[1] Les ’Ulémas ont dit que l’Islâm n’a pas connu le nom de « Soufîsme », ni à l’époque du Prophète, ni à celle de ses compagnons et moins encore à l’époque de ceux qui sont venus après les compagnons du Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam). L’apparition de ce phénomène a concordé avec l’apparition d’un groupe d’ascètes qui portaient des habits en « Soûf » [laine en arabe], d’où leur surnom de « Soufî ». Certains affirment également que leur nom vient du mot « Soufiyyâh » qui signifie sagesse en grec et non du mot « safâ » qui signifie en arabe la pureté comme certains l’affirment, car l’adjectif dérivé du « Safâ » est « Safâ-î » et nom « Soufî ». Il regroupe plusieurs confréries telles que le Tîdjâniyyah, la Qâdarîyyah, la nakhchabandîyyah, la Châdhalîyyah, la Rifâ’îyyah, etc.
Ibn Taymiyyah(rahimahullâh) de son côté dit : « Les musulmans des premières générations [Salaf] appelaient « al-Qurrâ’ » les hommes de religions et de science ; ce terme rejoint donc à la fois « al-’Ulémâ » et « an-Nussâk ». Puis, à ensuite, le nom « as-Soûfiyyah et Fuqarrâ’ ». [Kitâb « Al-Furqân bayna Awliyâ’ ar-Rahmân wa Awliyâ’ ach-Chaytân » - p.129].
[2] Kitâb « Talbîs Iblîs » de Ibn al-Djawzî, p.384-385
Le soufisme en question
SHeikh al-Islâm Ibn Taymiyyah (rahimahullâh)
Le terme « Soufisme » est un terme qui n’était pas connu des trois meilleures générations , il est apparu dans les paroles (des gens) après cette période. Il a été utilisé dans les discours par plus d’un des imâms et SHeikhs, comme l’imâm Ahmad Ibn Hanbal, Abî Souleimân ad-Dârânî et d’autres qu’eux [1]. Les anciens pieux appelaient les gens de religion et de science « les lecteurs », et ils entraient dans cette nomination les savants et les ascètes. Ensuite est venu un nouveau terme après celui-ci qui était « le soufisme et les pauvres ». Le mot « soufisme » se réfère à ceux qui portaient des vêtements de laine, ce qui est le sens exact (authentique). Il a été dit qu’il vient du mot « Safwah » (des élites) des jurisconsultes, il a été dit aussi que cela vient de Soûfah Ibn Ada Ibn Tânidjah, une tribu arabe connue pour son ascétisme ; ou encore des gens de Soufah ; ou de Safâ (de la montagne à la Mecque) ; ou du mot Safwah, ou de l’expression « Saff al-Mouqadam bayna yaday Allâh » (le premier rang entre les mains d’Allâh). Toutes ces paroles sont faibles, et si toutes étaient considérées comme telles, alors le mot serait plutôt « Safî » ou « Safâ’i » ou « Safawî », mais on ne dirait pas « Soufî ». Pour ce qui est du terme « Fouqâra » (pauvres, indigents), il est utilisé pour signifier les gens du Souloûk (Itinérants à la voie vers Allâh), et cette désignation est une chose nouvelle. Les gens ont divergé quant au fait de savoir qui est le meilleur entre celui qui est nommé « Soufî » et celui qui est nommé « Faqîr » (pauvre), de même qu’ils ont divergé afin de savoir qui est le meilleur entre le riche reconnaissant et le pauvre patient, et il y a sur cela un désaccord bien ancien entre al-Djouneid et Abî al-‘Abbâs Ibn ’Atâ, et deux opinions ont été rapportées dans ce sens de Ahmad ibn Hanbal à ce sujet [2].
Il ne fait pas parti des conditions du Walî (rapproché) d’Allâh d’être protégé de toute erreur, de ne pas commettre de fautes et ne pas se tromper, mais il est possible que certaines sciences de la loi religieuse lui soient cachées, et il est possible que certaines affaires religieuses lui soient confuses, jusqu’à ce qu’il juge certaines choses parmi ce qu’Il (Allâh) a ordonné et ce qu’Il a interdit. Il est possible qu’il pense que certaines actions miraculeuses soient des Karâmât (prodiges) des rapprochés d’Allâh - Ta’âla - alors qu’elles proviennent en réalité de Satan qui l’a trompé du fait de la déficience de son niveau (et de sa science), et il n’a pas vu que cela provenait de Satan. Il ne sort pas pour cela des rapprochés d’Allâh - Ta’ala, car Allâh – Ta’âla - a pardonné à cette communauté (les actions commises) par erreur, oubli ou contrainte [3].
