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Inde : la mort d'une vache est-elle plus révoltante que celle d'un être humain ?

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  • Inde : la mort d'une vache est-elle plus révoltante que celle d'un être humain ?

    Un décret fédéral a ravivé les tensions dans ce pays dominé par le parti nationaliste hindou de Narendra Modi. L'opposition crie à l'obscurantisme.

    Alors que le Premier ministre indien Narendra Modi achève en France une visite européenne, son pays est à nouveau le théâtre de positions enflammées autour de l'enjeu de la protection de la vache, animal sacré pour la majorité hindoue. Ce débat hautement politisé n'a rien d'anodin. Depuis que M. Modi a pris le pouvoir en 2014, le BJP, son parti, nationaliste hindou, a fait de cet enjeu religieux une véritable croisade. En trois ans, les États dirigés par le BJP ont durci leur législation sur l'abattage des vaches et rêvent d'imposer une interdiction à l'échelle nationale. Depuis le 26 mai, le mécanisme s'accélère, avec une interdiction du commerce du bœuf sur les marchés à des fins d'abattage, mais aussi des pressions demandant le statut d'animal national pour la vache. À la clé, un bras de fer entre les tenants de la tradition multiconfessionnelle et les nationalistes qui portent l'hindouisme en socle culturel de la nation.
    Le 26 mai dernier, un décret fédéral a ainsi remis le feu aux poudres. Émis abruptement, il interdit sur les marchés le commerce de taureaux, de bœufs, de vaches, de buffles, de veaux et de chameaux destinés à l'abattage. La mesure limite de facto la consommation de viande de bétail dans toute l'Inde. Elle est perçue comme discriminatoire par les minorités religieuses qui consomment du bœuf, c'est-à-dire les musulmans, les chrétiens, les dalits (« Intouchables ») et les aborigènes. Par ailleurs, elle menace des millions d'emplois dans la filière bovine.
    Une guerre meurtrière de la vache

    Ce décret fait suite à une série d'autres mesures prises récemment. Sur les 29 États de l'Union indienne, les 21 qui interdisent l'abattage des vaches ont durci leur législation en la matière. Le Gujarat, région natale de Narendra Modi qui en fut le dirigeant, a mis en place en avril des peines allant jusqu'à l'emprisonnement à perpétuité pour sanctionner l'abattage de l'animal. « La vache n'est pas un animal, avait alors déclaré le ministre régional de la Justice, Pradipsinh Jadeja. C'est le symbole de la vie universelle. » Et, partout en Inde, les « gaushala », refuges pour vaches, prennent l'allure de temples pour extrémistes hindous. Derrière cette croisade en faveur de la vache sacrée s'exerce l'influence du groupe RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh, le Corps des volontaires nationaux), la matrice du nationalisme hindou, dont le BJP représente l'aile politique et le visage modéré.


    Ces hindous considèrent la vache comme un animal sacré, associé à la paix et à la prospérité, mais aussi à l'image de la terre nourricière et de la patrie mère. La vache indienne n'est pourtant pas si bien traitée dans la vie quotidienne, mais les nationalistes l'ont sublimée. Tout comme ses produits dérivés sources de bienfaits : le beurre, le lait, le beurre clarifié et l'urine.
    Désormais, il suffit d'une rumeur colportant la mort d'une vache ou la consommation de sa viande pour provoquer des violences entre extrémistes hindous et membres des minorités. Des milices pro-hindoues s'en prennent aux éleveurs, aux transporteurs ou aux vendeurs de bétail. Depuis mai 2015, les heurts ont déjà fait 12 morts.
    La piété du paon

    L'opposition, les minorités religieuses et les tenants de la laïcité tentent de contrer ce courant qui agit au nom de la protection de la vache. Depuis une semaine, en réaction à la nouvelle interdiction, des protestations ont lieu dans les États non dirigés par le BJP. Dans le Kerala, des manifestants ont abattu un veau en public, en guise de provocation. Dix-huit d'entre eux ont été arrêtés pour acte de cruauté envers un animal. Au Karnataka, au Kerala et au Tamil Nadu, des protestataires ont tenté de célébrer des « fêtes du bœuf », en cuisinant et en distribuant des plats à base de viande.
    Des voix s'élèvent également contre la propension des dirigeants du BJP à s'offusquer davantage de la mort d'une vache que de celle d'un être humain. Le site militant Alt News a passé au peigne fin les tweets de cent leaders du BJP qui, lorsqu'ils ont condamné l'abattage du veau au Kerala, n'ont pas réagi au lynchage de Pehlu Khan, un fermier tué en avril au Rajasthan par les milices pro-hindoues.
    Mercredi, la haute cour du Rajasthan en a encore rajouté. Elle a demandé à New Delhi de donner à la vache le statut d'animal national, déjà détenu par le tigre. Elle a aussi recommandé de durcir les peines contre l'abattage des vaches. Mais le juge initiateur, Mahesh Chandra Sharma, a suscité l'indignation en commentant sa décision face aux caméras. Il a alors comparé les vertus de la vache à celles du paon, dont il a salué... l'abstinence sexuelle ! « Le paon est un animal célibataire et pieux », a-t-il déclaré. Ses propos ont suscité la risée dans les médias indiens qui y voient une mise en péril de la connaissance au profit de la propagande hindoue. Le Business Standard a retracé les différentes inepties proférées depuis 2014 par les politiciens du BJP, y compris par Narendra Modi : « Au lieu de s'opposer à la stupidité consistant à traiter la vache en déesse mère, ils veulent à l'inverse la revendiquer, dénonce le quotidien. La pseudoscience, la pseudo-économie et la pseudo-histoire sont fièrement revendiquées. » Le journal The India Express, quant à lui, a choisi vendredi de consacrer une colonne de ses pages à la reproduction du paon.


    le Point fr

  • #2
    y a bien le porc qui est interdit dans plusieurs pays musulmans ..............
    " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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    • #3
      Les extrémistes hindous ne sont pas très différents des terroristes de Daech. Ils n'hésitent pas à terroriser et à assassiner des civils pour le moindre soupçon de consommation ou de commercialisation de la viande de vache.

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      • #4
        anachronisme et extrémisme...si l'on considère que la vie d'une vache est égale à la vie d'un homme alors à ce moment là on sors de l'universalisme des valeurs.

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        • #5
          y a bien le porc qui est interdit dans plusieurs pays musulmans ..............
          Interdit mais personne ne va prendre ta vie si tu le manges. En Inde, on lynche des gens juste par soupson qu'ils ont mange un morceau de boeuf.:22:

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          • #6
            anachronisme et extrémisme...si l'on considère que la vie d'une vache est égale à la vie d'un homme alors à ce moment là on sors de l'universalisme des valeurs.
            ils ne seront pas les seuls...
            Les valeurs universellement reconnues ne font pas légion,

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