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Métaphore : définition et exemples

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  • Métaphore : définition et exemples

    Par la magie de la métaphore qui rapproche ce qui était distant…

    L’âme romantique et le rêve, Albert Béguin, 1937


    Métaphore : définition

    La métaphore est une figure de style par laquelle on désigne un terme, un ensemble de termes ou une idée, par exemple le soleil couchant, par un autre terme ou un autre ensemble de termes qui signifie normalement autre chose, comme « l’or du soir ».

    Ainsi, comme dans le célèbre poème de Victor Hugo, on parle du soleil couchant comme « l’or du soir ».

    Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

    Victor Hugo, Demain, dès l’aube…, 1856

    Autres exemples :

    On peut désigner une femme que l’on aime par le mot “trésor”. “Bonjour, mon trésor !”. Ainsi, le mot “femme” et le mot “trésor” sont fondus en un seul et même terme !

    D’un homme féroce, on dira que c’est un tigre !

    D’un crétin, on dira que c’est un âne !

    Pour la terre, on parlera de la « Grande bleue » !

    De l’argent, on dira « qu’il est un mauvais maître » !

    Attention :

    La métaphore peut affecter un nom (substantif), un adjectif qualificatif, un verbe ou un adverbe.



    La métaphore, une analogie
    Une métaphore est donc une analogie. C’est-à-dire ? On établit un rapport entre deux choses que l’on estime similaires. Le terme concret d’homme féroce est placé dans un contexte abstrait : on doit imaginer que c’est un tigre. Le réel est en quelque sorte transformé en idée, en concept.

    C’est là toute la difficulté d’une métaphore ! Elle se fonde souvent sur une impression ou interprétation très personnelle de celui qui la produit. Il faut donc que celui qui l’entende ou qui la lise revive cette impression. En quelque sorte, c’est dans ce transfert que réside le sens de ce que veut exprimer l’interlocuteur.



    Étymologie du mot « métaphore »

    Vient du latin d’origine grecque metaphora, “le transport, transposition, transfert de sens”.



    La différence entre une métaphore et une comparaison

    À l’inverse d’une métaphore, une comparaison lie les deux termes mis en relation par un terme comparatif : comme, tel, ainsi que, plus que, moins que, autant que…

    Exemples :

    Ses cheveux sont blancs comme neige !

    La Terre est ronde comme une orange !

    Ainsi, la métaphore élimine l’élément qui indique la comparaison :

    La métaphore se distingue de la similitude ou comparaison par le fait qu’aucun élément formel de comparaison ne s’y trouve présent.

    Josette Rey-Debove, Lexique de sémiotique, 1979

    En suivant le grand grammairien Fontanier, on peut parler, sans la définir rigoureusement, de la métaphore comme une comparaison abrégée, ou comparaison réduite à un seul terme.

    Dans un tout autre contexte, mais toujours révélateur, Bossuet, lui, parlait de la métaphore en ces termes :

    Les métaphores ne sont autre chose que des similitudes abrégées.

    Bossuet, Histoire des variations des églises protestantes, 6ème avertissement, 1688



    La métaphore, un rapport entre comparé et comparant
    Dans une métaphore, la grammaire parle de comparé et de comparant.

    Par exemple, si l’on dit qu’un misanthrope est un véritable ours, alors :

    Le comparé : c’est le misanthrope.
    Le comparant : c’est l’ours.
    Notre premier exemple, « l’or du soir » désignant le soleil couchant, est un peu plus complexe. Pourquoi ? Parce que le comparé est absent. Il faut le deviner. On parle alors de métaphore in absentia.

    Le comparé : le soleil couchant.
    Le comparant : l’or du soir.
    En langage technique, on parlera plutôt de thème pour désigner ce qui est comparé, et de phore pour désigner ce qui est comparant.

    La métaphore dispose donc d’un « phore » unique ; elle se distingue en cela, par exemple, de l’allégorie.



    La métaphore, un trope
    En rhétorique, la métaphore est qualifié de trope. Un trope, c’est une figure qui altère ou détourne le sens propre d’un mot. Fontanier définit ainsi la métaphore :

    Un trope par lequel, en vertu d’une certaine ressemblance entre deux idées, on présente l’une de ces idées sous le signe propre de l’autre, ou parce qu’elle n’avait pas encore elle-même un signe qui lui fût proprement affecté, ou parce qu’on veut la rendre plus sensible ou plus agréable par ce signe d’emprunt.

    Les tropes de Dumarsais, p165

    On trouve une définition de ce trope dès Aristote :

    La métaphore est le transport à une chose d’un nom qui en désigne une autre, transport ou du genre à l’espèce, ou de l’espèce au genre, ou de l’espèce à l’espèce ou d’après le rapport d’analogie.

    La poétique, 1457 b 6-9.



    Les différents types de métaphores


    Métaphore in praesentia

    Quand le terme comparé et le comparant sont tous les deux explicitement présents dans la phrase. Il existe différentes façons de les construire :

    Le terme comparé (icebergs) peut être apposé au comparant (les cathédrales sans religion…)
    Icebergs, Icebergs, cathédrales sans religion de l’hiver éternel ;

    Henri Michaux, Icebergs

    Le terme comparé (l’automne) peut être qualifié par un groupe de mots qui indique sa qualité ou son état (tisane froide)
    Tout l’automne à la fin n’est plus qu’une tisane froide.

    Francis Ponge, La fin de l’automne

    Le terme comparé (blés) peut être complété par le comparant, qui est donc un complément (l’océan) :
    Et la profonde houle et l’océan des blés

    Charles Péguy, Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres



    Métaphore in absentia

    Dans une métaphore in absentia, le comparé est absent. C’est notre exemple de » l’or du soir » pour désigner le soleil couchant.

