L’Algérie fêtera le 24 février prochain l’anniversaire de la nationalisation de ses hydrocarbures de 1971 mais il manque à cet anniversaire le décompte des sommes accumulées… En effet, ni les investissements de recherche ni l’argent fourni à l’Etat algérien et celui donné aux compagnies étrangères ne suffisent à couvrir les recettes des hydrocarbures, recettes accumulées et argent détourné depuis 46 ans et dont nous entreprenons d’effectuer ici une estimation chiffrée !!!
Le Sahara recèle les troisièmes réserves africaines de pétrole (12,2 milliards de barils) et un tiers des ressources gazières du continent (4500 milliards de mètres cubes).
Pourtant, l’Algérie ne figure qu’en 96ème position au classement des Nations unies de l’indice de développement humain.
Le désarroi des jeunes – la moitié des 36 millions d’habitants a moins de 19 ans – est à la mesure du taux de chômage et du manque de débouchés pour les diplômés, qui ne rêvent que de partir à Paris, Londres ou Montréal.
Les statistiques sont accablantes : 23% de très pauvres et 43% de jeunes au chômage.
L’argent a-t-il servi à acheter la paix sociale, comme le laisse entendre le gouvernement ?
En juin dernier, une loi de finances complémentaire a gonflé les dépenses de l’Etat de 8 milliards d’euros pour maintenir les subventions aux denrées de base (des hausses de prix avaient déclenché des émeutes en janvier) et augmenter les salaires des agents de l’Etat. « Le gouvernement se vante de ses énormes réserves, alors les fonctionnaires réclament leur part », ironise Omar Belhouchet, directeur du quotidien indépendant « El Watan ».
Le pouvoir utilise aussi sa cagnotte pour le logement (de grands ensembles sortent de terre autour de la capitale) mais cela ne suffit pas, selon un rapport de l’ONU : 1 million d’habitations seraient inoccupées ; on s’entasse à plusieurs familles par appartement dans les secteurs populaires, comme à Bab El Oued ; et les bidonvilles prolifèrent près du centre d’Alger, où des victimes du séisme de 2003 vivent toujours dans des baraquements.
Aujourd’hui, le pays compte toujours parmi les plus dépensiers en matière militaire (6 milliards de dollars en 2011).
La manne pétrolière est présentée comme essentiellement mangée par le budget de l’Etat (80% des recettes fiscales).
Avant de se demander où va l’argent du gaz et du pétrole algérien, il convient de savoir à quelle fortune on peut estimer ces sommes tirées des richesses du sous-sol. Comme l’Etat algérien ne peut être considéré comme fiable dans ses déclarations à ce sujet, il faut se donner des moyens de compter qui viennent d’ailleurs que des statistiques de l’Etat algérien.
Pour cela, comparons la productivité des gisements algériens et celle des gisements d’Arabie saoudite. On peut grossièrement considérer que la production d’hydrocarbures de l’Algérie représente environ un sixième de celle de l’Arabie saoudite pour le pétrole. Par exemple, le nombre de barils par jour en 2014 était de un million huit cent mille pour l’Arabie saoudite et de 300.000 pour l’Algérie. En 2013, on trouvait un million huit cents dix-neuf mille pour l’Arabie saoudite et trois cents soixante deux mille pour l’Algérie.
Par contre, pour le gaz naturel, l’Algérie a une production très légèrement inférieure à celle de l’Arabie saoudite. En milliards de mètre cube de gaz, on trouve, par exemple en 2010, 87,7 pour l’Arabie saoudite contre 80,4 pour l’Algérie. Et même certains calculs donnent l’Algérie devant l’Arabie saoudite en ce qui concerne le gaz naturel : voir ici
Reste à compter le total de la fortune de la royauté saoudite et à diviser par deux ou par trois pour avoir un ordre de grandeur de la richesse de ceux qui ont détourné les richesses du sous-sol de l’Algérie…
Le prince Walid Ibn Talal est l’homme le plus riche d’Arabie Saoudite avec une fortune estimée à 30 milliards de dollars. Les Fahd ont, ensemble, 40 milliards de dollars. Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, chef d’Etat possède 18,5 milliards. Le Prince Alwaleed a $16,3 Milliards de dollars. Il y a en tout 4000 princes du pétrole… On peut estimer que l’ensemble de la famille royale et des profiteurs saoudiens du pétrole possède en tout entre 3000 et 4000 milliards de dollars en gros. Divisé par deux ou trois, cela donne la fortune des possesseurs du gaz et du pétrole algérien : mille à deux mille milliards de dollars.
