Annonce

Réduire
Aucune annonce.

À Alger, les autorités tentent de dissuader les bénévoles de nourrir les SDF

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • À Alger, les autorités tentent de dissuader les bénévoles de nourrir les SDF

    Photo prise à Annaba le 16 août 2011. Selon la DASS, le nombre de SDF, très fluctuant, est difficile à évaluer.



    À l’entrée de l’hôpital Mustapha d’Alger, il gît là depuis trois semaines. « L’état de ce SDF s’est vraiment dégradé ces derniers jours », explique un gardien du centre hospitalier. Il semble en effet extrêmement diminué, au point que certains passants s’inquiètent de son état de santé.

    Vingt jours donc qu’ambulances, médecins, étudiants, personnel hospitalier, simples citoyens passent et repassent devant lui, sans qu’aucun d’entre eux n’ait réagi. Se serait-on à ce point habitué à la misère à Alger ? Le personnel médical fournit une autre explication : le malheureux se trouve du mauvais côté de la barrière. Impossible d’engager une prise en charge pour un SDF situé à l’extérieur de l’établissement. Le serment d’Hippocrate s’arrête aux portes de l’hôpital.

    Ils sont nombreux à Alger à dormir dans la rue. Leur nombre, très fluctuant, est difficile à évaluer, assure la Direction des Affaires ociales et de la solidarité (DASS). Toutefois, quiconque connait la ville sait que le phénomène est en augmentation constante et de plus en plus visible.

    L’indifférence à l’égard des sans-abris, c’est en tout cas ce que dénonce Kader, l’un des responsables du collectif Le cœur sur la main. Ce dernier distribue des repas aux SDF depuis six ans dans la capitale, à raison d’une à deux sorties par semaine. Ici, on a à cœur de servir des repas de qualité et de veiller à l’hygiène alimentaire. Aussi, pour ce faire, le collectif fait appel à un traiteur. Kader s’insurge : « Nous avons abandonné cette frange de la société. Aujourd’hui, le phénomène est banalisé. On ne se demande plus pourquoi il y a des SDF. »

    Concernant le Samu social, Kader est catégorique : « Ce service se résume à un organisme de ramassage. Car, ajoute-il, c’est bien le terme « ramassage » que le Samu social emploie. Serait-ce donc des ordures ? Le Samu social les met dans des centres, mais il n’y a aucun suivi ou accompagnement. Et leur disponibilité est très relative : il m’est arrivé de chercher à les joindre, en vain, de 23h à 3h du matin, pour un SDF en situation d’urgence ».

    Pour lui, la solution ne peut venir que des pouvoirs publics. Il met en cause les politiques actuelles de logement qui encouragent l’accès à la propriété. « Cela a eu pour conséquences des loyers indécents pratiqués par les nouveaux propriétaires, qui laissent ainsi à la marge du parc locatif une frange entière des habitants de la capitale. »

    Sur Alger, on compte une quinzaine de groupes de bénévoles, qui, comme l’association Le cœur sur la main, sont investis dans l’aide aux sans-abris. La plupart d’entre eux organisent leurs sorties hebdomadaires via Facebook.

    Amir est membre d’un de ces collectifs. Lui et trois de ses amis font des sorties nocturnes dans le centre-ville d’Alger depuis un an et distribuent 140 repas hebdomadaires. Pour eux aussi, la récolte des denrées ne repose que sur des dons privés. Amir se montre très critique à l’égard du Croissant-Rouge Algérien : « Il faut qu’ils soient plus transparents concernant les dons qu’ils récoltent ! J’ai eu l’opportunité de visiter, il y a trois ans, un de leurs dépôts, à Diar Saada. J’ai eu envie de pleurer. J’ai vu des denrées alimentaires pourries, des centaines de chaises roulantes rouillées. C’est révoltant ».

    Amir partage le même constat que le collectif Le cœur sur la main : le nombre de SDF ne cesse de s’accroître. Il observe également une nette augmentation du nombre de femmes sans-abris, et dans le même temps, « les pouvoirs publics n’ont engagé aucun plan de lutte contre l’extrême pauvreté. Pire : les SDF ont peur du Samu social. Ils se cachent pour échapper à ses équipes mobiles ».

