Le vrai coût de la sortie de l’euro prônée par Marine Le Pen n’est pas de 30 milliards d’euros, comme avancé prudemment par François Villeroy de Galhau sur France Inter, mais de 103 milliards. Explication.
Cette semaine, le gouverneur de la Banque de France a fait sensation en évoquant les risques de sorties de l’euro pour la dette française: "Son financement coûterait plus de 30 milliards supplémentaires par an", a précisé François Villeroy de Galhau, sur France Inter, à une question sur les conséquences de la mise en application du programme de Marine Le Pen. Et pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’une petite somme, il rappelait que cela représentait l’équivalent du budget de la Défense.
Or la surprise vient plutôt de la modestie du calcul du gouverneur. La sortie de l’euro coûterait en réalité beaucoup plus cher à l’économie française, mais la Banque de France a choisi sciemment de ne pas présenter toute l’addition. Alors reprenons-là, en partant des fameux 30 milliards avancés à la radio, et confirmés par un document de la Banque de France. Cette somme correspond à l'écart de taux d’intérêt avec ceux pratiqués en Allemagne (ce que l'on nomme le "spread" dans le jargon économique), avant et après l’Euro: ce spread était en moyenne de 1,9% avant l’euro, et s’établit autour de 0,4% depuis 1992, avec l’euro; la différence étant de 1,5%, et la dette s’établissant à 2.160 milliards d’euros, c’est donc plus de 30 milliards d’euros de charge supplémentaire d’intérêts dont il faudrait s'acquitter.
La note de la Banque de France prend soin de préciser que les emprunts ayant une durée de vie moyenne de 7 ans, c’est à ce terme que le plein effet de cette charge sera constaté. Et elle ajoute, en conclusion, et en gras pour bien souligner qu’elle en a sous le pied: "Il ne s’agit pas d’une estimation globale des coûts économiques et financiers d’une sortie éventuelle de l’euro". Alors, quelle serait-elle, cette "estimation globale"?
Effet considérable sur la consommation des ménages
L’effet le plus massif serait lié à une dévaluation, sujet avec lequel la Banque de France se trouve par nature mal à l’aise. Qui imagine un banquier central parler de dévaluation? Et pourtant, ce serait bien la conséquence immédiate que produirait le retour à une monnaie nationale. De quel niveau serait cette dévaluation? La livre sterling a perdu 10% depuis l’annonce du Brexit. Mais la comparaison la plus juste serait plutôt celle de la lire italienne, quand elle a quitté le Système monétaire européen en 1992: plus de 20% de chute de la monnaie en huit mois!
Si l’on retient ce chiffre, cela veut dire que la part de la dette française (libellée en euros) détenue par des étrangers gonfle immédiatement de 20%: soit 260 milliards de plus pour la dette publique (à 60 % dans des mains étrangères) et 90 milliards pour la dette privée, ce qui se traduit par une charge supplémentaire de 13 milliards d’euros. L’économiste en chef de Natixis, Patrick Artus rajoute quant à lui l’effet sur la dette interbancaire qu’il estime autour de 50 milliards! Mais la Banque de France ne reprend pas dans ses schémas cet impact majeur.
Par contre, la dévaluation immédiate a un autre effet, considérable à terme, sur la consommation des ménages. Environ un quart de ce qu’ils achètent (1.200 milliards d’euros) est importé, soit au niveau global de la France un montant de 300 milliards d’euros par an. Ce serait donc 60 milliards de plus (20% de 300 milliards) que les ménages devraient sortir de leur porte-monnaie pour acheter les mêmes biens, soit environ 2.000 euros par ménage et par an!
Challenges
Cette semaine, le gouverneur de la Banque de France a fait sensation en évoquant les risques de sorties de l’euro pour la dette française: "Son financement coûterait plus de 30 milliards supplémentaires par an", a précisé François Villeroy de Galhau, sur France Inter, à une question sur les conséquences de la mise en application du programme de Marine Le Pen. Et pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’une petite somme, il rappelait que cela représentait l’équivalent du budget de la Défense.
Or la surprise vient plutôt de la modestie du calcul du gouverneur. La sortie de l’euro coûterait en réalité beaucoup plus cher à l’économie française, mais la Banque de France a choisi sciemment de ne pas présenter toute l’addition. Alors reprenons-là, en partant des fameux 30 milliards avancés à la radio, et confirmés par un document de la Banque de France. Cette somme correspond à l'écart de taux d’intérêt avec ceux pratiqués en Allemagne (ce que l'on nomme le "spread" dans le jargon économique), avant et après l’Euro: ce spread était en moyenne de 1,9% avant l’euro, et s’établit autour de 0,4% depuis 1992, avec l’euro; la différence étant de 1,5%, et la dette s’établissant à 2.160 milliards d’euros, c’est donc plus de 30 milliards d’euros de charge supplémentaire d’intérêts dont il faudrait s'acquitter.
La note de la Banque de France prend soin de préciser que les emprunts ayant une durée de vie moyenne de 7 ans, c’est à ce terme que le plein effet de cette charge sera constaté. Et elle ajoute, en conclusion, et en gras pour bien souligner qu’elle en a sous le pied: "Il ne s’agit pas d’une estimation globale des coûts économiques et financiers d’une sortie éventuelle de l’euro". Alors, quelle serait-elle, cette "estimation globale"?
Effet considérable sur la consommation des ménages
L’effet le plus massif serait lié à une dévaluation, sujet avec lequel la Banque de France se trouve par nature mal à l’aise. Qui imagine un banquier central parler de dévaluation? Et pourtant, ce serait bien la conséquence immédiate que produirait le retour à une monnaie nationale. De quel niveau serait cette dévaluation? La livre sterling a perdu 10% depuis l’annonce du Brexit. Mais la comparaison la plus juste serait plutôt celle de la lire italienne, quand elle a quitté le Système monétaire européen en 1992: plus de 20% de chute de la monnaie en huit mois!
Si l’on retient ce chiffre, cela veut dire que la part de la dette française (libellée en euros) détenue par des étrangers gonfle immédiatement de 20%: soit 260 milliards de plus pour la dette publique (à 60 % dans des mains étrangères) et 90 milliards pour la dette privée, ce qui se traduit par une charge supplémentaire de 13 milliards d’euros. L’économiste en chef de Natixis, Patrick Artus rajoute quant à lui l’effet sur la dette interbancaire qu’il estime autour de 50 milliards! Mais la Banque de France ne reprend pas dans ses schémas cet impact majeur.
Par contre, la dévaluation immédiate a un autre effet, considérable à terme, sur la consommation des ménages. Environ un quart de ce qu’ils achètent (1.200 milliards d’euros) est importé, soit au niveau global de la France un montant de 300 milliards d’euros par an. Ce serait donc 60 milliards de plus (20% de 300 milliards) que les ménages devraient sortir de leur porte-monnaie pour acheter les mêmes biens, soit environ 2.000 euros par ménage et par an!
Challenges
Commentaire