Le protectionnisme est une pratique politique selon laquelle l’État réglemente l’économie pour « protéger » l’industrie nationale, le commerce national, etc. On qualifie souvent des pratiques isolées de protectionnistes sans que cela engage une politique générale.
Le protectionnisme peut être « défensif » (dirigé contre l’arrivée de produits étrangers importés dans le pays) ou « offensif » (cherchant à favoriser les exportations en faussant le marché extérieur). Le protectionnisme défensif s’exerce soit de façon forte (interdiction d’entrée sur le territoire des produits visés), soit de façon dissuasive, fiscalement, en imposant des taxes supplémentaires sur les produits.
On peut dire que le protectionnisme est un monopolisme nationaliste, mis en œuvre autant par la droite que par la gauche, la droite (dans la tradition colbertiste), le voyant comme une façon de renforcer l’industrie nationale, la gauche de protéger l’emploi contre les pays à bas salaires.
LES DIFFÉRENTES FORMES DU PROTECTIONNISME
Les États prétendent protéger les productions nationales de la concurrence étrangère. Aussi, il est important de vérifier les points suivants :
les prescriptions en matière d’enregistrement,
les redevances et impositions à la frontière : les droits de douane (barrières tarifaires)
les licences d’importation : les quotas d’importation ou appelés aussi les restrictions quantitatives (barrières non tarifaires)
les obstacles techniques au commerce
les normes nationales
les autorisations administratives
les réglementations sanitaires et phytosanitaires
les subventions à l’exportation
les politiques publiques concernant le trafic en transit
le régime d’investissement direct
les aides diverses, directes et indirectes
les questions de propriété intellectuelle
les menaces directes1
LE PROTECTIONNISME, UNE ERREUR ÉCONOMIQUE ET UNE ERREUR MORALE
Pourquoi les libéraux sont-ils opposés au protectionnisme ?
pour des raisons morales : le protectionnisme est l’expression de la loi du plus fort, celle de l’État, qui favorise arbitrairement certains producteurs aux dépens d’autres (étrangers ou non) ;
pour des raisons économiques : contrairement à ce que beaucoup pensent naïvement, le protectionnisme ne profite pas aux pays qui le pratiquent. Son seul effet, résultant de la fermeture du marché, est d’augmenter les coûts des produits dans le pays protectionniste, et ceci au profit de quelques producteurs qui s’enrichissent indûment.
Dans sa version agressive, c’est-à-dire quand il s’exerce hors des frontières, le protectionnisme oblige certains pays étrangers à commercer exclusivement avec le pays protectionniste, par la force ou par des prix artificiellement bas (compensés par des subventions étatiques aux producteurs) ; dans ce dernier cas, ce sont les contribuables du pays protectionniste qui sont volés au bénéfice des producteurs de ce même pays.
Il est faux d’affirmer que le protectionnisme est pour un pays une façon de s’enrichir tant qu’on n’a pas cherché qui s’enrichit ainsi : ce qui se passe le plus souvent est une redistribution à l’intérieur du pays, aux dépens des uns (consommateurs ou contribuables selon les cas) et au bénéfice des autres (producteurs).
Un produit de bonne qualité, ou offrant un bon rapport qualité/prix, n’a pas besoin de mesures protectionnistes pour se vendre. Le protectionnisme n’est qu’une tentative de changer par la force une situation commerciale défavorable.
Le seul cas où le protectionnisme peut enrichir un pays est celui où un pays est assez puissant pour imposer ses vues aux autres pays et les contraindre à acheter ses produits au prix qu’il souhaite : ce n’est pas autre chose en ce cas qu’une spoliation des autres pays, mais elle a aussi un coût politique, diplomatique et fiscal (plus ou moins caché).
Tout l’art du politicien promoteur des mesures protectionnistes consiste à faire croire qu’une telle politique s’exerce, quand il ne s’agit pas de nationalisme pur et simple, au nom de l’intérêt général, ce cache-sexe habituel des intérêts privés.