Mais qui est-ce qui détient de telles sommes ? C’est l’état algérien prétend la classe dirigeante occulte d’Algérie !!!
Certes, celle-ci peut affirmer qu’une partie de cet argent a été versé aux compagnies étrangères mais l’argument ne tient pas puisque c’est aussi le cas de l’Arabie saoudite à laquelle on a comparé les revenus algériens.
Officiellement, les revenus du sous-sol appartiennent toujours à l’Etat algérien, depuis le 24 février 1971, date de la nationalisation du secteur des hydrocarbures…
Les classes dirigeantes se plaignent bien entendu de la chute des cours, affirmant ainsi que l’Etat en devient endetté !
Elles se plaignent des prix qu’imposent les compagnies occidentales.
Depuis, les compagnies occidentales qui mettaient la pression sur l’Algérie pour obtenir des prix plus bas, Canada, Angleterre et USA prétendant être capables de récupérer assez de pétrole eux-mêmes et se passer de l’Algérie ont effectué inutilement un chantage à la baisse des prix du fait des propositions beaucoup plus favorables de la Chine. Le pétrole algérien est en train progressivement de revenir à la Chine, ce qui était déjà le cas des gros travaux de BTP.
Les autorités algériennes affirment que 98% des revenus du pays proviennent des hydrocarbures mais cela ne signifie nullement que 98% des revenus des hydrocarbures reviennent au… pays !!!
En effet, où sont passés les mille à deux mille milliards de dollars ?!!!
En 2010, l’Etat aurait plus de 150 milliards de dollars de réserves de change…
La différence n’est pas une pécadille et elle pose question.
On parle beaucoup en Algérie de « la rente pétrolière et gazière » mais nul ne sait le nom des rentiers…
Bien entendu, l’Etat lui-même a prétendu dévoiler certains scandales de gestion de la Sonatrach mais les sommes en jeu sont dérisoires devant les vrais détournements.
L’ancien PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, ses deux fils, ainsi que de nombreux hauts responsables de la compagnie nationale algérienne de pétrole ont été condamnés en février 2016 au terme du procès algérien dit « Sonatrach 1 ».
Une deuxième procédure a été ouverte en Italie, dans le sillage des commissions rogatoires envoyées par l’Algérie. Cette fois, les pistes mènent à Farid Bedjaoui, en fuite et aperçu pour la dernière fois à Dubaï, et à l’entourage du ministre de l’énergie de l’époque, Chakib Khelil. Les magistrats italiens accusent Bedjaoui d’avoir touché de la Saipem l’équivalent de 205 millions de dollars par l’intermédiaire de la compagnie Pearl Partners Ltd, domiciliée à Hongkong. Et le soupçonnent d’avoir arrosé de nombreux responsables algériens afin de faciliter l’obtention, par la Saipem, de huit contrats entre 2006 et 2009, pour 10 milliards de dollars : des centaines de kilomètres de pipelines et plusieurs usines de traitement.
Tout cela est bien loin de nous permettre de retrouver les mille à deux mille milliards de « perdus » !!!
La bourgeoisie algérienne a constitué son accumulation primitive sur le dos du peuple mais une fois qu’elle a accumulé, elle n’a plus voulu investir dans le pays exsangue qu’elle avait produit. La bourgeoisie nationale s’est ainsi contentée de prendre la succession du colonialisme en se chargeant d’exploiter la population et d’envoyer les résultats de cette exploitation hors des frontières. La population, elle, est restée piégée dans le cercle vicieux : sous-développement, endettement, dépendance, surexploitation, misère, chômage, dictature, corruption, bandes armées, etc...
