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Affaire de l’usine de véhicules de Tahkout : plusieurs zones d’ombre à éclaircir
15:41 mardi 28 mars 2017 | Par Fayçal Métaoui | Actualité
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L’affaire de l’usine d’assemblage des véhicules Hyundai de Tiaret de Mahieddine Tahkout révèle plusieurs zones d’ombre. Le gouvernement va déléguer, selon Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, une commission d’enquête pour vérifier sur site ce que fait la Tahkout Manufacturing Company (TMC).
On ignore si la mission s’est déplacée sur les lieux. Comme il n’a pas été dit que le résultat de l’enquête sera connu de l’opinion publique. « Tahkout a signé un engagement et un cahier des charges et la première inspection a donné un résultat positif », a déclaré M. Bouchouareb.
Après ces déclarations de Bouchouareb, plusieurs questions restent sans réponses : pourquoi le contenu de ce cahier des charges n’a pas été rendu public ? S’agit-il du cahier des charges général relatif à l’investissement dans le montage des véhicules en Algérie ? Ou d’un cahier des charges qui concerne uniquement l’usine de TMC avec « une clause spéciale » ? Le ministre n’a pas donné de détails ni précisé ce qu’il entend par « résultat positif » qu’aurait relevé une précédente inspection.
Quelle est la responsabilité de Hyundai ?
La contribution du constructeur sud-coréen dans l’usine de Tiaret n’est pas bien définie. Hyundai n’est pas actionnaire dans son usine algérienne, comme l’exige pourtant la réglementation. À TSA, le responsable coréen de l’usine a révélé que celle-ci est détenue à 100% par TMC mais que « la qualité est garantie par Hyundai Motors ».
Selon MahieddineTahkout, Hyundai a envoyé ses équipes pour installer les machines et assurer des formations sur place. « Hyundai est connu sur le marché. C’est une pyramide dans son pays. Il n’a pas un morceau de marbre ou des sacs de ciments dans la malle de la voiture », a-t-il ironisé dans une déclaration, dimanche 26 mars, à la chaîne Numidia TV, propriété de son groupe.
Selon lui, des Sud-coréens sont au niveau de l’usine de Tiaret. « Ils représentent Hyundai en Algérie. Il y a le directeur de l’unité, le directeur de la production, le directeur de la qualité, le directeur de la logistique et le directeur du contrôle », a-t-il précisé.
Pourquoi Hyundai a-t-il exporté vers l’Algérie des voitures neuves sous cellophane avec des roues démontées dans des containers pour une usine de montage de véhicules en Algérie (tel que montré dans des photos qui ont circulé sur Facebook) ? S’agit-il d’un abus dans l’utilisation du SKD (Semi knocked down) pour profiter de facilités douanières ? Le système SKD autorise une société mère à exporter « des produits assemblés partiellement » à ses filiales industrielles. Les véhicules Hyundai montrés sur les photos paraissaient assemblés complètement, le montage des roues étant une simple opération. La responsabilité du groupe sud-coréen est entièrement engagée. Hyundai a, pour l’instant, préféré garder le silence.
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Où était le contrôle douanier ?
Il y a une autre zone d’ombre : le contrôle douanier. Au moment où le gouvernement multiplie les restrictions sur les importations des véhicules pour économiser les devises, des voitures bien emballées destinées à une usine de montage automobile entrent facilement sur le territoire national, sans éveiller les soupçons des autorités compétentes.
Sous quel régime cette marchandise est-elle entrée ?
« À Tiaret, on fait du montage de kits, validé par le ministère de l’Industrie et des Mines. Nous appliquons à la lettre les spécificités techniques décidées par le même ministère. On nous a donné un délai de trois ans pour atteindre les 15 % (d’intégration). Nous avons fait mieux : nous allons ouvrir une usine de plaquettes de frein. Nous avons envoyé une demande en Corée du sud pour avoir l’homologation », a indiqué MahieddineTahkout pour justifie ses choix d’investissement.
Maintenant, reste à connaître la signification de « montage de kits ». Quel est le pourcentage de pièces à assembler en Algérie ? Quel est l’intérêt d’avoir une ligne de montage ou d’évoquer « le montage » de véhicules ?
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Une usine montée en cinq mois !
