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Tchad: les ravages de la faim

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  • Tchad: les ravages de la faim

    Le Tchad perd chaque année plus de 9% de son PIB à cause de la faim. Sur le plan financier, près de 600 milliards de FCFA par an, selon le rapport sur le coût de la faim en Afrique, initié 2014 par l'Union Africaine et mise en œuvre par les états membres dans le but d'améliorer la vie des enfants. Selon les auteurs, la faim a des conséquences sur les plans financier, sanitaire et sur l'éducation.
    Nous sommes à Walia, un quartier pauvre au sud de N'Djaména dans le 9ème arrondissement où vivent de nombreuse familles démunies.

    La plupart des personnes que nous avons rencontrées affirment que la faim est bien réelle au sein de leur famille.
    Pour Boukar Mahamat chef de famille, c'est très grand problème pour les tchadiens.
    "Ne vous cachez par la face, ce n'est pas parce que il y a un peu de produit visible sur le marché que vous allez penser que nous mangeons. Il n'y a pas d'argent la faim devient un grand problème. Les enfants ne mangent pas, madame risque de s'en aller, les enfants vont faire la rue et bonjour les dégâts".

    Selon le rapport de la commission Économique de l'Afrique, 56,4 % des tchadiens ont souffert d'un retard de croissance dans leur enfance.
    Soit plus de 3,4 millions d'individus en âge de travailler.La mortalité infantile a réduit de près de 14% la population active du Tchad.
    Dans les familles, des cas de maladies sont enregistrés à cause de la faim.
    Des familles manquent de nourriture, faute d'argent.
    Cette situation pousse certains chefs de familles à réduire le nombre des repas par jour.
    Pour la qualité, il ne faut même pas y penser.
    Kikote Batham, père de trois enfants, prend un seul repas par jour.
    "Par manque d'argent, ce n'est pas facile de répondre aux besoins de la famille. Donc quelques fois nous sommes obligés de faire ce que nous avons, c'est-à-dire qu'on mange le soir. Je suis obligé de payer à ma famille ce que je peux, le moins cher. L'enfant n'arrive pas à manger ce qui est nourrissant. Il tombe malade. Ensuite c'est presque impossible de trouver l'argent pour l'emmener à l'hôpital".
    Le Tchad perd chaque année plus de 9% de son PIB à cause de la faim.

    La persistance de la faim se répercute au niveau scolaire, avec notamment des élèves qui ont du mal à suivre ou à apprendre les leçons.
    Doudet Djito, enseignant dans un lycée, dit avoir fait constat.
    "Quand tu expliques le cours longtemps, tu leur reposes la question sur le cours mais personne n'est en mesure de répondre. Ça veut dire que les enfants ne sont pas disponibles, c'est la faim qui dérange. Si un enfant ne trouve pas à manger, ce n'est pas facile de comprendre. Je suis obligé de donner de les motiver en leur disant que ça ira"
    La faim a provoqué par ailleurs au Tchad, l'augmentation des frais de santé liée à la malnutrition infantile estimée à 168,5 milliards de FCFA.
    Le sociologue Mbété Félix Nangbatna estime que la faim est une problématique récurrente au Tchad depuis l'indépendance.

    "Pour les Tchadiens trois repas par jour, c'est un rêve. Quelques rares tchadiens peuvent se le permettre. La majorité lutte même pour avoir un repas par jour. Celui qui a faim, écoute la voix des ancêtres qui l'appelle depuis le cimetière. Ça veut dire quoi, il ne s'attend qu'à mourir. C'est un problème délicat et puis il y a les autres conséquences sur l'éducation. Sans une bonne alimentation, l'enfant qui naît perd jusqu'à 60% de son volume crânien. Aujourd'hui beaucoup d'enfants à l'école on gaspille de l'argent sur lui. Mais il ne peut rien retenir parce que les cellules nerveuses n'ont pas été formées à cause de la malnutrition".
    Avec cette situation de faim chronique, nombre de Tchadiens arrivent difficilement à manger leur plat préféré, la boule, fait généralement à base de sorgho, de gombo séché et de poisson

    En 3 ans le prix d'une tasse de sorgho (la mesure locale) qui était à 400f cfa a augmenté de 200 à 300f cfa.
    Quant au gombo, son prix a été multiplié par deux sur la même période.
    Vincent Niebédé,
    N'Djaména, BBC Afrique
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