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Jack Lang : "Le monde arabe n'est pas clos sur lui-même"

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  • Jack Lang : "Le monde arabe n'est pas clos sur lui-même"

    ENTRETIEN. Expositions, conférences, rencontres : l'IMA n'en finit plus d'être le cadre où on parle Afrique. Jack Lang, son président, explique.

    Tout Afrique, les enjeux d'une approche continentale », organisé ce 12 mars par l'Agence française de développement (AFP), inauguration en présence du président français François Hollande, et de nombreux chefs d'État africains de l'exposition prévue jusqu'au 30 juillet 2017 « Trésors de l'islam en Afrique, de Tombouctou à Zanzibar » en attendant d'autres manifestations à venir, l'Institut du monde arabe (IMA) intègre de plus en plus l'Afrique dans ses programmations. Reconduit le mois dernier pour un nouveau mandat de quatre ans à la tête de l'Institut du monde arabe, Jack Lang, ancien ministre français de la Culture, entre autres responsabilités de haut niveau, est le grand ordonnateur de cette approche. Il s'est confié au Point Afrique.

    Le Point Afrique : L'Afrique, c'est désormais tout un programme pour l'IMA ? Pourquoi ?

    Jack Lang : Le monde arabe n'est pas clos sur lui-même. Depuis mon arrivée à la tête de l'Institut, j'ai proposé que nous puissions élargir les relations de l'Institut avec d'autres civilisations et cela, du fait même de la présence du monde arabe et de l'islam sur de très nombreux continents, en Asie, en Amérique latine, en Afrique. D'une certaine manière, l'IMA a vocation à une forme d'universalité. Il est vrai que pour l'Afrique, la présence de l'islam est particulièrement originale, forte, ancienne. Elle remonte à plusieurs siècles et a pris des formes originales et singulières.

    Aussi, ce que nous avons voulu montrer à travers cette exposition-événement, c'est de quelle manière l'Afrique, de nombreux pays d'Afrique, se sont approprié l'islam, lui ont donné une couleur particulière, et de quelle façon aussi cet islam, lié à l'Afrique, a influé sur les arts, l'architecture, les traditions, sur l'ensemble des formes de cultures et d'art.

    Évidemment, dans tout cela, le Maroc occupe une place éminente dans la mesure où, par sa haute culture, son histoire, son raffinement, sa présence aussi dans de nombreux pays d'Afrique, il a tissé des liens très étroits, en particulier à travers la confrérie de la Tidjaniyya présente dans de très nombreux pays d'Afrique.

    Au-delà des échanges entre le monde arabe et l'Afrique, il convient de noter et de retenir beaucoup d'autres aspects…

    Ce qui est passionnant aujourd'hui, c'est que, par exemple, Sa Majesté le roi Mohammed VI a, avec clarté, conviction et enthousiasme, conçu une politique internationale très étroitement liée à l'Afrique. Le rôle qu'il a joué depuis de nombreuses années et spécialement dans ces dernières années, est très important sur tous les plans : humain, culturel, intellectuel.

    Plus que jamais, le Maroc, à la jonction entre la Méditerranée et l'Afrique, est un pays carrefour pour qui l'influence réciproque est très importante. Il se revendique lui-même comme un pays africain et de nombreux Subsahariens sont présents au Maroc. De même, sur le plan des expressions culturelles, il y a celle Gnaoua qui est forte et originale. Et elle n'est pas la seule.

    Donc, il y a ce phénomène d'aller-retour permanent entre la culture marocaine et la culture subsaharienne qui impressionne beaucoup. Et aujourd'hui, le Maroc est, de ce point de vue, un pays leader, un pays phare. Son retour au sein de l'Union africaine a marqué emblématiquement et symboliquement cette puissance intellectuelle justement réaffirmée.

    Dans un monde de plus en plus incertain, que peut apporter cette passerelle entre monde arabe et Afrique ?

    Je crois, précisément, un modèle de sagesse, d'intelligence culturelle et humaine. Un mode de vie fondé sur le respect, la tolérance ; une capacité aussi à entremêler les cultures et les différents peuples. Le Maroc lui-même est déjà un vrai creuset de culture. La Constitution marocaine l'exprime avec beaucoup de force en utilisant la très belle expression des « affluents », intellectuels et culturels, qui nourrissent le Maroc. En Afrique subsaharienne aussi, ce creuset est à l'œuvre entre d'autres formes de traditions, de cultures, et l'islam aussi est en lien avec d'autres cultures religieuses présentes en Afrique. Donc, dans une période où les violences, les fanatismes, les intolérances se multiplient, ce lien offre un idéal de société tourné vers l'être humain, vers le respect, vers la culture, vers le savoir. C'est important économiquement mais aussi spirituellement.

    le Point fr
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