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Les Etats-Unis bouleversent le marché de l’or noir

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  • Les Etats-Unis bouleversent le marché de l’or noir

    Un cartel de l’OPEP affaibli et une concurrence accrue entre les producteurs de brut promettent des effets réjouissants sur le prix des carburants.

    Les Etats-Unis bouleversent le marché de l’or noir. «On estime que la production américaine de pétrole de schiste dépassera cette année le niveau atteint en 1970. La patrie d’Abraham Lincoln appartient maintenant au trio des plus grands producteurs de brut, aux côtés de l’Arabie saoudite et de la Russie. Avec les réductions de la production du royaume moyen-oriental et l’extension persistante de celle des Etats-Unis, ceux-ci pourraient supplanter l’Arabie saoudite déjà en 2017 dans son rôle de numéro 1 mondial», indique Susanne Toren, experte en matières premières de la Banque cantonale de Zürich (ZKB).

    Bref rappel technique. Pour le pétrole traditionnel, les hydrocarbures formés au niveau de la roche mère migrent vers une roche poreuse et perméable (appelée réservoir). Ils s’y accumulent et forment des gisements dont l’exploitation se fait par simple forage. La production de pétrole de schiste s’effectue par fracturation hydraulique (fracking). Autrement dit un mélange d’eau et de divers produits chimiques est utilisé pour briser la roche de schiste et en extraire le pétrole résiduel. Cette technique ne fait guère l’unanimité. Ses détracteurs lui reprochent de contaminer des nappes phréatiques et d’accroître la fréquence des séismes. En particulier dans le Texas et l’Oklahoma.

    Les impératifs économiques et la ligne politique du président Donald Trump étant ce qu’ils sont, les aspects écologiques ne sont toutefois guère pris en considération. D’autant moins que les firmes états-uniennes ont réussi d’énormes progrès technologiques dans la fracturation hydraulique, au cours des deux dernières années. Avant 2015, les coûts de production du baril de pétrole de schiste oscillaient souvent entre 70 et 80 dollars. Ils se situent entre 30 et 40 dollars aujourd’hui, selon Susanne Toren. L’agence d’information financière new-yorkaise Bloomberg évoque même des records de baisse jusqu’à 25 dollars dans quelques comtés du Texas.

    «Sur ce marché, devenu concurrentiel, ceux qui ont le plus et le plus vite abaissé leur seuil de rentabilité ne sont ni les Etats membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ni les majors internationales actives dans l’exploitation offshore et offshore profond. Ce sont les acteurs indépendants américains du pétrole de schiste. Du coup, après avoir chuté de 80% entre l’automne 2014 et le printemps 2016, le nombre d’appareils de forage a plus que doublé. C’est-à-dire déjà six mois avant les accords de diminution de la production adoptés par les membres de l’OPEP et la Russie», relève Frédéric Potelle, directeur de la Recherche à la Banque Bordier & Cie.

    Intérêts des consommateurs

    Dans ce contexte, les parts de marché des Etats-Unis augmentent (un peu plus de 10% actuellement). Cette tendance est favorisée par l’orientation actuelle des cours: après un baril à 27,10 dollars le 20 janvier 2016, il avoisine actuellement les 52 dollars et n’est pas passé en dessous de la barre des 50 dollars depuis décembre. En fait, les parts de marché de tous les pays non-membres de l’OPEP tendent globalement à s’accroître. Les spécialistes de la banque BNP Paribas estiment que l’agrégat «non-Opep» seul contribuera en moyenne déjà à près de 60% de la production mondiale cette année.

    L’influence de l’OPEP sur les prix du marché diminue donc de plus en plus. «Les livraisons de ses membres ont à peine dépassé 24 millions de barils/jour en mars, soit un quart de la consommation mondiale», observe Frédéric Potelle.

    Cette réalité retient évidemment l’attention de nombreux consommateurs: Si la puissance du cartel de l’OPEP s’atténue, la concurrence devrait s’accroître sur le marché de l’or noir. Cette évolution ne développera-t-elle pas des effets réjouissants sur les prix des carburants? «Certes! Un marché de moins en moins influencé par le cartel de l’OPEP deviendrait un marché plus concurrentiel. Le prix du pétrole continuerait donc à baisser à moyen terme», analyse Susanne Toren.

    BNP Paribas considère que l’OPEP se trouve confrontée à un véritable dilemme: «Prolonger la réduction de l’offre au-delà des six mois initialement prévus et, par là même, soutenir la production américaine par des cours du pétrole plus élevés ou bien cesser ses efforts de production plafonnée, au risque de se retrouver dans la même situation qu’entre 2014 et 2016. Au cours de cette période l’objectif de maintenir ses parts de marché primait sur celui de soutenir les cours.» (TDG)
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