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La fin de la suprématie du dollar : un mythe tenace

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  • La fin de la suprématie du dollar : un mythe tenace

    Seuls des chocs de grande ampleur comme les guerres mondiales semblent faire évoluer significativement les positions sur la question de la monnaie internationale

    Depuis l’effondrement du système de Bretton Woods, beaucoup annoncent la fin de la suprématie du dollar américain en tant que monnaie internationale. Différentes divises ont été désignées, tour à tour, comme challenger de la monnaie américaine : le yen japonais, le mark allemand, l’euro et aujourd’hui le yuan chinois. Mais toutes ont échoué à le supplanter, révélant les profondes inerties en matière d’utilisation de la monnaie internationale. Les incertitudes associées à la politique de Donald Trump, vont-elles mettre, à nouveau, le dollar sur la sellette ?

    “Le dollar reste aujourd’hui la monnaie de cotation sur les marchés de matières premières. Il conserve une part prépondérante dans les transactions internationales”

    Le dollar reste aujourd’hui la monnaie de cotation sur les marchés de matières premières. Il conserve une part prépondérante dans les transactions internationales. Près de 80 % des lettres de crédit et de paiements sont libellés en dollars, contre seulement 9 % en yuan et 6 % en euro. La part du dollar dans les réserves de banques centrales ne diminue que très légèrement sur la longue période. Elle dépasse encore les 64 % en 2015. La diminution de la part de l’euro dans les réserves des banques centrales (20 % seulement en 2015) suggère qu’il n’inspire toujours pas confiance aux opérateurs. La montée en puissance de la Chine peut poser la question du rôle du yuan. Cette devise ne semble pas crédible pour devenir une monnaie mondiale, faute d’une pleine convertibilité internationale. La Chine a besoin d’excédents courants pour soutenir sa croissance et son développement et ne saurait être en position déficitaire pour alimenter les pays tiers en monnaie de référence. De plus, la Chine n’offre pas d’actifs financiers aux non-résidents.

    La force de l’inertie
    La mise en place d’une organisation multipolaire de type panier de devises ne paraît pas plus crédible aujourd’hui que dans les années 1980-90. Organiser un tel système apparaît comme une gageure et contraire aux intérêts des États-Unis. Le statut du dollar permet à ces derniers d’obtenir d’importants bénéfices qualifiés de “seigneuriage” : financement aisé du déficit courant, plus faibles coûts de transactions et gains de compétitivité pour les entreprises américaines qui facturent et émettent des titres financiers dans leur propre monnaie, taux d’intérêt plus bas toutes choses égales par ailleurs…

    “De profondes inerties existent en matière d’utilisation de la monnaie mondiale. Elles tiennent à l’existence d’économies d’échelle et d’effets de réseaux”

    De profondes inerties existent en matière d’utilisation de la monnaie mondiale. Elles tiennent à l’existence d’économies d’échelle et d’effets de réseaux. L’internationalisation d’une monnaie élargit son marché d’échange, ce qui réduit les coûts de transaction et d’information découlant de l’usage de cette monnaie. Des effets d’entraînement poussent les opérateurs à utiliser la monnaie dominante acceptée et recherchée par les autres agents. Le billet vert profite aujourd’hui de ces forces d’inertie.

    En histoire contemporaine, seuls des chocs de grande ampleur comme les guerres mondiales semblent faire évoluer significativement les positions sur la question de la monnaie internationale. La fin de la suprématie du dollar apparaît comme donc un mythe de l’histoire économique des quarante dernières années.

    * Université de Bordeaux
    Auteur de ‘Mythes Économiques. En finir avec les idées reçues en économie’. Ellipses, 2017

    l'économiste
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