Ce vaste entrepôt Franprix livre tous les magasins de France.
Des salariés dénoncent «un communautarisme Portugais» au sein de cette entreprise qui emploie environ 460 salariés et jusqu’à 70 intérimaires.
Vaut-il mieux être Portugais pour travailler dans l’entrepôt historique du groupe Franprix situé sur Chennevières-sur-Marne et Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) ? C’est en tout cas ce que pense un groupe de salariés qui a décidé de dénoncer «un communautarisme Portugais» au sein de cette entreprise qui emploie environ 460 salariés et jusqu’à 70 intérimaires.
Ce qui les a incités à monter au créneau ? Deux licenciements récents qu’ils estiment abusifs et pour lesquels les deux salariés concernés lancent une procédure devant les Prud’hommes. Le premier dément avoir eu une explication houleuse avec l’un de ses collègues. Une dispute, avec insulte selon la direction mais calme et sans témoin selon le salarié, qui a abouti à un licenciement pour faute. «J’avais été victime de propos racistes, j’ai dénoncé des tricheries d’autres collègues, ils ont voulu se débarrasser de moi», estime celui qui a travaillé deux ans chez Franprix, dans cet entrepôt d’où partent des palettes pour tous les magasins de France.
«Dans l’entrepôt ils ne parlent que Portugais, ça nous exclut»
Deuxième cas litigieux : celui de Rachid R., qui après 8 ans dans l’entreprise, est mis à la porte pour un vol qu’il nie catégoriquement. Le préparateur de commandes était «le premier embauché hors communauté». «L’entreprise avait déjà dû régler des amendes pour discrimination, assure-t-il. Ces dernières années, les origines des salariés se sont diversifiées, mais nous ne sommes toujours pas traités à égalité.» «Dès qu’un salarié s’en plaint, on trouve un motif pour le virer, c’est le cas des deux derniers licenciements», insiste un jeune embauché après des mois d’intérim. Et les salariés d’argumenter sur leur mal-être : «dans l’entrepôt ils ne parlent que Portugais, ça nous exclut», «les intérimaires d’origine portugaises sont embauchés en 6 mois, pour les autres c’est 18 mois avant le CDI», «ils s’entendent pour avoir les tâches les moins difficiles», «les propos racistes ne sont pas condamnés»…«Le nombre de Portugais est redescendu à environ 60 % des salariés, mais il y a encore quelques années, c’était au moins 80 %, estime un syndicaliste. Mais tous les chefs, tous les chefs d’équipe sont Portugais».
Contacté, le groupe Casino-Franprix refuse de commenter les deux licenciements, rappelant tout de même que «les procédures ont été menées sur la base de motifs précis, objectifs et établis». Sur l’ambiance générale dans la société, un porte-parole insiste : «L’entreprise est très attachée aux principes de diversité, d’égalité de traitement et, de manière plus générale, de non-discrimination qu’elle applique notamment dans le cadre du recrutement, des évolutions professionnelles de ses collaborateurs ou de l’exercice de son pouvoir disciplinaire. Des dispositifs de formation, de sensibilisations (Guide de la Diversité par exemple) sont déployés régulièrement auprès des collaborateurs et des managers. Les accusations de favoritisme à l’égard de la communauté portugaise sont sans fondement.»
«Une différence de traitement entre les Portugais d’origine et les autres» Renato Batista, syndicaliste chez Franprix
15 ans qu’il travaille dans l’entrepôt Franprix de Chennevières. Renato Batista, lui-même d’origine portugaise, est syndicaliste du SCS (syndicat des commerces et services). Pour lui, le communautarisme dans son entreprise ne fait aucun doute. « Ce système qui favorise les Portugais existe depuis 40 ans ici, assure le salarié de 37 ans. Depuis quelque temps, avec l’arrivée progressive de jeunes travailleurs qui ne sont pas Portugais, la génération d’anciens se sent menacée. Il existe clairement une différence de traitement entre les Portugais d’origine et les autres. Le copinage, on l’a évoqué plusieurs fois en comité d’entreprise, mais la direction le nie toujours. Pour une même faute, les licenciements ne sont pas systématiques si c’est un Portugais qui l’a commise. Pour les deux derniers cas de licenciements, c’est incroyable. D’abord les fautes ne sont pas avérées, mais pour des faits similaires, des Portugais n’ont pas été licenciés. Ici ça fonctionne comme un village gaulois, ils appliquent leurs propres règles. Mais chaque fois aux Prud’hommes, ils perdent. »
leparisien.fr
Des salariés dénoncent «un communautarisme Portugais» au sein de cette entreprise qui emploie environ 460 salariés et jusqu’à 70 intérimaires.
