Algérie : ce qui devait être au centre de la visite de Merkel à Alger
La chancelière Merkel venait pour densifier les relations économiques germano-algériennes autour de partenariats sur des projets concrets. Le détail.
Aïda Haddad
Publié le 20/02/2017 à 10:40 - Modifié le 20/02/2017 à 18:26 | Le Point Afrique
Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse.
<img alt="Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse." title="Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse." src="/images/2017/02/20/7062550lpaw-7062564-article-germanyalgeriamerkelbouteflika-jpg_4105111_660x287.jpg" width="660" height="281">
Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse. © JOHN MACDOUGALL / AFP
Ce lundi, donc, la chancelière allemande Angela Merkel devait entamer une visite officielle de deux jours en Algérie. « À l'invitation du président Abdelaziz Bouteflika », indiquait la présidence de la République algérienne. « Les entretiens entre le président Bouteflika et la chancelière devraient permettre de donner un élan supplémentaire à la coopération, au partenariat et aux échanges entre l'Algérie et l'Allemagne », ajoutait-elle, précisant que « les deux parties vont saisir l'occasion pour procéder à un échange de vues, notamment sur les relations entre l'Algérie et l'Union européenne, ainsi que la situation au Maghreb, au Sahel et au Moyen-Orient ». �Pour rappel, cette visite devait être la deuxième de la chancelière en Algérie après celle de 2008 et deux événements devaient la marquer : d'abord, la tenue de la 6e session de la commission mixte de coopération entre l'Algérie et l'Allemagne ; ensuite, celle du forum d'affaires entre les entreprises des deux pays. Elle devait intervenir après la visite, en janvier 2016, du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Berlin, visite lors de laquelle les deux parties avaient identifié une trentaine de projets de partenariat à concrétiser à court et à moyen terme. Toutes ces considérations, bien qu'importantes, ont donc été reléguées au second plan par l'annonce, « d'un commun accord, du report de la visite officielle que devait effectuer en Algérie la chancelière allemande Angela Merkel, et ce, en raison d'une indisponibilité temporaire du président algérien Abdelaziz Bouteflika due à une bronchite aiguë ». De fait, le menu copieux qui était prévu devra attendre. Le voici :
Les dossiers économiques en cours
« Outre la commission mixte algéro-allemande, une rencontre des opérateurs économiques » devait rassembler près de 70 hommes d'affaires allemands et une centaine d'opérateurs économiques algériens ce mardi afin d'identifier et de cibler des projets susceptibles de faire l'objet de partenariats entre les entreprises des deux pays, indiquait l'agence d'information Algérie Presse Service. Et de noter qu'un certain nombre de filières industrielles soutenant la politique de diversification économique en Algérie intéresse les entreprises allemandes, dont l'industrie mécanique particulièrement, la sous-traitance automobile, l'énergie renouvelable, la chimie et l'industrie pharmaceutique.
Quant à la filière mécanique, déjà le théâtre de partenariats intéressants comme ceux impliquant la production en Algérie de véhicules de la marque Mercedes-Benz, entre le groupe allemand Daimler (société mère de Mercedes-Benz), la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), le ministère de la Défense nationale (MDN) et le groupe émirati Aabar, elle intéressait les Allemands au regard de la mise sur pied de trois sociétés mixtes algéro-germano-émiraties créées en 2012 avec comme objectif de développer l'industrie mécanique en Algérie : d'abord, la Société algérienne pour la production de poids lourds Mercedes-Benz (SAPPL.MB) installée à Rouiba, ensuite la Société algérienne pour la fabrication de véhicules de marque Mercedes-Benz (Safav) installée à Tiaret, enfin la Société algérienne de fabrication de moteurs de marques Mercedes-Benz, Deutz et MTU installée à Constantine.