Les gens (savants) ont divergé quant au fait de leurs voies (aux soufis). Un groupe d’entre eux a dit qu’ils étaient des innovateurs et qu’ils sortaient de la voie de la Sounnah. Un des groupes parmi les imâms a tenu ces propos sur eux qui sont bien connus, et certains jurisconsultes le suivirent dans ces paroles. Un autre groupe s’est trompé sur eux, en appelant au fait qu’ils étaient les meilleurs parmi les créatures, et qu’ils étaient les plus parfaits après les prophètes. Ce sont des paroles extrêmement condamnables. Et ce qui est le plus juste sur la question, est qu’ils étaient des gens faisant des efforts (dans leur consécration) à l’obéissance d’Allâh, comme ont fait des efforts d’autres qu’eux parmi les gens obéissant à Allâh. Il y en avait parmi eux qui étaient proches (d’Allâh) de par leurs efforts, d’autres parmi eux étaient modérés faisant partis des gens de la droite (pieux et sincères). Et dans ces deux catégories, il y a celui qui a fait des efforts et s’est trompé, comme celui qui a commis un péché et s’est repenti ou qui ne s’est pas repenti. Et il y a ceux parmi leurs adeptes qui ont été injustes avec leur propre personne, désobéissant à leur Seigneur.
Et parmi leurs adeptes, il y a des gens de l’innovation et des renégats. Comme il y a eu certains des gens du soufisme véridiques, et d’autres qui ne faisaient pas partis d’eux tel que al-Hallâdj, car un grand nombre de savants de cette voie l’ont blâmé et l’en ont sorti ; à l’exemple de al-Djouneid Ibn Muhammad Said at-Tâ-îfah et d’autres que lui. Cela a été mentionné par SHeikh Abû ‘Abder-Rahmân as-Soulamî dans « Tabaqât as-Soufiyyah » et par al-Hâfidh Abû Bakr al-Khatîb dans son ouvrage d’histoire de Bagdad [4]. Celui qui prétend que la voie d’un des savants ou des jurisconsultes, ou que la voie d’un des ascètes ou adorateurs pieux est meilleur que la voie des compagnons du Prophète est fauteur, égaré et innovateur. Aussi, celui qui accorde à toute personne le statut de celui qui fait des efforts (sincères) dans l’obéissance à des erreurs, dans certains domaines mauvais, vicieux et détestables, est fauteur, égaré et innovateur. Ensuite, les gens dans l’amour, la colère, l’alliance et l’hostilité, sont aussi dans ce domaine des personnes faisant des efforts. Ils sont parfois dans la vérité, et parfois dans l’erreur [5].
Les pieux itinérants vers Allâh, comme la majorité des anciens pieux, à l’exemple de Foudheil Ibn ‘Iyâdh, Ibrâhîm Ibn Adham, Abî Souleimân ad-Dârânî, Ma’roûf al-Kalkhî, Sarî as-Saqtî, Al-Djouneid Ibn Muhammad et d’autres qu’eux parmi les prédécesseurs, à l’exemple encore de SHeikh ‘Abdel-Qâdir (al-Djilânî), SHeikh Hamâd, SHeikh Abî al-Bayân et d’autres qu’eux parmi les derniers, ne permettaient pas à celui qui suivait le cheminement pieux, et qui prétendait voler dans les airs ou marcher dans l’eau, de ne pas respecter (pour ces prétentions) le commandement et les interdictions de la Législation (d’Allâh). Bien au contraire, ils faisaient ce qui était commandé et repoussaient les choses défendues jusqu’à leur mort. Telle est la vérité qu’indiquent le Livre, la Sounnah et le consensus des anciens pieux [6]. Sahl Ibn Abdullâh at-Tastarî a dit : « Toutes choses présentes qui n’a pas comme témoin le Livre d’Allâh et la Sounnah est caduque. » Abû Souleimân ad-Dârânî a dit : « Quand une des intuitions des mystiques se présente à moi, je ne l’accepte qu’accompagnée de deux témoins intègres : le Livre (d’Allâh) et la Sounnah. » Abû Souleimân a aussi dit : « Il n’y a pas une bonne chose qui inspire une personne sans qu’elle ne la fasse, et cela tant qu’elle y trouve une preuve traditionnelle. Et lorsqu’il y a une tradition en cela, c’est une lumière sur une lumière. » al-Djouneid Ibn Muhammad a dit : « Notre science que voici est liée au Livre et à la Sounnah. Celui qui n’a pas retenu le Qor’ân, n’a pas écrit de hadîth, et n’a pas pénétré le sens (des sciences religieuses) ne peut pas servir, en ses paroles, de modèle en notre science. » [7].