L’usine de montage de véhicules de la zone industrielle Zaâroura de Tiaret, qui s’étend sur 24 hectares, a été construite en un temps record suscitant la curiosité des spécialistes. MahieddineTahkout a une réponse : « Ils se sont étonnés comment cette usine est montée en cinq mois ? Je leur réponds : 27 entreprises algériennes et deux sociétés chinoises ont contribué à la construction de l’usine », a-t-il déclaré à Numidia TV.
Et, en un temps record aussi, le premier véhicule Hyundai Tucson est sorti d’usine, fin octobre 2016, cinq mois seulement après le début des travaux de construction.
À l’époque, le propriétaire avait annoncé que l’usine de Tiaret allait produire jusqu’à 60.000 véhicules par an. Théoriquement, la TMC doit assurer le montage de huit modèles de Hyundai. « Nous allons mettre sur le marché des véhicules de 30 à 35 % moins chers que ceux importés, selon les modèles», a promis M. Tahkout.
Tahkout parle de « lobbies » hostiles
M. Tahkout a utilisé la tactique de l’attaque comme meilleure défense pour répliquer au scandale des photos publiées sur les réseaux sociaux. « Je sais qui m’en veut (naaref saheb daâwti) », a lâché énigmatique M. Tahkout, dans une déclaration à Ennahar TV, en laissant entendre qu’il est la cible d’un lobby mais qu’il a soigneusement évité de nommer ou de désigner.
« Je suis la cible d’une propagande et de rumeurs. Il y a des gens qui veulent empêcher l’Algérie d’avancer. Il ne leur est jamais venu à l’esprit qu’un jour un algérien puisse installer une usine de montage de véhicules en Algérie. Je ne vais pas citer des noms, mais il y a des gens qui tiennent le monopole de l’automobile en Algérie. Les citoyens n’achètent plus leurs véhicules, annulent leurs commandes », a-t-il déclaré, suggérant que les attaques viennent de concurrents étrangers installés en Algérie.
Selon lui, ces lobbies veulent continuer à « piller » le pays en empêchant les investisseurs algériens d’avancer. Ces affirmations sont graves : des étrangers qui tentent de déstabiliser une entreprise algérienne. La justice devrait ouvrir une enquête…
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15:41 mardi 28 mars 2017 | Par Fayçal Métaoui | Actualité
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L’affaire de l’usine d’assemblage des véhicules Hyundai de Tiaret de Mahieddine Tahkout révèle plusieurs zones d’ombre. Le gouvernement va déléguer, selon Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, une commission d’enquête pour vérifier sur site ce que fait la Tahkout Manufacturing Company (TMC).
On ignore si la mission s’est déplacée sur les lieux. Comme il n’a pas été dit que le résultat de l’enquête sera connu de l’opinion publique. « Tahkout a signé un engagement et un cahier des charges et la première inspection a donné un résultat positif », a déclaré M. Bouchouareb.
Après ces déclarations de Bouchouareb, plusieurs questions restent sans réponses : pourquoi le contenu de ce cahier des charges n’a pas été rendu public ? S’agit-il du cahier des charges général relatif à l’investissement dans le montage des véhicules en Algérie ? Ou d’un cahier des charges qui concerne uniquement l’usine de TMC avec « une clause spéciale » ? Le ministre n’a pas donné de détails ni précisé ce qu’il entend par « résultat positif » qu’aurait relevé une précédente inspection.
Quelle est la responsabilité de Hyundai ?
La contribution du constructeur sud-coréen dans l’usine de Tiaret n’est pas bien définie. Hyundai n’est pas actionnaire dans son usine algérienne, comme l’exige pourtant la réglementation. À TSA, le responsable coréen de l’usine a révélé que celle-ci est détenue à 100% par TMC mais que « la qualité est garantie par Hyundai Motors ».
Selon MahieddineTahkout, Hyundai a envoyé ses équipes pour installer les machines et assurer des formations sur place. « Hyundai est connu sur le marché. C’est une pyramide dans son pays. Il n’a pas un morceau de marbre ou des sacs de ciments dans la malle de la voiture », a-t-il ironisé dans une déclaration, dimanche 26 mars, à la chaîne Numidia TV, propriété de son groupe.
