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Luther : il a osé lancer la Réforme de l'Eglise

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  • Luther : il a osé lancer la Réforme de l'Eglise

    Ce matin d'octobre 1517, à Wittenberg, ville universitaire de l'Électorat de Saxe, les habitants découvrent avec stupéfaction affichées sur la porte de l'église du château une série de 95 affirmations critiquant vertement la manière dont le pape commercialise l'absolution des péchés. L'auteur de ces lignes ? Un éminent professeur de l'université de la ville, un moine augustin, érudit brillant et travailleur acharné. Il s'appelle Martin Luther. Il a 34 ans et ne sait pas encore qu'il vient de faire basculer le christianisme dans la Réforme. Il mettra du temps à s'en rendre compte : il pensait seulement critiquer une déviance des prêtres ; obsédé par la peur de l'enfer, il voulait assurer son salut et celui des croyants. Il va provoquer un séisme.

    C'était il y déjà 500 ans. Un chiffre rond qui invite à la commémoration : 2017 est donc l'année Luther. En France, on doit au professeur de la faculté protestante de Strasbourg Matthieu Arnold l'édition de ses psaumes, de ses catéchismes et autres écrits d'apostolat dans la prestigieuse collection de la Pléiade (Gallimard), mais aussi une remarquable biographie chez Fayard (et une BD, chez Glénat). Mais l'édition s'est mise en peine, d'autres biographies ont été traduites de l'allemand, dont le passionnant Luther de Heinz Schilling (éditions Salvator). Des livres, donc, et des interrogations.

    Dr Jekyll and Mr Hyde

    Car qui était vraiment Luther ? On le connaît finalement peu en France, où le protestantisme est d'abord « réformé », c'est-à-dire calviniste. La bonne bouille ronde qu'il arbore sur les tableaux de Cranach l'Ancien dit peu du théologien inspiré, passionné, courageux, poète, mais aussi orgueilleux, intransigeant, violent et haineux. Il y a du Dr Jekyll and Mr Hyde chez le moine de 1517, bientôt défroqué (et marié). Et peut-être capte-t-il trop bien la lumière, l'ami du peintre Cranach.

    En effet, si la Réforme est Luther, elle n'est pas que Luther. L'homme est bien sûr la personnalité phare de ce mouvement qui va déchirer l'Église et la transformer de l'intérieur. Il est celui qui va oser s'opposer frontalement au pape et brûler sur la place publique la bulle qui l'excommunie. C'est lui, le redoutable commentateur des textes, qui impose une conception nouvelle de la grâce divine et du salut après la mort, lui qui donne au peuple un accès direct au texte de la Bible et, partant, lui ouvre les portes du savoir et de la liberté individuelle. Avec Luther, le croyant est en rapport direct avec le Christ. Plus besoin des clercs. Mais la Réforme, c'est aussi le refus du dogme, c'est le droit de discuter, de réfléchir, de s'insurger.

    Le « moine noir » (du nom de son habit d'augustin) a ouvert la boîte de Pandore. Chacun veut faire entendre sa petite musique. Derrière Luther, on se bouscule, on le pousse. Mélanchthon, Bucer, Müntzer, Zwingli, Calvin : autant de « réformateurs » également incontournables, qui ont pu être des amis, des disciples, des concurrents, des ennemis mortels. Luther, c'est la Saxe, Bucer, l'Alsace, Zwingli, la Suisse allemande, Calvin, Genève, etc. La Réforme est une hydre à plusieurs bras qui étend progressivement son emprise sur toute l'Europe du Nord, faisant tourner la tête des bourgeois, des nobles, des clercs, des paysans. La Réforme, ce sont aussi ces princes allemands qui profitent du tumulte et du chaos pour s'imposer face à Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique. Ce sont ces paysans qui entrent en rébellion pour plus de justice sociale. Ils veulent que la Réforme soit d'abord sociale, qu'on allège leurs impôts, qu'on les libère du joug des féodaux.
    Un personnage bifide

    Luther, lui, veut l'ordre. L'insurgé de Wittenberg est prêt à se battre pour ses convictions religieuses, pas à soutenir les forcenés des campagnes. Quand, de 1524 à 1526, des bandes de paysans mettent la campagne à feu et à sang, il va sur le terrain pour tenter de les convaincre de se calmer, il appelle à la trêve. En vain. Alors, il soutient les princes qui passent les révoltés au fil de l'épée. Dans son propre camp, la violence de ses missives vengeresses crée l'incompréhension. De même que ses attaques contre les juifs, qu'il ne connaît que de loin mais qui, à ses yeux, ont le tort de refuser la conversion. Il exige leur expulsion, qu'on leur prenne leurs biens, qu'on brûle leurs synagogues. Là encore, la plupart des réformés le condamnent. Mais ses pamphlets vont servir de justification à l'antisémitisme allemand le plus radical.
    Luther est un personnage bifide, nous dit l'historien allemand Thomas Kaufmann dans l'interview exclusive qu'il a donnée au Point. L'homme qui a permis aux Européens de découvrir le chemin de la démocratie est aussi celui qui a donné les brandons pour attiser la haine. Celui qui a révolutionné l'Église a conforté le pouvoir des princes. L'homme qui a fait de la langue allemande une langue littéraire et a écrit les psaumes qui ont inspiré Jean-Sébastien Bach a aussi utilisé les mots comme des masses d'arme pour appeler au meurtre. C'est ce Luther tout en contradiction que Le Point vous invite à découvrir dans ce dossier spécial. Pour le lire dans le texte. Pour découvrir les écrits des autres réformateurs. Pour mieux comprendre ce que fut la Réforme et ce qu'elle va produire, le protestantisme.

    le Point fr

  • #2
    L'alter égo musulman de Luther est plus ou moins le sheikh Mohamed Ibn Abdelwahab, il a réduit à néant toutes les superstitions qui gravitaient autour de l'Islam, tout en en étoffant son corpus transcendant (le Tawhid), ce qui fait que paradoxalement le Wahabisme est le courant de l'Islam le plus adapté à la modernité, puisqu'il est aussi le moins métaphysique.

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