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Les états-unis! Une nation très mal en point

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  • Les états-unis! Une nation très mal en point

    Il est renversant de voir à quel point la situation de ce pays s’est détériorée depuis quelques décennies. Voici un bref aperçu de ce qui va mal – ou très mal.

    Cette société est devenue l’une des plus inégales au monde et les écarts continuent de s’accroître, en partie à cause d'un système politique dévoyé.* On dénombre plus de 1 million de familles sous le seuil de pauvreté « extrême » (celles qui vivent avec moins de 2 $ quotidiennement). Près de 50 millions de citoyens font la queue devant les banques alimentaires et 90 millions sont dans la pauvreté ou près d’y sombrer.

    Le racisme s’accentue, comme bien d’autres formes de ségrégation. D’immenses régions sont délabrées. Les Américains sont les plus grands consommateurs de drogues au monde et les décès par surdose chez les jeunes se sont multipliés par cinq depuis quinze ans.

    On trouve chaque année une ville américaine (présentement, Chicago) où il s’est commis plus d’homicides que dans l’ensemble du Canada.

    Le taux d’incarcération est sept fois plus élevé que dans l’Union européenne. C’est, avec le Portugal et Singapour, l’un des pays dont les citoyens se font le moins confiance.

    Le taux de mortalité infantile est égal à celui de pays comme la Slovénie ou la Lituanie. L’espérance de vie (79,3) place les États-Unis au 31e rang mondial (après le Costa Rica, la Grèce, Chypre et d’autres pays peu développés). Le pays vient au 37e rang pour la qualité des services, c’est pourtant celui qui dépense le plus en matière de santé (deux fois plus par personne que les Européens).

    Les États-Unis viennent au 20e rang parmi les pays du monde pour ce qui est du taux d’alphabétisation. La performance des étudiants américains (littératie et numératie) décline depuis plusieurs années. L’éducation postsecondaire est de moins en moins accessible. Les jeunes d’aujourd’hui seront moins instruits que leurs parents. La mobilité sociale est à la baisse. L’American Dream est compromis.

    PENTE INQUIÉTANTE

    L’économie est engagée sur une pente inquiétante. En 1970, la productivité (production par personne au travail) était de 42 % supérieure à la productivité européenne. En 2016, l’avantage américain était tombé à 25 %. Au chapitre de la croissance du PIB, au cours de la dernière décennie, les États-Unis ont peiné à se maintenir parmi les 10 premiers pays de l’OCDE. La dette publique est considérable et celle des ménages est tout près d’un sommet historique. Les infrastructures auraient besoin d’un immense investissement. Le pays est maintenant le plus grand paradis fiscal au monde. Le capital a atteint un niveau de concentration sans précédent. Le chômage a beaucoup diminué depuis la crise de 2008, mais c’est en partie grâce au retrait d’un très grand nombre de travailleurs pauvres de la population active. En plus, les nouveaux emplois sont en majorité précaires et de piètre qualité. Et la délocalisation se poursuit.

    Plusieurs jeunes se désintéressent des problèmes sociaux : 75 % d’entre eux ne votent pas aux élections de mi-mandat.

    Et le syndicalisme n’arrangera pas les choses. Depuis la présidence de Reagan, diverses lois ont été adoptées pour l’affaiblir. Le taux de syndicalisation est passé de 20 % en 1983 à 11 % en 2014 (contre 40 % au Québec). C’est un État délinquant. Parmi les pays développés, c’est le plus avare envers les pays défavorisés. Avec 5 % de la population mondiale, il produit 25 % du CO2 (16 tonnes par habitant annuellement, presque le double de l’Union européenne). C’est également le seul pays au monde à ne pas avoir ratifié la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Et il n’a toujours pas signé la Convention d’Ottawa (1997) contre les mines antipersonnel.

    Enfin, les clivages ethniques et raciaux, les inégalités sociales et l’extrême polarisation politique rallument la peur d’une fragmentation du pays.

    Trouvera-t-on ce portrait trop noir ? Mais je n’ai même pas évoqué Donald Trump…

    Plusieurs parlent de déclin, n’est-ce pas le sort de tous les empires ? Soyons prudents. Certes, les pathologies actuelles sont accablantes. Sauf que, trois ou quatre fois dans le passé (lors de la guerre de Sécession, notamment), ce pays est venu près de s’effondrer pour ensuite se relever. Le redressement viendra peut-être d’un autre face-à-face avec les abysses ? Mais pour l’instant, même le proverbial optimisme américain est en chute libre.

    Quoi qu’il en soit, l’avenir de cet empire sera lourd de conséquences pour le Québec. Voilà pourquoi il faut s’y intéresser. Et s’en inquiéter.

    La Presse plus ca
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