En guise d’indépendance nationale, faute d’indépendance économique avec le maintien de la vente à bas prix du gaz et du pétrole, l’achat d’industries “ clefs en main ” et celui de biens de consommation à la France essentiellement comme auparavant, la classe dirigeante algérienne n’a pu se gargariser de nationalisme qu’en changeant de mots, par l’arabisation de la langue. Ce nationalisme de l’illusoire, c’est justement celui dont les islamistes représentent l’exacerbation violente, l’utilisation politique de la religion par les intégristes concentrant en elle toutes les illusions déçues et tous les faux espoirs en reconstituant une indépendance abstraite, une grandeur théorique, celle d’empire déchu.
Mais peut-on réellement parler d’une bourgeoisie algérienne ?
Même en termes de bourgeoisie nationale, l’Algérie indépendante est un échec retentissant. C’est la caste des généraux qui a représenté, faute de mieux, cette couche visant à devenir une bourgeoisie. C’est elle qui a détourné les richesses du pays, sans pour autant oser dans un premier temps afficher sa volonté de s’en dire ouvertement la propriétaire.
C’est elle qui a organisé l’exploitation de la population algérienne à un bout et son maintien par un encadrement dictatorial et les liens avec l’impérialisme à l’autre bout. Elle s’est ainsi imposée à tout un peuple et fait admettre par l’impérialisme comme bourgeoisie comprador, entièrement dépendante.
Et, sous couvert du drapeau du socialisme au début comme sous l’idéologie capitaliste ensuite, elle a commencé à accumuler, à investir ses biens privés à l’étranger. Et, au fur et à mesure, ce sont les seuls intérêts de classe de ce qu’il faut bien appeler la bourgeoisie algérienne, car il n’y en a pas et il n’y en aura pas d’autre, qui ont déterminé de plus en plus les choix économiques, sociaux et politiques de l’Etat algérien.
Masquée derrière les expressions volontairement confuses “ les décideurs ”, “ les généraux ” ou “ le pouvoir ”, cette toute petite fraction détient les leviers économiques et politiques et se donne les moyens de le faire fructifier et de le conserver. Ce sont les intérêts de cette classe exploiteuse face aux exploités qui reste déterminante dans les choix de l’Etat et des partis politiques bourgeois.
La lutte de classe est déterminante en Algérie comme ailleurs même si tout le discours politique, du pouvoir comme de l’opposition, fait semblant de s’en abstraire en ne parlant que des institutions politiques pour éviter de montrer les intérêts de classe. Ils ne font ainsi qu’effacer la responsabilité de la bourgeoisie dans la catastrophe actuelle et semer des illusions sur un avenir possible pour le peuple algérien en restant dans le cadre du capitalisme.
La population pauvre, elle, voit très bien les fortunes s’édifier sous ses yeux et elle en voit au moins les résultats en termes de villas de luxe, de yachts ou de grosses voitures, même si elle ne voit pas les investissements, essentiellement étrangers, ou le remplissage des coffres suisses. Cependant, politiquement, on continue à nous resservir la thèse selon laquelle en Algérie il n’y aurait ni bourgeoisie ni prolétariat, mais un seul peuple et pas de lutte de classe ! Cela au nom de la spécificité algérienne.
Et effectivement, il y a bien une histoire originale qui a modelé une bourgeoisie particulière. La bourgeoisie algérienne est née de l’Etat. Elle est sortie du processus historique faible, divisée, dépendante, prévaricatrice, maffieuse. C’est une bourgeoisie d’Etat, une bureaucratie bourgeoise et souvent simplement des clans militaires qui en tient lieu et qui intervient dans l’économie en leu et place des grands commerçants, des grands financiers ou négociants. Bien que bénéficiant des rênes de l’économie et du pouvoir, cette bourgeoisie n’a pu prospérer que dans les limites définies par l’impérialisme, l’essentiel des revenus du gaz et du pétrole continuant d’enrichir d’abord la métropole avant de garnir les portefeuilles de quelques nantis algérien galonnés ou non.
