Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Algérie, la stabilité à tout prix

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Algérie, la stabilité à tout prix

    Algérie, la stabilité à tout prix




    Richard Latendresse

    Dimanche, 30 avril 2017 05:00 MISE à JOUR Dimanche, 30 avril 2017 05:00





    Les Algériens vont tenir des élections législatives jeudi prochain. Avec l’agitation observée dans plusieurs pays musulmans et ce vent de populisme qui souffle (ou tente de le faire, tout au moins) sur de nombreuses démocraties, il serait normal de suivre de près ce qui s’annonce dans le plus grand pays d’Afrique. Pourtant, la population algérienne elle-même n’est pas vraiment dans le coup.

    L’Algérie attire légitimement notre attention, si ce n’est qu’à cause des 100 000 Québécois qui puisent leurs racines là-bas. Le pays, au-delà de nos compatriotes, fascine et inquiète à la fois. Avec près de 40 millions d’habitants, la population a quadruplé depuis l’indépendance en 1962. Donnant sur la mer Méditerranée, l’ancienne colonie française sépare notamment le Mali et la Libye, deux pôles de terrorisme dans le nord de l’Afrique.

    Si on parle peu des élections au Parlement d’Alger, c’est que ce n’est pas là que se trouve le pouvoir. L’autorité est concentrée dans la présidence, mais il y a de quoi être anxieux: le président est moribond. Abdelaziz Bouteflika, après avoir été ministre des Affaires étrangères pendant plus de 15 ans, est maintenant président depuis 18 ans, tout en assumant le poste de ministre de la Défense depuis 2003. Ça, c’est s’accrocher au pouvoir.

    PRÉPARER LA SUITE, SANS LE DIRE

    À 80 ans, on ne voit et on n’entend plus le président Bouteflika. Les rumeurs sur sa mort réapparaissent constamment, bien que d’évoquer sa succession soit un tabou de la vie politique algérienne. On n’écarte pas, comme si de rien n’était, un héros de l’indépendance. Sa disparition va toutefois provoquer un vide dans lequel risquent de s’engouffrer toutes les forces du pays, les bonnes comme les mauvaises.

    Les contre-exemples de la Libye voisine après la chute de Mouammar Kadhafi, de l’Égypte après celle d’Hosni Moubarak ou de la Syrie où se cramponne Bachar al-Assad n’inspirent rien de bon. À cela, il faut ajouter le traumatisme de la terrible guerre civile qui a ravagé le pays pendant les années 1990 et dont on ne s’est pas encore pleinement remis.

    L’Algérie, un peu avant tout le monde, a pu voir le tort que les islamistes peuvent causer. L’annulation en 1991 de la victoire du Front islamique du Salut aux élections législatives par le gouvernement qui craignait l’instauration d’une république islamique a poussé les militants les plus extrémistes vers la violence. Dix ans et 150 000 morts plus tard, l’armée algérienne est parvenue à rétablir un semblant de paix que l’immense majorité de la population tient à préserver.

    UNE ÉCONOMIE QUI STAGNE

    Si la vie politique semble figée, l’activité économique, elle, fait du surplace depuis 2014. Cette année-là, les Saoudiens ont décidé d’étouffer la concurrence, en réduisant unilatéralement le prix du baril de pétrole. Conséquence pour l’État algérien — dont 98 % des exportations et 60 % des recettes fiscales sont liées aux hydrocarbures —, une chute dramatique des revenus.

    L’État-providence, qui a longtemps acheté la paix sociale, pourrait vite se retrouver à court de moyens pour calmer une jeunesse nerveuse et échauffée par une corruption endémique. La dernière chose que souhaitent les pays occidentaux, c’est de voir cette puissance régionale affaiblie davantage encore par l’instabilité, alors que l’État islamique continue de menacer le secteur.

    Les élections législatives de jeudi prochain ont beau ne pas passionner les Algériens, le pays — avec un président qui ne peut plus vraiment présider — entre à tâtons dans une période d’incertitude. Avec ce que l’on vit ailleurs au Maghreb et au Moyen-Orient, l’Algérie ne peut pas nous laisser indifférents.

    L’ALGÉRIE, PUISSANCE RÉGIONALE

    Population :
    • 40,4 millions d’habitants
    • 99 % Arabes berbères
    • 96 % Musulmans sunnites


    Moins de 24 ans :

    • 45 %


    Espérance de vie :

    • 77,2 ans


    Superficie :

    • 2 381 741 km², 35 % plus grand que le Québec, mais... 85 % du territoire est un désert
    • 56 % de la population vit sur 3 % du territoire


    UNE PRÉSIDENCE QUI N’EN FINIT PLUS






    Abdelaziz Bouteflika :

    • 80 ans
    • À l’indépendance en 1962, il est nommé ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme; il a 25 ans
    • Ministre des Affaires étrangères, 1963-1979
    • Fuyant des accusations de corruption, il s’exile de 1981 à 1987
    • Élu président en 1999
    • Réélu en 2004
    • Puis en 2009 avec 90,24 % des voix, et en 2014 avec 81,53 % du vote
    • On le décrit aujourd’hui comme « incapable de gouverner plus de quelques heures par jour, quasiment infirme et muet ».



    journal de Montréal
Chargement...
X