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Les taxis roses de Karachi

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  • Les taxis roses de Karachi


    Facilement reconnaissables à leur couleur rose associée aux valeurs féminines, les « Pink Taxis » ont éclos dans le paysage urbain de Karachi, la capitale économique et financière du Pakistan grouillante de monde, avec à leur bord des femmes et rien que des femmes, qu’elles soient au volant des véhicules, ou assises en toute tranquillité sur les sièges arrières.
    Dans la mégapole tentaculaire qui compte plus de 20 millions d’habitants, se déplacer en toute quiétude, sans craindre de subir le fléau du harcèlement sexuel, n’est pas chose aisée pour la gent féminine pakistanaise et relève même d’une épreuve quotidienne, devenue insurmontable pour nombre d’entre elles.
    A la lumière d’un rapport rendu public par le Centre des ressources urbaines de Karachi, il a été mis en évidence que le harcèlement sexuel contre le sexe dit faible existe bel et bien, revêtant différentes formes, et que les harceleurs sévissent particulièrement dans les transports en commun, faisant du trajet de leurs victimes un véritable calvaire.
    Syed Hussain Shah Nasir, le ministre des Transports dans la province de Sindh, où se trouve Karachi, a été l’un des premiers à reconnaître le sort peu enviable infligé à ses concitoyennes dès lors qu’elles souhaitent se rendre d’un point à un autre, réprouvant sans réserve l’hostilité et le harcèlement auxquels elles sont confrontées quand elles montent à bord de bus notamment.
    « Avoir un mode de transport personnalisé peut résoudre un grand nombre de leurs problèmes », a-t-il déclaré à la télévision pakistanaise, mais en faisant abstraction d’un point non négligeable : le coût que cela représente, considéré comme prohibitif pour une large partie de la population, comme l’a fait remarquer Zebunnisa Burki, un journaliste basé à Karachi, qui déplore vivement que les taxis habillés de rose soient un luxe que nombre de femmes ne peuvent se permettre.

    Pour Noor Jehan, une jeune pakistanaise ayant troqué son tablier de femme de chambre pour son voile rose fuschia de conductrice d’un « Pink Taxi », cette prestation de service, assurée par et pour les femmes, était une nécessité urgente. Avec la satisfaction du devoir accompli, elle se sent investie d’une belle et noble mission en conduisant chaque jour à bon port, et sans encombres, ses clientes rassurées et visiblement plus sereines.
    Loin de voir la vie en rose pour autant, la très lucide Noor Jehan sait pertinemment que l’émergence d’une flotte de taxis roses dans Karachi et ailleurs, à Lahore et Islamabad, où ils sont en passe d’essaimer d’ici à quatre mois, ne sera pas la panacée contre le harcèlement sexuel, ou alors seulement pour une clientèle ciblée, très privilégiée.
    « La plupart des femmes qui vont au travail chaque matin n’ont pas les moyens de s’offrir ce service », regrette-t-elle sincèrement, en espérant toutefois que les « Pink Taxis » feront des petits dans l’ensemble du Pakistan pour qu’ils soient, un jour prochain, accessibles à toutes les bourses.
    Oumma
    Le bœuf est lent, mais la terre est patiente.
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