Bataille d’Alger : Plus de 3.000 disparus et 24.000 assignés à résidence.
Le 7 janvier 1957, le préfet d’Alger remet les pouvoirs de police exorbitants au commandant de la 10e division de parachutistes. Cette date marque le début de la bataille d’Alger. Un transfert de pouvoir venu conformément à la loi 56/258 du 16 mars 1956 qui permet de «prendre des mesures exceptionnelles en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes, des biens et de la sauvegarde du territoire». C’est sous cette couverture juridique que seront commis les pires crimes contre le peuple algérien. Une très sale besogne que les hommes de loi et les historiens qualifient de crimes d’État.
Maître Fatma-Zohra Benbraham, brillante avocate, militante des droits de l’homme, et très investie dans la recherche des vérités historiques, était, hier, l’invité du Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec l’Association Machaal Echahid. La conférence historique a été consacrée aux disparus de la Bataille d’Alger. Maître Benbraham, dont le père, figure parmi les 3.024 Algériens, chiffres avancé par Massu dont le sort reste inconnu jusqu’à nos jours, a entamé un long travail de recherche qui lui a permis de collecter des documents qui entachent l’honneur de l’institution militaire française. En effet, en disposant des pleins pouvoirs conférés par des textes approuvés par les plus hautes autorités de l’époque, le sinistre général Massu avait établi un système basé sur la recherche du renseignement qui devait aboutir sur des exécutions sommaires appelées « disparitions ». Le secrétaire général de la préfecture, de l’époque, Paul Teitgen, déclarait lors d’un témoignage, que « les conséquences de l’arrêté du 7 janvier 1957 furent immédiates. L’autorité militaire, dont le général Massu n’était qu’un exécutant, s’installa sans délai dans une notion de « maintien de l’ordre » qui n’était autre que celle de la répression. C’est lui qui avait expliqué plus de 3.000 personnes manquantes au nombre de 24.000 personnes assignées à résidence. Par ce chiffre il sous-entend le nombre d’arrestations, car c’était lui qui apposait sa signature sur les arrêtés d’assignation à résidence. Ces déclarations, il les a faites, après sa démission le 12 septembre 1957, à la commission de sauvegarde des droits et des libertés individuelles. Dans son travail de recherche, l’avocate est tombée sur le témoignage du capitaine Joseph Estoup, lors du procès du lieutenant Godot, tenu le 1er août 1962. Devant le président de la cour, il avait déclaré : « Monsieur le président, en langage militaire on dit faire du renseignement. En langage du monde on dit « presser de questions ». En français on dit « torturer ». Cet officier est allé jusqu’à défier ses camarades, en déclarant que personne ne peut oser le contredire, et qu’il avait, lui comme des centaines de ses camarades, reçu l’ordre de torturer pour obtenir des renseignements. Il avait ajouté : « J’ignore le rang de l’autorité la plus élevée qui a donné cet ordre, dont on ne trouvera d’ailleurs aucune trace écrite, mais je sais que pour la 10e division parachutiste, c’est sous l’autorité du général Massu que cet ordre a été répercuté aux exécutants.» Le 28 mars, 1957, le général de La Bollardière condamne publiquement les méthodes (torture) de Massu. Il veut démissionner, mais cette sortie lui fait écoper 60 jours de forteresse, relevé par la suite de ses fonctions.
Maître Fatma-Zohra Benbraham, qui a revisiter cette période sur le plan juridique, a expliqué que tous les textes de loi promulgués à cette époque donnaient aux tribunaux militaires des pouvoirs aux juges.
La conférencière est également revenu sur cette date du 8 janvier 1957, qui marque l’arrivée à Alger du général Massu avec 10.000 paras et proclamant la loi martiale. L’Histoire reste témoin de la grève des 8 jours (28 janvier 1957), et tout ce qui s’en est suivi. Neuf mois après avoir obtenu les pleins pouvoirs, Massu parle de 3.024 personnes disparues (corvée des bois). La 10e Division parachutiste ne s’est fixé aucune limite et a employé largement la torture : torture à l’électricité, ou gégène, baignoire, pendaison... l’avocate engagée dans ce qu’elle appelle la guerre ‘‘mémorial’’, parle de crime contre l’humanité. Des crimes sur lesquels il n’y a pas prescription, selon la Charte de la Cour internationale de justice. Il est toujours possible de poursuivre la France pour crime d’Etat. Aujourd’hui, il n’est plus question de poursuivre des personnes, car ce sont les plus hautes autorités qui avaient autorisé la torture et les exactions sur des Algériens.
Pour sa part, le moudjahid Laid Lachgar a demandé que la classe politique se mobilise pour réclamer de la France des excuses pour tous les crimes qu’elle a commis sur le peuple algérien.