La suite............................
Le Sahara recèle les troisièmes réserves africaines de pétrole (12,2 milliards de barils) et un tiers des ressources gazières du continent (4500 milliards de mètres cubes).
Pourtant, l’Algérie ne figure qu’en 96ème position au classement des Nations unies de l’indice de développement humain.
Le désarroi des jeunes – la moitié des 36 millions d’habitants a moins de 19 ans – est à la mesure du taux de chômage et du manque de débouchés pour les diplômés, qui ne rêvent que de partir à Paris, Londres ou Montréal.
Les statistiques sont accablantes : 23% de très pauvres et 43% de jeunes au chômage.
L’argent a-t-il servi à acheter la paix sociale, comme le laisse entendre le gouvernement ?
En juin dernier, une loi de finances complémentaire a gonflé les dépenses de l’Etat de 8 milliards d’euros pour maintenir les subventions aux denrées de base (des hausses de prix avaient déclenché des émeutes en janvier) et augmenter les salaires des agents de l’Etat. « Le gouvernement se vante de ses énormes réserves, alors les fonctionnaires réclament leur part », ironise Omar Belhouchet, directeur du quotidien indépendant « El Watan ».
Le pouvoir utilise aussi sa cagnotte pour le logement (de grands ensembles sortent de terre autour de la capitale) mais cela ne suffit pas, selon un rapport de l’ONU : 1 million d’habitations seraient inoccupées ; on s’entasse à plusieurs familles par appartement dans les secteurs populaires, comme à Bab El Oued ; et les bidonvilles prolifèrent près du centre d’Alger, où des victimes du séisme de 2003 vivent toujours dans des baraquements.
Aujourd’hui, le pays compte toujours parmi les plus dépensiers en matière militaire (6 milliards de dollars en 2011).
La manne pétrolière est présentée comme essentiellement mangée par le budget de l’Etat (80% des recettes fiscales).
Avant de se demander où va l’argent du gaz et du pétrole algérien, il convient de savoir à quelle fortune on peut estimer ces sommes tirées des richesses du sous-sol. Comme l’Etat algérien ne peut être considéré comme fiable dans ses déclarations à ce sujet, il faut se donner des moyens de compter qui viennent d’ailleurs que des statistiques de l’Etat algérien.
Pour cela, comparons la productivité des gisements algériens et celle des gisements d’Arabie saoudite. On peut grossièrement considérer que la production d’hydrocarbures de l’Algérie représente environ un sixième de celle de l’Arabie saoudite pour le pétrole. Par exemple, le nombre de barils par jour en 2014 était de un million huit cent mille pour l’Arabie saoudite et de 300.000 pour l’Algérie. En 2013, on trouvait un million huit cents dix-neuf mille pour l’Arabie saoudite et trois cents soixante deux mille pour l’Algérie.
Par contre, pour le gaz naturel, l’Algérie a une production très légèrement inférieure à celle de l’Arabie saoudite. En milliards de mètre cube de gaz, on trouve, par exemple en 2010, 87,7 pour l’Arabie saoudite contre 80,4 pour l’Algérie. Et même certains calculs donnent l’Algérie devant l’Arabie saoudite en ce qui concerne le gaz naturel : voir ici
Reste à compter le total de la fortune de la royauté saoudite et à diviser par deux ou par trois pour avoir un ordre de grandeur de la richesse de ceux qui ont détourné les richesses du sous-sol de l’Algérie…
Le prince Walid Ibn Talal est l’homme le plus riche d’Arabie Saoudite avec une fortune estimée à 30 milliards de dollars. Les Fahd ont, ensemble, 40 milliards de dollars. Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, chef d’Etat possède 18,5 milliards. Le Prince Alwaleed a $16,3 Milliards de dollars. Il y a en tout 4000 princes du pétrole… On peut estimer que l’ensemble de la famille royale et des profiteurs saoudiens du pétrole possède en tout entre 3000 et 4000 milliards de dollars en gros. Divisé par deux ou trois, cela donne la fortune des possesseurs du gaz et du pétrole algérien : mille à deux mille milliards de dollars.