Notes[1] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/7
[2] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/195
[3] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/202
[4] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/18
[5] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/15
[6] Madjmu’ al-Fatâwa, 10/517
[7] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/596
Al-Imâm Ibn al-Djawzî
Ibn ’Aqîl (rahimahullâh) a dit :
Je condamne le soufisme [1] pour des pratiques que la « Charî’ah » désapprouve :
Ils ont fondé des endroits de rassemblement d’inactivité qu’ils appellent « al-Arbita », qu’ils ont remplacé aux mosquées. Ce ne sont ni des mosquées ni des demeures, ni des compartiments. Ils s’y sont installés plutôt que de gagner leur vie et y mènent une vie bestiale en mangeant, buvant, dansant et chantant.
Ils raccommodent leurs vêtements avec des morceaux de tissu en soie colorés, ce qui a attiré les masses. Ils ont séduit les femmes et les jeunes garçons en faisant des dessins sur leurs vêtements. Quand ils pénètrent dans une demeure où se trouvent des femmes, ils n’en ressortent sans avoir perverti les cœurs des femmes contre leur mari. Ils acceptent la nourriture et les dons de la part des oppresseurs, des pervers et des voleurs parmi les collecteurs d’impôts, les soldats et les douaniers. Ils vont en compagnie de beaux garçons aux « Samâ’at » [lieu où ils écoutent les chants et les mélodies]. Ils les amènent dans des rassemblements illuminés par des bougies et se mêlent aux femmes étrangères sous prétexte de les faire habiller d’une « Khirqa » [L’habit de laine du soufi par excellence] et partage l’habit de toute personne en entrant en transe.
Ils appellent la réjouissance musicale extase [Wajd], l’invocation temps [Waqt] et le partage des habits des gens règle [Houkm]. Ils ne sortent d’un lieu où ils ont été invités qu’après avoir imposé une autre invitation et disent que c’est une obligation. Croire à une telle chose est mécréance [Koufr] et sa pratique est perversité [Fisq].
Les soufis croient que chanter au rythme des barres de fer est une forme d’adoration, ainsi qu’il nous est parvenu de leur part que l’invocation lors d’un chant ou d’un groupe est exaucée, mais une telle croyance est aussi mécréance, puisque quiconque croit qu’il peut se rapprocher d’ALLâh via des rites qui sont déconseillés [Makrouh] ou illicite [harâm] devient mécréant [kâfir]. Car de telles conduites sont considérées par les savants comme illicites ou déconseillées.
En outre, les Soufîs abandonnent leur volonté à leurs gourous en disant qu’on ne peut s’opposer à leurs décisions en quoi que ce soit. Ainsi, le SHeikh se trouve au-dessus de tenir des propos blasphématoires de mécréance et d’égarement [dhallâl] qu’ils appellent extase et de faire des actes reconnus par la religion comme perversion.
S’il embrasse un jeune garçon, on dit que c’est une miséricorde, s’il se tient à l’écart avec une femme étrangère, on dit que c’est sa fille qui porte « al-Khirqa » et s’il attribue un habit à une personne autre que son propriétaire et sans accord de ce dernier, on dit que c’est la règle de « al-Khirqa ».
[...]