DESCRIPTION
Parmi les doctrines protectionnistes, citons la réciprocité commerciale, la balance du commerce, l’indépendance nationale, les industries stratégiques, l’exception culturelle, etc.
La pensée libérale s’oppose, en règle générale, au protectionnisme. En effet, l’échange est considéré comme étant une action positive car les participants à cette action fondamentale échangent par intérêt, car sinon cette action n’aurait pas de sens, pas lieu d’exister : chacun y gagne. De cette définition de l’échange, selon laquelle elle est une action volontaire qui découle de la libre initiative des individus, la pensée libérale estime que tout protectionnisme, car celui-ci ne pouvant être qu’imposé, s’oppose au libéralisme.
Le protectionnisme des idées
Examinons les différentes formes que peut prendre le protectionnisme. Tout d’abord il existe un « protectionnisme des idées ». Ce protectionnisme soutient la censure et le non respect de la liberté d’expression. Il s’agit, pour les personnes qui mettent en place ce type de protectionnisme, de protéger une pensée, une parole, contre une autre car cette dernière est jugée néfaste, nuisible pour la société, ou pour le groupement d’individus qui forment la communauté.
Cette forme de protectionnisme a largement été utilisée par les régimes nazis et communistes pour manipuler l’opinion publique. Le but étant de former la population, d’en faire des moutons bien dociles, et de limiter la liberté d’expression des moutons noirs en les enfermant, en les avertissant, et au pire des cas en les tuant. Ainsi, la pensée libérale stipule un respect total de la liberté d’expression. En effet, un des pouvoirs, dont dispose l’individu critique, réside justement dans cette liberté de penser, de publier des idées qui, si elles peuvent heurter la sensibilité de certains, expriment la pensée de l’individu et donc sa liberté de penser.
Dans cette vision, le libéralisme s’oppose aux susceptibles, aux partisans de la pensée unique. Le libéralisme est donc un mouvement fortement humaniste puisque le libéral accepte toutes les pensées dès lors que ces pensées ou ces actions ne violent pas les libertés individuelles.
Le protectionnisme économique
Le protectionnisme s’exprime aussi dans la sphère économique : en effet, l’État est un champion du protectionnisme. Tout d’abord sur le plan interne, de par les subventions, les aides qu’il accorde à des activités, les impôts qui handicapent l’échange… Cette forme de protectionnisme est presque plus néfaste que la précédente puisqu’elle se justifie par l’intérêt général, celui-ci étant jugé supérieur à l’intérêt individuel.
Le protectionnisme stipule donc fondamentalement le collectivisme, ou plus précisément un collectivisme inconscient. Or, on peut se demander si son but principal n’est pas de défendre la classe dirigeante et les privilèges dont celle-ci dispose, et non un intérêt général fictif. Adam Smith ne pensait-il pas qu’un des rôles de l’État est de défendre les riches contre les pauvres ?
Le protectionnisme extérieur
Enfin, le protectionnisme peut être extérieur : il s’agit de protéger le marché intérieur du commerce extérieur (droits de douane, accords d’autolimitation…). Il se justifie donc aussi par l’intérêt général : l’intérêt que les nations ont à protéger leurs industries. Or, en réalité la protection ne concerne pas l’intérêt général mais bien l’intérêt des industriels qui cherchent à défendre leurs activités. Plusieurs penseurs, comme Friedrich List (Système national d’économie politique, 1841) estiment qu’il faut protéger les industries « naissantes » contre la concurrence extérieure.
En effet, les industries à leur naissance ne peuvent pas lutter contre la production internationale. Ainsi, le commerce international ne peut être bénéfique qu’entre nations ayant un niveau de développement comparable. J-M. Jeanneney pense que l’Europe subit une mutation aussi importante que celle qui justifiait la position de List au XIXesiècle, du fait de l’émergence de la Chine par exemple. Plus généralement, les nations appliquent le protectionnisme de manière visible ou plus camouflé en se référant à la doctrine japonaise : « les affaires c’est la guerre ».
