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Iran, les mollahs tiennent bon

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  • Iran, les mollahs tiennent bon




    Moyen-Orient. Le 19 mai, les Iraniens sont appelés aux urnes pour l’élection présidentielle. Leur choix pourrait redistribuer les cartes dans un Moyen-Orient où Saoudiens et Iraniens se livrent un combat sans merci.


    Plus de 1 600 candidats s’étaient inscrits fin avril, dont une centaine de femmes. Le Conseil des gardiens de la Constitution en a finalement validé six. Preuve de cette vitalité démocratique apparente, la participation pourrait approcher les 80 % des inscrits et plusieurs débats télévisés sont prévus. En réalité, cette monarchie semi-élective et cléricale garde les prérogatives régaliennes pour elle. Armée, Intérieur, Justice, Affaires étrangères, l’ayatollah Ali Khamenei a l’essentiel de la puissance iranienne dans ses mains.

    Le président, paratonnerre du pouvoir

    À l’été 1989, il était président de la République quand il a succédé à l’ayatollah Khomeiny en cours de mandat. Il a été nommé à vie par une assemblée élue de religieux soigneusement sélectionnés par le Conseil des gardiens. En 2021, il fêtera ses 82 ans. La présidence est donc un poste convoité en cas de décès du Guide.

    Depuis la modification de la Constitution, laquelle a supprimé la fonction de Premier ministre, le président joue ce rôle de coordonnateur du gouvernement. Paratonnerre économique, réceptacle d’impopularité, il est en première ligne et protège les institutions. Ses mandats sont bien cadrés dans le temps et soumis à l’autorisation préalable du vrai chef de l’État, le Guide de la révolution. Ce dernier peut se tenir confortablement en retrait. Dans son message pour le Nouvel An iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a déploré que « ce qui a été fait [soit] loin des attentes de la population et de lui-même ». Un régime en trompe l’oeil où les ultraconservateurs se disputent la gestion économique et sociale du pays avec des conservateurs plus modérés. Mais la théocratie iranienne, réunie autour du Guide et de son clergé, joue des équilibres et des alternances. Elle tient fermement les structures politico-religieuses du pays. Le jeu démocratique est possible à condition de ne pas remettre en cause le carcan institutionnel et clérical.

    Rohani, président sortant loin de faire l'unanimité

    Après quatre années d’exercice du pouvoir, le bilan de Hassan Rohani ne fait pas l’unanimité. Le “candidat sortant” est toutefois en capacité de se représenter. L’inflation a été maîtrisée (elle est passée de 40 à 10 %), mais le taux de chômage des jeunes est encore estimé à près de 30 %. Si la croissance a repris (4 %), elle reste insuffisante étant donné le développement démographique du pays.

    Le grand succès de la présidence Rohani fut l’accord sur le nucléaire signé à l’été 2015 avec les membres du “P5 + 1” (les membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu plus l’Allemagne). Un accord qui a réintégré momentanément l’Iran dans le concert des nations. En échange, le dégel progressif des sanctions économiques du pays a été obtenu. Pour autant, les bénéfices économiques n’ont pas été ressentis par la population, laquelle attendait beaucoup de cet accord. Les grandes banques occidentales sont frileuses, échaudées par l’amende record infligée à BNP Paribas par la justice américaine (9 milliards de dollars). Airbus a reçu une grosse commande de la compagnie Iran Air, mais les investissements venus de l’étranger tardent à se concrétiser en Iran. De sorte que le soutien populaire à l’accord sur le nucléaire s’amenuise jour après jour.

    M. Rohani, élu dans l’espoir d’un assouplissement des libertés civiles et de la charia, n’a pas non plus tenu ses engagements dans ce domaine. Il avait promis la création d’un ministère des Femmes qui n’a jamais vu le jour. L’appareil judiciaire iranien a tout fait pour ralentir ses ouvertures. L’opposition entre Sadeq Larijani, chef de l’autorité judiciaire nommé par le Guide suprême, et le président alimente la chronique de Téhéran depuis quatre ans. Le gouvernement a dernièrement protesté contre l’arrestation de journalistes. En vain. Le rigorisme religieux fait partie du socle officiel de la République islamique d’Iran. Si le régime assouplit son interprétation de l’islam, il pense fragiliser son leadership sur le monde chiite.

    Réélection attendue

    Le régime iranien se méfie de la rue, où certaines femmes persistent à braver la police des moeurs. Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux face à l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad, a été placé en résidence surveillée. Son mouvement populaire fut écrasé par les milices au service du pouvoir en 2009. Après deux mandats chaotiques sous la houlette d’Ahmadinejad, le Guide avait souhaité l’élection d’un profil moins “polarisé”, plus à même de traiter avec l’administration Obama. M. Rohani, à l’apparente libéralité, fait donc resurgir le souvenir de la présidence modérée de Mohammad Khatami à la fin des années 1990. Sans jamais s’opposer frontalement au Guide suprême, les présidents successifs ont toujours fait, depuis l’élection d’Ali Khamenei en 1981, deux mandats de quatre ans. La réélection de Hassan Rohani, même impopulaire tandis que la reprise économique tarde à se mettre en route, est attendue. Mais le Guide peut faire en sorte de lui infliger un second tour. Pour Rohani, il s’agit à 68 ans de conserver la confiance d’Ali Khamenei et d’apparaître comme son dauphin potentiel. La validation de la candidature du vice-président, Eshaq Jahangiri, est, dans ce contexte, un mauvais signal pour Rohani. Ils sont tous deux estampillés “modérés”.

