Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Comment nourrir (durablement) 10 milliards de Terriens

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Comment nourrir (durablement) 10 milliards de Terriens

    Plus de 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim, rappelle régulièrement la FAO, l’Organisation des Nations unies dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. Aussi, pour nourrir convenablement 10 milliards d’humains à l’horizon 2050, il faut relever un triple défi : être en mesure de nourrir les 3 milliards d’hommes et de femmes "à naître", faire en sorte que les gens qui aujourd’hui souffrent de la faim - essentiellement des agriculteurs très pauvres - puissent s’extraire de cette situation, et faire face à l’évolution de régimes alimentaires de plus en plus riches en viande. Il sera donc nécessaire d’accroître substantiellement la production alimentaire, de 60 % d’après la FAO, voire davantage s’il n’est pas mis fin aux pertes et aux gaspillages qui font que 30 % de cette production sont perdus entre le champ et l’assiette ou le bol du consommateur.

    La paupérisation d’une partie des producteurs du Sud

    La production alimentaire mondiale est aujourd’hui assurée par environ 570 millions d’exploitations, dont 84 % font moins de 2 hectares. Par ailleurs, ces unités de production sont pour la plupart familiales : elles reposent bien davantage sur le travail de la famille que sur la main-d’oeuvre salariée. A l’échelle mondiale, le secteur agricole est donc plutôt composé d’une multitude de petits artisans travaillant pour leur propre compte, plutôt que d’entreprises de nature capitaliste basées sur le salariat.

    Bien que de petite taille, ces exploitations familiales n’en sont pas pour autant inefficaces, notamment lorsque des politiques appropriées leur ont permis d’avoir accès aux ressources (terre et eau, notamment), à l’investissement (crédit) et aux marchés dans des conditions de protection minimales vis-à-vis de la concurrence internationale. Elles produisent ainsi aujourd’hui les trois quarts de la production agricole mondiale et assurent près de 40 % de l’emploi mondial.

    A contrario, le fait que la très grande pauvreté frappe surtout des agriculteurs révèle un processus de paupérisation d’une partie des producteurs du Sud. Privés d’un accès suffisant aux ressources et aux moyens de production, sans soutien public et directement exposés à la concurrence des producteurs des pays du Nord, ils ne peuvent suivre.

    En dépit des performances potentielles des agricultures familiales, la grande majorité des décideurs reste convaincue de la plus grande efficacité économique des exploitations de grande taille, spécialisées dans une seule production (ou dans un très petit nombre). Dotées d’un parc de machines conséquent, faisant largement appel aux technologies "modernes" (équipements sophistiqués, engrais chimiques, pesticides, organismes génétiquement modifiés, etc.), elles reposent sur une main-d’oeuvre salariée. S’ils reconnaissent les vertus de l’agriculture familiale en matière de lutte contre la pauvreté rurale et pour approvisionner les marchés locaux, aux yeux des décisionnaires, ce sont les grandes exploitations agricoles qui seraient susceptibles d’assurer une production de masse à moindre coût.

    L’utilisation des machines et des énergies fossiles ouvre en effet la voie à l’extension des surfaces cultivées par travailleur, tandis que le recours aux intrants chimiques (engrais et pesticides) permet d’accroître les rendements. Ces deux processus sont à la base de l’accroissement de la productivité du travail. Mais pour que les capitaux ainsi investis dans l’agriculture soient rémunérés à la hauteur des espérances de leurs détenteurs, l’augmentation de la productivité du travail ne suffit pas. Encore faut-il que la répartition de la valeur ajoutée fasse la part belle au capital, ce qui implique de réduire au maximum la masse salariale. Le nombre d’emplois créés est donc faible ainsi que leur rémunération, tandis que l’impact environnemental de ce type d’exploitations se révèle chaque jour plus préoccupant.

    Un autre modèle est possible

    Aujourd’hui, les rendements plafonnent dans les pays du Nord et dans les régions du Sud où l’intensification basée sur les intrants chimiques a été privilégiée. Le potentiel le plus fort d’accroissement des rendements est désormais localisé dans les zones que cultivent les centaines de millions d’agriculteurs sous-équipées et privés d’accès aux moyens de production et aux marchés. Mais faudrait-il pour autant miser sur les mêmes recettes : agrandissement et spécialisation des exploitations, accroissement des doses d’intrants et mécanisation à outrance et ainsi reproduire - ou prolonger - les tendances en cours ?

    Outre le fait que la supériorité technique et économique des grandes exploitations spécialisées n’est pas toujours au rendez-vous, ce modèle se heurte aujourd’hui à deux limites absolues. Il est tout d’abord impossible de continuer à fonder la modernisation de l’agriculture sur une substitution du capital au travail, à l’image des transformations opérées dans la deuxième moitié du XXe siècle dans les pays du Nord. Les cohortes considérables d’actifs qui seraient ainsi exclues du secteur agricole - en particulier les jeunes arrivant sur le marché du travail - ne trouveraient en effet pas toutes à s’employer dans les autres secteurs de l’économie (quel que soit leur rythme de développement). Elles viendraient alors grossir les flux de réfugiés en quête de moyens de survie. La deuxième limite du modèle des grandes exploitations est de nature environnementale : l’utilisation illimitée de l’énergie fossile (carburant, engrais azotés) n’est plus envisageable compte tenu de son impact sur le climat, pas plus que l’utilisation des engrais phosphatés, dont les réserves mondiales s’épuisent.

    C’est pourquoi, il n’y a pas d’autre choix raisonnable que de miser sur ces centaines de millions d’exploitations de petite taille, où réside le plus fort potentiel d’accroissement de la production. C’est aussi souvent chez ces agriculteurs que les savoir-faire en matière de production peu gourmande en intrants chimiques et en énergie fossile sont les plus prometteurs. Encore faudrait-il, pour qu’ils puissent se développer et produire davantage, que l’accès à la terre et à l’eau, aux intrants, au crédit, à la formation et aux marchés leur soit facilité dans des conditions plus favorables. Et que les intrants et les équipements enfin mis à leur disposition ne soient pas mis au service d’une simplification délétère des processus productifs, mais qu’ils viennent plutôt accompagner et accélérer, plutôt que d’entraver, le nécessaire développement de pratiques agroécologiques.


    Alternatives

  • #2
    Comment nourrir (durablement) 10 milliards de Terriens
    la troisiéme guerre mondiale tranchera définitivement ce futile débat
    " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

    Commentaire

    Chargement...
    X