Les Soufîs sont les premiers à avoir de termes comme « Ceci est la Loi [Charî’a] et cela est la réalité [Haqîqa] », mais cela est une chose inacceptable. La Loi est ce qu’Allâh a prescrit pour le bien de l’humanité et de toute affirmation au-delà, relève dans les esprits de l’inspiration des « Chayâtine » [Satan]. Toute personne recherchant la vérité [haqq] en dehors de la Loi divine est en égarée [maghrour] et trompée [makhdou’]. Quand ils entendent quelqu’un rapporter un hadîth du Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam), ils disent : « Les pauvres ! Ils prennent leur hadîth d’un mort et vers un mort. Tandis que nous prenons le nôtre du Tout Vivant, l’Immortel [al-ladhî lâ yamût] ».
Ibn Taymiyyah(rahimahullâh) de son côté dit : « Les musulmans des premières générations [Salaf] appelaient « al-Qurrâ’ » les hommes de religions et de science ; ce terme rejoint donc à la fois « al-’Ulémâ » et « an-Nussâk ». Puis, à ensuite, le nom « as-Soûfiyyah et Fuqarrâ’ ». [Kitâb « Al-Furqân bayna Awliyâ’ ar-Rahmân wa Awliyâ’ ach-Chaytân » - p.129].
[2] Kitâb « Talbîs Iblîs » de Ibn al-Djawzî, p.384-385
Le soufisme en question
SHeikh al-Islâm Ibn Taymiyyah (rahimahullâh)
Le terme « Soufisme » est un terme qui n’était pas connu des trois meilleures générations , il est apparu dans les paroles (des gens) après cette période. Il a été utilisé dans les discours par plus d’un des imâms et SHeikhs, comme l’imâm Ahmad Ibn Hanbal, Abî Souleimân ad-Dârânî et d’autres qu’eux [1]. Les anciens pieux appelaient les gens de religion et de science « les lecteurs », et ils entraient dans cette nomination les savants et les ascètes. Ensuite est venu un nouveau terme après celui-ci qui était « le soufisme et les pauvres ». Le mot « soufisme » se réfère à ceux qui portaient des vêtements de laine, ce qui est le sens exact (authentique). Il a été dit qu’il vient du mot « Safwah » (des élites) des jurisconsultes, il a été dit aussi que cela vient de Soûfah Ibn Ada Ibn Tânidjah, une tribu arabe connue pour son ascétisme ; ou encore des gens de Soufah ; ou de Safâ (de la montagne à la Mecque) ; ou du mot Safwah, ou de l’expression « Saff al-Mouqadam bayna yaday Allâh » (le premier rang entre les mains d’Allâh). Toutes ces paroles sont faibles, et si toutes étaient considérées comme telles, alors le mot serait plutôt « Safî » ou « Safâ’i » ou « Safawî », mais on ne dirait pas « Soufî ». Pour ce qui est du terme « Fouqâra » (pauvres, indigents), il est utilisé pour signifier les gens du Souloûk (Itinérants à la voie vers Allâh), et cette désignation est une chose nouvelle. Les gens ont divergé quant au fait de savoir qui est le meilleur entre celui qui est nommé « Soufî » et celui qui est nommé « Faqîr » (pauvre), de même qu’ils ont divergé afin de savoir qui est le meilleur entre le riche reconnaissant et le pauvre patient, et il y a sur cela un désaccord bien ancien entre al-Djouneid et Abî al-‘Abbâs Ibn ’Atâ, et deux opinions ont été rapportées dans ce sens de Ahmad ibn Hanbal à ce sujet [2].
Il ne fait pas parti des conditions du Walî (rapproché) d’Allâh d’être protégé de toute erreur, de ne pas commettre de fautes et ne pas se tromper, mais il est possible que certaines sciences de la loi religieuse lui soient cachées, et il est possible que certaines affaires religieuses lui soient confuses, jusqu’à ce qu’il juge certaines choses parmi ce qu’Il (Allâh) a ordonné et ce qu’Il a interdit. Il est possible qu’il pense que certaines actions miraculeuses soient des Karâmât (prodiges) des rapprochés d’Allâh - Ta’âla - alors qu’elles proviennent en réalité de Satan qui l’a trompé du fait de la déficience de son niveau (et de sa science), et il n’a pas vu que cela provenait de Satan. Il ne sort pas pour cela des rapprochés d’Allâh - Ta’ala, car Allâh – Ta’âla - a pardonné à cette communauté (les actions commises) par erreur, oubli ou contrainte [3].