Le protectionnisme, sous toutes ses formes, a donc largement été utilisé par toutes les formes de pouvoir, d’autorité, qui cherchent à limiter les libertés individuelles. L’intérêt général, ou les intérêts d’un groupe, étant largement sa justification première. Or, l’intérêt général est une fiction non mesurable, une utopie qui ne peut que conduire au totalitarisme.
Est-ce que vous percevez le protectionnisme tous les jours ?
LA POSITION LIBÉRALE
Les économistes libéraux ont depuis la Richesse des nations d’Adam Smith (1776) beaucoup critiqué les théories mercantilistes des protectionnistes. Selon les libéraux, le protectionnisme est une imposture intellectuelle qui ne sert qu’à favoriser des groupes d’intérêt aux dépens du plus grand nombre et du bien public. Lire par exemple les Sophismes Économiques de Frédéric Bastiat (1845), et sa Pétition des fabricants de chandelle.
Alors que le libre marché est une démocratie de consommateurs, le protectionnisme est le socialisme des producteurs, qui consiste à faire peser sur le contribuable la protection politique de secteurs économiques défaillants. Défendre le protectionnisme, c’est cautionner la raréfaction autoritaire des marchandises et la hausse artificielle des prix. Cela revient donc à gruger le consommateur, obligé de se contenter de biens et services moins bons ou plus coûteux quand l’accès aux biens ou services qui l’intéressent lui est interdit. Des patrons de sociétés qui demandent des aides à l’État ne sont pas de vrais entrepreneurs, mais des confiscateurs de richesses.
Comme toute intervention étatique, le protectionnisme a des effets positifs, mais qui ne concernent qu’une minorité et sont financés par l’impôt ou par les consommateurs, c’est à dire par des effets négatifs pesant sur les autres. La propagande étatique montrera les effets positifs (« on protège l’emploi » en achetant « national », on « sauvegarde nos industries », etc.) et dissimulera soigneusement les effets négatifs (renchérissement des biens et services, perte de qualité et de compétitivité, alourdissement de la charge fiscale).
D’un point de vue économique, l’erreur du protectionnisme est de croire qu’il n’y a pas de relation entre importations et exportations, et qu’on peut agir sur les unes, supposées néfastes (les importations), sans conséquence sur les autres, supposées favorables (les exportations). Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’un pays qui ait été ruiné par le libre échange, alors que le protectionnisme appauvrit tout le monde, tant le pays qui l’instaure que les pays émergents auxquels on refuse ainsi le droit de se développer.
Un des arguments parfois avancés par les partisans du protectionnisme est celui de la symétrie : « notre pays doit se protéger, parce que les autres pays en font autant et protègent leur marché intérieur ». C’est un non sequitur : si les autres pays décident de renchérir le prix des produits importés par des mesures protectionnistes, ils sont les premiers perdants, et il n’y a aucune raison pour les imiter dans leurs erreurs. Le protectionnisme motivé par des raisons exclusivement politiques (comme le fut le Blocus continental napoléonien de 1806 à 1814) relève d’un masochisme absurde, un jeu perdant-perdant : on est prêt à s’appauvrir en espérant qu’en contrepartie cela appauvrisse également l’ennemi.
Certains libéraux assimilent le protectionnisme à un racisme qui ne dit pas son nom : faire du commerce avec les nationaux serait bien, tandis que faire du commerce avec les étrangers serait mal, car « ça détruit des emplois nationaux ».
Le mensonge central du protectionnisme consiste à faire croire qu’il désavantage les étrangers et profite aux seuls nationaux, et notamment aux entreprises nationales. Or le protectionnisme viole non seulement les droits des consommateurs, mais aussi ceux de nombreux producteurs. Il nuit automatiquement à toutes les entreprises autres que celles qu’il privilégie en amputant le pouvoir d’achat général, et plus directement à celles qui dépendent d’approvisionnements étrangers pour maintenir leur compétitivité, ainsi qu’aux exportateurs qui ont besoin que l’étranger vende dans le pays pour avoir les moyens d’acheter des produits du pays.
