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Écrits d’Algériennes et guerre d’indépendance, Témoignages et créations

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  • Écrits d’Algériennes et guerre d’indépendance, Témoignages et créations

    Cette contribution qui porte sur les écrits des Algériennes et la guerre d’indépendance s’intéresse à l’interaction témoignage/création. Elle constitue, pour ce faire, un dossier qui comprend, du côté du témoignage, quatre documents, deux de la guerre et deux de la post-indépendance ; du côté de la création, un regard sur les genres courts que sont le poème et la nouvelle et une étude de deux récits d’Algériennes sur la guerre. Elle s’interroge, en conclusion sur l’émergence prévisible de nouvelles créations à partir de l’ouverture des mémoires et de leurs expressions écrites et cinématographiques.

    Traiter d’un tel sujet, cinquante années après, n’est ni aisé ni confortable. En effet, le discours le plus entendu sur les Algériennes et la guerre déplore leur maintien en soumission depuis 1962, en projetant les difficultés du présent par un éclairage rétroactif sur leur choix de la lutte pour l’indépendance et, sans toujours l’exprimer, sur le choix de l’indépendance elle-même.

    Cette contribution constitue un dossier regroupant des documents à (re)lire de ce que furent les voix/voies féminines algériennes, entre 1954 et 1962 et comment elles ont dû négocier leur place dans la nation émergente, avec stagnations, avancées et régressions comme d’autres groupes de la société algérienne ; par ce dossier donc, il s’agit de mieux contextualiser les œuvres de deux ou trois d’entre elles, privilégiées par une notoriété littéraire [1], qu’on re-convoque chaque fois qu’on évoque ce sujet, mais souvent en ignorant ces textes. Il semble ainsi qu’on puisse mieux apprécier l’échange fécond entre témoignage et création.

    Ce programme ne sera qu’en partie analysé faute de place mais s’appuie – et ce sera le parti pris de l’étude – sur la conviction de la nécessité de cette lutte pour l’indépendance puisque le colonialisme refusait de baisser les armes. Toute entrée dans la violence est un labyrinthe et un vertige et personne ne s’y engage de gaieté de cœur. Comme l’a magistralement montré Raphaëlle Branche avec l’équipe du documentaire sur « Palestro » [2], on ne peut comprendre l’entrée en guerre que si l’on accepte de se placer dans la perspective de la longue durée en prenant en compte le parcours colonial depuis ses débuts.

    Le premier constat concernant les Algériennes est celui de leur entrée tardive dans l’écriture, due essentiellement à une scolarisation différée et plus parcimonieuse que celle des hommes. Lorsqu’elles écrivent, ce sera dans une société et un temps investis et bousculés par l’Histoire, dans une société algérienne réticente à les accepter dans la sphère publique, dans une société française aussi où la moindre écriture « non engagée » [3] de l’une d’elles est interprétée alors comme une victoire sur l’ennemi, à savoir le résistant au colonialisme [4]. Ces brefs rappels, bien connus, ne sont faits que pour redessiner l’atmosphère d’inconfort qui est celle où les femmes- témoins et les créatrices s’engagent dès lors qu’elles prennent plume ou parole.

    Comme les hommes, elles ne peuvent guère échapper à l’Histoire omniprésente pour affirmer leur être au monde et l’existence réelle d’une « patrie » : « nation-Etat ou nation-communauté ou simplement patrie solidairement agissante, et pour cela même “nationale”, quelque chose existait qui a permis à l’Algérie de s’opposer, au cours de cent trente ans, à une grande puissance impérialiste et à la forcer, en définitive, à capituler [5]. » Aussi, leur participation à la lutte de libération a été et est encore une référence de légitimité. Cette référence est prégnante dans les trente premières années après l’indépendance pour résister alors non plus au colonialisme mais à une régression de leur statut. Très rapidement, après 1962, les écrits de femmes vont insister sur l’écart entre leur engagement du passé proche et la portion congrue qui leur est réservée dans la société algérienne postcoloniale, ce qui n’efface pas le passé immédiat.

    Christiane Chaulet Achour, 2012
    L'Harmattan | Confluences Méditerranée

    [1] Notoriété qu’il n’est pas question de contester mais qui n’en font pas des
    porte-paroles de toutes les Algériennes et de tous les aspects de cette guerre.

    [2] Palestro, Algérie, Histoires d’une embuscade, documentaire écrit par Raphaëlle Branche et Rémi Lainé, France, 2012, 85 mn, diffusé sur ARTE à 22h40 le mardi 20 mars 2012. « Arrimé à l’essai de l’historienne R. B. – L’Embuscade de Palestro, Algérie 1956, Colin –, le documentaire s’emploie à démontrer que les événements de Palestro ne procèdent pas de la génération spontanée mais s’inscrivent dans le long temps de l’histoire coloniale en Algérie […] Une salutaire complexité », Télérama, n° 3244.

    [3] Au sens où J-P. Sartre a défini la notion de littérature engagée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Cf. le texte très connu, « Qu’est-ce que la littérature ? », Les Temps Modernes, 1947. Rééd. dans Situations II en 1948 : « Il n’y a d’art que pour et par autrui. » entre autres formules bien
    connues.

    [4] En 1959, Assia Djebar qui a publié en 1956, La Soif, a été célébrée par
    toute la presse française, comme « Sagan algérienne ». Ce premier roman,
    on le sait, créa toute une polémique de son non-engagement à l’heure où les
    jeunes Algériennes « émancipées » étaient plutôt dans les prisons, les maquis et les camps. Cf. sa « justification » dans Ces voix qui m’assiègent, A. Michel, 1999, p. 18.

    [5] Mostefa Lacheraf, L’Algérie, nation et société, Maspero, 1965, introduction.
    N'est jamais déçu celui qui s'attend au pire !

  • #2
    L'article en entier est disponible en suivant le lien ci-dessous :

    http://www.cairn.info/revue-confluen...2-page-189.htm
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