Les gens (savants) ont divergé quant au fait de leurs voies (aux soufis). Un groupe d’entre eux a dit qu’ils étaient des innovateurs et qu’ils sortaient de la voie de la Sounnah. Un des groupes parmi les imâms a tenu ces propos sur eux qui sont bien connus, et certains jurisconsultes le suivirent dans ces paroles. Un autre groupe s’est trompé sur eux, en appelant au fait qu’ils étaient les meilleurs parmi les créatures, et qu’ils étaient les plus parfaits après les prophètes. Ce sont des paroles extrêmement condamnables. Et ce qui est le plus juste sur la question, est qu’ils étaient des gens faisant des efforts (dans leur consécration) à l’obéissance d’Allâh, comme ont fait des efforts d’autres qu’eux parmi les gens obéissant à Allâh. Il y en avait parmi eux qui étaient proches (d’Allâh) de par leurs efforts, d’autres parmi eux étaient modérés faisant partis des gens de la droite (pieux et sincères). Et dans ces deux catégories, il y a celui qui a fait des efforts et s’est trompé, comme celui qui a commis un péché et s’est repenti ou qui ne s’est pas repenti. Et il y a ceux parmi leurs adeptes qui ont été injustes avec leur propre personne, désobéissant à leur Seigneur.
Et parmi leurs adeptes, il y a des gens de l’innovation et des renégats. Comme il y a eu certains des gens du soufisme véridiques, et d’autres qui ne faisaient pas partis d’eux tel que al-Hallâdj, car un grand nombre de savants de cette voie l’ont blâmé et l’en ont sorti ; à l’exemple de al-Djouneid Ibn Muhammad Said at-Tâ-îfah et d’autres que lui. Cela a été mentionné par SHeikh Abû ‘Abder-Rahmân as-Soulamî dans « Tabaqât as-Soufiyyah » et par al-Hâfidh Abû Bakr al-Khatîb dans son ouvrage d’histoire de Bagdad [4]. Celui qui prétend que la voie d’un des savants ou des jurisconsultes, ou que la voie d’un des ascètes ou adorateurs pieux est meilleur que la voie des compagnons du Prophète est fauteur, égaré et innovateur. Aussi, celui qui accorde à toute personne le statut de celui qui fait des efforts (sincères) dans l’obéissance à des erreurs, dans certains domaines mauvais, vicieux et détestables, est fauteur, égaré et innovateur. Ensuite, les gens dans l’amour, la colère, l’alliance et l’hostilité, sont aussi dans ce domaine des personnes faisant des efforts. Ils sont parfois dans la vérité, et parfois dans l’erreur [5].
Les pieux itinérants vers Allâh, comme la majorité des anciens pieux, à l’exemple de Foudheil Ibn ‘Iyâdh, Ibrâhîm Ibn Adham, Abî Souleimân ad-Dârânî, Ma’roûf al-Kalkhî, Sarî as-Saqtî, Al-Djouneid Ibn Muhammad et d’autres qu’eux parmi les prédécesseurs, à l’exemple encore de SHeikh ‘Abdel-Qâdir (al-Djilânî), SHeikh Hamâd, SHeikh Abî al-Bayân et d’autres qu’eux parmi les derniers, ne permettaient pas à celui qui suivait le cheminement pieux, et qui prétendait voler dans les airs ou marcher dans l’eau, de ne pas respecter (pour ces prétentions) le commandement et les interdictions de la Législation (d’Allâh). Bien au contraire, ils faisaient ce qui était commandé et repoussaient les choses défendues jusqu’à leur mort. Telle est la vérité qu’indiquent le Livre, la Sounnah et le consensus des anciens pieux [6]. Sahl Ibn Abdullâh at-Tastarî a dit : « Toutes choses présentes qui n’a pas comme témoin le Livre d’Allâh et la Sounnah est caduque. » Abû Souleimân ad-Dârânî a dit : « Quand une des intuitions des mystiques se présente à moi, je ne l’accepte qu’accompagnée de deux témoins intègres : le Livre (d’Allâh) et la Sounnah. » Abû Souleimân a aussi dit : « Il n’y a pas une bonne chose qui inspire une personne sans qu’elle ne la fasse, et cela tant qu’elle y trouve une preuve traditionnelle. Et lorsqu’il y a une tradition en cela, c’est une lumière sur une lumière. » al-Djouneid Ibn Muhammad a dit : « Notre science que voici est liée au Livre et à la Sounnah. Celui qui n’a pas retenu le Qor’ân, n’a pas écrit de hadîth, et n’a pas pénétré le sens (des sciences religieuses) ne peut pas servir, en ses paroles, de modèle en notre science. » [7].
