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Israël dans le doute avant la visite de Trump

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  • Israël dans le doute avant la visite de Trump

    L’Etat hébreu a renforcé sa sécurité pour accueillir le président américain lors de cette première tournée internationale. Les Israéliens, d’abord satisfaits de l’élection du milliardaire, redoutent désormais que celui-ci veuille imposer une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens.

    Plus de 10 000 policiers et gardes-frontières israéliens sont mobilisés pour assurer la sécurité à Jérusalem,lors de la visite de Donald Trump en Israël et dans les territoires palestiniens, lundi et mardi. Dans la Ville sainte, les alentours de l’hôtel King David, où résideront le Président, les membres de sa famille et le millier de personnes composant la délégation, sont entièrement bouclés. Dans la vieille ville, plusieurs familles palestiniennes, ciblées par les services israéliens, ont été provisoirement expulsées pour permettre au président américain de se rendre au Saint-Sépulcre, un lieu saint où se trouverait le tombeau du Christ, puis au mur des Lamentations.

    En Cisjordanie occupée, des milliers de soldats israéliens sont également sur le pied de guerre. Les organisations palestiniennes - y compris le Fatah dont le leader, Mahmoud Abbas, rencontrera Trump à Bethléem - proclament que ce mardi 23 mai sera une «journée de la colère» durant laquelle des manifestations violentes se dérouleront dans les principales villes de l’Autorité palestinienne et devant des points de passage avec Israël. Les manifestants entendent attirer l’attention de l’opinion internationale sur la grève de la faim que mènent depuis un mois des prisonniers palestiniens en Israël. Mais ils veulent également dénoncer «le caractère pro-israélien de la politique américaine» en participant à une grève générale, ce lundi. Car Donald Trump séjournera à Jérusalem au moment où Israël entame les festivités du cinquantenaire de la réunification de la ville «pour les siècles des siècles», c’est-à-dire la conquête des quartiers arabes durant la guerre des Six Jours (juin 1967) et leur annexion, quelques semaines plus tard.

    Drapeaux bleu et blanc
    Baptisée «Yom Yerushalayim» (journée de Jérusalem), cette fête, organisée annuellement depuis 1998, promet d’être animée puisque 60 000 colons et militants nationalistes religieux défileront dans les quartiers juifs et arabes, brandissant des drapeaux bleu et blanc frappés de l’étoile de David. A quelques jours du début du ramadan - vendredi -, des incidents avec la population palestinienne ne sont donc pas à exclure. De leur suite présidentielle située au dernier étage du King David, Trump et son épouse n’en entendront sans doute pas parler. Ils pourront admirer les murailles de la vieille ville, illuminées aux couleurs israéliennes, sans imaginer qu’en janvier 2008, le gouvernement d’Ehud Olmert avait ordonné que l’on coupe le courant des quartiers arabes voisins pour permettre au président George W. Bush, qui effectuait sa première visite au Proche-Orient, de mieux profiter du panorama.

    Officiellement, Benyamin Nétanyahou et ses ministres se «réjouissent» d’accueillir Trump «à bras ouverts, comme un ami». Mais officieusement, leur discours est moins enthousiaste. Les dirigeants israéliens espéraient que leur hôte concrétise l’une de ses promesses électorales en annonçant le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, «capitale éternelle d’Israël et du peuple juif». Mais ce ne sera pas le cas, si l’on en croit le département d’Etat. Du moins, pas dans l’immédiat.

    Durant la préparation de la visite présidentielle, un diplomate américain chargé des négociations a d’ailleurs estimé que la partie arabe de Jérusalem, celle où se trouve notamment le mur des Lamentations, faisait partie de la Cisjordanie et non d’Israël. Certes, ces propos ont ensuite été officiellement condamnés par Washington mais ils ont fait l’effet d’une douche froide dans l’Etat hébreu. D’autant que, dans la foulée, l’administration Trump a publié une carte d’Israël sans le plateau du Golan (annexé en 1981) ni la partie arabe de Jérusalem et la Cisjordanie.

    «En réalité, Nétanyahou redoute surtout de se voir imposer un plan de reprise des négociations de paix avec les Palestiniens, dont il ne veut pas», explique le chroniqueur politique Oudi Segal. «A contrario, en raison de ses ennuis domestiques et des enquêtes en cours sur les contacts réels ou supposés de son entourage avec les Russes, Trump cherche à détourner l’attention grâce à une victoire à l’international. Or, au Proche-Orient, quoi de plus juteux que l’annonce de la reprise d’un processus de paix bloqué depuis quatre ans ?»

    Douche froide
    Durant le week-end, plusieurs médias arabes ont en tout cas confirmé que «quelque chose» se préparait en coulisses avec le soutien de l’Egypte et des régimes arabes sunnites de la région (Arabie Saoudite, Jordanie, monarchies du Golfe). Il s’agirait de pousser l’Etat hébreu et l’Autorité palestienienne à se rasseoir à la même table en échange de gros avantages économiques pour le premier et d’aides substantielles pour la seconde.

    Pour autant qu’il voie le jour, ce «plan Trump» prévoirait des négociations durant douze à dix-huit mois maximum, puisque tous les aspects du dossier sont connus de longue date. Il se dit à Jérusalem qu’Israël ne serait pas obligé d’interrompre les constructions dans ses colonies de Cisjordanie. Seulement de les limiter aux grands blocs qu’il n’évacuera de toute façon jamais.

    «Lors de l’élection de Trump, la droite israélienne et les cercles de colons avaient sauté de joie en proclamant qu’ils avaient "enfin un ami à la Maison Blanche", mais ce n’est plus aussi sûr. Il se pourrait même que nos dirigeants en arrivent à regretter Barack Obama car Donald Trump est un businessman qui veut aller vite en besogne. Il n’a ni la patience ni le background de son prédécesseur et il n’hésitera pas à taper du poing sur la table s’il veut vraiment obtenir quelque chose susceptible de redorer son image», déclarait il y a quelques jours Razi Barkaï, l’un des chroniqueurs vedettes de Galei Tsahal, la radio de l’armée. Une vision largement partagée par les décideurs israéliens, mais pas par ceux de l’Autorité palestinienne qui ne s’attendent pas à ce que les choses bougent dans l’immédiat, même s’ils se sont concertés la semaine dernière avec l’Egypte et la Jordanie afin de préparer une hypothétique reprise des négociations de paix.

    Pour ajouter aux appréhensions israéliennes, Trump et le roi saoudien, Salmane, ont signé samedi à Riyad un contrat-cadre par lequel l’Arabie Saoudite achètera pour 110 milliards de dollars d’armements(lire ci-contre). S’exprimant dimanche au micro de Kol Israël, la radio publique, les ministres de l’Energie, Youval Steinitz, et du Renseignement, Yisrael Katz, deux des figures de proue du Likoud, n’ont d’ailleurs pas caché leur inquiétude en estimant que ces fournitures «rompront l’équilibre stratégique dans la région».

    libération fr
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