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Chakir Belhaloumi : "Créer une maison de haute couture au Maroc est très cohérent"

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  • Chakir Belhaloumi : "Créer une maison de haute couture au Maroc est très cohérent"

    ENTRETIEN. Sur le continent africain et au-delà, le tandem Belhaloumi-Da Costa veut faire rayonner l'élégance masculine dans un univers raffiné

    Tout commence sur un réseau social lorsque Chakir Belhaloumi, homme d'affaires belgo-marocain qui a travaillé avec des renoms de la mode comme Kenzo ou Thierry Mugler, découvre le travail de Victor Da Costa, maître-tailleur et coupeur chez Francesco Smalto, à Paris. Depuis leur rencontre, ils travaillent main dans la main afin de mettre à l'honneur l'élégance masculine. D'où le nom de leur maison « Sidi » (monsieur en arabe). La dextérité du maître-tailleur ajoutée à l'expertise du directeur de l'enseigne font leurs preuves depuis 2014, date de création de la première maison haute couture pour hommes au Maroc Sidi Marrakech Tailoring. Dans leur magasin situé dans le quartier Guéliz, le client peut s'habiller avec du prêt-à-porter à partir de 3 500 dirhams (dh) – environ 320 euros – et s'offrir un service personnalité en choisissant couleurs des boutons et boutonnières. « On réadapte également le prêt-à-porter pour chaque client », précise le maître-tailleur. Quant au sur-mesure, le client devra débourser 12 000 dh au minimum, soit 1 100 euros, pour avoir sa création personnalisée.

    Depuis, la jeune entreprise connaît une belle ascension et a déjà eu l'occasion de montrer son savoir-faire aux yeux de tous. Ce fut le cas, le 29 avril dernier, quand les créations Sidi ont pris d'assaut le prestigieux palace Royal Mansour pour son cinquième défilé. Les capitales de la mode occidentales ne semblent plus être les seules à avoir la mainmise sur la haute couture. « Paris ou Milan n'ont pas à avoir le monopole de la mode. On peut aussi bien faire dans les autres pays que ce soit ici, en Afrique, ou ailleurs », atteste Victor Da Costa. Voilà qui pose d'emblée la philosophie de l'enseigne. Chakir Belhaloumi explique au Point Afrique sa vision de la haute couture made in Maroc.


    Le Point Afrique : Parlez-nous de votre collection présentée au défilé ?

    Chakir Belhaloumi : Avec notre collection « Révélation », on voulait sortir des standards et des classiques en montrant que l'on pouvait amener le Marocain et puis même les gens qui viennent de l'étranger à pouvoir découvrir notre univers. Un univers décalé, beaucoup plus jeune, plus épuré avec plus d'imprimés, mais dans une ligne assez sombre à l'exception d'une pièce ou deux. Il fallait une collection pour oser, pouvoir s'affirmer.

    En quoi « Révélation » se distingue-t-elle de ce que vous avez déjà présenté ?

    Nous avons décliné le classique avant ce défilé, mais nous étions restés vraiment sur une ligne classique de façon à pouvoir montrer aux gens que nous maîtrisons le classique sous toutes ses coutures. Et là, c'était l'occasion pour nous de partir dans quelque chose de plus décalé. Au départ, quand nous en avons parlé entre nous, l'idée c'était de toucher un public plus excentrique, un public qui pouvait oser.

    Comment ce côté décalé est-il visible ?

    Il se voit à un modèle sans col, à des kimonos, à des perfectos, à des vestes style blouson. Le mot d'ordre de cette collection : « Soyez Sidi et assumez-vous. » Ce côté excentrique, c'est aussi porter un costume ordinaire dans sa coupe, mais avec une paire de babouches, par exemple.

    Comment se décide la création d'une collection ?

    On se base sur un fil conducteur et on le décline dans ce que l'on peut chiner : un tissu, une coupe, une couleur, un thème, une musique. Il n'y a pas vraiment d'idées de base. Pour cette collection « Révélation », on avait déjà un fil conducteur qui était de sortir du classique et ensuite, suivant les tissus trouvés, on a imaginé un vêtement par rapport à ces tissus en question.