Le protectionnisme peut être « défensif » (dirigé contre l’arrivée de produits étrangers importés dans le pays) ou « offensif » (cherchant à favoriser les exportations en faussant le marché extérieur). Le protectionnisme défensif s’exerce soit de façon forte (interdiction d’entrée sur le territoire des produits visés), soit de façon dissuasive, fiscalement, en imposant des taxes supplémentaires sur les produits.
On peut dire que le protectionnisme est un monopolisme nationaliste, mis en œuvre autant par la droite que par la gauche, la droite (dans la tradition colbertiste), le voyant comme une façon de renforcer l’industrie nationale, la gauche de protéger l’emploi contre les pays à bas salaires.
LES DIFFÉRENTES FORMES DU PROTECTIONNISME
Les États prétendent protéger les productions nationales de la concurrence étrangère. Aussi, il est important de vérifier les points suivants :
les prescriptions en matière d’enregistrement,
les redevances et impositions à la frontière : les droits de douane (barrières tarifaires)
les licences d’importation : les quotas d’importation ou appelés aussi les restrictions quantitatives (barrières non tarifaires)
les obstacles techniques au commerce
les normes nationales
les autorisations administratives
les réglementations sanitaires et phytosanitaires
les subventions à l’exportation
les politiques publiques concernant le trafic en transit
le régime d’investissement direct
les aides diverses, directes et indirectes
les questions de propriété intellectuelle
les menaces directes1
LE PROTECTIONNISME, UNE ERREUR ÉCONOMIQUE ET UNE ERREUR MORALE
Pourquoi les libéraux sont-ils opposés au protectionnisme ?
pour des raisons morales : le protectionnisme est l’expression de la loi du plus fort, celle de l’État, qui favorise arbitrairement certains producteurs aux dépens d’autres (étrangers ou non) ;
pour des raisons économiques : contrairement à ce que beaucoup pensent naïvement, le protectionnisme ne profite pas aux pays qui le pratiquent. Son seul effet, résultant de la fermeture du marché, est d’augmenter les coûts des produits dans le pays protectionniste, et ceci au profit de quelques producteurs qui s’enrichissent indûment.
Dans sa version agressive, c’est-à-dire quand il s’exerce hors des frontières, le protectionnisme oblige certains pays étrangers à commercer exclusivement avec le pays protectionniste, par la force ou par des prix artificiellement bas (compensés par des subventions étatiques aux producteurs) ; dans ce dernier cas, ce sont les contribuables du pays protectionniste qui sont volés au bénéfice des producteurs de ce même pays.
Il est faux d’affirmer que le protectionnisme est pour un pays une façon de s’enrichir tant qu’on n’a pas cherché qui s’enrichit ainsi : ce qui se passe le plus souvent est une redistribution à l’intérieur du pays, aux dépens des uns (consommateurs ou contribuables selon les cas) et au bénéfice des autres (producteurs).
Un produit de bonne qualité, ou offrant un bon rapport qualité/prix, n’a pas besoin de mesures protectionnistes pour se vendre. Le protectionnisme n’est qu’une tentative de changer par la force une situation commerciale défavorable.
Le seul cas où le protectionnisme peut enrichir un pays est celui où un pays est assez puissant pour imposer ses vues aux autres pays et les contraindre à acheter ses produits au prix qu’il souhaite : ce n’est pas autre chose en ce cas qu’une spoliation des autres pays, mais elle a aussi un coût politique, diplomatique et fiscal (plus ou moins caché).
Tout l’art du politicien promoteur des mesures protectionnistes consiste à faire croire qu’une telle politique s’exerce, quand il ne s’agit pas de nationalisme pur et simple, au nom de l’intérêt général, ce cache-sexe habituel des intérêts privés.
DESCRIPTION
Parmi les doctrines protectionnistes, citons la réciprocité commerciale, la balance du commerce, l’indépendance nationale, les industries stratégiques, l’exception culturelle, etc.