    Le maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, a aussi été autorisé à se présenter. Il était arrivé en deuxième position derrière Rohani avec 16 % des voix en 2013. Sa mauvaise gestion de l’incendie d’une tour en janvier dernier, qui a coûté la vie à plus de 20 pompiers, a nettement entaillé sa popularité dans la capitale. Il affrontera Ebrahim Raisi, un sayyed (descendant du prophète) de 56 ans réputé proche de l’ayatollah Khamenei, qui représente aussi le camp ultraconservateur et dont la candidature est un vrai défi pour Rohani. Ce haut membre du clergé est, à la demande du Guide suprême, le directeur de la très riche fondation chargée, entre autres, du mausolée du huitième imam chiite, Reza, à Machhad, dans le nord-est de l’Iran.

    Faut-il craindre un retour des “faucons” iraniens ?

    Si Rohani était mis en ballottage, une semaine de campagne supplémentaire serait nécessaire. Après sa victoire dès le premier tour en 2013, un second tour difficile serait interprété comme un avertissement envoyé par l’opinion publique et par le Guide. Ce dernier cherche à ne pas trop cliver la société iranienne et à maintenir le consensus islamique autour de sa personne. La bourgeoisie plus libérale pourrait être tentée par l’abstention alors que l’espérance née de la candidature Rohani est retombée. En revanche, les partisans du conservatisme religieux et les plus nationalistes ont le vent en poupe après des années dans l’opposition.

    Dans ce contexte, un retour des “faucons” à Téhéran est à craindre. Il attiserait les tensions maritimes avec l’Arabie saoudite dans le golfe Persique. Un corridor de transit pour le marché des hydrocarbures, où l’US Navy fait office de tampon militaire. Dans les théâtres de substitution en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen, la guerre froide régionale entre Saoudiens et Iraniens pourrait prendre des proportions inquiétantes. En Syrie, la Russie et l’Iran se sont rendus indispensables à la reconquête militaire du pays. Côté irakien, le soutien des milices chiites est vital pour la reprise de Mossoul. L’armée américaine est de facto partenaire de ce combat. Depuis, l’État islamique ne cesse de reculer. L’Iran s’est réconcilié avec la Turquie à la faveur du rapprochement turco-russe. L’Algérie et l’Égypte entretiennent de bonnes relations avec l’ancienne Perse. La politique d’ouverture de Rohani a donc eu des effets stratégiques assez bénéfiques pour Téhéran. L’Iran a tout intérêt à poursuivre la déconstruction du front sunnite qui s’était monté contre lui sous la direction des pétromonarchies du golfe. Un changement à la tête du gouvernement iranien et ce fragile équilibre des forces pourrait vaciller.

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    Dernière modification par Awsat al Djanna, 15 mai 2017, 17h34.

  • #2
    Bou3mama doivent êtres pétris de peur à l'heure qu'il est, c'est Donald Trump qui se frotte les mains: du pognon en perspective pour El Marikane, pour la défense de ses petits caniches arabes face au tigre Perse.

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    • #3
      Envoyé par Awsat al Djanna
      Bou3mama doivent êtres pétris de peur à l'heure qu'il est, c'est Donald Trump qui se frotte les mains: du pognon en perspective pour El Marikane, pour la défense de ses petits caniches arabes face au tigre Perse.
      Avec une économie contrôlé à 60% à travers une quinzaine de fondations ou d’institutions aux mains de l’armée, du corps des Pasdarans ou de milices en passant par l’immobilier, l’automobile, les banques où le pétrole votre tigre n'est pas en liberté mais en cage.

      Cette puissance économique n’est pas mise au service du développement du pays, mais à la survie du régime à l’intérieur et à l’expansion de son influence à l’extérieur. Il s’agit d’une économie totalement sous contrôle, au service de la répression et de la guerre.
      Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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      • #4
        ZEKCette puissance économique n’est pas mise au service du développement du pays, mais à la survie du régime à l’intérieur et à l’expansion de son influence à l’extérieur. Il s’agit d’une économie totalement sous contrôle, au service de la répression et de la guerre.
        __________________
        Ca se passe autrement aux USA par exemple?

        La différence entre les Perses intelligents, et les arabes débiles, c'est que les uns bossent pour l’intérêt de leur pays, tandis que les autres (les bougnoules) affament leurs peuples pour enrichir les occidentaux.

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        • #5
          Envoyé par Awsat al Djanna
          La différence entre les Perses intelligents, et les arabes débiles, c'est que les uns bossent pour l’intérêt de leur pays, tandis que les autres (les bougnoules) affament leurs peuples pour enrichir les occidentaux.
          Et vous croyez que les Iraniens n'enrichissent pas les occidentaux ?

          L'Iran confirme la commande de 100 avions Airbus, après 80 boeing
          Comment expliquez vous que ceux que vous traitez de débiles et qui affament leur peuple ont un pays qui a un meilleur niveau de vie que l'Iran ?

          Indice de développement humain 2016 du PNUD

          Qatar (33ème), Arabie Saoudite (38ème), Émirats arabes unis (42ème), Bahreïn (47ème), Oman (52ème), Koweït (51ème).

          Biélorussie (52ème).

          Iran (69éme)
          Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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