Notes[1] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/7
[2] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/195
[3] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/202
[4] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/18
[5] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/15
[6] Madjmu’ al-Fatâwa, 10/517
[7] Madjmu’ al-Fatâwa de Ibn Taymiyyah, 11/596
Al-Imâm Ibn al-Djawzî
Ibn ’Aqîl (rahimahullâh) a dit :
Je condamne le soufisme [1] pour des pratiques que la « Charî’ah » désapprouve :
Ils ont fondé des endroits de rassemblement d’inactivité qu’ils appellent « al-Arbita », qu’ils ont remplacé aux mosquées. Ce ne sont ni des mosquées ni des demeures, ni des compartiments. Ils s’y sont installés plutôt que de gagner leur vie et y mènent une vie bestiale en mangeant, buvant, dansant et chantant.
Ils raccommodent leurs vêtements avec des morceaux de tissu en soie colorés, ce qui a attiré les masses. Ils ont séduit les femmes et les jeunes garçons en faisant des dessins sur leurs vêtements. Quand ils pénètrent dans une demeure où se trouvent des femmes, ils n’en ressortent sans avoir perverti les cœurs des femmes contre leur mari. Ils acceptent la nourriture et les dons de la part des oppresseurs, des pervers et des voleurs parmi les collecteurs d’impôts, les soldats et les douaniers. Ils vont en compagnie de beaux garçons aux « Samâ’at » [lieu où ils écoutent les chants et les mélodies]. Ils les amènent dans des rassemblements illuminés par des bougies et se mêlent aux femmes étrangères sous prétexte de les faire habiller d’une « Khirqa » [L’habit de laine du soufi par excellence] et partage l’habit de toute personne en entrant en transe.
Ils appellent la réjouissance musicale extase [Wajd], l’invocation temps [Waqt] et le partage des habits des gens règle [Houkm]. Ils ne sortent d’un lieu où ils ont été invités qu’après avoir imposé une autre invitation et disent que c’est une obligation. Croire à une telle chose est mécréance [Koufr] et sa pratique est perversité [Fisq].
Les soufis croient que chanter au rythme des barres de fer est une forme d’adoration, ainsi qu’il nous est parvenu de leur part que l’invocation lors d’un chant ou d’un groupe est exaucée, mais une telle croyance est aussi mécréance, puisque quiconque croit qu’il peut se rapprocher d’ALLâh via des rites qui sont déconseillés [Makrouh] ou illicite [harâm] devient mécréant [kâfir]. Car de telles conduites sont considérées par les savants comme illicites ou déconseillées.
En outre, les Soufîs abandonnent leur volonté à leurs gourous en disant qu’on ne peut s’opposer à leurs décisions en quoi que ce soit. Ainsi, le SHeikh se trouve au-dessus de tenir des propos blasphématoires de mécréance et d’égarement [dhallâl] qu’ils appellent extase et de faire des actes reconnus par la religion comme perversion.
S’il embrasse un jeune garçon, on dit que c’est une miséricorde, s’il se tient à l’écart avec une femme étrangère, on dit que c’est sa fille qui porte « al-Khirqa » et s’il attribue un habit à une personne autre que son propriétaire et sans accord de ce dernier, on dit que c’est la règle de « al-Khirqa ».
[...]
Les Soufîs sont les premiers à avoir de termes comme « Ceci est la Loi [Charî’a] et cela est la réalité [Haqîqa] », mais cela est une chose inacceptable. La Loi est ce qu’Allâh a prescrit pour le bien de l’humanité et de toute affirmation au-delà, relève dans les esprits de l’inspiration des « Chayâtine » [Satan]. Toute personne recherchant la vérité [haqq] en dehors de la Loi divine est en égarée [maghrour] et trompée [makhdou’]. Quand ils entendent quelqu’un rapporter un hadîth du Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam), ils disent : « Les pauvres ! Ils prennent leur hadîth d’un mort et vers un mort. Tandis que nous prenons le nôtre du Tout Vivant, l’Immortel [al-ladhî lâ yamût] ».
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