La pensée libérale s’oppose, en règle générale, au protectionnisme. En effet, l’échange est considéré comme étant une action positive car les participants à cette action fondamentale échangent par intérêt, car sinon cette action n’aurait pas de sens, pas lieu d’exister : chacun y gagne. De cette définition de l’échange, selon laquelle elle est une action volontaire qui découle de la libre initiative des individus, la pensée libérale estime que tout protectionnisme, car celui-ci ne pouvant être qu’imposé, s’oppose au libéralisme.
Le protectionnisme des idées
Examinons les différentes formes que peut prendre le protectionnisme. Tout d’abord il existe un « protectionnisme des idées ». Ce protectionnisme soutient la censure et le non respect de la liberté d’expression. Il s’agit, pour les personnes qui mettent en place ce type de protectionnisme, de protéger une pensée, une parole, contre une autre car cette dernière est jugée néfaste, nuisible pour la société, ou pour le groupement d’individus qui forment la communauté.
Cette forme de protectionnisme a largement été utilisée par les régimes nazis et communistes pour manipuler l’opinion publique. Le but étant de former la population, d’en faire des moutons bien dociles, et de limiter la liberté d’expression des moutons noirs en les enfermant, en les avertissant, et au pire des cas en les tuant. Ainsi, la pensée libérale stipule un respect total de la liberté d’expression. En effet, un des pouvoirs, dont dispose l’individu critique, réside justement dans cette liberté de penser, de publier des idées qui, si elles peuvent heurter la sensibilité de certains, expriment la pensée de l’individu et donc sa liberté de penser.
Dans cette vision, le libéralisme s’oppose aux susceptibles, aux partisans de la pensée unique. Le libéralisme est donc un mouvement fortement humaniste puisque le libéral accepte toutes les pensées dès lors que ces pensées ou ces actions ne violent pas les libertés individuelles.
Le protectionnisme économique
Le protectionnisme s’exprime aussi dans la sphère économique : en effet, l’État est un champion du protectionnisme. Tout d’abord sur le plan interne, de par les subventions, les aides qu’il accorde à des activités, les impôts qui handicapent l’échange… Cette forme de protectionnisme est presque plus néfaste que la précédente puisqu’elle se justifie par l’intérêt général, celui-ci étant jugé supérieur à l’intérêt individuel.
Le protectionnisme stipule donc fondamentalement le collectivisme, ou plus précisément un collectivisme inconscient. Or, on peut se demander si son but principal n’est pas de défendre la classe dirigeante et les privilèges dont celle-ci dispose, et non un intérêt général fictif. Adam Smith ne pensait-il pas qu’un des rôles de l’État est de défendre les riches contre les pauvres ?
Le protectionnisme extérieur
Enfin, le protectionnisme peut être extérieur : il s’agit de protéger le marché intérieur du commerce extérieur (droits de douane, accords d’autolimitation…). Il se justifie donc aussi par l’intérêt général : l’intérêt que les nations ont à protéger leurs industries. Or, en réalité la protection ne concerne pas l’intérêt général mais bien l’intérêt des industriels qui cherchent à défendre leurs activités. Plusieurs penseurs, comme Friedrich List (Système national d’économie politique, 1841) estiment qu’il faut protéger les industries « naissantes » contre la concurrence extérieure.
En effet, les industries à leur naissance ne peuvent pas lutter contre la production internationale. Ainsi, le commerce international ne peut être bénéfique qu’entre nations ayant un niveau de développement comparable. J-M. Jeanneney pense que l’Europe subit une mutation aussi importante que celle qui justifiait la position de List au XIXesiècle, du fait de l’émergence de la Chine par exemple. Plus généralement, les nations appliquent le protectionnisme de manière visible ou plus camouflé en se référant à la doctrine japonaise : « les affaires c’est la guerre ».
