Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Il y a 100 ans, Lénine préparait la révolution bolchevique en Suisse

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Il y a 100 ans, Lénine préparait la révolution bolchevique en Suisse

    Vladimir Ilitch Oulianov a passé près de sept ans en Suisse. En mars 1917, avec l'aide de militants socialistes helvétiques, il rejoint la Russie

    Grand révolutionnaire mais cycliste amateur, Lénine prend la roue de sa bicyclette dans le rail d'un tram et tombe violemment sur le visage. « C'est en retard, le sourcil coupé et l'œil poché, que le futur père de la Russie soviétique se présenta au congrès de la Ligue de la social-démocratie révolutionnaire russe à l'étranger. La réunion eut lieu dans la brasserie Landolt », raconte dans son édition du week-end dernier La Tribune de Genève. Nadejda Kroupskaïa, la femme de Lénine, écrira que, presque tous les soirs, « les bolcheviks se réunissaient au café Landolt et restaient longtemps devant leurs verres de bière, discutant des événements en Russie et faisant des plans », écrit de son côté le quotidien suisse Le Courrier.
    Si la presse helvétique s'intéresse autant à Vladimir Ilitch Oulianov, c'est qu'il y a tout juste cent ans, le père de la révolution russe, avant de rejoindre son pays, a passé de nombreuses années d'exil dans la Confédération, vivant à Genève, à Berne et à Zurich. Apparemment, lui et sa femme avaient la bougeotte. Au bout du lac, ils ont d'abord habité à Sécheron, puis aux numéros 91 et 93 dans un deux-pièces rue de Carouge, puis au 2 bis, rue de la Tannerie, enfin dans la pension Morhard, au 15, avenue du Mail. On les retrouve plus tard au 3, rue des Plantaporrêts, puis au 17, rue des Deux-Ponts.
    Déclencher une insurrection en Suisse

    Le théoricien politique n'apprécie guère la Cité de Calvin, il a le sentiment de se trouver « dans un tombeau ». Le révolutionnaire préfère la grande ville alémanique. « Zurich nous plaît tellement. Le lac est magnifique », confie-t-il à sa mère. Avec sa femme, il se promène souvent sur les rives du lac de Zurich. Ils habitent alors au 14 de la Spiegelgasse, dans la vieille ville. Malheureusement, « il y a dans la cour une horrible odeur qui provient d'une fabrique de saucisses. Nous ne pouvons ouvrir les fenêtres que durant la nuit », souligne dans ses mémoires Nadejda Kroupskaïa.
    Avant même de prendre la tête de la révolution en Russie, Lénine va tenter pendant des années de rallier à sa cause des « camarades » suisses, avec l'ambition de déclencher une insurrection prolétarienne entre lacs et montagnes. Alors qu'à cette époque les partis socialistes européens défendaient l'effort de guerre, en 1915 à Zimmerwald et l'année suivante à Kiental, l'agitateur russe participe à deux conférences secrètes avec des dissidents de gauche. Objectif : appeler à la paix et réveiller l'unité prolétarienne. C'est l'échec. « Le vrai motif du déménagement à Zurich est politique. Lénine rêve d'une révolution armée, également possible en Suisse », raconte Swissinfo. Il va même devenir membre du Parti socialiste zurichois, participant assidûment à ses réunions. « Il arrivait tôt et s'asseyait toujours au premier rang. »
    Départ de Suisse, le 9 avril 1917

    Mais c'est l'échec. « La gauche me fuit », écrit-il. Des dirigeants de gauche vont tout de même l'aider pour qu'il puisse quitter définitivement la Suisse, le 9 avril 1917, à Schaffhouse, afin de rejoindre en train plombé la Russie, via l'Allemagne. Six mois plus tard, c'est le triomphe de la Révolution d'octobre. C'est en Suisse que Lénine aurait écrit Que faire ? et L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme. Mais jusqu'à sa mort, survenue en 1924, et après lui Staline, Lénine est resté convaincu que le prolétariat helvétique était lui aussi capable de prendre le pouvoir par les armes… Jean-François Fayet, un historien suisse, a publié un ouvrage en 2014 sur cette histoire aussi invraisemblable que méconnue. Elle raconte les multiples tentatives de Moscou, jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, pour tenter de convertir l'opinion publique helvétique suisse aux idées révolutionnaires (*). Est-il nécessaire d'ajouter que ce fut un échec complet ?

    (*) Voks : Le laboratoire helvétique. Histoire de la diplomatie culturelle soviétique durant l'entre-deux-guerres, Georg Éditeur.

    le Point
Chargement...
X