialiste, dans sa récente histoire, a toujours fait la politique de l’autruche sur ce sujet, refusant de l’affronter en face. Quant à la droite, elle fait preuve d’une crispation identitaire très forte. C’est d’ailleurs l’un de ses principaux candidats à la présidentielle, François Fillon, qui a récemment considéré la colonisation française comme un « partage de culture » à d’autres peuples. A ce niveau, il s’agit au mieux d’une méconnaissance de l’histoire, au pire d’un révisionnisme abject.

    Un pan peu glorieux de son histoire


    Je n’attends pas de la France une repentance, ni une réparation financière, mais une reconnaissance de faits têtus et un exercice de dignité en faisant face à un pan peu glorieux de son histoire. N’en déplaise à ceux qui critiquent la position de M. Macron, l’histoire de la « patrie des droits de l’homme », c’est aussi une sombre période de meurtres et de négation de la simple dignité humaine. Affronter le bilan de la colonisation – ce moment d’« ensauvagement » du continent européen, selon Césaire – requiert du courage mais nullement une fierté mal placée.
    De notre part, il ne s’agit pas d’expliquer tous nos maux par le seul fait de la colonisation, loin de là, mais de reconnaître qu’elle constitue une cause importante du retard de l’Afrique. Nous sommes encore dans ce que l’économiste Felwine Sarr appelle dans son essai Afrotopia « l’hystérèse », ce moment post-traumatique (esclavage, colonisation, néocolonialisme) que vit l’Afrique, et dont elle doit se sortir enfin pour affronter son destin.
    Notre génération n’a pas connu ce douloureux épisode et tente de nouer d’autres rapports avec l’Europe en empruntant un tournant dé-colonial. Nous offrons ainsi au Vieux Continent une chance d’affronter son histoire et enfin, ensemble, de tourner la page.
    Dernière modification par Pomaria, 18 février 2017, 12h52.
    Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

    Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

    Commentaire


    • #3
      Voilà tout est dit:

      Sur le sujet de la colonisation, jamais un homme politique français sous la Ve République n’est allé aussi loin, et c’est à saluer, indépendamment des motivations électorales du candidat Macron.

      Mais il convient de souligner que sa déclaration gêne beaucoup de gens en France, de la gauche à la droite du spectre politique du pays.
      Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

      Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

      Commentaire

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