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'Alam el Mithâl et la Connaissance Active

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  • 'Alam el Mithâl et la Connaissance Active

    Caligraphie du mot Houdour: présence au symbolisé
    Ibn ‘Arabi adopte le mot Barzakh qu’il prend dans le lexique coranique pour définir la frontière séparation entre le monde matériel, règne des cinq sens, et le monde spirituel : Coran 55, 19, "Il a fait confluer deux mers pour qu’elles se rencontrent, elles ne dépassent pas une frontière, barzakh, située entre elles." Il le définit ainsi : le barzakh est un entre-deux que les sens sont incapables de saisir, une limite qui sépare le connaissable de l’inconnaissable, le monde matériel du monde de l’esprit et du Mystère. Il est, dit-il, le lieu de la perception Imaginative, le lieu des rêves et visions.

    Il explique mieux en le comparant à la face lisse d’un miroir : "Ce que l’on voit en face de soi n’est ni le pur non-être car le regard atteint quelque chose, ni l’être existant pour la simple raison que l’on sait que derrière la face lisse du miroir se trouve le mur et non pas ce que l’on voit. Lorsque le visionnaire, à l’état de veille ou entre veille et sommeil, voit quelque chose, c’est une réalité du même ordre qu’il a en face de soi."

    Sohrawardi affirme : "Lorsque tu apprends dans les traités des anciens sages qu’il existe un monde pourvu de dimension et d’étendue, autre que le nôtre et celui du plérôme des intelligences, ne te hâte pas de crier au scandale. Ces cités mystiques parmi lesquelles le prophète a lui-même nommé Jabalqa et Jabarsa, existent bel et bien. Il arrive aux pèlerins de l’esprit de contempler ce monde; ils y trouvent tout ce qui est l’objet de leurs désirs sans effort ni déplacement.". Sohrawardi définit cette terre du ‘Âlam el mithâl, comme terre du symbole et des correspondances, le lieu des images en suspens. Henry Corbin, le traducteur de ses textes, lui donne comme nom l’expression latine "mundus imaginalis".

    Cette terre, affirment les théosophes musulmans, est celle où se manifestent les esprits et se spiritualisent les corps. Selon eux, la création s'articule en trois univers :
    1 : Le monde spirituel des pures intelligences, ‘Âlam el ‘aql; toute perception y est intellective uniquement.
    2 : Le monde des âmes est le domaine du suprasensible et de l'imagination active. Cette dernière est l'organe et la faculté de perception nécessaire à la Connaissance Active.
    3 : Le monde matériel de la perception sensible est celui de la matière. Les organes de connaissance y sont les cinq sens et l’intellect pratique qui les régit.

    Entre le domaine de l’esprit et celui de la perception sensible s’intercale en conséquence un monde intermédiaire : le monde de l’âme, ‘Âlam el mithâl. C’est un monde aussi réel que les deux précédents mais qui requiert une faculté qui lui est propre : la puissance Imaginative, organe de connaissance qui n’est pas l’imagination telle qu’on la définit aujourd’hui. Cette terre céleste a une fonction médiatrice entre le Dieu silencieux, caché, et l'homme; c'est en elle, dans son langage, que les Textes sacrés reçoivent leurs significations premières.

    La disparition de cette terre des visions, et avec elle les réalités célestes qu’elle renferme, consacre le tête à tête du dualisme : matière et esprit. Ce schéma fut celui adopté par Averroës l'adepte de la raison pure. Suivre ses pas aboutit à tuer dans l'oeuf toute tentative de ta'wîl. Les Textes saints et les songes n'ont plus alors à nous offrir que leur sens littéral.

    Sadra Shirâzi explique que "ce qui est vu dans le 'Alam el mithâl, lorsque nous nous assoupissons, est semblable à ce que voit l'âme du défunt :
    "L'Imagination ou Connaissance Active est une faculté indépendante de l’organisme physique. Elle subsiste, dit-il, après la mort, car l’âme continue de l’avoir à son service. Toutes les facultés de l’âme, deviennent comme si elles étaient une faculté unique. L’imagination devient elle-même une perception sensible du suprasensible, sa vue imaginative est elle-même comme sa vue sensible, de même son ouie, son odorat, son goût, son toucher.
    L'Imagination ainsi définie est une puissance cognitive, un organe de connaissance vrai du monde où elle s’exerce; là, le temps est réversible et l’espace est fonction du désir, car ils ne sont qu’un aspect externe d’un état intérieur. Ce que l’âme connaît, ce sont les formes qui lui sont présentes à elle-même, aussi on ne peut en parler que comme formes présentes à l’âme.".

    L’imagination active est donc également une présence au langage qu’exprime l’âme à son propre sujet lors du rêve. Le sens du message est la pierre d'achoppement.
    Ainsi, l’exemple des soucoupes volantes est approprié pour s’en donner une idée. Le mystique affirmera avoir eu la vision de la configuration de son âme dans sa composition intellective et cognitive. Les témoins autres, nous conteront une aventure extraordinaire d’extra-terrestres. Le premier méditera sa vision et en tirera des conclusions utiles à son avancement dans la connaissance de soi-même; le ou les seconds finiront par se convaincre à défaut de convaincre les autres, d’avoir été témoins du débarquement sur notre terre de visiteurs provenant d’autres planètes habitées.

    Il n'est pas rare qu'une vision se présente à l’imagination active de l’ensemble ou d’une partie des présents. Le prophète, après qu’un inconnu qui s’était joint à lui et à ses compagnons assis dans la mosquée soit parti, a demandé aux présents :
    - Connaissez-vous cet homme qui vient de nous quitter ?
    - Non, Envoyé de Dieu, répondirent-ils, il n’est pas d’ici et ses vêtements propres ne sont pas ceux d’un voyageur.
    - Vous avez raison, leur dit le prophète, il ne voyage pas comme vous et moi, cet homme est l’Ange Gabriel venu vous instruire de votre religion.
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