    L’effort d’interprétation demandé au lecteur est plus grand encore !

    Autre exemple :

    Chaque instant te dévore un morceau de délice.

    Baudelaire, L’horloge

    Le verbe « dévore » évoque ici une bête sauve. L’instant est une bête sauvage !

    Avec les surréalistes, la métaphore in absentia devient parfois énigme :

    L’étincelle, toujours resplendissante, sera glaciale

    Breton et Éluard, Dictionnaire abrégé du surréalisme, étincelle

    …cette minute où l’homme, pour concentrer sur lui toute la fierté des hommes, tout le désir des femmes, n’a qu’à tenir au bout de son épée la masse de bronze au croissant lumineux qui réellement tout à coup piétine

    Breton, L’amour fou

    Breton parle ici d’un taureau…



    Métaphore filée

    C’est une métaphore qui s’étend à plusieurs éléments. Pour parler de métaphore filée, il faut rester dans le même champ lexical !

    Pour reprendre l’exemple de l’homme féroce : cet homme est un tigre, ses crocs étaient prêts à se planter partout, ses griffes rognaient les carcasses…

    En termes plus savants, on la définira ainsi :

    Série de métaphores reliées entre elles par la syntaxe —elles font partie de la même phrase ou d’une même structure narrative ou descriptive— et par le sens : chacune exprime un aspect particulier d’un tout, chose ou concept, que représente la première métaphore de la série

    Michel Riffaterre, « La métaphore filée dans la poésie surréaliste », Langue française, n° 3, 1969, pp. 46-60

    Une célèbre métaphore filée, la fin de Germinal :

    Maintenant, en plein ciel, le soleil d’avril rayonnait dans sa gloire, échauffant la terre qui enfantait. Du flanc nourricier jaillissait la vie, les bourgeons crevaient en feuilles vertes, les champs tressaillaient de la poussée des herbes. De toutes parts, des graines se gonflaient, s’allongeaient, gerçaient la plaine, travaillées d’un besoin de chaleur et de lumière.

    Un débordement de sève coulait avec des voix chuchotantes, le bruit des germes s’épandait en un grand baiser. Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s’ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient. Aux rayons enflammés de l’astre, par cette matinée de jeunesse, c’était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre.



    Dans le père Goriot, Balzac compare Paris à un océan :

    Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur. Parcourez-le, décrivez-le ! quelque soin que vous mettiez à le parcourir, à le décrire ; quelque nombreux et intéressés que soient les explorateurs de cette mer, il s’y rencontrera toujours un lieu vierge, un antre inconnu, des fleurs, des perles, des monstres, quelque chose d’inouï, oublié par les plongeurs littéraires.



    La catachrèse

    La catachrèse, c’est une métaphore si courante qu’on ne la perçoit plus comme telle.

    Exemples : les ailes d’un bâtiment, les pieds d’une table, les dents d’une scie, la plume d’un stylo, la feuille de papier, prendre une bain de soleil, habiter une cage à lapins…

    Nous ne pouvons donc échapper aux métaphores. Elles nous sont essentielles. Comment nommer autrement « les pieds de la chaise » ? C’est un tourbillon duquel on ne sort pas, comme l’explique le philosophe Alain dans cet extrait :

    Nous disons que les corps célestes obéissent à la loi de Newton; cela signifie qu’ils suivent des paroles comme les enfants sages. Mais ce n’est qu’une métaphore? Sans doute; mais la métaphore est enfermée dans le mot loi. L’algébriste veut échapper à la métaphore, et retrouve la fonction, autre métaphore. Les métaphores nous pressent, comme les ombres infernales autour d’Énée. Et ces pensées mortes doivent revivre en chaque enfant, comme le mythe du Léthé l’exprime, métaphore sur les métaphores. Et ceux qui méprisent les jeunes métaphores, nous les nommons pontifes, c’est-à-dire prêtres et ingénieurs par une double métaphore.

    Propos, 1921, pp. 333-334.



    Exemples de métaphores

    Tristes bars, boîtes de nuit où si vainement d’ordinaire les noctambules éperonnent la bête fourbue et rétive de l’espérance.

    Toutes les femmes sont fatales, Claude Mauriac

    Terre arable du songe !

    Saint-John Perse, Anabase, X, fin

    Je parle un langage de décombres où voisinent les soleils et les plâtras.

    Aragon, Traité du style

    Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage

    Baudelaire, l’Ennemi

    Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées

    Baudelaire, LXXVI, Spleen

    On peut jouer avec les métaphores « consacrées ». Ici, l’auteur emploie le sens figuré puis le sens propre du mot trône, la métaphore du pouvoir, et ensuite l’objet en lui-même :

    “ Les Croisés entrèrent dans Constantinople, renversèrent le trône et montère dessus”

    Jean-Charles, Hardi! les cancres, p.27

    De même ici, avec la métaphore « arriver en coup de vent » :

    Il s’engouffra dans la cuisine en même temps qu’une bouffée d’air gelé. Il arrivait toujours en coup de vent.

    Guèvremont, le Survenant



    Métaphoriser

    L’emploi du mot métaphoriser, au sens de s’exprimer par le truchement de métaphore, est attester chez Sainte-Beuve

    Ceux dont on a pu lire dans la matinée quelque parole ou acte mémorable, quelque dépêche mâle et simple, peut-on raisonnablement les entendre déclamer, rêver, rimer, métaphoriser, même en beaux vers, le soir?

    Nouveaux lundis, t. 5, 1863
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