C’est la dernière semaine avant le scrutin du 4 mai, organisé autour d’un thème qui peut sembler bruyant au départ : «Semma3 soutek». Slogan très bien choisi, car il ne s’agit pas d’écouter ce que les Algériens disent, mais simplement pour eux d’émettre un son, qui ne sera pas forcément pris en compte. S’exprimer, dans un cadre précis, c’est-à-dire choisir quelques dizaines d’élus parmi une profusion d’affiches vantant tout et n’importe quoi, la justice, le paradis, les bananes gratuites pour les familles nombreuses ou, comme l’a prophétisé le ministre de l’Industrie, pour pouvoir «bientôt acheter des jeans algériens à Paris».
Pourquoi à Paris ? Probablement parce qu’il y est résident entre deux inaugurations d’une usine de sucre ou de trottinettes ici. Sauf qu’au moment où l’expression est exigée des citoyens sur cette dernière ligne droite qui sépare l’électeur de la tranquille reconduction des forces en présence, tombe le classement de l’Algérie sur l’échelle de la liberté de la presse. Sans surprise, elle chute lourdement à la 134e place mondiale, perdant 15 places ces deux dernières années.
On ne sait pas qui féliciter pour cet excellent résultat, la DGSN, Tartag, la Justice, le Président ou Hamid Grine, qui a beaucoup travaillé en ce sens. On oubliera demain ce classement, mais pas ce paradoxe : comment s’exprimer quand la liberté d’expression est menacée par ceux-là mêmes qui demandent à chacun de s’exprimer ? On en revient au cahier des charges, cadré comme une usine de montage de véhicules, s’exprimer mais pour choisir la couleur de la voiture et la garniture des sièges, pas pour se mêler du moteur.
D’ailleurs, suivant les consignes de la centrale, l’imam de la Grande Mosquée d’Alger vient de s’exprimer et a été clair : «Si vous ne votez pas, notre pays sera envahi.» Par qui ? Macron, Trump ou le diable en personne ? L’imam ne l’a pas détaillé mais lui au moins a compris le slogan officiel, samma3 soutek. En plus, il a des haut-parleurs à sa disposition.
Chawki Amari
El Watan
27/04/2017
Pourquoi à Paris ? Probablement parce qu’il y est résident entre deux inaugurations d’une usine de sucre ou de trottinettes ici. Sauf qu’au moment où l’expression est exigée des citoyens sur cette dernière ligne droite qui sépare l’électeur de la tranquille reconduction des forces en présence, tombe le classement de l’Algérie sur l’échelle de la liberté de la presse. Sans surprise, elle chute lourdement à la 134e place mondiale, perdant 15 places ces deux dernières années.
On ne sait pas qui féliciter pour cet excellent résultat, la DGSN, Tartag, la Justice, le Président ou Hamid Grine, qui a beaucoup travaillé en ce sens. On oubliera demain ce classement, mais pas ce paradoxe : comment s’exprimer quand la liberté d’expression est menacée par ceux-là mêmes qui demandent à chacun de s’exprimer ? On en revient au cahier des charges, cadré comme une usine de montage de véhicules, s’exprimer mais pour choisir la couleur de la voiture et la garniture des sièges, pas pour se mêler du moteur.
D’ailleurs, suivant les consignes de la centrale, l’imam de la Grande Mosquée d’Alger vient de s’exprimer et a été clair : «Si vous ne votez pas, notre pays sera envahi.» Par qui ? Macron, Trump ou le diable en personne ? L’imam ne l’a pas détaillé mais lui au moins a compris le slogan officiel, samma3 soutek. En plus, il a des haut-parleurs à sa disposition.
Chawki Amari
El Watan
27/04/2017
Commentaire