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Créer des économies inclusives : l'argument croissance durable du Davos africain

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  • Créer des économies inclusives : l'argument croissance durable du Davos africain

    REPORTAGE. Le Forum international Afrique développement du groupe bancaire Attijari se veut un espace pour préparer le futur du continent. Illustration.

    Selon la Banque mondiale, et l'Ined (Institut national français d'études démographiques), le continent devrait quadrupler sa population en 2100 et compter 4,4 milliards d'habitants contre « seulement » 1,2 milliard en 2015. La population mondiale devrait, elle, continuer de croître jusqu'à atteindre 11 milliards d'habitants à la fin du XXIe siècle contre 7,3 milliards en 2015. Autant dire que plus d'un Terrien sur trois devrait vivre en Afrique dans un siècle. Un chiffre vertigineux pris très au sérieux au 5e Forum international Afrique développement qui vient de se tenir à Casablanca les 16 et 17 mars derniers. Pour Attijariwafa Bank, qui organise ce grand rendez-vous économique panafricain, il s'agit d'anticiper les effets de cette réalité sur le développement du continent d'où cette déclaration de son infatigable PDG, Mohamed Kettani : « L'Afrique doit changer ses paradigmes pour atteindre une croissance durable et inclusive. Pour cela, la nécessité d'améliorer la vie des Africains et de conduire l'Afrique à la compétitivité internationale devrait alimenter les discussions et motiver les ambitions. Ainsi, les États, les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent unir leurs forces et agir en faveur du changement qui s'appuie sur certains facteurs clés, à savoir de nouvelles industries, la bonne gouvernance, un capital humain qualifié, un environnement des affaires adéquat, mais aussi une approche régionale. »

    Changement de paradigmes
    Le Maroc, pays hôte de l'événement, avance pour sa part timidement sur la voie du développement inclusif malgré son rôle de locomoteur africain. Le pays qui a adhéré récemment à l'Union africaine, et qui ambitionne d'intégrer la Cédéao, est classé 45e sur 78 économies en développement en termes de croissance et de développement inclusif, selon un rapport publié en janvier 2017 par le Forum économique mondial (WEF). Avec un score de 3,89, le royaume chérifien a réalisé une petite avancée de 0,66 % ces cinq dernières années, selon ce classement qui concerne 109 pays, dont des économies avancées, et repose sur 12 indicateurs. Il faut rappeler que, malgré les scores enregistrés à travers la récente dynamique de croissance (3,6 % prévus en 2017), le continent continue à faire face à des bouleversements successifs : une croissance mondiale atone (3,4 % en 2017 et 3,6 % en 2018), une instabilité du prix des matières premières, et des chantiers complexes à mettre en œuvre du fait de leur complexité. Autant de facteurs qui ralentissent la croissance de l'Afrique et augmentent les incertitudes quant à son devenir. « Nous avons un certain nombre de défis à relever pour l'Afrique. Il ne s'agit plus seulement de faire croître son PIB, il faut combattre la pauvreté. Les politiques économiques doivent satisfaire les besoins de nos populations et prendre des décisions courageuses », a ainsi déclaré Roch Marc Christian Kaboré, président du Burkina Faso et invité d'honneur de ce Fiad.

    Le financement reste le nerf de la guerre
    Avec une part du secteur industriel dans le PIB africain qui atteint seulement 10 %, l'Afrique ne transforme pas assez et ne crée pas assez de valeur. « L'industrialisation reste la clé de cette réussite africaine », a tenu à préciser Miriem Bensaleh-Chaqroun, la présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). La chef du patronat marocain a ainsi estimé que l'Afrique devait changer de paradigmes pour atteindre une croissance durable et inclusive. Pour se faire, « les États, les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent unir leurs forces et agir en faveur du changement qui s'appuie sur certains facteurs clés, à savoir de nouvelles industries, la bonne gouvernance, un capital humain qualifié, un environnement des affaires adéquat, mais aussi une approche régionale ». Si le continent enregistre une forte croissance ces dernières années, celle-ci ne suffit pas, tant que l'impact sur les populations reste faible. Renforcer l'approche des partenariats public-privé (PPP) devient fondamental pour appuyer les politiques de création de valeurs partagées et réduire les inégalités afin de promouvoir l'inclusion. Il faut dire que, vu que les investissements publics sont insuffisants, « les gouvernements doivent améliorer le climat des affaires ». Et cela a été l'un des messages clés de la manifestation et le thème du workshop « Rôle des acteurs économiques dans la création de valeurs partagées en Afrique ». Pour le président burkinabè, les besoins du continent sont multiples dans tous les secteurs, seule la mutualisation des efforts peut permettre de créer les conditions du succès pour tous. Roch Marc Christian Kaboré a, de fait, insisté ainsi sur « l'urgence de renforcer et d'accélérer la dynamique de coopération intra-africaine et de concrétiser le projet de zone de libre-échange continentale, pour accélérer la libre circulation des personnes et des biens ».