Selon lui, des Sud-coréens sont au niveau de l’usine de Tiaret. « Ils représentent Hyundai en Algérie. Il y a le directeur de l’unité, le directeur de la production, le directeur de la qualité, le directeur de la logistique et le directeur du contrôle », a-t-il précisé.
Pourquoi Hyundai a-t-il exporté vers l’Algérie des voitures neuves sous cellophane avec des roues démontées dans des containers pour une usine de montage de véhicules en Algérie (tel que montré dans des photos qui ont circulé sur Facebook) ? S’agit-il d’un abus dans l’utilisation du SKD (Semi knocked down) pour profiter de facilités douanières ? Le système SKD autorise une société mère à exporter « des produits assemblés partiellement » à ses filiales industrielles. Les véhicules Hyundai montrés sur les photos paraissaient assemblés complètement, le montage des roues étant une simple opération. La responsabilité du groupe sud-coréen est entièrement engagée. Hyundai a, pour l’instant, préféré garder le silence.
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Où était le contrôle douanier ?
Il y a une autre zone d’ombre : le contrôle douanier. Au moment où le gouvernement multiplie les restrictions sur les importations des véhicules pour économiser les devises, des voitures bien emballées destinées à une usine de montage automobile entrent facilement sur le territoire national, sans éveiller les soupçons des autorités compétentes.
Sous quel régime cette marchandise est-elle entrée ?
« À Tiaret, on fait du montage de kits, validé par le ministère de l’Industrie et des Mines. Nous appliquons à la lettre les spécificités techniques décidées par le même ministère. On nous a donné un délai de trois ans pour atteindre les 15 % (d’intégration). Nous avons fait mieux : nous allons ouvrir une usine de plaquettes de frein. Nous avons envoyé une demande en Corée du sud pour avoir l’homologation », a indiqué MahieddineTahkout pour justifie ses choix d’investissement.
Maintenant, reste à connaître la signification de « montage de kits ». Quel est le pourcentage de pièces à assembler en Algérie ? Quel est l’intérêt d’avoir une ligne de montage ou d’évoquer « le montage » de véhicules ?
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Une usine montée en cinq mois !
L’usine de montage de véhicules de la zone industrielle Zaâroura de Tiaret, qui s’étend sur 24 hectares, a été construite en un temps record suscitant la curiosité des spécialistes. MahieddineTahkout a une réponse : « Ils se sont étonnés comment cette usine est montée en cinq mois ? Je leur réponds : 27 entreprises algériennes et deux sociétés chinoises ont contribué à la construction de l’usine », a-t-il déclaré à Numidia TV.
Et, en un temps record aussi, le premier véhicule Hyundai Tucson est sorti d’usine, fin octobre 2016, cinq mois seulement après le début des travaux de construction.
À l’époque, le propriétaire avait annoncé que l’usine de Tiaret allait produire jusqu’à 60.000 véhicules par an. Théoriquement, la TMC doit assurer le montage de huit modèles de Hyundai. « Nous allons mettre sur le marché des véhicules de 30 à 35 % moins chers que ceux importés, selon les modèles», a promis M. Tahkout.
Tahkout parle de « lobbies » hostiles
M. Tahkout a utilisé la tactique de l’attaque comme meilleure défense pour répliquer au scandale des photos publiées sur les réseaux sociaux. « Je sais qui m’en veut (naaref saheb daâwti) », a lâché énigmatique M. Tahkout, dans une déclaration à Ennahar TV, en laissant entendre qu’il est la cible d’un lobby mais qu’il a soigneusement évité de nommer ou de désigner.
« Je suis la cible d’une propagande et de rumeurs. Il y a des gens qui veulent empêcher l’Algérie d’avancer. Il ne leur est jamais venu à l’esprit qu’un jour un algérien puisse installer une usine de montage de véhicules en Algérie. Je ne vais pas citer des noms, mais il y a des gens qui tiennent le monopole de l’automobile en Algérie. Les citoyens n’achètent plus leurs véhicules, annulent leurs commandes », a-t-il déclaré, suggérant que les attaques viennent de concurrents étrangers installés en Algérie.
Selon lui, ces lobbies veulent continuer à « piller » le pays en empêchant les investisseurs algériens d’avancer. Ces affirmations sont graves : des étrangers qui tentent de déstabiliser une entreprise algérienne. La justice devrait ouvrir une enquête…
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