    Amir dresse ensuite un tableau cauchemardesque des foyers d’accueil : hygiène déplorable, mauvaise organisation, pas ou peu de suivi psychologique. Il dénonce également la politique actuelle de la wilaya et du Croissant-Rouge, qui auraient demandé aux associations de ne plus nourrir les SDF. « Ils pensent que cela entretient leur situation de dépendance, les maintient sur place. »

    Effectivement, la directrice de la DASS de la wilaya d’Alger ne s’en cache pas : « Les SDF donnent une mauvaise image de la capitale, tandis que nous y recevons des délégations étrangères. Les associations qui les nourrissent les encouragent à rester dans la rue. La plupart des SDF étant originaires d’autres wilayas, il n’y a aucune raison pour que celle d’Alger les assume tous. D’ailleurs, les structures de prise en charge ne manquent pas à l’intérieur du pays ». Le Samu social, pourtant, ne couvre pas toutes les wilayas du pays.

    La solution avancée par la directrice à cette « mauvaise image de la capitale » ? « Actuellement, nous travaillons sur un programme de regroupement des familles ». La DASS engage donc une médiation entre les sans-abris et leurs familles respectives, pour un retour au foyer. L’initiative aurait permis la réintégration de 142 personnes auprès des leurs.

    Quant aux foyers d’accueil gérés par le ministère de la Solidarité, elle les décrit comme des structures « qui s’approchent des établissements quatre étoiles ! Ils sont dotés d’un budget conséquent, leur permettant d’assurer la présence d’un personnel médical, d’éducateurs, de psychologues. D’autre part, les SDF ont tous accès à une salle de bain, un lit et des couvertures ».

    À ce stade-là, le décalage entre le discours de la DASS et celui des responsables du mouvement associatif rencontrés au sujet des foyers d’accueil tient du grand écart, voire de la contorsion. Et l’acrobatie se répète lorsque l’on tente de définir le statut de SDF.

    En effet, la directrice de la DASS explique que les sans-abris d’Alger qui ont un foyer en dehors de la wilaya ne sont pas considérés comme SDF par ses services, quand bien même ces derniers seraient en situation de rupture familiale. Au final, la DASS comptabilise 8% d’individus réellement « sans toit » parmi ceux qui dorment dehors.

    De sortie avec Amir et ses amis pour une distribution de nourriture, nous échangeons avec plusieurs SDF. Tous sont formels : aucun ne souhaite retourner dans les centres d’accueil. Zohra, qui a vécu cinq ans dans le foyer de Dely Brahim, évoque des cas de maltraitance ou d’agressions à l’égard des pensionnaires. Elle raconte aussi les conditions d’hygiène déplorables et la promiscuité qui y règne, notamment avec la présence de malades mentaux, dont la prise en charge relève des centres psychiatriques. « L’accueil y est catastrophique ». Par contre, ajoute-t-elle, « quand une personnalité est de visite, tout marche à la perfection ! ». Des propos confirmés par un ancien salarié du Samu social qui souhaite garder l’anonymat : « J’ai quitté mon poste pour cette raison. Je n’ai pas connaissance de cas d’agressions.

    Par contre, concernant les conditions d’accueil que les sans-abris ont décrits, les centres se sont effectivement beaucoup dégradés ces dernières années ».

    Thilelli Chouikrat
    TSA
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    es SDF donnent une mauvaise image de la capitale, tandis que nous y recevons des délégations étrangères. Les associations qui les nourrissent les encouragent à rester dans la rue. La plupart des SDF étant originaires d’autres wilayas, il n’y a aucune raison pour que celle d’Alger les assume tous. D’ailleurs, les structures de prise en charge ne manquent pas à l’intérieur du pays ». Le Samu social, pourtant, ne couvre pas toutes les wilayas du pays
    J'avais vu un documentaire il n'y a pas longtemps qui parlait des SDFs en France et en Europe.

    Comme partout dans les grandes villes du monde, beaucoup de SDFs ne veulent pour rien au monde quitter les lieux où ils s'installent. Les organismes sociaux ont beau les forcer à les installer dans des locaux propres avec toutes la prise en charge associée (hygiène, suivi social, médical, psychologique ...etc).

    Rien n'y fait: ils reviennent bredouille à l'endroit où ils étaient.

    Ils se bagarraient même entre-eux pour leurs territoires.