    Opportunités et défis à relever pour l'Afrique
    En 2034, la population active africaine atteindra 1,1 milliard de personnes, soit plus que la Chine ou l'Inde. « Autant de défis à transformer en opportunités », a ainsi précisé Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, indiquant que l'Afrique doit faire face à plusieurs défis : « Croissance, démographie, santé, urbanisation. Ces défis sont des opportunités de progrès que l'Afrique peut réaliser en faisant confiance à elle-même et à ses compétences », a-t-il ajouté avant d'indiquer que la réintégration dans l'Union africaine est aussi motivée par la prise de conscience que l'Afrique ne peut avancer que si les espaces régionaux s'intègrent. « Notre souhait d'adhérer à la Cédéao émane de cette conviction », a-t-il indiqué. Pour la présidente de CGEM, il s'agit avant tout d'accélérer le rythme, en injectant de lourds investissements dans les projets. Miriem Bensaleh-Chaqroun a insisté sur le fait que le privé ne pouvait pas financer tout seul des projets sur le long terme. Elle mise plutôt sur le partenariat public-privé, des politiques publiques claires, ainsi que des environnements politiques et des affaires stables. « Ce sont là les conditions sine qua non pour soutenir l'effort et la dynamique de croissance du continent avec 12 millions de jeunes Africains qui arrivent sur le marché du travail. Ce sont aussi 187 millions de personnes supplémentaires qui vivront dans les villes africaines sur les 10 prochaines années », a-t-elle précisé avant d'insister par ailleurs sur le rôle majeur de l'appui de cette révolution industrielle à travers notamment les énergies renouvelables et la nouvelle économie verte.

    Promotion du « climat des affaires »
    Si les pays africains veulent susciter davantage d'investissements privés au profit des économies et populations locales, ils doivent améliorer le climat des affaires. Le Rwanda, le Gabon et le Maroc s'érigent en exemples à suivre. Pour favoriser l'investissement et réunir acteurs économiques privés et décideurs publics, le Gabon est un exemple en matière de politique de promotion de l'investissement. Le pays a créé la zone économique spéciale (ZES) de NKOK, fruit d'un partenariat public-privé entre la société Olam International Ltd et l'État, afin d'accélérer son industrialisation. Une ZES qui est chapeautée par 17 ministères et organismes gouvernementaux, dont la mission est de délivrer les autorisations destinées à encourager les investisseurs. Autre pays qui s'est attaqué à ce chantier de taille : le Rwanda, qui dispose d'une agence nationale en charge de la promotion des investissements, Rwanda Development Board (RDB). « Le RDB est une agence qui participe à la promotion de l'investissement. Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est que le développement des investissements étrangers ne permet pas de régler les problématiques de la croissance inclusive. Il est essentiel de pousser les États à diriger leurs investissements privés vers des activités qui participent à réduire la pauvreté, augmentent la création de l'emploi, et développent les chaînes de valeurs », a affirmé Winifred Ngangure, présidente de Rwanda Development Board, chargée de la promotion des investissements.

    Et le capital humain ?
    Pour ce faire, ce travail doit être fait conjointement avec les États et les investisseurs, pour atteindre les objectifs de croissance durable. Une vision partagée par le DG de Renault, Marc Nassif, qui affirme que l'implantation de l'usine Renault à Tanger est le fruit d'une vision commune entre l'État, dont la volonté était de développer la région du Nord, et Renault, qui cherchait une terre d'accueil favorable, offrant les conditions nécessaires pour investir. Par ailleurs, Marc Nassif, ajoute que le capital l'humain est au centre de la politique de l'entreprise. L'équipementier automobile a affirmé avoir trouvé les talents qui font la réussite de Renault Maroc. « Renault, a produit en 2016, 350 000 véhicules au Maroc, majoritairement à Tanger, dont près de 90 % ont été exportés, grâce à d'excellentes ressources humaines. Nous n'exportons pas uniquement des voitures, mais aussi des talents. » Par ailleurs, une place de choix à la dimension sociale a été consacrée à un panel qui a été dédié à l'« urbanisation, accélération de l'inclusion sociale ». Plusieurs intervenants ont insisté sur les partenariats public-privé comme moteur de développement des villes africaines et invité tous les acteurs, collectivités territoriales, secteurs privé et public, à s'impliquer davantage afin de converger leurs efforts pour assurer un meilleur avenir aux populations urbaines.


    Récompenses : les jeunes entrepreneurs primés
    Des jeunes entrepreneurs issus de nombreux pays du continent africain se sont vus décerner les Trophées du jeune entrepreneur lors d'une soirée de gala initiée en marge de la 5e édition du Forum international Afrique développement. En plus des catégories « Innovation » et « Entrepreneuriat social », cette édition a connu l'introduction de la catégorie « Développement durable » qui récompense les projets s'inscrivant dans un impact environnemental positif. Ainsi, le Trophée de l'innovation a été remis par M. Roch Marc Christian Kaboré, président de la République du Burkina Faso, à Francis Yapobi (Côte d'Ivoire), concepteur de la plateforme « Airshop systemes », un terminal à bord des avions. Le Prix de l'entrepreneuriat social a, quant à lui, été décerné par Hassan Ouriagli, président du groupe SNI, à Houda Rouissi (Maroc) pour son projet « Guermello », qui consiste en la mise en place d'une micro-franchise de distribution des produits du terroir (fruits secs à coque torréfiée et fruits à chaire) à travers tout le royaume. Enfin, le Prix du développement durable a été remis par Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération à Kamal Kaina (Maroc) qui a développé « Akhdar Invest », une innovation ayant pour objectif de développer un moyen de capture de l'énergie cinétique à partir du poids des véhicules et sa conversion en énergie électrique. Au total, 60 dossiers de candidature ont été reçus par le jury, dont 22 dossiers pour le trophée de l'innovation, 17 dossiers pour le trophée de l'entrepreneuriat social et 21 dossiers pour le trophée du développement durable. Douze dossiers de candidatures issus de 5 pays (Cameroun, Côte d'Ivoire, Guinée, Maroc, Rwanda) ont été retenus à l'issue d'une présélection. Puis le jury final, qui s'est tenu la veille du démarrage du Forum, a distingué les 3 gagnants après un pitch de 10 minutes durant lequel chacun des jeunes entrepreneurs a eu l'occasion de présenter et de défendre son projet d'entreprise

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