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18 avril 1955, ouverture de la conférence de Bandung

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  • 18 avril 1955, ouverture de la conférence de Bandung

    Cela s’est passé un 18 avril 1955, ouverture de la conférence de Bandung

    «Nous sommes unis par la haine du colonialisme, sous quelque forme qu’il apparaisse ; nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune de préserver et de stabiliser la paix dans le monde.» Soukarno dans son discours d’ouverture de la conférence de Bandung.


    Du 18 au 24 avril 1955 se tient à Bandung en Indonésie la première conférence internationale réunissant les pays d’Asie et d’Afrique nouvellement issus de la décolonisation.
    29 pays qui viennent pour la plupart d’accéder à l’indépendance et qui comptent bien désormais peser dans la politique internationale. Des pays que l’économiste Alfred Sauvy, dans un article du Nouvel Observateur de 1952 venait de désigner sous le terme de Tiers Monde, en référence au Tiers Etat qui avait provoqué la Révolution française. « (…) car enfin, ce tiers monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut lui aussi, être quelque chose « .

    L’idée d’une grande conférence des mouvements d’indépendance est apparue pendant la seconde guerre mondiale, mais n’a pu véritablement se concrétiser qu’à partir du moment où des pays accédant à la liberté dans les années 50. Cinq pays asiatiques nouvellement indépendants vont être à l’origine de ce projet. En 1954, les dirigeants de l’Inde, de Ceylan (devenue Sri Lanka), de la Birmanie, de l’Indonésie et du Pakistan se réunissent à Colombo (Sri Lanka) puis Bogor (Indonésie) afin d’accélérer la fin de la guerre d’Indochine guerre d’Indochine en encourageant l’indépendance de celle-ci. L’idée commence à germer d’essayer de faire une union des pays du « tiers monde » pour faire front commun face à la colonisation et pour s’entraider économiquement.

    Le 18 avril 1955, vingt-trois pays d’Asie et six d’Afrique (les seuls à être indépendants à ce moment là, si on excepte l’Afrique du sud et la Rhodésie entre les mains des anciens colons blancs.) se rencontrent dans la ville Indonésienne de Bandung (écrit aussi Bandoeng) et appellent solennellement à une décolonisation générale de l’Afrique et à la création d’un espace d’entraide entre le pays en voie de développement.
    C’est l’occasion d’une grande conférence très médiatisée qui, pour la première fois, permet aux pays d’Asie et d’Afrique de s’affirmer dans le débat international.
    Parmi ces invités quatre d’entre eux se détachent comme figures charismatiques qui mènent les débats. Ahmed Soukarno, leader indonésien et puissance invitante. Il est clairement pro-occidental mais, après avoir obtenu l’indépendance face aux néerlandais il soutient les mouvements qui luttent contre la tutelle coloniale. Gamal Abdel Nasser pour l’Egypte, qui symbolise le nationalisme arabe, Jawarharlal Nehru qui a succédé à Gandhi en Inde et qui veut mettre en avant la nécessité d’une union et d’une lutte par des moyens pacifique. Enfin Zhou Enlai, premier ministre chinois fort du prestige et de la puissance numérique de la Chine populaire.

    Une charte en 10 point largement inspirée par Nehru est signée au bout d’une semaine de débats.
    « En vérité, toutes les Nations devraient avoir le droit de choisir librement leurs propres systèmes politique et économique et leur propre mode de vie, conformément aux principes et aux buts des Nations Unies.
    Libérées de la méfiance, de la crainte, faisant preuve de bonne volonté mutuelle, les Nations devraient pratiquer la tolérance, vivre en paix dans un esprit de bon voisinage et développer une coopération amicale sur la base des principes suivants :
    1) Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ;
    2) Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les Nations ;
    3) Reconnaissance de l’égalité de toutes les races et de l’égalité de toutes les Nations, petites et grandes ;
    4) Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ;
    5) Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ;
    6) Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu’elles soient ; refus par une puissance quelle qu’elle soit d’exercer une pression sur d’autres ;
    7) Abstention d’actes ou de menaces d’agression ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un pays ;
    8) Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant les tribunaux, conformément à la Charte des Nations Unies ;
    9) Encouragement des intérêts mutuels et coopération ;
    10) Respect de la justice et des obligations internationales. (…) »

    S’il fallait les résumer : c’est un pacte de non-agression entre les participants, en respectant les souverainetés de chacun. Au contraire on promeut le soutien et l’entraide notamment devant les Nations Unis qui peuvent permettre la garantie des droits de chacun. Il est aussi décidé de se rencontrer régulièrement pour pouvoir poursuivre cet élan initié à Bandung.
    Par contre, dès qu’il s’agit de trouver un accord sur une position commune entre l’URSS et les Etats-Unis, les choses sont plus difficiles : les pays communistes (Chine, Vietnam du Nord), les pro-occidentaux (Indonésie, Pakistan, Turquie) et ceux qu’on peut appeler les neutres (Inde, Égypte) qui ne veulent pas s’engager clairement dans un camp ou l’autre. Si elle n’apparaît pas encore clairement dans Bandung l’idée d’une troisième voie indépendante entre les deux blocs rivaux de la guerre froide fait son chemin.

    C’est l’année suivante que le concept de non-alignement est évoqué dans la conférence de Brioni, en 56 entre Nasser, Nehru et le président Yougoslave Tito. Il faudra attendre la conférence de Belgrade en 1961 pour que le terme apparaisse officiellement et que soit ce mouvement qui entend se placer comme une alternative entre les deux blocs puisse réellement prendre forme.

    Richard Tribouilloy
    Professeur d’histoire-géographie
    Babzman
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
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