    C'est comme si, ils se sont définis leur propre chez-soi (mais dehors), leurs répères, leurs clientèles, leurs voisins de quartier...etc

    Pas du tout évident aux autorités locales (communes et associations) de gérer ces hommes et femmes, en marge de la société et ayant souvent un lourd vécu social.

    Un vrai dilemme ! :22:
    Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

    Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

    Commentaire


    • #3
      J'avais vu un documentaire il n'y a pas longtemps qui parlait des SDFs en France et en Europe.
      Études, emploi... cette enquête démonte les idées reçues sur les SDF

      SOCIÉTÉ - Des résultats qui peuvent surprendre. "Le diplôme ne protège pas systématiquement de la précarité", souligne une étude de l'Insee parue mercredi 28 septembre. L'institut note ainsi que parmi les plus de 140.000 sans-abri qui vivaient en France en 2012, une part non négligeable a fait des études supérieures,

      L'Insee et l'Ined ont réalisé une enquête sur la population sans domicile en 2012. Des chercheurs se sont intéressés aux adultes sans-abri francophones. Parmi eux, 14% ont fait des études supérieures et 10% en sont sortis diplômés. S'ils constituent une minorité, "les diplômés du supérieur sans domicile existent et leur nombre est loin d'être négligeable", relèvent les auteurs de l'article, Philippe Cordazzo et Nicolas Sembel.
      SOCIÉTÉ - Des résultats qui peuvent surprendre. "Le diplôme ne protège pas systématiquement de la précarité", souligne une étude de l'Insee parue mercredi 28 septembre. L'institut note ainsi que parmi les plus de 140.000 sans-abri qui vivaient en France en 2012, une part non négligeable a fait des études supérieures,

      L'Insee et l'Ined ont réalisé une enquête sur la population sans domicile en 2012. Des chercheurs se sont intéressés aux adultes sans-abri francophones. Parmi eux, 14% ont fait des études supérieures et 10% en sont sortis diplômés. S'ils constituent une minorité, "les diplômés du supérieur sans domicile existent et leur nombre est loin d'être négligeable", relèvent les auteurs de l'article, Philippe Cordazzo et Nicolas Sembel.

      "Une expérience plus tardive de la sans-domiciliation"

      S'ils connaissent des situations comparables aux sans-abri non diplômés, les diplômés du supérieur se distinguent sur certains points. Ils ont "un rapport à l'emploi un peu plus dynamique, un état de santé jugé (par eux) plus souvent comme 'très bon', une expérience plus tardive de la sans-domiciliation, et un soutien plus actif de leur réseau de sociabilité (amis, proches, voisins, famille)".

      Deux profils se distinguent. D'un côté, des diplômés de l'enseignement supérieur français, "plus souvent des hommes, plus âgés, plus seuls, un peu plus souvent issus de classes sociales défavorisées, un peu moins parisiens".

      De l'autre côté, des diplômés de l'enseignement supérieur étranger "plus souvent femmes, âgées entre 30 et 49 ans, voire moins de 30 ans, avec enfant (s) (le plus souvent en couple mais aussi seules), un peu plus souvent issues de classes moyennes".

      "Leur sans-domiciliation est révélatrice d'une trajectoire de déclassement de diplômés nés à l'étranger et dont les conditions de vie suite à leur arrivée en France ont conduit à la pauvreté, faute de valorisation de leur diplôme, d'obtention d'un diplôme français ou d'une équivalence et, souvent, (à cause) de discrimination", notent les auteurs.

      Ils estiment que près de 15% des sans-abri ayant fait des études supérieures ont connu une première situation de sans-domiciliation au cours de leurs études.

      1/4 des moins de 65 ans travaillent

      D'après l'étude de l'Insee, 143.000 personnes étaient sans domicile en France en 2012, soit une augmentation de plus de 50% en onze ans. Entre 2001, date de l'étude précédente, et 2012, les SDF nés à l'étranger, venant pour beaucoup des anciennes colonies françaises, sont nettement plus nombreux.

      Les SDF dans leur ensemble étaient âgés de 39 ans en moyenne, un sur dix ayant 60 ans et plus.

