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Qatar-Arabie : derrière le face-à-face, le sponsoring du djihad

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  • Qatar-Arabie : derrière le face-à-face, le sponsoring du djihad

    La mise au ban du Qatar par l’Arabie saoudite masque la rivalité entre deux pays, qui, chacun à sa manière, se cherchent une légitimité auprès des mouvements radicaux de l’islam : les Frères musulmans pour Doha et les salafistes pour Riyad.

    Impayable pétrole ! Malgré le déclenchement de la pire crise diplomatique dans le golfe Persique depuis le début du siècle, le prix du baril a baissé. Il y aurait pourtant de quoi s'inquiéter de voir le numéro un mondial de l'or noir, l'Arabie saoudite, orchestrer le quasi-blocus du Qatar pour cause, notamment, de soutien à son rival perse et chiite, l'Iran, autre ténor des hydrocarbures. Et ce, avec l'accord tacite de l'administration Trump et dans une région volatile abritant deux tiers des réserves mondiales prouvées de pétrole conventionnel.

    Certes, les zones de production, pipelines et voies de transit maritime ne sont pas menacées. Et le scénario d'une invasion du Qatar par l'Arabie saoudite, au risque d'une déflagration régionale, demeure peu vraisemblable. Pour autant, cette crise a des conséquences géostratégiques non négligeables. Le rêve d'un « Otan arabe » formulé par Trump n'aura pas tenu quinze jours. Le Conseil de coopération du Golfe, créé en 1980 pour assurer intégration économique et sécuritaire aux monarchies du Golfe, est menacé de dislocation. Et l'antagonisme s'aggrave entre le duo Arabie saoudite-Egypte, d'une part, et Iran-Turquie, de l'autre, qui ont volé au secours de Doha via un approvisionnement alimentaire d'urgence dimanche.

    Un antagonisme touchant, entre autres, à un dossier concernant rien de moins que la sécurité de la plupart des pays de la planète, où, depuis deux ans, on recense en moyenne un attentat djihadiste par jour ; le sponsoring des deux grandes familles rivales de mouvements intégristes à filiales djihadistes, les Frères musulmans et les salafistes (retour aux sources rigoristes de l'islam). Les premiers sont soutenus par Doha et les seconds par Riyad. Les Emirats arabes unis, très vigilants sur la question, et l'Arabie saoudite accusent le Qatar de soutenir « l'organisation extrémiste » des Frères musulmans, le Hamas palestinien, ainsi que Daech et Al Qaida pour déstabiliser la région. Les monarchies du Golfe coalisées *contre Doha (à l'exception notable du Koweït et d'Oman) ont fourni une liste de 12 entités et de 59 individus que le Qatar doit cesser immédiatement de soutenir ou héberger. Y figure le prédicateur Youssef Al Qardaoui, dont les discours haineux et sectaires sont suivis par 60 millions de fidèles sur la télévision qatarie Al Jazeera.

    Des accusations graves, puisque Daech et Al Qaida ont frappé une quarantaine de pays où ils pensent disposer de nombreuses recrues, en terre d'islam (les musulmans, notamment en Syrie, Irak, Nigeria, Pakistan, Afghanistan, fournissent le plus grand contingent de victimes) ou dans les pays occidentaux à forte immigration, France, Royaume-Uni, Belgique. Mais il est difficile de prouver qu'un pays finance Daech ; l'argent du terrorisme, arme asymétrique par excellence, représente des montants dérisoires, difficiles à traquer. Cet argent provient souvent de personnes croyant financer des activités *cultuelles ou charitables, et il transite par une cascade de sociétés écrans. « Pour l'instant, il n'existe aucune preuve claire de financement direct » de terroristes par l'Etat du Qatar, résume Christian Koch, du Gulf Research Center. Doha aurait toutefois payé en avril 700 millions de dollars (!) de rançon à des affiliés d'Al Qaida pour libérer une vingtaine de Qataris capturés lors d'un safari en Irak.

    Le Qatar n'en reste pas moins le principal sponsor étatique, avec la Turquie, de l'organisation des Frères musulmans, créée en 1928 en Egypte pour prendre le pouvoir au nom du Coran. Le Qatar mise sur eux pour assurer son rayonnement et sa sécurité (en sus de l'appui de l'Iran, de la Turquie et, pour faire bonne mesure, des Etats-Unis, qui y disposent d'une base aérienne).

    Certes, des partis issus de cette confrérie portée de manière inattendue par la vague du printemps arabe de 2011 respectent parfois l'Etat de droit et fournissent un espace politique à une population marginalisée, comme par exemple Ennahdha en Tunisie. Mais, au nom d'un devoir religieux tiré d'une interprétation du Coran, les Frères musulmans comptent aussi tout simplement infiltrer et conquérir l'Europe, comme en attestent nombre de documents internes ou déclarations, notamment de *Youssef Al Qardaoui.

    Ceux qui se réjouissent des pressions sur le Qatar ne doivent toutefois pas s'imaginer que l'Arabie saoudite s'avère moins complaisante envers les djihadistes, comme le montrent notamment des e-mails de l'administration Obama. Les manuels scolaires et télévisions du Golfe diffusent encore, malgré les promesses de Riyad, des appels à mépriser ou à maudire 17 fois par jour chrétiens et juifs ou à tuer les apostats. Reflétant « l'influence des organisations salafistes sur lesquelles la monarchie doit s'appuyer pour compenser son déficit de légitimité », explique le spécialiste Pierre Conesa (1). En effet, la dynastie des Saoud ne descend pas en droite ligne du Prophète et doit compter sur Washington pour sa sécurité. Ce qui a provoqué en 1991 sa rupture avec les Frères musulmans, qu'elle hébergeait. Selon Pierre Conesa « chaque fois que Riyad s'appuie sur les Occidentaux, il doit en même temps concéder plus de pouvoirs aux salafistes ».

    Lesquels, confrontés à la concurrence des Frères et de Daech prétendant fédérer la défense des croyants, se livrent à un prosélytisme nourrissant communautarisme et, parfois, haine de l'Occident. Les diplomaties religieuses du Qatar et de l'Arabie saoudite s'avèrent aussi problématiques l'une que l'autre pour les occidentaux.

    Yves Bourdillon, Les Echos
    Journaliste au service international des « Echos »
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Qatar-Arabie : derrière le face-à-face, le sponsoring du djihad
    Oui, mais le vrai problème qui a déclenché la crise n'est autre que les rapports avec l'Iran. L'arabie yahoudite souhaite un antagonisme frontal avec l'Iran alors le Qatar ne voit pas d'un mauvais oeil un bon voisinage avec ce pays. L'iran est une ligne rouge pour l'arabie yahoudite comme elle l'est pour israel.
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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