    Qu'est-ce qui vous a motivé à créer votre enseigne dans le haut de gamme ?

    Au départ, c'était une réflexion. Feu Sa Majesté Hassan II a été nommée l'homme le plus élégant du royaume. Les Marocains sont très coquets, ils adorent s'habiller. L'idée de pouvoir créer une maison de haute couture au Maroc était très cohérente, car beaucoup de personnes voyagent pour acquérir des pièces qui viennent de l'étranger. Et puis, c'était ne rien envier à l'Europe. C'était donc notre objectif. Partant de là, on voulait toucher l'excellence. Dès le départ, des grandes stars ont été séduites par notre travail, ce qui a fait qu'avant d'ouvrir, on était déjà à Paris avec la rappeur Akon qui nous avait sollicités pour l'habiller pour les NRJ Awards, en 2014. Comme vous le voyez, nous avons d'abord eu une approche internationale avant qu'elle ne soit nationale et régionale.

    Quelles sont vos sources d'inspiration ?

    Les matières, les imprimés et surtout le mélange des cultures. C'est toujours un plus et pour ma part, étant né en Europe, je suis un brassage de culture et j'avais envie de matérialiser ce côté-là et je crois que c'est une richesse. Quand on a n'a pas de problème identitaire et quand on a une double culture, c'est une double inspiration. C'est vraiment joindre la culture du vêtement que l'on peut avoir en Europe avec le côté artisanal que nous avons au Maroc.

    Quelle est votre vision du marché du luxe en Afrique ?

    En Afrique, les gens sont très soucieux de paraître coquets et ils connaissent bien la mode. Nous avons beaucoup d'échos positifs avec le reste du continent et le Moyen-Orient. Aujourd'hui, on se rend compte d'une effervescence qui saisit le continent et le Moyen-Orient. Il y a pas mal de pays émergents qui s'intéressent à notre travail. Nous avons cette idée d'exporter notre savoir-faire marocain et donc, Sidi, vers tous ces pôles. Le Maroc est très apprécié, tant en Afrique qu'au Moyen-Orient et notre souhait serait de parachever ce côté où notre pays est apprécié dans le but de pouvoir être ambassadeur du Maroc au niveau de notre compétence.

    Quels sont vos principaux marchés ?

    Notre clientèle est marocaine à hauteur de 70 %. Elle est très réceptive à ce que nous faisons. Nous avons pas mal de clients français, italiens, américains, monégasques.

    Et qu'en est-il des diasporas africaines ?

    En Belgique, nous sommes connus et quand certains vacanciers arrivent à Marrakech, ils font une halte chez nous. Nous avons même des clients français ou des Franco-Marocains qui ne retouchent plus que chez nous et qui font leurs vêtements chez Sidi. Le monde sportif compose aussi notre clientèle, comme le judoka Teddy Riner ou le nageur Hassan Baraka et d'autres.

    En ce moment, sur les réseaux sociaux, nous pouvons voir le chanteur franco-algérien Faudel habillé en Sidi. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos collaborations avec le monde du divertissement ?

    Notre volonté, c'est d'accompagner et de revoir l'image de certains artistes comme Faudel qui fait son retour sur le devant de la scène. Et nous sommes également en partenariat avec le producteur RedOne. Nous travaillons avec plusieurs festivals, dont le festival du film de Marrakech et le festival de musique Mawazine, pour ne citer qu'eux. Des artistes africains et orientaux nous sollicitent également.
    Comment voyez-vous l'avenir pour Sidi Marrakech Tailoring ?

    Nous allons commencer à faire découvrir notre travail à l'international. Rabat et Casablanca ont fait appel à nous, même si notre présence n'a pas été des plus importantes bien qu'on ait beaucoup de clients originaires de ces deux villes. Nous prévoyons de faire un défilé dans chaque grande ville du royaume. Ensuite, on fera certainement une tournée en Europe et au Moyen-Orient.









    le Point fr
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