      Dans les agglomérations de 20.000 habitants ou plus, vivaient 82.000 adultes sans domicile, accompagnés de plus de 30.000 enfants. En onze ans, le nombre de sans-abri dans ces villes a progressé de 58%, et la progression du nombre d'enfants a été plus rapide que celle du nombre d'adultes (respectivement 85% et 49%).

      Un quart des SDF de moins de 65 ans travaillent. Un sur deux se dit chômeur, et un sur dix n'est pas autorisé à travailler (demandeur d'asile ou en congé maladie de plus de trois mois). Le revenu de solidarité active (RSA) est la ressource la plus souvent perçue.

      Des chercheurs ont aussi constaté que 23% des utilisateurs de services d'aide (hébergement temporaire et restauration gratuite) nés en France ont été placés en famille d'accueil ou en foyer dans leur enfance, alors qu'en France, la proportion de personnes placées durant leur enfance n'est que de 2 à 3%.

      Parmi les utilisateurs des services d'aide, ceux qui ont connu le placement sont 36% à déclarer un état de santé mauvais ou très mauvais, soit deux fois plus que ceux qui n'ont pas connu cette situation, et ce mauvais état de santé remonte plus fréquemment à l'enfance que pour les autres.
      Huffington

      Commentaire


      • #4
        Si on veut éviter que les SDF et les campagnards de tout le pays migrent à Alger et dans les grandes villes du Nord, il suffit tout simplement de développer le sud en créant des emplois et en lançant des grand projets et pourquoi pas de nouvelle villes.

        Et surtout s'attaquer à la décentralisation et rendre le pouvoir économique et politiques aux régions.
        Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

        Commentaire


        • #5
          Si on veut éviter que les SDF et les campagnards de tout le pays migrent à Alger et dans les grandes villes du Nord, il suffit tout simplement de développer le sud en créant des emplois et en lançant des grand projets et pourquoi pas de nouvelle villes.

          Et surtout s'attaquer à la décentralisation et rendre le pouvoir économique et politiques aux régions.
          La solution n'est pas aussi simple si on en juge par la présence des S.D.F. dans de grandes métropoles occidentales.

          Je me suis parfois demandé pourquoi des personnes sans domicile fixe passaient l'Hiver dans les grandes villes froides alors que le climat de certaines grandes villes du sud était susceptible de minimiser les risques de décès à cause du froid. Je pense que la réponse est complexe et qu'il faut plancher du côté de la littérature sociologique pour trouver un début de réponse.
          Dernière modification par Dandy, 24 avril 2017, 08h36.

          Commentaire


          • #6
            https://www.youtube.com/watch?v=



            https://www.youtube.com/watch?v=

            Commentaire


            • #7
              pam, surprenant de ta part!!

              Tu en parles comme s' ils étaient des"untermensh"!!
              oeilfermé

              Commentaire


              • #8
                Je pense que bon nombre (pas tous) de sdf ont besoin d'un suivi médical psychiatrique car bon nombre sont déficients mais ça ne se voit pas de visu , il faut vivre avec eux pour les découvrir , en effet, la majorité de ces sdf ne résonnent plus ou difficilement sinon pourquoi ils admettent la rue , le froid, la chaleur, la pluie , le vent bref, tous les aléas du temps , par conséquent il faut que l'état les soigne d'abord pour qu'ensuite les mettre dans des maisons d'accueil
                Dernière modification par ACAPULCO, 24 avril 2017, 23h13.
                Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
                (Paul Eluard)

                Commentaire


                • #9
                  SOCIÉTÉ - Des résultats qui peuvent surprendre. "Le diplôme ne protège pas systématiquement de la précarité".
                  ........L'institut note ainsi que parmi les plus de 140.000 sans-abri qui vivaient en France en 2012, une part non négligeable a fait des études supérieures,
                  Ils ont fait des études certes, mais ils n'étaient pas préparé à affronter la vie...

                  Commentaire


                  • #10
                    DOUBLON désolé
                    Dernière modification par KHORE, 04 mai 2017, 21h21.

                    Commentaire


                    • #11
                      Dans les pays occidentaux, n importe qui peut devenir SDF du jour au lendemain. Nos pays sont sur le même chemin, les problèmes familiaux, les loyers de plus en plus hauts, le manque de politique sociale de nos gouvernements etc feront que le mouvement ira crescendo.

                      Commentaire

                      Chargement...
                      X