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En Algérie, un 8 mai toujours à vif

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    LUNDI, 11 MAI, 2009
    L'HUMANITÉ
    Mémoire . Alors que la France commémorait la victoire sur le nazisme, l'Algérie honorait les victimes de la répression à Sétif, Guelma et Kherrata.




    Ces événements-là resteront à jamais gravés dans sa mémoire. Lahcène Bekhouche avait dix-sept ans lors du soulèvement du 8 mai 1945 dans le Constantinois. « Des Algériens avaient participé à la libération de la France. En contrepartie, nous demandions la liberté et l'égalité des droits », raconte le vieil homme. Pour avoir pris une part active aux manifestations, il fut condamné à mort. Une sentence finalement commuée en peine de prison. Lahcène Bekhouche sera incarcéré pendant dix-sept ans, jusqu'à l'indépendance, en 1962. Il témoigne dans le documentaire de Yasmina Adi, l'Autre 8 mai 1945, diffusé par France 2 l'an dernier et présenté, jeudi, en avant-première à Alger. Autre témoin des massacres coloniaux de Sétif, Guelma et Kherrata, Mohammed Chérif était alors militant CGT et membre des Amis du manifeste des libertés. Il rappelle le climat de racisme qui prévalait alors. « Pour la plupart des Européens, nous étions des moins que rien, pas même des êtres humains. » Torturé, il évoque avec émotion la cruauté des sévices infligés, dès 1945, aux militants nationalistes.

    Si ce prologue de la guerre d'Algérie a longtemps été passé sous silence en France, il fait l'objet chaque année, en Algérie, de solennelles commémorations officielles. La mémoire de la guerre de libération reste l'un des piliers de légitimité d'un régime dominé par le FLN. Lequel veille jalousement sur l'historiographie officielle. « Les Algériens sont lassés de l'instrumentalisation politique de la mémoire de la guerre d'Algérie, témoigne Adlen Meddi, journaliste au quotidien El Watan. Le récit officiel, qui n'évoque jamais les messalistes ou les communistes, forge une vision monolithique du combat pour la libération. Il n'est pas rare que des thèses soient censurées lorsqu'elles évoquent des aspects tabous de cette histoire. » Un constat nuancé par Khalida Toumi, ministre de la Culture : « Une jeune génération d'historiens émerge. Ceux-là ne sont pas juges et parties. Ce n'est que maintenant que l'Algérie commence à écrire sa propre histoire, dans un contexte où nous baignons quotidiennement dans la mémoire de la guerre d'Algérie. »

    Cette mémoire à vif explique l'indignation que suscite la réécriture, par le gouvernement français, d'une histoire coloniale dont les « aspects positifs » sont régulièrement vantés pour complaire à l'électorat d'extrême droite. Cette année, pourtant, l'élection présidentielle algérienne passée, Abdelaziz Bouteflika, à la veille d'une possible visite d'État en France, a adopté un ton nettement plus consensuel. « Pour tourner définitivement cette page noire de l'histoire, il faudrait aux deux peuples trouver ensemble la voie originale qui permettrait de surmonter les traumatismes causés au peuple algérien par l'État colonial français », a-t-il affirmé, dans un message lu le 8 mai, à Sétif. Dans la relation franco-algérienne, mémoire et diplomatie continuent décidément de faire l'objet de savants dosages.

    Rosa Moussaoui
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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