Mais qui est-ce qui détient de telles sommes ? C’est l’état algérien prétend la classe dirigeante occulte d’Algérie !!!
Certes, celle-ci peut affirmer qu’une partie de cet argent a été versé aux compagnies étrangères mais l’argument ne tient pas puisque c’est aussi le cas de l’Arabie saoudite à laquelle on a comparé les revenus algériens.
Officiellement, les revenus du sous-sol appartiennent toujours à l’Etat algérien, depuis le 24 février 1971, date de la nationalisation du secteur des hydrocarbures…
Les classes dirigeantes se plaignent bien entendu de la chute des cours, affirmant ainsi que l’Etat en devient endetté !
Elles se plaignent des prix qu’imposent les compagnies occidentales.
Depuis, les compagnies occidentales qui mettaient la pression sur l’Algérie pour obtenir des prix plus bas, Canada, Angleterre et USA prétendant être capables de récupérer assez de pétrole eux-mêmes et se passer de l’Algérie ont effectué inutilement un chantage à la baisse des prix du fait des propositions beaucoup plus favorables de la Chine. Le pétrole algérien est en train progressivement de revenir à la Chine, ce qui était déjà le cas des gros travaux de BTP.
Les autorités algériennes affirment que 98% des revenus du pays proviennent des hydrocarbures mais cela ne signifie nullement que 98% des revenus des hydrocarbures reviennent au… pays !!!
En effet, où sont passés les mille à deux mille milliards de dollars ?!!!
En 2010, l’Etat aurait plus de 150 milliards de dollars de réserves de change…
La différence n’est pas une pécadille et elle pose question.
On parle beaucoup en Algérie de « la rente pétrolière et gazière » mais nul ne sait le nom des rentiers…
Bien entendu, l’Etat lui-même a prétendu dévoiler certains scandales de gestion de la Sonatrach mais les sommes en jeu sont dérisoires devant les vrais détournements.
L’ancien PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, ses deux fils, ainsi que de nombreux hauts responsables de la compagnie nationale algérienne de pétrole ont été condamnés en février 2016 au terme du procès algérien dit « Sonatrach 1 ».
Une deuxième procédure a été ouverte en Italie, dans le sillage des commissions rogatoires envoyées par l’Algérie. Cette fois, les pistes mènent à Farid Bedjaoui, en fuite et aperçu pour la dernière fois à Dubaï, et à l’entourage du ministre de l’énergie de l’époque, Chakib Khelil. Les magistrats italiens accusent Bedjaoui d’avoir touché de la Saipem l’équivalent de 205 millions de dollars par l’intermédiaire de la compagnie Pearl Partners Ltd, domiciliée à Hongkong. Et le soupçonnent d’avoir arrosé de nombreux responsables algériens afin de faciliter l’obtention, par la Saipem, de huit contrats entre 2006 et 2009, pour 10 milliards de dollars : des centaines de kilomètres de pipelines et plusieurs usines de traitement.
Tout cela est bien loin de nous permettre de retrouver les mille à deux mille milliards de « perdus » !!!
La bourgeoisie algérienne a constitué son accumulation primitive sur le dos du peuple mais une fois qu’elle a accumulé, elle n’a plus voulu investir dans le pays exsangue qu’elle avait produit. La bourgeoisie nationale s’est ainsi contentée de prendre la succession du colonialisme en se chargeant d’exploiter la population et d’envoyer les résultats de cette exploitation hors des frontières. La population, elle, est restée piégée dans le cercle vicieux : sous-développement, endettement, dépendance, surexploitation, misère, chômage, dictature, corruption, bandes armées, etc...
