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Plaidoyer pour un humanisme numérique

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    Homo Artificialis - Plaidoyer pour un humanisme numérique” Guy Vallancien,
    édition Michalon
    201 pages


    “Lorsque ‘Homo artificialis’ sortira des usines de montage asiatiques, indiennes ou africaines, à quoi servira-t-il ? À nous aider ou à nous dominer ? Et à qui servira-t-il ?”

    Telle est la question à laquelle s’attache à répondre Guy Vallancien, chirurgien de réputation mondiale, pionnier de l’utilisation de la robotique chirurgicale.

    L’auteur part de sa propre expérience de chirurgien : les robots sont déjà largement présents dans nos hôpitaux, et leurs performances de plus en plus sophistiquées en feront bientôt un “chirurgien artificiel, simple copie de nos moyens humains d’agir (…) travaillant sans à-coups ni stress ni fatigue, pour me remplacer dans presque toutes les opérations simples et programmées, où il apportera un plus en matière de sécurité”. Mais l’homme gardera toute sa place “pour les opérations complexes qui appellent un jugement in situ immédiat, non prédéterminé, et une gestuelle personnalisée”.

    Au-delà du robot chirurgien, le praticien estime que les nouvelles technologies de l’information vont bouleverser toute l’organisation de nos systèmes de soins ainsi que l’économie de la santé. Il est donc urgent de mener une réflexion de fond sur cet avenir.

    Savant parallèle entre le cerveau et l’ordinateur
    Élargissant l’analyse, Guy Vallancien constate que, parallèlement à l’amélioration des capacités d’accomplissement de tâches programmées par les robots, la recherche sur l’intelligence artificielle (IA) progresse elle aussi à grands pas, “sous-tendue par l’idée selon laquelle ce qui peut être conçu par l’homme le sera un jour par une machine”.

    Mais si les robots dotés d’intelligence artificielle sont des systèmes capables d’entrer en relation avec l’homme, “leur discours est aujourd’hui programmé et leur ‘pensée’ limitée à des algorithmes préétablis incapables d’une intuition véritable quittant les chemins rationnels pour voguer vers des horizons incertains”. Pourront-ils demain, comme le pensent un certain nombre de chercheurs et penseurs visionnaires, acquérir une intelligence dépassant la puissance cérébrale humaine ?

    “La différence réelle entre les robots et nous réside dans ce qui ne se calcule pas, ne se modélise pas, ne se met pas en boîte”

    La réponse de Guy Vallancien à cette question redoutable est sans équivoque, au terme d’un savant parallèle entre le cerveau et l’ordinateur où il fait appel aux découvertes les plus récentes sur le fonctionnement de notre cerveau d’une part, et sur l’intelligence artificielle d’autre part : “Comparer notre corps à un hardware et le cerveau à un software tient de la galéjade. (…) la différence réelle entre les robots et nous réside dans ce qui ne se calcule pas, ne se modélise pas, ne se met pas en boîte”. Et il voit mal “comment ‘Homo Artificialis’ pourrait égaler ou dépasser ‘Sapiens’ dans sa globalité humaine”. Car notre cerveau est d’une complexité inimaginable, et “ses capacités logiques ne représentent qu’une infime partie de ce qui nous fait être vivants, n’en déplaise à l’ordinateur Alphago de Google”. “L’intelligence artificielle m’inquiétera le jour où un robot rira de bon cœur à l’énoncé d’un jeu de mots inopiné lancé par un clown.”

    Contre la Brain Initiative américaine ou le Humain Brain Project européen
    Contre la ‘Brain Initiative’ américaine ou le ‘Human Brain Project’ européen, il affirme que “vouloir numériser la complexité de l’activité cérébrale dans son inventivité est un mensonge juste bon à attirer des capitaux”. Et pour enfoncer le clou, il prend l’exemple de la musique, de la peinture ou de la cérémonie du thé pour affirmer qu’ils “sont deux exemples de fusion entre le corps et l’esprit dans un continuum qui signe l’homme dans son originalité”.

    Pour finir, Guy Vallancien s’attaque avec brio au transhumanisme et à “la fiction de robots devenus indépendants et surpassant nos capacités réelles pour nous dominer, (fiction qui) ne devrait jamais dépasser les pages des romans ni les images des films consacrés à ces chimères futuristes”.

    Néanmoins, au vu des développements potentiels des manipulations génétiques alliées à l’intelligence artificielle au deep learning, il considère qu’il faut se prémunir du risque qu’une telle fiction cauchemardesque n’advienne. Et rejoignant les inquiétudes déjà exprimées par nombre d’intellectuels et scientifiques, il considère que “l’urgence est absolue, le pronostic vital de l’humanité est engagé” et qu’il convient dès maintenant, “après avoir créé ces technologies computationnelles, de débattre de leur place pour nous servir”.

    “L’urgence est absolue, le pronostic vital de l’humanité est engagé” et il convient dès maintenant, “après avoir créé ces technologies computationnelles, de débattre de leur place pour nous servir”

    En conclusion, Guy Vallancien plaide donc pour un “pan-humanisme” qui viserait à mettre Homo Artificialis au service de toute l’humanité : continuer les recherches visant à “soulager et réparer” les maux de l’homme, mais en exclure catégoriquement les dérives visant à “augmenter l’homme au seul bénéfice d’un surcroît de puissance et de longévité”. Et, à l’image de la Cop21, il appelle à la création d’une instance mondiale qui viserait à protéger l’homme des “démons épris d’artifices sans espoir ni autre idéal que la domination brute et l’argent”.

    Cet ouvrage est en définitive un plaidoyer pour un humanisme numérique refusant les dérives transhumanistes d’une seule augmentation quantitative de l’homme, et prônant un pan-humanisme intégrant l'intelligence artificielle et les robots dans nos vies, à condition qu'ils restent au service de l'homme sans le dominer.

    l'économiste
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