Vaut-il mieux être Portugais pour travailler dans l’entrepôt historique du groupe Franprix situé sur Chennevières-sur-Marne et Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) ? C’est en tout cas ce que pense un groupe de salariés qui a décidé de dénoncer «un communautarisme Portugais» au sein de cette entreprise qui emploie environ 460 salariés et jusqu’à 70 intérimaires.
Ce qui les a incités à monter au créneau ? Deux licenciements récents qu’ils estiment abusifs et pour lesquels les deux salariés concernés lancent une procédure devant les Prud’hommes. Le premier dément avoir eu une explication houleuse avec l’un de ses collègues. Une dispute, avec insulte selon la direction mais calme et sans témoin selon le salarié, qui a abouti à un licenciement pour faute. «J’avais été victime de propos racistes, j’ai dénoncé des tricheries d’autres collègues, ils ont voulu se débarrasser de moi», estime celui qui a travaillé deux ans chez Franprix, dans cet entrepôt d’où partent des palettes pour tous les magasins de France.
«Dans l’entrepôt ils ne parlent que Portugais, ça nous exclut»
Deuxième cas litigieux : celui de Rachid R., qui après 8 ans dans l’entreprise, est mis à la porte pour un vol qu’il nie catégoriquement. Le préparateur de commandes était «le premier embauché hors communauté». «L’entreprise avait déjà dû régler des amendes pour discrimination, assure-t-il. Ces dernières années, les origines des salariés se sont diversifiées, mais nous ne sommes toujours pas traités à égalité.» «Dès qu’un salarié s’en plaint, on trouve un motif pour le virer, c’est le cas des deux derniers licenciements», insiste un jeune embauché après des mois d’intérim. Et les salariés d’argumenter sur leur mal-être : «dans l’entrepôt ils ne parlent que Portugais, ça nous exclut», «les intérimaires d’origine portugaises sont embauchés en 6 mois, pour les autres c’est 18 mois avant le CDI», «ils s’entendent pour avoir les tâches les moins difficiles», «les propos racistes ne sont pas condamnés»…«Le nombre de Portugais est redescendu à environ 60 % des salariés, mais il y a encore quelques années, c’était au moins 80 %, estime un syndicaliste. Mais tous les chefs, tous les chefs d’équipe sont Portugais».
Contacté, le groupe Casino-Franprix refuse de commenter les deux licenciements, rappelant tout de même que «les procédures ont été menées sur la base de motifs précis, objectifs et établis». Sur l’ambiance générale dans la société, un porte-parole insiste : «L’entreprise est très attachée aux principes de diversité, d’égalité de traitement et, de manière plus générale, de non-discrimination qu’elle applique notamment dans le cadre du recrutement, des évolutions professionnelles de ses collaborateurs ou de l’exercice de son pouvoir disciplinaire. Des dispositifs de formation, de sensibilisations (Guide de la Diversité par exemple) sont déployés régulièrement auprès des collaborateurs et des managers. Les accusations de favoritisme à l’égard de la communauté portugaise sont sans fondement.»
«Une différence de traitement entre les Portugais d’origine et les autres» Renato Batista, syndicaliste chez Franprix
15 ans qu’il travaille dans l’entrepôt Franprix de Chennevières. Renato Batista, lui-même d’origine portugaise, est syndicaliste du SCS (syndicat des commerces et services). Pour lui, le communautarisme dans son entreprise ne fait aucun doute. « Ce système qui favorise les Portugais existe depuis 40 ans ici, assure le salarié de 37 ans. Depuis quelque temps, avec l’arrivée progressive de jeunes travailleurs qui ne sont pas Portugais, la génération d’anciens se sent menacée. Il existe clairement une différence de traitement entre les Portugais d’origine et les autres. Le copinage, on l’a évoqué plusieurs fois en comité d’entreprise, mais la direction le nie toujours. Pour une même faute, les licenciements ne sont pas systématiques si c’est un Portugais qui l’a commise. Pour les deux derniers cas de licenciements, c’est incroyable. D’abord les fautes ne sont pas avérées, mais pour des faits similaires, des Portugais n’ont pas été licenciés. Ici ça fonctionne comme un village gaulois, ils appliquent leurs propres règles. Mais chaque fois aux Prud’hommes, ils perdent. »
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