En guise d’indépendance nationale, faute d’indépendance économique avec le maintien de la vente à bas prix du gaz et du pétrole, l’achat d’industries “ clefs en main ” et celui de biens de consommation à la France essentiellement comme auparavant, la classe dirigeante algérienne n’a pu se gargariser de nationalisme qu’en changeant de mots, par l’arabisation de la langue. Ce nationalisme de l’illusoire, c’est justement celui dont les islamistes représentent l’exacerbation violente, l’utilisation politique de la religion par les intégristes concentrant en elle toutes les illusions déçues et tous les faux espoirs en reconstituant une indépendance abstraite, une grandeur théorique, celle d’empire déchu.
Mais peut-on réellement parler d’une bourgeoisie algérienne ?
Même en termes de bourgeoisie nationale, l’Algérie indépendante est un échec retentissant. C’est la caste des généraux qui a représenté, faute de mieux, cette couche visant à devenir une bourgeoisie. C’est elle qui a détourné les richesses du pays, sans pour autant oser dans un premier temps afficher sa volonté de s’en dire ouvertement la propriétaire.
C’est elle qui a organisé l’exploitation de la population algérienne à un bout et son maintien par un encadrement dictatorial et les liens avec l’impérialisme à l’autre bout. Elle s’est ainsi imposée à tout un peuple et fait admettre par l’impérialisme comme bourgeoisie comprador, entièrement dépendante.
Et, sous couvert du drapeau du socialisme au début comme sous l’idéologie capitaliste ensuite, elle a commencé à accumuler, à investir ses biens privés à l’étranger. Et, au fur et à mesure, ce sont les seuls intérêts de classe de ce qu’il faut bien appeler la bourgeoisie algérienne, car il n’y en a pas et il n’y en aura pas d’autre, qui ont déterminé de plus en plus les choix économiques, sociaux et politiques de l’Etat algérien.
Masquée derrière les expressions volontairement confuses “ les décideurs ”, “ les généraux ” ou “ le pouvoir ”, cette toute petite fraction détient les leviers économiques et politiques et se donne les moyens de le faire fructifier et de le conserver. Ce sont les intérêts de cette classe exploiteuse face aux exploités qui reste déterminante dans les choix de l’Etat et des partis politiques bourgeois.
La lutte de classe est déterminante en Algérie comme ailleurs même si tout le discours politique, du pouvoir comme de l’opposition, fait semblant de s’en abstraire en ne parlant que des institutions politiques pour éviter de montrer les intérêts de classe. Ils ne font ainsi qu’effacer la responsabilité de la bourgeoisie dans la catastrophe actuelle et semer des illusions sur un avenir possible pour le peuple algérien en restant dans le cadre du capitalisme.
La population pauvre, elle, voit très bien les fortunes s’édifier sous ses yeux et elle en voit au moins les résultats en termes de villas de luxe, de yachts ou de grosses voitures, même si elle ne voit pas les investissements, essentiellement étrangers, ou le remplissage des coffres suisses. Cependant, politiquement, on continue à nous resservir la thèse selon laquelle en Algérie il n’y aurait ni bourgeoisie ni prolétariat, mais un seul peuple et pas de lutte de classe ! Cela au nom de la spécificité algérienne.
Et effectivement, il y a bien une histoire originale qui a modelé une bourgeoisie particulière. La bourgeoisie algérienne est née de l’Etat. Elle est sortie du processus historique faible, divisée, dépendante, prévaricatrice, maffieuse. C’est une bourgeoisie d’Etat, une bureaucratie bourgeoise et souvent simplement des clans militaires qui en tient lieu et qui intervient dans l’économie en leu et place des grands commerçants, des grands financiers ou négociants. Bien que bénéficiant des rênes de l’économie et du pouvoir, cette bourgeoisie n’a pu prospérer que dans les limites définies par l’impérialisme, l’essentiel des revenus du gaz et du pétrole continuant d’enrichir d’abord la métropole avant de garnir les portefeuilles de quelques nantis algérien galonnés ou non.
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