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TROIS SEMAINES APRÈS SON LIMOGEAGE Que devient Sellal ?

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  • TROIS SEMAINES APRÈS SON LIMOGEAGE Que devient Sellal ?

    Il n'y a pire solitude que celle d'un homme contraint à quitter le pouvoir sans y avoir été préparé, avouent des politiques ayant traversé cette cruciale étape de leur carrière. Sellal en fait-il partie?
    Abla Cherif - Alger (Le Soir) - Leur monde bascule le temps de la diffusion de quelques lignes laconiques officialisant leur départ de la lumière à l'ombre, confie encore cet initié rompu aux pratiques sévissant dans les hautes sphères politiques algérienne. Une confession qui sert, en fait, d'entrée en la matière, qui explique que la première mesure à laquelle se trouvent confrontés ces puissants d'un moment est le silence.
    Deux ans, jour pour jour, sans pouvoir se livrer à une quelconque déclaration publique sous peine de se voir à jamais interdit de retour à un poste de responsabilité. Connu pour ses tendances volubiles, Abdelmalek Sellal n'a, à aucun moment, tenté de contrevenir à cette astreinte. «Pas seulement pour se plier à la loi, confient cette fois ceux qui le connaissent bien. L'homme se trouve à une période délicate de sa vie, de sa carrière. Il traverse une étape difficile.»
    Téléphone fermé, l'ex-Premier ministre reste, depuis son départ, injoignable. Son mobile, dit-on, ne s'ouvre que lorsque lui-même décide de joindre une personne de son choix. Elles se comptent sur le bout des doigts, des proches ou des amis avec lesquels il entretient des liens de confiance totale. Epuisé par de longues années de travail où les périodes de congé se faisaient rares, Sellal tente actuellement de régler de petits soucis de santé qui ont surgi au lendemain de son départ du Premier ministère. «Rien de sévère, juste des problèmes abdominaux probablement dus au stress accumulé.»
    Trois directions de campagne présidentielle au service de Bouteflika (2004, 2009 puis 2014), quatre portefeuilles ministériels (l'intérieur, les transports et deux fois l'hydraulique), et de longues années passées du gouvernement sous le quatrième mandat du Président ne passent pas sans laisser de séquelles. «Et puis, il y a ce départ inattendu, où l'homme se sentait au plus fort de sa carrière», poursuit une connaissance de Sellal.
    Selon son entourage, cette situation a d'ailleurs plongé le concerné dans une profonde méditation, attitude que le commun des Algériens lui méconnaît. «Il tente de faire le point sur toutes ces années, de comprendre ce qui s'est passé, le pourquoi de cette destinée aux allures de sanction.»
    Aux rares personnes auxquelles il se confie, il insiste sur «son honnêteté et sa sincérité dans les tâches qu'il menait». Toujours selon son entourage, il s'est ainsi retrouvé face à un véritable casus belli lorsqu'il s'est retrouvé confronté à la fameuse demande d'audience du président de la République introduite par un groupe de 19 personnalités inquiètes du devenir du pays. «Il a fait ce qu'il y avait à faire, mais l'affaire le dépassait à ce moment-là.»
    C'était il y a deux ans, lorsque la confiance que place en lui le Président Bouteflika lui fait sentir qu'il a le vent en poupe. Dans le pays, le vide induit par la longue maladie du chef de l'Etat donne lieu à ce que certains chefs de partis ont dénoncé comme étant un complot pour la succession. C'était au cours de l'été 2017, le dernier que Sellal passait à la tête du gouvernement, lorsqu'un groupe de personnalités se réunit à Annaba pour passer en revue des «options de rechange» en cas de disparition prématurée du président de la République. Moussa Touati et d'autres responsables de mouvements politiques n'hésitent pas à dénoncer l'entreprise.
    L'affaire fait long feu, mais ses conséquences ont du mal à se dissiper. Dans la confusion ambiante, le nom de Sellal circule avec insistance. On lui prête une ambition démesurée et une aspiration secrète à occuper le plus haut poste au sein de l'Etat.
    «Durant les derniers mois qui ont précédé son départ, il avait vraiment changé. Il n'avait plus rien à voir avec l'homme mou que l'on connaissait. Il se sentait fort et le faisait savoir. Etait-ce pour mettre fin aux commentaires de ceux qui le présentaient comme un responsable faible ?», s'interroge-t-on autour de lui. La bataille qu'il l'oppose à Ouyahia au cours des dernières législatives accentue les doutes. Sellal commet y compris «l'imprudence de se ranger dans le camp du parti unique dans la guerre qu'il mène contre le patron du RND, frère ennemi du FLN mais frère quand même. Peut-être a-t-il été poussé à la faute ?» s'interroge-t-on autour de lui.
    A cette époque, de folles rumeurs commencent à circuler. Le Premier ministre est donné partant et bientôt mis à la tête d'une ambassade. Mais l'absence prolongée de mouvement dans le corps diplomatique ferme rapidement la voie à cette donne.
    Très vite, une autre rumeur circule avec insistance. Cette fois Sellal est donné comme étant le prochain président du Sénat. Une option qui lui fermerait définitivement la porte de la présidence, commente-t-on un peu partout. La réalité est peut-être autre.
    Enfermé chez lui, ne recevant que très rarement, il préfère rester loin des supputations le concernant. Les attaques visant à entacher la réputation de sa fille puis de son fils le préoccupent.
    Loin des salons du Premier ministère, de ses hommes et ses femmes qui tourbillonnaient sans cesse autour de lui, Sellal médite en évitant de tendre l'oreille à ceux qui lui prédisent une longue traversée du désert.
    A. C.
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)
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