Le protectionnisme, sous toutes ses formes, a donc largement été utilisé par toutes les formes de pouvoir, d’autorité, qui cherchent à limiter les libertés individuelles. L’intérêt général, ou les intérêts d’un groupe, étant largement sa justification première. Or, l’intérêt général est une fiction non mesurable, une utopie qui ne peut que conduire au totalitarisme.
Est-ce que vous percevez le protectionnisme tous les jours ?
LA POSITION LIBÉRALE
Les économistes libéraux ont depuis la Richesse des nations d’Adam Smith (1776) beaucoup critiqué les théories mercantilistes des protectionnistes. Selon les libéraux, le protectionnisme est une imposture intellectuelle qui ne sert qu’à favoriser des groupes d’intérêt aux dépens du plus grand nombre et du bien public. Lire par exemple les Sophismes Économiques de Frédéric Bastiat (1845), et sa Pétition des fabricants de chandelle.
Alors que le libre marché est une démocratie de consommateurs, le protectionnisme est le socialisme des producteurs, qui consiste à faire peser sur le contribuable la protection politique de secteurs économiques défaillants. Défendre le protectionnisme, c’est cautionner la raréfaction autoritaire des marchandises et la hausse artificielle des prix. Cela revient donc à gruger le consommateur, obligé de se contenter de biens et services moins bons ou plus coûteux quand l’accès aux biens ou services qui l’intéressent lui est interdit. Des patrons de sociétés qui demandent des aides à l’État ne sont pas de vrais entrepreneurs, mais des confiscateurs de richesses.
Comme toute intervention étatique, le protectionnisme a des effets positifs, mais qui ne concernent qu’une minorité et sont financés par l’impôt ou par les consommateurs, c’est à dire par des effets négatifs pesant sur les autres. La propagande étatique montrera les effets positifs (« on protège l’emploi » en achetant « national », on « sauvegarde nos industries », etc.) et dissimulera soigneusement les effets négatifs (renchérissement des biens et services, perte de qualité et de compétitivité, alourdissement de la charge fiscale).
D’un point de vue économique, l’erreur du protectionnisme est de croire qu’il n’y a pas de relation entre importations et exportations, et qu’on peut agir sur les unes, supposées néfastes (les importations), sans conséquence sur les autres, supposées favorables (les exportations). Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire d’un pays qui ait été ruiné par le libre échange, alors que le protectionnisme appauvrit tout le monde, tant le pays qui l’instaure que les pays émergents auxquels on refuse ainsi le droit de se développer.
Un des arguments parfois avancés par les partisans du protectionnisme est celui de la symétrie : « notre pays doit se protéger, parce que les autres pays en font autant et protègent leur marché intérieur ». C’est un non sequitur : si les autres pays décident de renchérir le prix des produits importés par des mesures protectionnistes, ils sont les premiers perdants, et il n’y a aucune raison pour les imiter dans leurs erreurs. Le protectionnisme motivé par des raisons exclusivement politiques (comme le fut le Blocus continental napoléonien de 1806 à 1814) relève d’un masochisme absurde, un jeu perdant-perdant : on est prêt à s’appauvrir en espérant qu’en contrepartie cela appauvrisse également l’ennemi.
Certains libéraux assimilent le protectionnisme à un racisme qui ne dit pas son nom : faire du commerce avec les nationaux serait bien, tandis que faire du commerce avec les étrangers serait mal, car « ça détruit des emplois nationaux ».
Le mensonge central du protectionnisme consiste à faire croire qu’il désavantage les étrangers et profite aux seuls nationaux, et notamment aux entreprises nationales. Or le protectionnisme viole non seulement les droits des consommateurs, mais aussi ceux de nombreux producteurs. Il nuit automatiquement à toutes les entreprises autres que celles qu’il privilégie en amputant le pouvoir d’achat général, et plus directement à celles qui dépendent d’approvisionnements étrangers pour maintenir leur compétitivité, ainsi qu’aux exportateurs qui ont besoin que l’étranger vende dans le pays pour avoir les moyens d’acheter des produits du pays.
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