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Les Migrations selon Saint Macron

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  • Les Migrations selon Saint Macron

    Emmanuel Macron, très prolixe sur l’économie, semble soucieux d’éviter des sujets qui fâchent comme l’immigration ou l’expatriation pour ménager les divers composantes de son électorat potentiel, au risque d’être taxé d’angélisme. Ces sujets sont pourtant un problème majeur pour une opinion publique déboussolée qui n’en peut plus d’attendre des réponses. Raison de plus pour tenter de rappeler à quels enjeux est confrontée la France de demain.

    Pour actualiser nos travaux sur les migrations, nous avons interrogé [dans l’ouvrage « Les Véritables enjeux des migrations », éditions du Rocher, NDLR] les candidats et partis concourant à la présidentielle ainsi que des associations de défense des migrants et d’autres qui militent contre leur installation.

    Il nous paraissait important, de clarifier leurs positions et leurs solutions face à l’orientation actuelle des flux migratoires, pour que les citoyens votent en connaissance de cause. Un seul manquait à l’appel : Emmanuel Macron qui n’avait pas fait connaître son programme. C’est chose faite depuis le 2 mars.

    Des déclarations provocatrices

    Trois déclarations-chocs avaient balisé son parcours. La première, du 10 janvier 2017 vantait la politique d’Angela Merkel en faveur des migrants. « Je veux saluer ce qu’a fait la chancelière. C’est une fierté et une force pour l’Europe ». Une position approuvée par la majorité de la presse allemande et par Daniel Cohn-Bendit. La seconde, lors de sa visite en Algérie les 13 et 14 février, qualifiait la colonisation française de « crime contre l’Humanité » et de « vraie barbarie ». Enfin, il avait proclamé à Lyon le 6 février : « Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse. »

    Le tollé provoqué a entraîné sa chute momentanée dans les sondages. Les commentateurs ont noté que face à l’émoi provoqué par l’afflux de migrants et à l’impact des agressions sexuelles dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2015, une partie de l’opinion publique allemande s’est détournée des positions d’une chancelière qui elle–même a dû les infléchir.

    Marine le Pen a dénoncé le projet d’ « autoroute migratoire Alger-Paris » négociée en privé avec le président Bouteflika qui récuse tout apport positif de la France dans la construction de l’Algérie actuelle.

    Yves Jégo a stigmatisé le reniement de la culture française, notre « bien commun qui relève de l’esprit de la République » et considéré que « la formule de l’ancien banquier d’affaires est l’idée de base du communautarisme » selon laquelle « notre pays doit s’arranger de ces diversités qui ne partagent plus rien ».

    Dans une video publiée sur son site, le candidat à la présidentielle, s’est lancé pour sa défense dans un exercice d’équilibrisme en affirmant que « des dizaines de milliers d’instituteurs, de médecins et de fermiers ont beaucoup donné à l’Algérie », que les pieds-noirs ont été victimes de « la politique algérienne de la France » et les harkis de « la trahison de l’État français ».

    Refusant d’ « instrumentaliser notre Histoire », il a exonéré les Algériens et leur État de toute responsabilité dans ces massacres. Sans « confondre les terroristes avec les demandeurs d’asile et les réfugiés », il a assuré que ses projets sont tournés vers l’avenir, et rêve à un Office franco-algérien de la jeunesse qui en finirait avec « les querelles fratricides ».

    Cette réconciliation faciliterait « la mobilité entre les deux rives de la Méditerranée» et mettrait en valeur les richesses de l’Algérie, « le plus grand potentiel au monde » d’énergie solaire.

    Des mesures concrètes minimalistes

    Pour mettre en œuvre cette politique, il propose trois mesures.

    La première est de réduire les procédures de demandes d’asile à moins de 6 mois. La plupart des partis l’ont déjà mise dans leur programme. De fait la longueur des procédures, près de 18 mois en moyenne, due aux recours devant les tribunaux administratifs et la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) embouteille les juridictions, coûte cher aux contribuables qui financent le logement et l’hébergement des candidats dont les deux tiers sont déboutés tout en restant en France pour plus de 80% d’entre eux.

    Nous avions suggéré d’instaurer une caution, remboursable en cas de succès du recours, qui dissuaderait une partie des demandeurs et leurs avocats d’introduire des recours infondés et réduirait le nombre de dossiers en souffrance. Macron n’a rien proposé de concret.

    La seconde est de « conditionner l’aide publique au développement au respect d’accords sur les migrants déboutés ou non autorisés à rentrer ». Mesure de bon sens. Mais la France dispose de peu de moyens pour contraindre les consulats des pays récalcitrants à délivrer le laisser -passer indispensable à leur réadmission et les pays concernés savent obtenir par leur lobbying l’aide officiellement suspendue.

    La troisième consiste à réexaminer les accords de Dublin » et à installer « 5000 postes de policiers aux frontières extérieures ». Preuve que la politique d’examen des demandes d’asile aux frontières de l’Europe est dans l’impasse. Comment la modifier ? Sur quel budget ? Avec quel échéancier ? Nous n’avons pas trouvé dans son programme de réponses à ces questions.

    Ce que le candidat n’a pas dit

    Aucune prise de position en revanche sur les dossiers brûlants des migrations :

    Comment fournir du travail aux migrants que nous avons choisi d’accueillir ?
    Faut-il limiter le regroupement familial et comment ?
    Faut-il limiter, encadrer ou supprimer l’aide médicale d’État (AME) ?
    Comment réduire le coût de l’immigration et mettre en place une politique d’aide efficace aux enfants d’immigrés pour améliorer leur formation et réduire les discriminations ?
    Quelle politique mener vis-à-vis de l’immigration irrégulière ? Doit-on en régulariser une partie ? Laquelle ?
    Comment dissuader ceux qui veulent quitter la France de partir et encourager ceux qui sont partis à revenir ?
    Comment éviter les conflits récurrents entre une partie de la population d’origine étrangère et de la population d’accueil, combattre la délinquance, gérer l’économie informelle, combattre la montée de l’islamisme radical dans les « quartiers sensibles » ?

    La liste des sujets non abordés par le candidat est loin d’être exhaustive.

    Pour ne pas conclure

    Emmanuel Macron, très prolixe sur l’économie, semble soucieux d’éviter des sujets qui fâchent comme l’immigration ou l’expatriation pour ménager les divers composantes de son électorat potentiel, au risque d’être taxé d’angélisme. Ces sujets semblent ne pas constituer un problème majeur pour lui alors qu’ils le sont pour une opinion publique déboussolée qui n’en peut plus d’attendre des réponses.

    Plus globalement, sur ces questions de société il y a un déficit manifeste d’expertise dans son équipe, comme dans d’autres, ainsi que nous l’avons montré. Raison de plus pour tenter de rappeler, en toute transparence, à quels enjeux est confrontée la France de demain.

    Jean-Paul Gourévitch est consultant international sur l’Afrique et les migrations. Il a rédigé de nombreuses études sur l’immigration et l’expatriation pour Contribuables Associés et vient de publier aux éditions du Rocher « Les véritables enjeux des migrations ».
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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