Kamal Aref 30 avril 2017Libération
Au Caire on trouve encore de vieux livres. La France dans l’Europe de Hitler en est un. L’historien Eberhard Jäckel y résumait ainsi les ambitions du Führer : «À l’avenir la France jouera en Europe le rôle d’une «Suisse agrandie» et deviendra un pays de tourisme, pouvant éventuellement assurer certaines productions dans le domaine de la mode.»
Dominée, la France devait être privée de son accès direct au monde, de son rayonnement, de sa puissance économique, industrielle, culturelle, politique et militaire ; elle pourrait tout au plus s’enorgueillir d’une petite industrie locale, de bons vins, de parfums raffinés et de beaux musées.
Quand on répond à Marine Le Pen qu’un retour au franc, une fermeture des frontières ou même un référendum sur l’Europe rendraient la France faible, plus endettée et rejetée par les industries créatrices d’emplois, elle répond que la France se porterait aussi bien que la Suisse qui, elle, contrôle ses frontières et n’a jamais abandonné sa monnaie nationale.
Écartons toute accusation inutile : en mentionnant la Suisse, Marine Le Pen ne cite pas Adolf Hitler. Ajoutons que le projet d’Hitler était de soumettre la France, tandis que celui de Marine Le Pen est de la rendre, dit elle, «souveraine». Le résultat serait pourtant le même, celui d’une France mise à l’index de l’Europe et des grandes puissances, repoussante pour les investisseurs, «interdite bancaire» et taxée encore davantage.
Si l’on pense enfin que Marine Le Pen «tient tête» à Angela Merkel qui «domine l’Europe» et dont la France ne serait plus qu’une «province»… a-t-on jamais vu un lion s’emmurer dans son territoire pour dire qu’il était le plus fort ? Marine Le Pen a choisi de se replier.
Ceux qui voteront pour elle ou qui s’abstiendront — ce qui pourrait revenir au même — sont-ils prévenus que le modèle de protection sociale très coûteux, et auxquels les Français sont profondément attachés, suppose que la France ait les moyens de se le payer ?
Au Caire on trouve encore de vieux livres. La France dans l’Europe de Hitler en est un. L’historien Eberhard Jäckel y résumait ainsi les ambitions du Führer : «À l’avenir la France jouera en Europe le rôle d’une «Suisse agrandie» et deviendra un pays de tourisme, pouvant éventuellement assurer certaines productions dans le domaine de la mode.»
Dominée, la France devait être privée de son accès direct au monde, de son rayonnement, de sa puissance économique, industrielle, culturelle, politique et militaire ; elle pourrait tout au plus s’enorgueillir d’une petite industrie locale, de bons vins, de parfums raffinés et de beaux musées.
Quand on répond à Marine Le Pen qu’un retour au franc, une fermeture des frontières ou même un référendum sur l’Europe rendraient la France faible, plus endettée et rejetée par les industries créatrices d’emplois, elle répond que la France se porterait aussi bien que la Suisse qui, elle, contrôle ses frontières et n’a jamais abandonné sa monnaie nationale.
Écartons toute accusation inutile : en mentionnant la Suisse, Marine Le Pen ne cite pas Adolf Hitler. Ajoutons que le projet d’Hitler était de soumettre la France, tandis que celui de Marine Le Pen est de la rendre, dit elle, «souveraine». Le résultat serait pourtant le même, celui d’une France mise à l’index de l’Europe et des grandes puissances, repoussante pour les investisseurs, «interdite bancaire» et taxée encore davantage.
Si l’on pense enfin que Marine Le Pen «tient tête» à Angela Merkel qui «domine l’Europe» et dont la France ne serait plus qu’une «province»… a-t-on jamais vu un lion s’emmurer dans son territoire pour dire qu’il était le plus fort ? Marine Le Pen a choisi de se replier.
Ceux qui voteront pour elle ou qui s’abstiendront — ce qui pourrait revenir au même — sont-ils prévenus que le modèle de protection sociale très coûteux, et auxquels les Français sont profondément attachés, suppose que la France ait les moyens de se le payer ?
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