Dans le sillage de Mercedes-Benz, Volkswagen
Sur un autre plan, les signaux sont apparus comme positifs vu qu'il y a quelques mois le constructeur allemand Volkswagen a signé un protocole d'accord avec le concessionnaire automobile Sovac pour la création d'une usine de montage de véhicules de sa marque en Algérie. Cette usine, qui sera implantée à Relizane, devra entrer en production en juin prochain. Quatre modèles sont prévus à l'assemblage, à savoir Volkswagen Golf 7, Seat Ibiza, Skoda Octavia et Volkswagen Caddy, avec une capacité de production de 12 000 unités par an pour la première année avant d'atteindre 100 000 véhicules par an après cinq années d'activité. Ce projet devrait impliquer un investissement de quelque 170 millions d'euros. « Ce partenariat permettra à l'Algérie d'être un pont d'exportation des véhicules de cette marque vers les pays du Maghreb, arabes et toute l'Afrique », estimait-on autant du côté algérien que du côté allemand.
Sur un autre terrain, il y a lieu de retenir que l'Allemagne et l'Algérie coopèrent déjà dans les produits d'hélium, un gaz rare dont l'Algérie est l'un des producteurs et qui sert notamment dans l'industrie spatiale et la production de fibres optiques. Résultat : au total, plus de 200 entreprises allemandes actives dans différents secteurs sont implantées actuellement en Algérie.
Rétablir une balance commerciale défavorable à l'Algérie
Sur le plan des échanges commerciaux, les autorités des deux pays avaient prévu de se pencher sur le fort déséquilibre entre les deux pays, un déséquilibre en défaveur de l'Algérie. Faut-il le rappeler, sur l'année 2016, les échanges commerciaux entre les deux pays se sont établis à 3,07 milliards de dollars avec plus de 3 milliards de dollars d'importations algériennes auprès de l'Allemagne et près de 64 millions de dollars seulement d'exportations algériennes, soit un déficit de 2,94 milliards de dollars.
Sur le plan sectoriel, pour ce qui est des importations algériennes, elles sont constituées notamment de biens d'équipement industriel et de biens de consommation, tandis que les exportations sont dominées par les hydrocarbures (pétrole et gaz) et les demi-produits.
Finalement, ce report aura conduit à réaliser combien les chantiers, notamment économiques, sont nombreux entre l'Algérie et l'Allemagne.
La chancelière Merkel venait pour densifier les relations économiques germano-algériennes autour de partenariats sur des projets concrets. Le détail.
Aïda Haddad
Publié le 20/02/2017 à 10:40 - Modifié le 20/02/2017 à 18:26 | Le Point Afrique
Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse.
<img alt="Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse." title="Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse." src="/images/2017/02/20/7062550lpaw-7062564-article-germanyalgeriamerkelbouteflika-jpg_4105111_660x287.jpg" width="660" height="281">
Le président Bouteflika et la chancelière Merkel à Berlin, en décembre 2010, lors d'une conférence de presse. © JOHN MACDOUGALL / AFP
Ce lundi, donc, la chancelière allemande Angela Merkel devait entamer une visite officielle de deux jours en Algérie. « À l'invitation du président Abdelaziz Bouteflika », indiquait la présidence de la République algérienne. « Les entretiens entre le président Bouteflika et la chancelière devraient permettre de donner un élan supplémentaire à la coopération, au partenariat et aux échanges entre l'Algérie et l'Allemagne », ajoutait-elle, précisant que « les deux parties vont saisir l'occasion pour procéder à un échange de vues, notamment sur les relations entre l'Algérie et l'Union européenne, ainsi que la situation au Maghreb, au Sahel et au Moyen-Orient ». �Pour rappel, cette visite devait être la deuxième de la chancelière en Algérie après celle de 2008 et deux événements devaient la marquer : d'abord, la tenue de la 6e session de la commission mixte de coopération entre l'Algérie et l'Allemagne ; ensuite, celle du forum d'affaires entre les entreprises des deux pays. Elle devait intervenir après la visite, en janvier 2016, du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Berlin, visite lors de laquelle les deux parties avaient identifié une trentaine de projets de partenariat à concrétiser à court et à moyen terme. Toutes ces considérations, bien qu'importantes, ont donc été reléguées au second plan par l'annonce, « d'un commun accord, du report de la visite officielle que devait effectuer en Algérie la chancelière allemande Angela Merkel, et ce, en raison d'une indisponibilité temporaire du président algérien Abdelaziz Bouteflika due à une bronchite aiguë ». De fait, le menu copieux qui était prévu devra attendre. Le voici :
Les dossiers économiques en cours
« Outre la commission mixte algéro-allemande, une rencontre des opérateurs économiques » devait rassembler près de 70 hommes d'affaires allemands et une centaine d'opérateurs économiques algériens ce mardi afin d'identifier et de cibler des projets susceptibles de faire l'objet de partenariats entre les entreprises des deux pays, indiquait l'agence d'information Algérie Presse Service. Et de noter qu'un certain nombre de filières industrielles soutenant la politique de diversification économique en Algérie intéresse les entreprises allemandes, dont l'industrie mécanique particulièrement, la sous-traitance automobile, l'énergie renouvelable, la chimie et l'industrie pharmaceutique.