Nora Chergui
Le 7 janvier 1957, le préfet d’Alger remet les pouvoirs de police exorbitants au commandant de la 10e division de parachutistes. Cette date marque le début de la bataille d’Alger. Un transfert de pouvoir venu conformément à la loi 56/258 du 16 mars 1956 qui permet de «prendre des mesures exceptionnelles en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes, des biens et de la sauvegarde du territoire». C’est sous cette couverture juridique que seront commis les pires crimes contre le peuple algérien. Une très sale besogne que les hommes de loi et les historiens qualifient de crimes d’État.
Maître Fatma-Zohra Benbraham, brillante avocate, militante des droits de l’homme, et très investie dans la recherche des vérités historiques, était, hier, l’invité du Forum de la Mémoire d’El Moudjahid, initié en coordination avec l’Association Machaal Echahid. La conférence historique a été consacrée aux disparus de la Bataille d’Alger. Maître Benbraham, dont le père, figure parmi les 3.024 Algériens, chiffres avancé par Massu dont le sort reste inconnu jusqu’à nos jours, a entamé un long travail de recherche qui lui a permis de collecter des documents qui entachent l’honneur de l’institution militaire française. En effet, en disposant des pleins pouvoirs conférés par des textes approuvés par les plus hautes autorités de l’époque, le sinistre général Massu avait établi un système basé sur la recherche du renseignement qui devait aboutir sur des exécutions sommaires appelées « disparitions ». Le secrétaire général de la préfecture, de l’époque, Paul Teitgen, déclarait lors d’un témoignage, que « les conséquences de l’arrêté du 7 janvier 1957 furent immédiates. L’autorité militaire, dont le général Massu n’était qu’un exécutant, s’installa sans délai dans une notion de « maintien de l’ordre » qui n’était autre que celle de la répression. C’est lui qui avait expliqué plus de 3.000 personnes manquantes au nombre de 24.000 personnes assignées à résidence. Par ce chiffre il sous-entend le nombre d’arrestations, car c’était lui qui apposait sa signature sur les arrêtés d’assignation à résidence. Ces déclarations, il les a faites, après sa démission le 12 septembre 1957, à la commission de sauvegarde des droits et des libertés individuelles. Dans son travail de recherche, l’avocate est tombée sur le témoignage du capitaine Joseph Estoup, lors du procès du lieutenant Godot, tenu le 1er août 1962. Devant le président de la cour, il avait déclaré : « Monsieur le président, en langage militaire on dit faire du renseignement. En langage du monde on dit « presser de questions ». En français on dit « torturer ». Cet officier est allé jusqu’à défier ses camarades, en déclarant que personne ne peut oser le contredire, et qu’il avait, lui comme des centaines de ses camarades, reçu l’ordre de torturer pour obtenir des renseignements. Il avait ajouté : « J’ignore le rang de l’autorité la plus élevée qui a donné cet ordre, dont on ne trouvera d’ailleurs aucune trace écrite, mais je sais que pour la 10e division parachutiste, c’est sous l’autorité du général Massu que cet ordre a été répercuté aux exécutants.» Le 28 mars, 1957, le général de La Bollardière condamne publiquement les méthodes (torture) de Massu. Il veut démissionner, mais cette sortie lui fait écoper 60 jours de forteresse, relevé par la suite de ses fonctions.
Maître Fatma-Zohra Benbraham, qui a revisiter cette période sur le plan juridique, a expliqué que tous les textes de loi promulgués à cette époque donnaient aux tribunaux militaires des pouvoirs aux juges.
La conférencière est également revenu sur cette date du 8 janvier 1957, qui marque l’arrivée à Alger du général Massu avec 10.000 paras et proclamant la loi martiale. L’Histoire reste témoin de la grève des 8 jours (28 janvier 1957), et tout ce qui s’en est suivi. Neuf mois après avoir obtenu les pleins pouvoirs, Massu parle de 3.024 personnes disparues (corvée des bois). La 10e Division parachutiste ne s’est fixé aucune limite et a employé largement la torture : torture à l’électricité, ou gégène, baignoire, pendaison... l’avocate engagée dans ce qu’elle appelle la guerre ‘‘mémorial’’, parle de crime contre l’humanité. Des crimes sur lesquels il n’y a pas prescription, selon la Charte de la Cour internationale de justice. Il est toujours possible de poursuivre la France pour crime d’Etat. Aujourd’hui, il n’est plus question de poursuivre des personnes, car ce sont les plus hautes autorités qui avaient autorisé la torture et les exactions sur des Algériens.
Pour sa part, le moudjahid Laid Lachgar a demandé que la classe politique se mobilise pour réclamer de la France des excuses pour tous les crimes qu’elle a commis sur le peuple algérien.
Nora Chergui
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