Quant à la filière mécanique, déjà le théâtre de partenariats intéressants comme ceux impliquant la production en Algérie de véhicules de la marque Mercedes-Benz, entre le groupe allemand Daimler (société mère de Mercedes-Benz), la Société nationale de véhicules industriels (SNVI), le ministère de la Défense nationale (MDN) et le groupe émirati Aabar, elle intéressait les Allemands au regard de la mise sur pied de trois sociétés mixtes algéro-germano-émiraties créées en 2012 avec comme objectif de développer l'industrie mécanique en Algérie : d'abord, la Société algérienne pour la production de poids lourds Mercedes-Benz (SAPPL.MB) installée à Rouiba, ensuite la Société algérienne pour la fabrication de véhicules de marque Mercedes-Benz (Safav) installée à Tiaret, enfin la Société algérienne de fabrication de moteurs de marques Mercedes-Benz, Deutz et MTU installée à Constantine.
Dans le sillage de Mercedes-Benz, Volkswagen
Sur un autre plan, les signaux sont apparus comme positifs vu qu'il y a quelques mois le constructeur allemand Volkswagen a signé un protocole d'accord avec le concessionnaire automobile Sovac pour la création d'une usine de montage de véhicules de sa marque en Algérie. Cette usine, qui sera implantée à Relizane, devra entrer en production en juin prochain. Quatre modèles sont prévus à l'assemblage, à savoir Volkswagen Golf 7, Seat Ibiza, Skoda Octavia et Volkswagen Caddy, avec une capacité de production de 12 000 unités par an pour la première année avant d'atteindre 100 000 véhicules par an après cinq années d'activité. Ce projet devrait impliquer un investissement de quelque 170 millions d'euros. « Ce partenariat permettra à l'Algérie d'être un pont d'exportation des véhicules de cette marque vers les pays du Maghreb, arabes et toute l'Afrique », estimait-on autant du côté algérien que du côté allemand.
Sur un autre terrain, il y a lieu de retenir que l'Allemagne et l'Algérie coopèrent déjà dans les produits d'hélium, un gaz rare dont l'Algérie est l'un des producteurs et qui sert notamment dans l'industrie spatiale et la production de fibres optiques. Résultat : au total, plus de 200 entreprises allemandes actives dans différents secteurs sont implantées actuellement en Algérie.
Rétablir une balance commerciale défavorable à l'Algérie
Sur le plan des échanges commerciaux, les autorités des deux pays avaient prévu de se pencher sur le fort déséquilibre entre les deux pays, un déséquilibre en défaveur de l'Algérie. Faut-il le rappeler, sur l'année 2016, les échanges commerciaux entre les deux pays se sont établis à 3,07 milliards de dollars avec plus de 3 milliards de dollars d'importations algériennes auprès de l'Allemagne et près de 64 millions de dollars seulement d'exportations algériennes, soit un déficit de 2,94 milliards de dollars.
Sur le plan sectoriel, pour ce qui est des importations algériennes, elles sont constituées notamment de biens d'équipement industriel et de biens de consommation, tandis que les exportations sont dominées par les hydrocarbures (pétrole et gaz) et les demi-produits.
Finalement, ce report aura conduit à réaliser combien les chantiers, notamment économiques, sont nombreux entre l'Algérie et l'Allemagne.
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